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Tables rondes interactives…
Une innovation qui est la bienvenue

Parmi les innovations présentées lors du Sommet du millénaire, quatre tables rondes interactives ont été organisées pour discuter du thème du Sommet, "Le rôle des Nations Unies au XXIe siècle". Selon le Premier Ministre de Singapour Goh Chol Tong, président de la première table ronde, elles ont fourni "un lieu de dialogue entre les leaders dans un cadre informel, sans aides, officiels ni scripts écrits à l'avance". Le président de la deuxième table ronde, le Président de la Pologne, M. Kwasniewski, a remarqué que les leaders et lui-même "semblaient tous satisfaits d'avoir participé à un forum novateur de discussions plus directes et moins formelles". Le Président du Venezuela Hugo Chavez Frias, président de la troisième table ronde, a remarqué qu'un important consensus avait été atteint sur la nécessité de transformer les Nations Unies. "On ne peut pas naviguer dans le XXIe siècle avec une carte datant de la fin de la Deuxième Guerre mondiale". Quant au Président de l'Algérie, Abdelaziz Bouteflika, qui présidait la quatrième table ronde, il a déclaré avoir été particulièrement impressionné par la profonde sensibilité dont ont fait preuve certains délégués des pays développés concernant les problèmes des pays en développement dans "le débat le plus passionnant" auquel il ait participé depuis des années.

La Chronique a le privilège de présenter les commentaires du Président de la Pologne et du Premier Ministre de Singapour, reflétant leurs points de vue sur les tables rondes.

Franchise… et amitié

Par Son Excellence Aleksander Kwasniewski
Président de la République de Pologne

 
Je pense personnellement que la discussion qui a eu lieu lors de la table ronde du Sommet du millénaire aux Nations Unies, que j'ai eu l'honneur et le plaisir de présider, a été l'une des plus intéressantes que j'ai connues dans ma vie politique. Plus de 30 leaders mondiaux y ont pris la parole. Ils avaient pour objectif de rechercher des solutions aux problèmes auxquels est confronté le monde au XXIe siècle. Je tiens également à remercier le Secrétaire général Kofi Annan pour avoir eu l'idée d'organiser des tables rondes qui ont permis aux leaders mondiaux de discuter librement des problèmes dans le monde.

La conclusion optimiste que j'ai tirée est que nous abordons de la même façon la nature de nos défis communs, notamment, les conflits violents et l'instabilité, la pauvreté, la dimension problématique du développement, les pandémies et les dangers liés à l'environnement. En outre, nous semblons être tous convaincus qu'une action adéquate et concertée est nécessaire pour répondre à ces défis. Bien entendu, il peut y avoir des différences quant aux réponses et méthodes de chacun, mais tel qu'il est apparu dans la Déclaration du millénaire, le dénominateur commun est suffisamment élevé pour que nous puissions être optimistes. Certes les discussions qui ont eu lieu lors des tables rondes ne nous ont pas donné des recettes toutes prêtes ou des formules magiques aptes à résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Cependant, de nouvelles idées et approches ont été formulées non pas pour le plaisir de satisfaire le public mais pour tester leur bien-fondé par un examen sincère.

J'ai quitté la salle de conférences avec la conviction que l'ordre du jour pour le changement souligné dans la Déclaration correspond réellement aux préoccupations et attentes de nos citoyens.

Le développement et la mondialisation ont, bien entendu, été au centre de nos discussions. Nous avons convenu que, même si la mondialisation offrait des occasions sans précédent en matière de commerce et de développement technologique, ses bienfaits devraient être partagés de manière plus équitable et plus universelle. La mondialisation devrait revêtir un visage plus humain et être mieux gérée. Elle doit avoir pour but d'éliminer les disparités au lieu de les laisser s'accentuer. Elle doit faire face aux risques engendrés par le "nouveau fossé numérique" ainsi qu'aux aspects négatifs, tel que le trafic de drogues, le blanchiment de l'argent sale et la criminalité transnationale. Un plaidoyer a été prononcé en faveur de la réforme du système financier et commercial international afin de réduire les différences.

A mon avis, les discussions ont mis en évidence que le monde ne pouvait pas gérer correctement la mondialisation à moins que ce processus ne soit fondé sur des principes et des valeurs morales solides et, en particulier, sur le principe de solidarité. Tout d'abord, pour l'Afrique. Une action en faveur de l'Afrique est une priorité. Lors de notre table ronde, il a été demandé de créer un nouveau partenariat pour l'Afrique, avec la participation active des Africains eux-mêmes et de leurs partenaires. Les leaders, tant du Nord que du Sud, ont reconnu qu'aucune solution efficace aux problèmes africains ne pourrait être trouvée à moins que nous unissions nos efforts pour aider les Africains à surmonter les obstacles qui entravent le développement de leurs pays.

Le défi urgent de lutter contre la pauvreté a soulevé maintes discussions. Parmi les nombreuses observations, j'ai noté une proposition visant à mettre sur pied une action globale coordonnée des Nations Unies pour éliminer la pauvreté. Elle inclurait, comme priorités, l'allégement de la dette et l'accroissement de l'aide publique au développement. Autre sujet de préoccupation : l'accélération de la propagation du VIH/sida, de la malaria et d'autres pandémies. Je pense qu'il est nécessaire de tenir compte de l'appel lancé par de nombreux participants afin de créer des programmes mondiaux destinés à lutter contre ces maladies - avec la participation des groupes intéressés, dont les Nations Unies, les gouvernements, les organisations non gouvernementales et l'industrie pharmaceutique.

Selon l'avis d'un grand nombre de participants à la table ronde, il ne fait aucun doute qu'il existe, d'un côté, un lien entre le développement durable et, de l'autre, la protection efficace des droits de l'homme et la mise en place de structures et de procédures démocratiques. C'est vrai tant pour les pays développés que pour ceux en développement. Il existe un lien tout aussi évident entre l'allégement de la pauvreté et la protection de l'environnement. La question de l'environnement doit être une priorité de nos questions politiques. Les risques liés à l'environnement restent l'un des défis les plus urgents des années à venir.

Il est bon de se rappeler, comme le faisait très justement remarquer l'un des participants, que les considérations écologiques peuvent représenter une force motrice dans l'économie, et que les nouvelles technologies respectueuses de l'environnement peuvent être un véhicule important pour la croissance.

Nos discussions ont aussi porté sur les responsabilités des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. L'amélioration des opérations de maintien de la paix ainsi qu'une plus grande attention accordée à la prévention des conflits, à l'instauration et à la consolidation de la paix ont été considérées comme des questions prioritaires. Je crois nécessaire de prendre acte d'un large soutien au Rapport du groupe d'étude sur les opérations de paix de l'Organisation des Nations Unies, présidé par M. Lakhdar Brahimi, et à ses recommandations. L'appel réitéré pour une réforme du Conseil de sécurité ainsi que la nécessité d'évaluer les instruments des sanctions devraient aussi, selon l'avis de certains participants, être mentionnés dans le cadre des obligations de l'ONU en ce qui concerne la paix et la sécurité.

L'une des conclusions importantes qui peut être tirée de la discussion est que nous avons besoin des Nations Unies. Renforcée comme elle doit l'être et mieux adaptée à l'environnement international, l'Organisation peut et devrait jouer un rôle de chef de file dans la gestion de nos activités communes en relevant tous les défis, qu'ils soient présents ou futurs.

C'est une excellente idée que de donner aux leaders mondiaux une occasion de se rencontrer dans un cadre plus informel et de discuter librement des questions qui les préoccupent. J'ai l'impression que non seulement nous avons participé à ces tables rondes avec plaisir mais que nous avons aussi partagé quelque chose de très important - le renouvellement de notre responsabilité commune et de la franchise nécessaire et, en même temps, notre attachement à une amitié sincère en prenant en compte les préoccupations et les besoins des populations.

J'ai quitté New York, fort du succès de notre entreprise. Peut-être devrions-nous examiner les possibilités de recourir plus fréquemment à des tables rondes ou à des formats semblables. Les chefs d'Etat ou de gouvernements pourraient se rencontrer périodiquement pour examiner les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Déclaration et même étudier des sujets précis. Pourquoi, par exemple, les ministres des Affaires étrangères de nos pays n'entameraient-ils pas des discussions entre eux, lorsqu'ils seront à New York pour l'Assemblée générale annuelle des Nations Unies ?

La tâche la plus importante est maintenant, sans aucun doute, de donner suite au Sommet. Nous ne pouvons nous permettre de perdre l'élan généré par celui-ci. La mise en œuvre de la Déclaration ne devrait pas seulement signifier des tâches supplémentaires pour le Secrétaire général mais, d'abord et avant tout, servir d'ordre du jour pour les actions des Etats Membres. Le succès du Sommet dépendra de la volonté commune des leaders des Etats Membres et de leur capacité à traduire leurs déclarations en mesures et résultats concrets.


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