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Un Débat de haut niveau à l'Organisation des Nations Unies sur le fossé numérique


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L'expérience prouve toutefois que si l'on met du "contenu local" à la disposition des usagers, la propagation d'Internet s'en trouve grandement accélérée. Cela va même quelquefois jusqu'à la mise au point de nouveaux jeux de caractères, comme le jeu de caractères chinois achevé en 1996.

Si l'importance des "trois C" a été reconnue par la majorité des délégués, d'autres questions concernant les stratégies de développement des TIC ont suscité des débats plus âpres. Les délégués africains, en particulier, ont souligné qu'il était important d'inscrire le développement des TIC dans une perspective plus large qui comprenait les problèmes habituels qui existent entre le Nord et le Sud. Dans son discours liminaire, le Président du Mali Alpha Oumar Konaré a dénoncé l'image que la communauté internationale a de son con-tinent. "On ne parle de l'Afrique que pour mentionner les conflits ethniques, les famines et les maladies, on a l'impression qu'il s'agit d'une personne malade, qui souffre et qui n'est maintenue en vie que par l'aide internationale", a-t-il déploré et il a exprimé "l'espoir d'une renaissance de l'Afrique grâce à Internet". D'autres délégués, notamment Anne Konati, du Burkina Faso, ont rappelé que la dette était le "principal handicap" de l'Afrique. Elle a également attiré l'attention des délégués sur la détérioration des termes de l'échange, les fluctuations des cours des matières premières sur les marchés internationaux, et les barrières commerciales tarifaires et non tarifaires, sources de graves difficultés pour les pays africains.

L'importance accordée à la question des TIC est quelque chose de nouveau aux Nations Unies, mais, comme dans la plus grande partie des pays développés de nos jours, la question des TIC y est devenue un sujet omniprésent ces derniers mois. On a fréquemment vu au cours de la réunion de New York, les orateurs en train de brandir un petit livre bleu. Ce livre, qui venait tout juste de paraître, est le rapport du Groupe d'experts des TIC et il énumère des propositions originales et ambitieuses, en particulier un plan visant à relier le monde entier à Internet d'ici à 2004. Un rapport de mai 2000 du Secrétaire général au Conseil économique et social avait résumé les positions de l'Organisation sur le "rôle des technologies de l'information dans une société à forte intensité de connaissances" et présentait des stratégies ambitieuses. Au-delà de ces documents, les expériences des TIC vécues par divers pays et divers acteurs, constituèrent les meilleures préparations au Débat de haut niveau. L'échange de ces expériences au niveau international était un des objectifs de la conférence.

Pour revenir au leitmotiv non officiel du Débat, "surmonter le clivage numérique", il est peut-être juste de rappeler que les ponts ont besoin d'une fondation stable à leurs deux extrémités. C'est dire, comme le rappelait Anne Kristin Sydnes, Ministre norvégien du développement international que "les TIC ne sont pas une baguette magique. C'est un instrument qui ne nous permettra pas d'éviter de prendre les décisions politiques qui s'imposent".

Les technologies de l'information dans l'économie mondiale actuelle

A la fin du Débat de haut niveau, le 7 juillet, le Conseil économique et social a adopté sans vote une Déclaration ministérielle sur les technologies de l'information. Dans cette Déclaration, intitulée "Développement et coopération internationale au XXIe siècle : le rôle des technologies de l'information dans le cadre d'une économie mondiale à forte intensité de connaissances", les ministres et chefs de délégation affirment que : u Les technologies de l'information et de la communication (TIC) ont un rôle central à jouer pour la création de l'économie mondiale à forte intensité de connaissances qui est en train de prendre corps et peuvent contribuer de manière importante à stimuler la croissance et à promouvoir un développement durable. u La majorité de la population mondiale continue de vivre dans la pauvreté et restera à l'écart de la révolution de l'information si l'on n'ouvre pas plus largement l'accès aux TIC.

  • Tous les membres de la communauté internationale devraient coopérer pour remédier au "clivage numérique" et encourager les possibilités qu'offre l'informatique".
  • Le manque d'infrastructure, d'éducation, de moyens de renforcer les capacités, d'investissements et de connectivité constitue le principal obstacle à la participation d'un grand nombre d'habitants des pays en développement aux TIC.
  • La promotion des TIC doit compléter et consolider — et non pas remplacer — les efforts visant à assurer le développement et la modernisation des secteurs de base de l'économie.
  • Il est nécessaire de mettre sur pied des stratégies et des partenariats novateurs, tels que la connectivité des communautés et des investissements du secteur privé, pour assurer l'accès de tous aux TIC.
  • L'éducation, qu'il s'agisse de l'instructrion de base ou des connaissances informatiques, doit être au cœur de toute stratégie en matière de TIC.
  • Le développement du contenu local sur Internet encouragera la diversité culturelle du "cyberespace" et son utilisation.
  • Les TIC aideront les petites et moyennes entreprises à participer aux marchés internationaux et accélèreront la croissance économique.
  • Les forces du marché — si fondamentales soient-elles — ne suffiront pas à elles toutes seules à mettre les TIC au service du développement.
  • Des actions cohérentes et consistantes sont nécessaires aux niveaux national et local pour faire des TCI un instrument efficace au service des programmes de développement.
  • Les pays développés devraient partager avec les pays en développement et en transition l'expérience qu'ils ont acquise dans la promotion et la création des secteurs mettant en jeu les TIC de façon à éviter les mêmes erreurs.
  • Un cadre juridique et réglementaire transparent et cohérent pourrait encourager le développement des TIC.
  • Les Nations Unies, et le Conseil économique et social en particulier, peuvent jouer un rôle essentiel en promouvant le caractère synergétique et la cohérence de toutes les initiatives.
  • Il est nécessaire de forger des partenariats plus solides au sein de la communauté des donateurs et entre donateurs et bénéficiaires.
  • Les Nations Unies devraient créer un groupe de travail sur les TIC, suite à une proposition du Groupe d'experts.
On peut se procurer le texte complet de la Déclaration ministérielle sur Internet à l'adresse suivante : www.un.org/esa/coordination/ecosoc/itforum/


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