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Journal du Kosovo
Après l'assistance d'urgence alimentaire ...


Par Sergei Vinogradov


Photo HCR
Le secteur agricole du Kosovo, qui était auparavant l'élément principal de l'économie de la province, a été presque totalement détruit par la guerre. Les populations rurales ont été déplacées, les récoltes et le matériel agricole ont été détruits ou sérieusement endommagés, et le bétail a diminué de moitié. L'économie rurale a presque sombré au niveau d'une économie de subsistance, dépendant de petites fermes familiales.

Pour relancer les activités agricoles au Kosovo, l'UNMIK et ses partenaires, tels que l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et plusieurs organisations non gouvernementales (ONG), ont d'abord concentré leurs efforts en vue d'assurer le retour des paysans déplacés dans leurs villages, de reconstruire leurs habitations, d'approvisionner la région en engrais et en semences et de réparer le matériel agricole. Avec un budget de 8 millions de deutsche marks — soutenu par la FAO, l'Union européenne et les donateurs bilatéraux — le programme d'assistance humanitaire a permis de planter 78 000 hectares de blé, d'assurer la survie d'environ 90 % du bétail au cours des mois d'hiver rudes et de préparer la terre pour la plantation de maïs, de haricots, de pommes de terre, de légumes et d'autres cultures printanières. Quelque 20 000 tonnes d'engrais ont été fournies et près de 35 000 tracteurs et 350 moissonneuses-batteuses ont été réparés avec l'assistance de la Suède, du Luxembourg et des ONG.

Comparé à l'année dernière, le secteur agricole du Kosovo s'est donc considérablement amélioré. Cependant, il reste encore beaucoup à faire. Selon Kosovo : Reconstruction 2000, premier plan complet et intégré de l'administration intérimaire pour une reprise sociale et économique, "il est important et nécessaire de passer du stade de l'assistance d'urgence à un soutien plus étendu, plus profond et plus spécifique pour bénéficier d'une agriculture autonome et rentable". Cela nécessite de mieux identifier les besoins et les priorités, de formuler un programme de reconstruction et d'obtenir, entre autres, des ressources financières pour les mettre en œuvre.

Les priorités actuelles sont l'amélioration de la productivité et de la sécurité alimentaire, l'aide aux fermiers pour reconstruire leurs actifs tels que le bétail, les machines, le matériel et les bâtiments, afin de permettre au secteur privé de reprendre son rôle essentiel en matière de production et d'approvisionnement agricole et d'assurer la création de services financiers ruraux pour les petites fermes, les ménages et autres petites entreprises. D'autres tâches importantes consistent à réhabiliter et à réorganiser les plans d'irrigation publique ainsi que d'améliorer la gestion du programme et la coordination de l'assistance extérieure. Le Département de l'agriculture, JIAS, qui vient d'être créé offre la cadre d'ensemble institutionnel de coordination pour les activités agricoles.

Parmi les projets figurent ceux financés par le gouvernement français et l'Union européenne pour créer des plans de microcrédit ruraux et relancer le secteur agricole privé.

Dans un autre projet financé par l'Union, une quantité importante d'engrais sera disponible au niveau local par l'intermédiaire de distributeurs, ce qui permettra ainsi de relancer le système de commercialisation. L'Union recueillera les recettes des ventes pour les investir dans la seconde phase du plan de microcrédit.

"Dans un avenir proche, il faudra veiller à allouer davantage de ressources des donateurs dans le secteur de production, y compris l'agriculture", explique John Pell, conseiller en politiques agricoles au Département de la construction. "Ce domaine a véritablement besoin d'aide. Nous comptons accorder des fonds pour les activités agricoles, la distribution, la production, les systèmes de traitement et de commercialisation. Les entrepreneurs locaux sont là, il nous reste donc à mettre au point un plan en exploitant le plus efficacement possible leurs initiatives et la capacité des coopératives. La question est de savoir comment se libérer d'une économie de subsistance, produire plus à des coûts moindres et répondre aux besoins des consommateurs. Il faut aussi trouver de nouveaux marchés ou regagner l'accès aux anciens, tels que ceux de Croatie et du reste de la Yougoslavie qui sont actuellement inaccessibles. Mais c'est un processus qui s'étendra sur une période de cinq ans, et non pas d'un an. Il nous faut maintenant attirer plus d'investissements et organiser la production."

Des mesures supplémentaires sont envisagées à long terme, dans le Programme de Reconstruction du Kosovo jusqu'en 2010. Diverses initiatives seront prises pour réorienter les activités économiques vers le développement d'une industrie agricole qui est capable d'être concurrentielle au niveau international, avec une force de travail plus réduite et plus productive tout en générant une vaste gamme d'activités non agricoles afin de créer d'autres emplois et revenus pour une grande partie de la population rurale. Mais cela ne sera pas possible à moins de répondre avec succès aux défis les plus immédiats.


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Sergei Vinogradov fait partie du service de la rédaction de la Chronique et est affecté à la Mission des Nations Unies au Kosovo. C'est à Pristina qu'il a écrit cet article.



REPRISE RAPIDE DE LA PRODUCTION AGRICOLE

Selon un rapport publié le 25 juillet par la FAO, le Kosovo a réalisé des progrès considérables dans la reconstruction du secteur agricole, dont une reprise spectaculaire de la production. Cette reprise rapide reflète la volonté et les ressources considérables des fermiers du Kosovo ainsi que l'assistance opportune de la communauté internationale. Selon le rapport, la production devrait doubler en 2000, ce qui ne représente toutefois que 60 % du niveau de production réalisé en 1989.

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