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Le groupe de Rio et le Sommet du millénaire


Par Son Excellence Andrés Pastrana Arango
Président de la République de Colombie

Le Sommet du millénaire a coïncidé avec la période pendant laquelle la Colombie a eu le grand honneur d'assumer les fonctions de Secrétariat pro tempore du Groupe de Rio. Pour la première fois, notre région — l'Amérique latine et les Caraïbes — célèbre l'avènement d'un nouveau millénaire. Nous avons eu le privilège de participer à cette célébration avec le reste du monde et, plus particulièrement, dans le contexte de l'Assemblée générale de l'organisation la plus représentative et universelle — les Nations Unies.

En qualité de porte-parole des 19 pays de l'Amérique latine et des Caraïbes qui sont membres du Groupe de Rio, j'ai soumis un nombre de questions qui sont importantes pour la région et font partie de l'ordre du jour international pour le XXIe siècle. J'aimerais partager ici quelques-unes des contributions qui sont devenues une partie intégrante de la Déclaration du Sommet du millénaire et qui seront le sujet de nombreuses délibérations et discussions pendant le Sommet du millénaire.

Depuis le début des années 80, après la création du Groupe Contadora et le Groupe de soutien par un groupe d'Etats d'Amérique latine, la région a cherché à prendre une position commune sur les questions essentielles à l'ordre du jour de l'ONU. Ces Groupes ont apporté leur soutien afin d'assurer que, dans un cadre essentiellement régional, nous puissions poser les bases nécessaires pour aider les pays d'Amérique centrale à rétablir la paix et la sécurité dans leur région. Aspiration à laquelle les Nations Unies doivent leur création et qui a inspiré sa participation active à ce processus.

Depuis l'établissement du Groupe de Rio en 1986 et l'adoption de la Déclaration de Rio de Janeiro, la région a développé une relation encore plus étroite avec l'Organisation mondiale. Aujourd'hui, les Nations Unies et le Groupe de Rio sont devenus les deux forums multilatéraux revêtant la plus grande importance politique pour l'Amérique latine et les Caraïbes. Le premier, parce qu'il est l'organe multilatéral le plus universel et le plus légitime en matière de gestion de l'ordre mondial, et le deuxième, parce que c'est le plus grand forum de dialogue et de concertation politique au niveau régional.

Au cours des 14 ans d'existence du Groupe de Rio, il est clair que les Nations Unies ont été le principal lieu de dialogue et de concertation politique entre les membres du Groupe.

De plus, les Nations Unies ont non seulement fourni un forum politique adéquat pour que notre Groupe s'exprime en tant que principal porte-parole de l'Amérique latine et des Caraïbes sur une série de questions importantes pour la région, mais elles ont également permis aux membres d'engager un dialogue pendant les sessions ordinaires de l'Assemblée générale avec les pays amis des autres régions et ceux avec lesquels nous partageons des valeurs communes telles que la défense et le renforcement de la démocratie ainsi que la protection des droits de l'homme. Ce sont des avantages qui nous ont aidé à apporter notre contribution au Sommet du millénaire.

En réponse à l'invitation du Secrétaire général Kofi Annan à marquer l'avènement du nouveau millénaire, le Groupe de Rio a décidé d'examiner de manière approfondie le rôle des Nations Unies au XXIe siècle. Le résultat concret de cet examen fut la Déclaration de Carthagène, adoptée lors du XIVe Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement qui s'est tenue en juin à Carthagène de Indias, en Colombie. Dans cette Déclaration, qui offre une perspective régionale sur les questions d'ordre mondial, les leaders m'ont confié le mandat de présenter leurs conclusions comme contribution autonome au Sommet du millénaire et à l'Assemblée du millénaire. Ce mandat a permis au Groupe de Rio de réaffirmer ses positions et ses vues sur les divers points de l'ordre mondial et de renforcer son rôle en tant que principal interlocuteur de la région auprès des Nations Unies. Je souhaite vous faire part de quelques-unes des questions que nous avons portées devant le Sommet et l'Assemblée.

Notre examen a été basé, au plus haut niveau, sur l'engagement à promouvoir la démocratie. Nous avons réaffirmé notre croyance en ses valeurs ainsi que notre engagement à instaurer un régime démocratique représentatif comme système gouvernemental pour la région. Nous croyons au respect des droits de l'homme comme postulat de base qui va de pair avec la promotion d'une participation effective, éthique et responsable des citoyens dans la vie démocratique.

Sur le sujet de la mondialisation, nous avons fait remarquer que la fin du XXe siècle a laissé comme héritage un monde qui est de plus en plus interdépendant et mondialisé, et marqué par les contradictions du progrès et du développement qui engendrent inégalités et exclusion. A Carthagène, nous avons pris en compte certains bénéfices de la mondialisation. Nous avons noté, par exemple, que celle-ci a permis d'accroître les flux commerciaux et financiers et de renforcer l'intégration économique. Elle a également créé des opportunités en matière de partage du savoir, de la technologie et d'autres avantages, qui doivent être accessibles à tous et permettre d'accroître la croissance et le développement dans nos pays.

Nous avons aussi souligné certains aspects négatifs de la mondialisation : la nature transnationale de la criminalité; les activités concernant le blanchiment de l'argent; l'exploitation de ressources naturelles et le trafic d'armes. Pour relever ces défis, nous sommes convaincus que la communauté internationale doit jouer un rôle plus pratique et efficace, basé sur le principe de la responsabilité partagée dans les relations internationales.

Un autre accord important de la Déclaration concerne la réaffirmation de notre engagement au multilatéralisme comme principe idéal d'organisation dans les relations internationales et à la nécessité de respecter les principes de la Charte des Nations Unies. C'est-à-dire envisager le multilatéralisme comme le véhicule le plus efficace à faire face à la nouvelle réalité internationale en cherchant à créer une mondialisation plus humaine et plus juste qui fonctionnerait dans le cadre dune démocratisation plus étendue. Nous sommes heureux que le Sommet du millénaire ait reconnu l'importance du principe du partage des responsabilités par toutes les nations dans la gestion de l'ordre mondial, le renforcement des forums régionaux et le développement de cadres de coopération entre ces forums et les organisations multilatérales mondiales, dans la limite de leurs compétences respectives.

Sur le désarmement, l'Amérique latine et les Caraïbes sont fières d'avoir été la première région à forte densité de population dans le monde à être exempte d'armes nucléaires. Nous aspirons à une région exempte de trafic illégal d'armes de petit calibre et légères et exempte d'armes particulièrement cruelles et mortelles telles que les mines antipersonnel. Nous sommes prêts à participer activement à ces aspects du désarmement.

Pour ce qui est du développement de nos populations, nous avons exprimé la conviction que la croissance du commerce internationale est un instrument qui permet d'accroître la prospérité de nos pays. A cette fin, nous avons proposé le lancement par l'Organisation mondiale du commerce d'une nouvelle série de négociations commerciales mondiales et complètes visant à examiner les barrières tarifaires et non tarifaires au commerce. Le problème de la dette extérieure est également la cause de préoccupations au sein de notre région. Nous avons particulièrement mis l'accent sur les besoins des pays les plus endettés de notre région et souligné l'importance que nous avons attachée à la réunion au haut niveau sur le financement du développement.

Le Sommet du millénaire a été une occasion extraordinaire qui nous a permis d'examiner le rôle des Nations Unies au XXIe siècle. L'Amérique latine et les Caraïbes représentées dans le Groupe de Rio surveilleront de près, au cours des prochains mois, les développements dans les domaines que nous avons identifiés dans la Déclaration du millénaire. Tel est notre engagement.



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