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Journal du Kosovo
... le retour des Kosovars


Par Sergei Vinogradov

Il reste encore plus de 200 000 Kosovars à rapatrier des pays d'accueil, principalement de l'Allemagne et de la Suisse. Chaque jour, des centaines de personnes arrivent au Kosovo mais toutes ne souhaitent pas revenir chez elles. Certaines préféreraient ne pas avoir à faire face aux réalités qui les y attendent ou au moins différer leur retour.


Photo HCR/R. LeMoyne
Quand ils ont fui, le Kosovo était en feu, détruit par le conflit et les bombardements. Ils doivent maintenant rentrer dans un pays qui a peu à leur offrir. Les logements sont en nombre insuffisant, 350 000 personnes au moins vivent toujours dans des familles d'accueil, y compris ceux qui résident chez leurs amis et leurs familles. Quelque 83 000 logements nécessitent des réparations importantes ou leur reconstruction. Le taux de chômage est d'environ 65 %, malgré les efforts de la MINUK (mission des Nations Unies au Kosovo) pour favoriser la croissance économique et créer des emplois. Il ne faut pas espérer que des changements considérables surviennent rapidement. De retour dans leur pays, de nombreuses personnes auront à faire face au chômage à long terme, ce qui entravera leurs efforts à reconstruire leurs maisons et leurs communautés.

C'est dans cette situation que la MINUK s'efforce de planifier, organiser et coordonner le retour des réfugiés. Selon le journal Policy Paper on Repatration of Kosovar Albanians de la MINUK, "les retours en masse dans une courte période de temps risqueraient d'entraver les efforts menés pour la reconstruction et le développement de la province, d'inverser les immenses progrès réalisés jusqu'ici et d'augmenter l'insécurité dans la région. La nécessité d'un retour échelonné et progressif est donc dans l'intérêt de tous ceux qui souhaitent renforcer les efforts actuels pour reconstruire un Kosovo stable et prospère."

Le 26 mai, le Conseil intérimaire d'administration a lancé un appel aux pays qui ont accueilli des réfugiés afin de leur assurer un retour dans des conditions "contrôlées et humaines". Ce Conseil a exprimé sa profonde gratitude pour l'hospitalité offerte à la population du Kosovo, a rendu spécialement hommage à l'Allemagne et à la Suisse, et a accueilli avec satisfaction la décision des pays d'accueil de permettre aux Kosovars qui faisaient des études dans des Instituts techniques de terminer leurs cours.

Selon Peter Kessler, porte-parole du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés au Kosovo, sur les 30 000 Albanais qui sont rentrés au Kosovo entre janvier et mai 2000, 1 500 ont été forcés, presque tous en provenance d'Allemagne. En mai, plus de 11 500 personnes sont arrivées par le biais de retours organisés, le plus grand nombre de retours depuis septembre 1999.

"On prévoit que le nombre de retours organisés sera de 12 000 à 15 000 par mois", affirme M. Kessler, ajoutant qu'ils n'ont pas causé jusqu'à présent de problèmes d'hébergement. Il a cependant lancé un appel aux pays d'accueil pour qu'ils assurent des retours "méthodiques, progressifs et dans des conditions humaines." Les recours ne font que différer les retours. Les Kosovars devront, tôt ou tard, rentrer dans leurs foyers, et il faut donc créer les conditions pour les accueillir. Quelles sont les mesures prises à cette fin ?

En fait, toutes les initiatives de la MINUK contribuent à améliorer le rapatriement des réfugiés. Tous les efforts visant à réduire les tensions ethniques, augmenter la sécurité, établir de nouvelles structures politiques et reconstruire l'économie vont dans ce sens.

Les départements de la Structure intérimaire pour l'administration conjointe du Kosovo, dont chacun couvre un secteur spécifique, ont mis en place des programmes ambitieux afin de rétablir et améliorer l'infrastructure et les services publics. Une participation de tous les Kosovars dans ces entreprises permettra de réussir plus rapidement.

Mais le retour des réfugiés devrait être réalisé par phases et de manière méthodique, et être gérés en partageant des informations sur le nombre et le profil des réfugiés. Selon le journal Politic Paper, la MINUK souhaiterait aussi que "les pays d'accueil investissent davantage de manière à créer les conditions nécessaires pour une transition et une réintégration aisées au Kosovo." Pour éviter un retour massif non contrôlé en provenance des pays de l'Europe de l'Ouest, les gouvernements devraient donner la priorité aux retours volontaires à un "rythme contrôlable mais stable".

Maria Elena Andreotti, chef du Commissariat des droits de l'homme et des affaires communautaires de la MINUK, est convaincue que chaque effort réalisé pour assurer l'échelonnement, le nombre et la synchronisation des retours en provenance des pays d'asile sont le résultat d'une délibération et d'une préparation minutieuses. "La MINUK invite donc les pays d'accueil à travailler en coopération et collaboration étroites avec son personnel et ses partenaires pour garantir non seulement le retour volontaire de ces personnes dans la dignité et la sécurité mais aussi le succès de nos efforts à reconstruire une société prospère, tolérante et multi-éthnique au Kosovo", a-t-elle ajouté.


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Sergei Vinogradov fait partie du service de la rédaction de la Chronique et est affecté à la Mission des Nations Unies au Kosovo. C'est à Pristina qu'il a écrit cet article.

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