Résumé
Lors de
l'Assemblée du Millénaire il y a deux ans, les États
Membres ont décidé de faire de l'Organisation des Nations
Unies un instrument plus efficace pour réaliser les objectifs
prioritaires adoptés dans la Déclaration du Millénaire
des Nations Unies. La nécessité de disposer d'un organisme
multilatéral dynamique n'a jamais été ressentie
avec autant d'acuité qu'aujourd'hui, à l'heure de la mondialisation.
Les réalisations
ont été nombreuses. Les réformes amorcées
en 1997 visaient à adapter les structures internes et la culture
de l'Organisation des Nations Unies aux attentes et défis nouveaux.
Depuis lors, certaines réalisations importantes ont été
enregistrées - avant tout la Déclaration du Millénaire
elle-même, qui contient un ensemble clairement défini d'objectifs
prioritaires, dont des objectifs de développement précis
assortis d'échéances. Ces objectifs servent désormais
de cadre directif commun pour l'ensemble du système des Nations
Unies.
L'ONU a
été à l'avant-garde de la lutte menée pour
éliminer la pauvreté et la pandémie du VIH/sida.
La mise en oeuvre des propositions formulées dans le rapport
du Groupe d'étude sur les opérations de paix de l'ONU
améliore considérablement la capacité de l'Organisation
de déployer et de gérer des opérations de maintien
et de consolidation de la paix et a permis de relever efficacement les
défis nouveaux et inattendus en Sierra Leone, au Kosovo et au
Timor oriental. L'Organisation des Nations Unies fait preuve d'une plus
grande cohésion et ses composantes disparates travaillent mieux
ensemble.
Des partenariats
féconds ont été formés avec toute une série
d'acteurs non étatiques. En bref, l'Organisation évolue
avec son époque. Elle est plus efficace, plus ouverte et plus
créative.
Toutefois, de nouvelles réformes sont nécessaires. Le
présent rapport propose un certain nombre d'améliorations
visant à faire en sorte que l'Organisation concentre son attention
sur les priorités établies par les États Membres
et que le Secrétariat offre un meilleur service. Toutefois, une
réforme des organes gouvernementaux est également indispensable.
L'Assemblée générale et le Conseil économique
et social doivent tous deux procéder à des ajustements
pour réaliser pleinement leur potentiel et un nouvel élan
doit être donné au processus enrayé de réforme
du Conseil de sécurité. Le programme de travail de l'Organisation
dans son ensemble devrait être mieux ciblé et prévoir
moins de réunions mais des réunions plus productives et
moins de documents mais des documents plus utiles.
Section
II, Agir utilement. L'Organisation des Nations Unies doit axer ses
activités sur les priorités définies dans la Déclaration
du Millénaire et lors des conférences mondiales tenues
au cours des 10 dernières années. Les activités
qui ont perdu leur utilité doivent être abandonnées.
En revanche, en ce qui concerne les nouveaux problèmes ou ceux
qui sont devenus plus pressant - tels que la mondialisation et ses répercussions
sur le développement, la poursuite des objectifs du Millénaire
en matière de développement, la prévention des
conflits et la lutte contre le terrorisme - l'Organisation des Nations
Unies doit approfondir ses connaissances, cibler son intervention et
agir plus efficacement. De nombreux autres domaines méritent
aussi une plus grande attention. Le Secrétaire général
présentera un budget-programme entièrement révisé
pour l'exercice biennal 2004-2005, reflétant les nouvelles priorités
de l'Organisation.
Comme suite aux demandes expressément formulées par l'Assemblée
générale, la section II examine également plus
en détail deux domaines :
Pour concrétiser
la vision d'un monde juste et pacifique qu'appelle la Charte, il est
essentiel de promouvoir et de défendre les droits de l'homme.
L'intégration de ces droits dans l'ensemble du système
des Nations Unies a bien progressé. Toutefois, de nouvelles mesures
sont nécessaires pour améliorer l'activité de l'Organisation
dans ce domaine : la capacité de l'ONU d'aider les pays à
mettre en place de vigoureuses institutions de défense des droits
de l'homme sera renforcée; les procédures appliquées
par les organes créés en vertu d'instruments internationaux
seront révisées pour simplifier les règles en matière
de présentation de rapports; le système de procédures
spéciales (rapporteurs, groupes de travail, etc.) sera passé
en revue afin d'en renforcer l'efficacité en assurant une plus
grande cohérence et recevra un meilleur soutien; et la gestion
du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme sera renforcée.
Le présent
rapport souligne également l'importance de la Commission des
droits de l'homme ainsi que l'obligation de cette dernière de
continuer sans relâche à promouvoir un plus grand respect
des droits de l'homme dans le monde entier.
Le Département
de l'information souffre d'une fragmentation de ses efforts, qui tient
à la multiplication de ses mandats et missions. Il sera restructuré
afin de le rendre mieux à même d'élaborer des stratégies
de communication cohérentes et de tirer parti des nouvelles technologies
de la communication. Il procédera, sur une période de
trois ans, à une évaluation globale de l'impact de ses
activités et de leur efficacité par rapport à leurs
coûts. Le réseau existant de centres d'information des
Nations Unies sera rationalisé autour de pôles régionaux,
en commençant par la création d'un centre régional
d'information pour l'Europe occidentale. Le Secrétaire général
apportera aussi des améliorations dans la gestion des bibliothèques
des Nations Unies et dans le programme des publications du Secrétariat.
Section
III, Mieux desservir les États Membres. Pour mener ses activités
quotidiennes, l'Organisation a besoin d'une documentation de base, d'installations
et de services d'interprétation pour les séances ainsi
que de rapports et de comptes rendus des débats. La section III
décrit brièvement les mesures à prendre pour réduire
le nombre de rapports présentés chaque année et
promouvoir une approche à la fois mieux ciblée et plus
globale des problèmes examinés. Elle recense aussi les
principales améliorations à apporter à la planification
et au service des séances, notamment grâce à une
plus large application des technologies de l'information.
Section
IV, Mieux travailler ensemble. Cette section examine les moyens
d'améliorer la coordination à la fois entre les composantes
de l'Organisation et entre ces composantes et la société
civile.
Des mesures
importantes ont été prises depuis 1997 pour assurer une
coordination efficace entre les diverses entités de l'ONU opérant
dans un pays donné. Désormais, dans le cadre du plan d'exécution
qui doit être mis en oeuvre d'ici à 2003, les organismes,
fonds et programmes des Nations Unies travaillant dans un pays pourront
mettre en commun leurs ressources et entreprendre une programmation
concertée; des bases de données communes et des réseaux
d'échange de connaissances seront mis en place; les coordonnateurs
résidents dans les grands pays et les pays de taille moyenne
seront dotés de leur propre personnel; et dans les pays sortant
d'un conflit, la planification, la budgétisation et la mobilisation
des ressources consacrées à toutes les activités
opérationnelles des Nations Unies seront intégrées.
Afin d'améliorer
la coordination et de renforcer l'efficacité des diverses entités
des Nations Unies, il faut d'abord définir clairement leurs rôles
et responsabilités. Un document précisant les rôles
et responsabilités dans le domaine de la coopération technique
sera établi d'ici septembre 2003. La capacité de gestion
et de planification stratégique du Département des affaires
économiques et sociales sera renforcée et l'assistance
que le Secrétariat apporte à l'Assemblée générale
et au Conseil économique et social lors de l'examen des questions
liées à l'Afrique sera mieux coordonnée.
Les échanges
entre l'Organisation des Nations Unies et la société civile
se sont considérablement multipliés au cours des 10 dernières
années. À l'heure actuelle, des milliers d'organisations
non gouvernementales sont officiellement dotées du statut consultatif.
Leur contribution a enrichi les débats et influé sur l'issue
de nombreuses délibérations des organes intergouvernementaux.
Toutefois, des problèmes ont surgi au cours de ce processus.
Le moment est venu de faire le point et de définir de meilleurs
moyens d'organiser ces rapports. Le Secrétaire général
créera un groupe de haut niveau chargé de formuler des
recommandations à cet égard.
Les relations
de l'Organisation des Nations Unies avec le secteur privé ont
aussi sensiblement évolué ces dernières années
avec l'initiative relative au Pacte mondial et la formation de nombreux
partenariats avec des entreprises et des fondations, en particulier
la Fondation des Nations Unies. Il sera créé un bureau
pour les partenariats sous l'égide duquel ces activités
seront regroupées.
Section
V, Financer les priorités. Le système actuel de planification
et de budgétisation de l'ONU est complexe et mobilise un personnel
nombreux. Il fait intervenir trois commissions distinctes, exige l'établissement
d'une documentation volumineuse et la tenue de centaines de séances.
Les aménagements proposés dans la section V comportent
un plan à moyen terme portant sur deux ans (et non sur quatre
comme à l'heure actuelle) qui serait accompagné d'une
esquisse budgétaire soumise un an avant la présentation
du budget proprement dit. Le projet de budget serait moins détaillé
et plus stratégique et conférerait au Secrétaire
général une certaine latitude pour réaffecter des
ressources selon les besoins. Il est également recommandé
dans le présent rapport que l'examen intergouvernemental des
plans et budgets actuellement exécuté par la Cinquième
Commission et par le Comité du programme et de la coordination
(ce qui entraîne un grand nombre de chevauchements inutiles) soit
désormais entrepris exclusivement sous l'égide de la Cinquième
Commission de l'Assemblée générale. Des mesures
seront prises pour rationaliser les budgets des opérations de
maintien de la paix et améliorer la gestion du grand nombre de
fonds d'affectation spéciale dans le cadre desquels les États
Membres apportent des contributions volontaires venant compléter
le budget ordinaire.
Section
VI, L'Organisation et son personnel : investir dans l'excellence.
Enfin, le rapport contient des propositions visant à faire en
sorte que l'Organisation des Nations Unies puisse compter sur un personnel
compétent, versatile et bien géré. Ces nouvelles
initiatives sont censées encourager et récompenser la
mobilité entre les différents lieux d'affectation, fonctions,
voire organisations; améliorer les perspectives de carrière
des agents des services généraux (qui seront désormais
appelés, à l'instar de leurs collègues de la catégorie
des administrateurs, " fonctionnaires internationaux "); aider
le personnel à concilier sa vie professionnelle et sa vie personnelle;
rajeunir l'Organisation; déléguer davantage de pouvoirs
aux cadres de direction; renforcer la capacité de l'Organisation
des Nations Unies de faire face au VIH/sida sur le lieu de travail;
mieux régler les différends entre l'administration et
le personnel; et permettre à l'ONU d'offrir un système
plus compétitif de rémunération et de prestations.
*
* *
Les mesures
décrites dans le présent rapport traduisent un changement
radical de la façon dont l'Organisation opère. Elles ne
pourront être appliquées automatiquement ni du jour au
lendemain. Il faudra confier à certains services et fonctionnaires
la tâche de gérer le changement, en particulier dans les
départements qui feront l'objet de transformations les plus profondes.
Des ressources devront être affectées à la formation
du personnel dont les emplois seront touchés et aux investissements
dans les technologies de l'information, qui sont indispensables pour
la mise en oeuvre d'un grand nombre des mesures proposées. Le
Secrétaire général engage les États Membres
à souscrire sans réserve à ce train de mesures.
Table
des matières
I. Renforcer l'ONU [Paragraphes 1-30]
A. Ce que nous avons accompli [Paragraphes 3-13]
B. Ce qu'il reste à accomplir [Paragraphes
14-30]
II.
Agir utilement [Paragraphes 31-83]
A. Axer les activités sur les priorités [Paragraphes
33-44]
B. Les droits de l'homme [Paragraphes 45-58]
C. Améliorer l'information [Paragraphes 59-83]
III.
Mieux desservir les États Membres [Paragraphes
84-108]
A. Rationalisation des rapports [Paragraphes 86-99]
B. Gestion des conférences et des réunions [Paragraphes
100-108]
IV.
Mieux travailler ensemble [Paragraphes 109-147]
A. La coordination, clef de meilleurs résultats [Paragraphes
111-121]
B. Précision des rôles et responsabilités [Paragraphes
122-132]
C. Promouvoir les partenariats [Paragraphes 133-147]
V.
Financer les priorités [Paragraphes 148-171]
VI.
L'Organisation et son personnel : investir dans l'excellence
[Paragraphes 172-194]
VII.
Gérer le changement [Paragraphes 195-200]
I.
Renforcer l'ONU
1. Il y
a deux ans, les chefs d'État et de gouvernement, réunis
à l'occasion de l'Assemblée du Millénaire des Nations
Unies, ont réaffirmé leur foi dans l'Organisation et dans
sa Charte, fondements indispensables d'un monde plus pacifique, plus
prospère et plus juste. Ils ont défini comme suit leurs
objectifs prioritaires pour le siècle à venir : "
la lutte pour le développement de tous les peuples du monde,
la lutte contre la pauvreté, l'ignorance et la maladie, la lutte
contre l'injustice, la lutte contre la violence, la terreur et la criminalité
et la lutte contre la dégradation et la destruction de notre
planète ". Ils ont décidé " de faire
de l'Organisation des Nations Unies un instrument plus efficace aux
fins de la réalisation de ces objectifs prioritaires ".
2. En effet,
la nécessité de disposer d'un organisme multilatéral
efficace, qui soit au service de l'ensemble de l'humanité, n'a
jamais été ressentie avec autant d'acuité que durant
cette époque de mondialisation. Cette ère nouvelle marquée
par l'interdépendance et l'intégration offre de nombreuses
possibilités à tous les peuples du monde entier mais elle
présente aussi de nombreux dangers. Le défi qu'il nous
faudra relever consiste à renforcer notre capacité d'action
collective et à forger ainsi un destin commun dans un monde en
mutation de plus en plus rapide.
A.
Ce que nous avons accompli
3. Fort
heureusement, un organisme au service des peuples du monde entier ne
doit pas être construit de toutes pièces. L'Organisation
des Nations Unies existe non pas comme un monument figé symbolisant
les aspirations d'une époque révolue mais comme une oeuvre
en évolution - oeuvre imparfaite certes comme le sont fatalement
toutes les entreprises humaines - mais susceptible d'adaptation et d'amélioration.
4. L'Organisation
des Nations Unies peut évoluer et a en fait évolué
- considérablement avec la fin de la guerre froide - qui a éliminé
la source de méfiance la plus profonde et la plus tenace entre
ses États Membres, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives d'action
novatrice et de coopération. Lorsque j'ai pris mes fonctions
de Secrétaire général en 1997, l'Organisation était
en mutation. L'une de mes premières priorités - qui faisait
d'ailleurs l'objet de mes premiers rapports à l'Assemblée
générale - était d'adapter les structures - et
aussi les pratiques - du Secrétariat aux attentes et défis
nouveaux auxquels il devait répondre.
5. Dans
la mesure où elles relevaient de ma compétence, les réformes
que j'avais proposées à l'époque ont été
mises en oeuvre et ont, je crois, dans l'ensemble porté leurs
fruits. Toutefois, le plus important peut-être est l'action entreprise
par les États Membres. Au cours des cinq dernières années,
ils se sont de plus en plus souvent tournés vers l'Organisation
des Nations Unies pour relever les nouveaux défis posés
par la mondialisation et j'ai été encouragé par
l'imagination et la créativité dont ils ont fait montre
pour étudier et développer les possibilités qu'offrait
l'Organisation. Ensemble, nous avons opéré d'importantes
réformes et nous sommes en mesure de faire état d'importantes
réalisations.
Définition de nouveaux objectifs
de développement
6. En tout
premier lieu, les dirigeants du monde entier ont adopté la Déclaration
du Millénaire des Nations Unies dans laquelle les États
Membres ont communiqué au monde une vision commune pour le siècle
à venir. Dans le domaine économique et social, en particulier,
cette vision repose sur des objectifs précis et quantifiables
pour les 15 premières années du siècle -
les objectifs du Millénaire en matière de développement.
La définition précise de ces objectifs est désormais
acceptée et comprise sans ambiguïté par les divers
organismes internationaux intéressés. Les efforts que
nous avons déployés pour promouvoir une coopération
plus étroite et une cohésion plus grande dans l'ensemble
du système des Nations Unies, y compris les institutions de Bretton
Woods, ont donc été récompensés. Pour imprimer
un élan à ce programme d'action, j'ai publié en
2001 un plan de campagne pour la mise en oeuvre des mesures à
prendre afin d'atteindre les objectifs du Millénaire en matière
de développement (A/56/326) et j'ai récemment remis le
premier de ce qui sera une série de rapports annuels faisant
le point des progrès accomplis ou restant à accomplir.
7. Si ces
objectifs de développement ont été regroupés
pour la première fois dans la Déclaration du Millénaire,
la plupart d'entre eux étaient le produit d'une série
de grandes conférences internationales convoquées au cours
des 10 dernières années pour examiner différents
aspects du développement, notamment celles consacrées
aux enfants, à l'environnement, aux droits de l'homme, à
la population, aux femmes et à la politique sociale. L'utilité
de ces conférences pour parvenir à un consensus mondial
sur des normes et objectifs - voire des plans d'action détaillés
- est désormais largement admise, même par ceux qui comptaient
naguère parmi les sceptiques ou les détracteurs. Ces conférences
ont contribué à faire en sorte que l'action de l'ONU évolue
avec son temps et réponde aux nouveaux défis qui se posent
aux peuples du monde entier. En 2002, les conférences tenues
à Monterrey sur le financement du développement, et à
Johannesburg sur le développement durable, ont pu à la
fois mettre à profit et enrichir cet héritage.
8. Le monde
s'en remet de plus en plus à l'Organisation des Nations Unies
pour aborder les problèmes sociaux qui revêtent une portée
mondiale - par dessus tout l'élimination de l'extrême pauvreté
- et pour aider à dégager un consensus mondial sur les
moyens d'y remédier. L'Organisation a joué ce rôle
notamment en 2001 en hissant le VIH/sida au rang de problème
mondial grâce à la convocation d'une session extraordinaire
de l'Assemblée générale consacrée à
cette question et aux activités de préparation et de suivi
qui y ont été associées. Il n'y a évidemment
pas lieu de faire preuve de complaisance à cet égard et
je continuerai personnellement à en faire l'un de mes objectifs
prioritaires. Toutefois, la capacité de l'ONU d'apporter une
contribution essentielle dans ces domaines n'est - je crois - plus mise
en doute.
Réforme des opérations de paix
9. La mise
en oeuvre d'un grand nombre de propositions formulées dans le
rapport du Groupe d'étude sur les opérations de paix de
l'ONU (A/55/305-S/2000/809) est une autre réalisation importante.
Nous avons considérablement amélioré notre capacité
de déployer et de gérer des opérations complexes
de maintien et de consolidation de la paix. Si seul le temps permettra
d'apprécier toute la valeur de ces améliorations, les
événements récents n'ont pas attendu pour nous
mettre à l'épreuve. Au cours des trois ou quatre dernières
années, nous avons dû affronter des tâches nouvelles
et inattendues dans ces domaines
- surtout, bien évidement, en Sierra Leone, au Kosovo et au Timor
oriental - et je me permets de dire que nous nous en sommes fort bien
acquittés. Ces réalisations et d'autres encore ont été
possibles non seulement grâce au travail infatigable et au dévouement
des fonctionnaires de l'Organisation des Nations Unies - à la
fois sur le terrain et au Siège - mais aussi grâce au Conseil
de sécurité qui a su tirer parti des difficultés
rencontrées au cours de la décennie écoulée
pour apprendre à concevoir des solutions plus judicieuses et
plus efficaces. S'il subsiste d'importants défis que le Conseil
n'a pu,
pour diverses raisons, relever de façon satisfaisante, il existe
de par le monde de nombreux conflits que ses membres s'efforcent de
régler ensemble de manière harmonieuse et véritablement
efficace.
Renforcement
de la cohésion
10. Toutefois,
ce n'est nullement dans les seules opérations de paix que l'ONU
fait preuve d'une plus grande cohésion. Dans tous les pays en
développement où nous travaillons, il existe désormais
une équipe de pays unifiée, souvent installée dans
une Maison des Nations Unies unique. Cette équipe, qui réunit
les représentants des multiples fonds, programmes et institutions
spécialisées des Nations Unies et est placée sous
la conduite d'un coordonnateur résident, a pour mandat de faire
en sorte que l'ensemble du système soit mobilisé pour
répondre aux besoins de chaque pays. Cette structure traduit
les efforts que j'ai faits pour assurer une cohésion et une communauté
de vues au sommet, en réunissant toutes les semaines les chefs
de tous les départements, fonds et programmes au sein d'un groupe
de gestion de haut niveau et en mettant en place des comités
exécutifs interdépartementaux chargés de superviser
les quatre grands domaines d'action de l'ONU : la paix et la sécurité,
les affaires économiques et sociales, les affaires humanitaires
et le développement.
Création
de partenariats
11. Enfin,
je souhaite appeler l'attention sur le fait que nous avons réussi
à définir de nouveaux moyens d'action fondés sur
des partenariats concertés. L'Organisation des Nations Unies
est et demeurera une organisation intergouvernementale où les
États Membres détiennent fermement le pouvoir de décision.
Cela étant, nous vivons dans un système international
où pèsent aussi d'un poids de plus en plus grand des acteurs
non étatiques tels que les organisations de la société
civile, les organismes bénévoles, les groupes d'intérêt,
les entreprises privées, les fondations philanthropiques, les
universités et équipes de réflexion et, bien entendu,
les particuliers épris de progrès. Pour faire changer
les choses aujourd'hui, il faut mobiliser le soutien et cultiver les
idées d'un ensemble divers d'acteurs non étatiques.
12. L'Organisation
des Nations Unies a essayé de mettre à profit cet enseignement.
Notre travail avec les organisations non gouvernementales visant à
combattre la maladie, à réduire la pauvreté et
à alléger les souffrances après les catastrophes,
est désormais tellement connu qu'il ne suscite guère de
commentaires. L'activité des fondations philanthropiques - en
particulier celle de la Fondation des Nations Unies - pour promouvoir
nos objectifs communs est de plus en plus perçue comme un complément
précieux de l'action gouvernementale. Ma propre initiative relative
au Pacte mondial a associé des centaines d'entreprises dans le
monde entier à l'effort visant à promouvoir la responsabilité
civique des entreprises et les valeurs universelles dans le domaine
des droits de l'homme, du droit du travail et de l'environnement. Aujourd'hui,
une réunion importante des Nations Unies est à peine imaginable
sans la participation de la société civile sous ses formes
les plus diverses.
13. Comme
il ressort des observations ci-dessus, nous sommes en présence
d'une organisation bien différente de celle que nous avons connue
il y a 20 ans, d'une organisation qui évolue avec son époque
et qui fonctionne avec une efficacité, une transparence et une
créativité accrues.
B. Ce
qu'il reste à accomplir
14.
Dans le corps du présent rapport, je vais faire porter mon attention
essentiellement sur le domaine de responsabilités qui est le
mien et proposer un certain nombre d'améliorations visant à
faire en sorte que le Secrétariat serve mieux ses maîtres,
à savoir les organes intergouvernementaux. Mais si nous voulons
renforcer l'Organisation des Nations Unies, une réforme des organes
intergouvernementaux est également impérative. Si de nombreuses
améliorations ont déjà été apportées,
d'autres sont nécessaires et je vais présenter, dans les
paragraphes qui suivent, quelques propositions à cet égard.
Renforcer
l'Assemblée générale
15. L'Assemblée
générale est la seule instance universelle où tous
les États disposent d'une voix égale. Ayant le pouvoir
d'examiner et d'approuver le budget, l'Assemblée pèse
d'un grand poids sur le fonctionnement de l'ONU. Toutefois, de nombreux
États Membres estiment que la contribution de l'Assemblée
à l'activité de l'Organisation diminue, et je partage
leur préoccupation.
16. Il
importe au plus haut point que l'Assemblée poursuive ses propres
efforts de réforme pour rationaliser encore son ordre du jour.
À l'heure actuelle, elle examine beaucoup trop de points qui
se chevauchent et avec une fréquence qui dans bien des cas, n'est
pas justifiée. De ce fait, le temps et l'énergie dont
on a actuellement besoin pour consolider les consensus sur des questions
actuelles ou nouvelles qui revêtent une importance mondiale sont
gaspillés dans des rapports et débats répétitifs
et stériles et dans des négociations portant sur des résolutions
ayant une portée et un impact limités. Or, il est possible
d'améliorer grandement la situation en fusionnant les points
qui font double emploi et en regroupant les questions étroitement
apparentées, ce qui permettrait d'obtenir des résultats
ayant une utilité et un impact plus grands. Il convient ainsi
d'examiner de très près la structure des points habituellement
inscrits à l'ordre du jour et d'envisager d'étudier de
nombreuses questions tous les deux ans ou même à intervalles
plus longs.
17. Il
faut aussi que l'Assemblée précise ses responsabilités
par rapport à celles du Conseil économique et social et
de ses commissions techniques, en particulier pour ce qui est du suivi
des conférences, de manière à ce qu'elle puisse
à la fois tirer parti des travaux de ces organes et les enrichir.
18. Je
me félicite de la décision d'élire le Président
de l'Assemblée et les Présidents des diverses commissions
trois mois à l'avance et non le premier jour de la session. Cette
mesure devrait permettre une bien meilleure planification du calendrier
de l'Assemblée et, partant, faciliter d'autres réformes
qui s'imposent d'urgence.
Améliorer
le fonctionnement du Conseil économique et social
19. Le
rôle de plus en plus actif de l'Organisation des Nations Unies
dans la formation d'un consensus sur les questions économiques
et sociales ayant un retentissement à l'échelon mondial
appelle un renforcement correspondant du rôle joué par
le principal organe chargé de ces questions, à savoir
le Conseil économique et social. Le Conseil a réalisé
des progrès considérables dans l'agencement de ses travaux
en segments clairement définis, ayant chacun un thème
bien précis. Il a ainsi pu fournir de meilleures directives à
l'ensemble du système sur des questions relevant de sa compétence.
L'une des innovations les plus prometteuses a été l'établissement
d'un dialogue annuel avec les institutions de Bretton Woods et l'Organisation
mondiale du commerce, lequel pourrait à terme contribuer à
faire du Conseil une instance mondiale de choix pour l'élaboration
des politiques et stratégies de développement. Toutefois,
si l'on veut que cette réunion et d'autres réunions du
Conseil continuent d'attirer des participants de haut niveau, il faut
mieux cibler leur ordre du jour et leur structure et mieux préparer
les sessions.
Le processus
enrayé de la réforme du Conseil de sécurité
20. Le
Groupe de travail à composition non limitée que l'Assemblée
générale a créé pour étudier la réforme
du Conseil de sécurité oeuvre depuis près de 10
ans. Il semble pourtant que les États Membres ne puissent toujours
pas s'entendre sur une formule qui permettrait d'accroître la
composition du Conseil. Pour une bonne partie du monde, la taille et
la composition du Conseil de sécurité ne sont pas assez
représentatives. Les lacunes perçues dans la crédibilité
du Conseil contribuent à saper lentement mais sûrement
son autorité, ce qui a de graves incidences sur la paix et la
sécurité internationales. Il s'ensuit qu'aucune réforme
de l'Organisation des Nations Unies ne sera complète sans une
réforme du Conseil. Il faut en même temps se souvenir que
l'autorité découle aussi de la capacité de prendre
des décisions promptes et réalistes et de la volonté
de les mettre en oeuvre. Une réforme qui se contenterait d'accroître
le nombre de membres aurait peu de chance de renforcer le Conseil dans
ce domaine vital.
21. Le
Conseil de sécurité a sensiblement amélioré
ses méthodes de travail ces dernières années, stimulé
en partie par les délibérations avisées du Groupe
de travail à composition non limitée. Il a accru la transparence
de ses travaux en offrant à tous les Membres de l'Organisation
davantage de possibilités d'y participer. Il a tenu un plus grand
nombre de séances ouvertes à la participation des non-membres
du Conseil, organisé des réunions d'information à
l'intention de tous les Membres de l'Organisation et amélioré
son mode de consultations avec les pays fournisseurs de contingents.
Devant cette évolution encourageante, le Conseil de sécurité
pourrait envisager de codifier les transformations récentes dans
sa propre pratique.
22. Les
approches globales de la prévention et du règlement des
conflits et de l'édification d'une paix durable exigent la participation
et l'appui des autres organes de l'ONU. Le Conseil de sécurité
doit faire appel à l'Assemblée générale
et au Conseil économique et social lorsqu'il le faut et ces organes
doivent à leur tour adapter leurs procédures et pratiques
institutionnelles de manière à pouvoir s'acquitter de
leurs responsabilités.
Trop de
réunions
23. Le
nombre des réunions tenues sous les auspices des divers organes
intergouvernementaux a spectaculairement augmenté au fil des
ans, de même que le nombre de rapports et autres documents qu'elles
demandent au Secrétariat d'établir. Au cours de l'exercice
biennal 2000-2001, le nombre de ces réunions a atteint le total
effarant de 15 484, et 5 879 rapports ont été publiés.
Cette tendance est certes en partie le résultat inévitable
des préoccupations de plus en plus complexes de la communauté
internationale, mais on peut et on doit faire machine arrière.
La prolifération de réunions et de documents officiels
impose des difficultés excessives au Secrétariat de même
qu'aux États Membres. À l'heure actuelle, nombre de petits
États Membres se trouvent pratiquement dans l'impossibilité
de jouer un rôle actif dans les activités véritablement
essentielles de l'Assemblée générale et du Conseil
économique et social. Les grands pays eux-mêmes ont du
mal à se tenir au fait de toutes les réunions annuelles,
et encore plus à y participer. Il est par conséquent manifeste
qu'il faut réduire le nombre de réunions officielles et
le volume de la documentation.
24. Il
en va de même des grandes conférences tenues sous les auspices
de l'Organisation des Nations Unies. Comme on l'a déjà
dit, nombre de conférences convoquées ces dernières
années ont contribué sensiblement à renforcer la
coopération internationale sur des questions d'importance mondiale.
Mais chacun doit bien se rendre compte maintenant que l'emploi du temps
de la communauté internationale est saturé par la multiplicité
des réunions. Ce foisonnement a entraîné une lassitude
(une sorte de mal des Sommets) aussi bien dans le grand public que chez
de nombreux gouvernements. J'espère qu'à l'avenir les
États Membres feront preuve de modération et ne demanderont
la convocation de nouvelles conférences que lorsque de nouveaux
problèmes de politique mondiale exigent une orientation d'ensemble
de haut niveau.
Un programme
d'action
25. Je
me suis employé ci-après à définir plus
clairement un certain nombre de domaines dans lesquels des améliorations
seraient souhaitables, et les mesures qui devraient être prises
à cet égard pour faire de l'Organisation des Nations Unies
une institution plus efficace, plus cohérente et plus dynamique.
26. La
section II du présent rapport, intitulée " Agir utilement
", examine la nécessité constante d'axer les activités
de l'Organisation sur ses priorités. Comme l'Assemblée
générale me l'a demandé, j'y propose également
des mesures qui permettraient de rendre plus efficace l'action de l'ONU
dans les domaines des droits de l'homme et de l'information.
27. Dans
la section III (" Mieux desservir les États Membres "),
je présente des recommandations sur la manière dont le
Secrétariat pourrait mieux servir les États Membres en
publiant des rapports moins nombreux mais plus riches d'informations
et plus concis, et en rationalisant la gestion des conférences
et des réunions des Nations Unies.
28. La
section IV (" Mieux travailler ensemble ") est consacrée
à l'examen de la façon dont les acteurs institutionnels,
à l'intérieur comme à l'extérieur de l'Organisation,
pourraient agir en plus étroite coordination, définir
clairement leurs rôles et leurs responsabilités et encourager
les partenariats.
29. Dans
la section V " Financer les priorités ", je fais valoir
que l'Organisation doit allouer ses ressources plus rationnellement
en procédant à des réformes fondamentales des processus
de planification et d'élaboration du budget.
30. Dans
la section VI (" L'Organisation et son personnel : investir dans
l'excellence "), enfin, je présente des moyens de promouvoir
l'excellence au sein du personnel, afin que les fonctionnaires donnent
à l'Organisation le meilleur d'eux-mêmes, et que l'Organisation,
à son tour, offre à tous des carrières enrichissantes
et gratifiantes.
II.
Agir utilement
31. Pour
revigorer l'Organisation, nous devons d'abord porter un regard attentif
et lucide sur ce qu'elle fait - sur la multitude d'activités,
de rapports et de réunions qui absorbent l'énergie des
délégués comme des fonctionnaires du Secrétariat.
Les structures, les procédures, le personnel et les systèmes
doivent ensuite garantir que tout ce qui est fait l'est comme il se
doit. Si nous ne faisons pas en sorte que l'Organisation s'intéresse
aux questions qui importent le plus aujourd'hui, et à celles
qui importeront le plus demain, nous ne parviendrons pas à renforcer
l'Organisation comme nous nous en sommes donné l'objectif.
32. Dans
cette première section, j'examinerai notre programme d'action
en général, puis deux domaines en particulier, à
savoir les droits de l'homme et l'information, pour faire suite à
la demande formulée par l'Assemblée générale
en 2001.
A.
Axer les activités sur les priorités
33. Le
programme de travail de l'Organisation est à la fois complexe
et exhaustif, comme on peut l'attendre d'une organisation qui intervient
dans quasiment tous les domaines de la coopération internationale.
Ce programme correspond aux nombreux mandats cumulés au fil des
ans.
34. La
Déclaration du Millénaire comme les documents issus de
la Conférence internationale sur le financement du développement,
du Sommet mondial pour le développement durable et d'autres conférences
internationales ont exposé une vision globale de ce que les États
Membres aspirent à accomplir. Il nous appartient maintenant de
faire en sorte que notre programme de travail aille dans le sens de
leurs objectifs et de leurs priorités.
35. Nous
devons porter un regard critique sur toutes nos activités et
nous demander si elles correspondent à la Déclaration
du Millénaire et aux sommets issus d'autres conférences
et si elles ont l'effet voulu. Dans la négative, nous devons
savoir y renoncer.
36. D'un
autre côté, les problèmes au sujet desquels les
Nations Unies doivent approfondir leurs connaissances, cibler leur intervention
et agir plus efficacement ne manquent pas.
37. La
question de la mondialisation et de ses conséquences sur le développement
se posera avec acuité durant les années à venir.
Les Nations Unies doivent être davantage en mesure d'aider les
pays en développement à mieux tirer parti des possibilités
que leur offre la mondialisation, en particulier en termes de commerce
et d'investissement, tout en minimisant les risques connexes. De gros
efforts doivent être faits pour assurer la mise en place d'un
cadre réglementaire, normatif et statutaire approprié,
de façon à ce que la communauté internationale
soit à même de relever vraiment les défis de la
mondialisation. Les institutions chargées de la direction des
affaires mondiales doivent pour leur part se montrer plus favorables
à la participation accrue des pays en développement à
la prise de décisions.
38. Les
objectifs de développement énoncés dans la Déclaration
du Millénaire et les engagements pris à l'issue des conférences
mondiales sont déterminants pour la communauté internationale.
L'Organisation doit se donner davantage de moyens d'énoncer des
orientations de portée mondiale aux fins de la réalisation
de ces objectifs, mobiliser les volontés politiques et les ressources
et aider les pays qui s'emploient à énoncer des stratégies
nationales pertinentes. Elle doit aussi veiller au suivi systématique
des conférences mondiales, notamment de la Conférence
internationale sur le financement du développement et du Sommet
mondial pour le développement durable. La science et la technologie
peuvent jouer en faveur des objectifs du Millénaire un rôle
auquel il convient de s'intéresser plus qu'on ne l'a fait jusqu'à
présent. L'action de l'ONU à l'appui du développement
de l'Afrique doit quant à elle être rendue plus cohérente.
S'ils ne sont pas résolus, nos efforts pour réduire le
niveau inacceptable de pauvreté dans lequel vivent des milliards
d'être humains sont voués à l'échec.
39. J'ai
également le sentiment que le moment est venu d'examiner dans
son ensemble et sous ses divers aspects la question de la migration,
qui concerne désormais des centaines de millions de personnes
et se pose aux pays d'origine, de transit et de destination. Nous devons
mieux comprendre les causes des mouvements internationaux de populations
et leurs liens complexes avec le développement. Nous devons aussi
nous préparer au changement qui se dessine déjà
quant à la répartition de la population entre jeunes gens
et personnes âgées dans la plupart des régions du
monde et à ses conséquences sur le monde du travail, les
services sociaux et les processus politiques.
40. La
pénurie d'eau, la pollution des eaux et les maladies d'origine
hydrique, questions auxquelles une très large place a été
faite lors du Sommet mondial pour le développement durable, ont
des conséquences d'une ampleur sans précédent et
intéressent des acteurs très divers, y compris dans le
secteur privé et la société civile. Nous devons
mobiliser les énergies de ces acteurs pour que l'action internationale
soit coordonnée, efficace et rapide. L'énergie est une
autre question qui mérite une attention plus grande et plus rationnelle
: nous devons en explorer les nombreux aspects, notamment ceux liés
à la sécurité énergétique, à
l'électrification des zones rurales, aux sources d'énergie
renouvelables et à l'utilisation rationnelle de l'énergie.
Je suis en outre persuadé que nous devons mieux nous préparer
aux catastrophes naturelles et intégrer la gestion des risques
liés à ces catastrophes dans nos stratégies de
lutte contre la pauvreté, de promotion du développement
et de protection de l'environnement.
41. La
mission de maintien de la paix et de la sécurité internationales
qui incombe aux Nations Unies repose sur la capacité de l'Organisation
à prévenir les conflits et à consolider la paix
après les conflits. Nous devons chercher à mieux comprendre
les causes économiques et sociales des conflits violents et renforcer
nos moyens d'aider les pays à surmonter les difficultés
liées à la promotion de l'unité dans la pluralité
et la diversité, à atténuer les inégalités
et à assainir la direction de leurs institutions publiques. La
conduite avisée des affaires publiques aux échelles locale,
nationale et internationale est peut-être le seul facteur déterminant
dans l'action en faveur du développement et la promotion de la
cause de la paix. Une grande partie des efforts visant à prévenir
les conflits sera toutefois réduite à néant si
l'Organisation ne renforce pas aussi sa capacité à atténuer
les menaces mondiales liées à l'utilisation d'armes, en
particulier d'armes de destruction massive et d'armes classiques susceptibles
d'entraîner de très lourdes pertes parmi la population
civile.
42. L'Organisation
doit également renforcer sa capacité d'assumer son rôle
dans la lutte contre le terrorisme, sujet de préoccupation constant
depuis les attentats du 11 septembre 2001. Elle doit en particulier
pouvoir donner des avis et fournir une assistance aux États Membres
qui s'efforcent de consolider leurs cadres législatifs et administratifs.
Les efforts déployés à l'échelle internationale
pour réprimer le terrorisme, le trafic de drogues et la criminalité
internationale doivent venir s'intégrer dans une stratégie
visant à triompher des forces de la " société
incivile "
43. De
très nombreuses autres questions méritent sans nul doute
une attention accrue. Nous devrions utiliser à notre avantage
le fait que le budget de l'exercice biennal 2004-2005 sera adopté
en 2003, et saisir cette occasion pour réexaminer et actualiser
l'ensemble de notre programme de travail et pour adopter un budget-programme
qui tienne compte des priorités dont nous sommes convenus.
Décision 1. Je présenterai à l'Assemblée
générale, en 2003, un budget-programme entièrement
révisé, reflétant les priorités arrêtées
lors de l'Assemblée du Millénaire.
44. La
nécessité d'actualiser le programme de travail et de recenser,
pour les supprimer, les mandats et les activités devenus inutiles,
sera un impératif constant. Nous avons pour cela besoin d'un
mécanisme qui nous aidera à agir systématiquement.
Je souhaiterais réitérer la proposition que j'avais faite
dans mon rapport de 1997 (A/51/950 et Add.1 à 6) concernant les
clauses-couperets : chaque initiative impliquant des engagements de
fonds substantiels devrait être soumise à un délai,
à l'issue duquel elle serait revue et reconduite uniquement en
vertu d'une décision explicite de l'Assemblée générale.
B.
Les droits de l'homme
45. Pour
concrétiser la vision d'un monde juste et pacifique qu'appelle
la Charte, il est essentiel de promouvoir et de défendre les
droits de l'homme. L'apparition et la diffusion de normes et l'adoption
de conventions relatives aux droits de l'homme ont été
l'une des grandes réalisations du XXe siècle, et les Nations
Unies ont, dans cette entreprise, joué un rôle décisif.
Au cours de la dernière décennie, l'importance et la pertinence
des droits de l'homme dans le programme de travail de l'Organisation
n'ont cessé d'augmenter. La Déclaration du Millénaire
a confirmé que cette mission demeurait essentielle : " Nous
n'épargnerons aucun effort pour promouvoir ... le respect des
droits de l'homme et des libertés fondamentales reconnues sur
le plan international. "
46. La
Commission des droits de l'homme est une partie essentielle de l'Organisation;
sa glorieuse histoire comprend notamment la rédaction de la Déclaration
universelle des droits de l'homme. Partout dans le monde, les hommes
se tournent vers elle pour qu'elle les aide à défendre
leurs droits et à obtenir de meilleures conditions de vie dans
une liberté plus grande, comme le prescrit le Préambule
de la Charte. J'engage instamment les États Membres à
garder à l'esprit le véritable objet de la Commission
et de chercher à la rendre plus efficace. Ils doivent bien comprendre
que s'ils acceptent que les élections et les débats soient
déterminés par des considérations politiques ou
par la constitution de blocs à des fins tactiques, plutôt
que par des efforts authentiques pour faire respecter les droits de
l'homme dans le monde entier, l'autorité et l'utilité
de la Commission seront inévitablement compromises.
47. En
raison de sa vocation mondiale, l'Organisation des Nations Unies offre
un cadre institutionnel unique en son genre au développement
et à la promotion des normes et pratiques relatives aux droits
de l'homme et à l'avènement progressif d'instruments de
contrôle juridiques et opérationnels permettant de préserver
l'universalité des droits de l'homme tout en respectant la diversité
nationale et culturelle. Les entités des Nations Unies chargées
des droits de l'homme travaillent surtout dans trois domaines : l'information,
l'analyse et l'élaboration de politiques; le soutien aux organes
et organismes s'occupant des droits de l'homme; et la défense
des droits de l'homme. Ces activités sont conçues comme
des éléments complémentaires d'une stratégie
unifiée concourant à l'application des normes relatives
aux droits de l'homme par les États Membres.
48. L'intégration
des droits de l'homme dans le système des Nations Unies a bien
progressé jusqu'à présent. Par exemple, des spécialistes
des droits de l'homme sont déployés dans les missions
de maintien de la paix. Dans la plupart des opérations humanitaires,
la protection des réfugiés et des personnes déplacées
est un aspect crucial de l'action menée dans les situations d'urgence.
Les programmes de développement soutenus par les Nations Unies
contribuent à la promotion des droits de l'homme par la diffusion
d'une information et par une action éducative, mais aussi par
une aide apportée aux institutions de défense des droits
de l'homme telles que les commissions nationales des droits de l'homme.
49. Le
problème est de tirer parti de ce progrès, en particulier
en aidant les pays à défendre les droits de l'homme sur
leur territoire. Nous devons aussi poursuivre les efforts que nous menons
pour moderniser le système de traités relatifs aux droits
de l'homme, améliorer le rôle des procédures spéciales
et renforcer la capacité de gestion du Haut Commissariat aux
droits de l'homme, pour qu'il puisse soutenir ces efforts.Les
droits de l'homme au niveau national
50. Aux
paragraphes 25 et 26 de la Déclaration du Millénaire,
les États Membres ont décidé de renforcer dans
tous les pays les capacités nécessaires pour appliquer
les principes et les pratiques du respect des droits de l'homme, notamment
les droits des minorités, les droits des femmes, les droits des
enfants et les droits des travailleurs migrants. En s'appuyant sur des
institutions vigoureuses de défense des droits de l'homme au
niveau national, on peut espérer faire en sorte que les droits
de l'homme soient protégés et défendus de façon
systématique. La mise en place, dans chaque pays, d'un système
national de protection des droits de l'homme reflétant les normes
internationales devrait donc être un des principaux objectifs
de l'Organisation. Ces activités sont particulièrement
importantes dans les pays qui sortent d'un conflit.
51. Pour
atteindre ces buts, le Haut Commissariat aux droits de l'homme a commencé
à travailler avec le système du coordonnateur résident
pour s'assurer que les droits de l'homme figurent en bonne place dans
les analyses, la planification et l'exécution des programmes
au niveau national. Les équipes des Nations Unies dans un pays
- et notamment les représentants des fonds et programmes, des
organismes spécialisés et de la Banque mondiale - doivent
avoir accès à l'information, aux analyses et à
des exemples de modalités à suivre pour inclure la défense
des droits de l'homme dans les programmes de pays. Le Haut Commissariat
aux droits de l'homme doit donc avoir la capacité de former des
équipes nationales, d'évaluer et de diffuser les pratiques
optimales et de développer des mécanismes de contrôle
permettant de mesurer l'impact de ses programmes. Pour éviter
les doubles emplois et utiliser au mieux les ressources, le Haut Commissariat
doit pouvoir compter sur l'aide d'institutions partenaires, dans toute
la mesure du possible, tout en préservant une capacité
de déployer son propre personnel sur place si nécessaire.
Décision 2. Le Haut Commissariat aux droits de l'homme
élaborera et appliquera un plan en coopération avec le
Groupe des Nations Unies pour le développement et le Comité
exécutif des affaires humanitaires, dans le but de renforcer,
au niveau du pays, les actions menées par les Nations Unies dans
le domaine des droits de l'homme.
Organes
créés par les traités relatifs aux droits de l'homme
52. Les
organes créés par les traités et les mécanismes
et procédures de défense des droits de l'homme constituent
un réseau étendu et complexe. La complexité grandissante
de cette machinerie et l'obligation d'établir des rapports pèsent
de plus en plus sur les ressources des États Membres comme du
Secrétariat. De ce fait, les avantages du système actuel
ne sont pas toujours clairs.
53. À
l'heure actuelle, pour chaque grand traité ou convention relatif
aux droits de l'homme, il existe une bonne demi-douzaine de comités.
Leur nombre augmentera encore avec la ratification de la Convention
internationale relative à la protection des droits des travailleurs
migrants et des membres de leur famille. Les comités de ces organes
sont composés d'experts indépendants, qui remplissent
leurs fonctions sous l'autorité des organes créés
par traité, c'est-à-dire des États qui ont ratifié
un traité donné ou accédé à une convention
donnée. L'actuelle structure de ces divers comités relatifs
aux droits de l'homme - qui traitent de questions importantes mais distinctes
- impose aux signataires des traités de lourdes obligations en
matière d'établissement de rapports. Comme le conclut
un expert indépendant en 1997 : " Le non-respect de l'obligation
de faire rapport est devenu un phénomène chronique ...
Un grand nombre d'États ne s'acquittent pas de leurs obligations,
présentant leurs rapports avec un long retard ou n'en présentant
aucun " (E/CN.4/1997/74, par. 112 et 113).
54. Deux
mesures permettraient de remédier en partie à cette insuffisance
du système actuel. D'abord, les comités devraient avoir
une conception mieux coordonnée de leurs activités et
harmoniser les règles très diverses qu'ils imposent en
matière de présentation de rapports. Deuxièmement,
chaque État devrait pouvoir produire un rapport unique résumant
la façon dont il observe l'ensemble des traités internationaux
relatifs aux droits de l'homme auxquels il est partie.
Décision 3. Le Haut Commissariat
aux droits de l'homme consultera les organes créés par
traité au sujet de nouvelles procédures plus rationnelles
d'établissement de rapports et me présentera ses recommandations
en septembre 2003 au plus tard.
Améliorer
les procédures spéciales
55. Pour
examiner la situation au regard des droits de l'homme dans un pays donné
et les problèmes nouveaux ou graves, l'Organisation s'en remet
à un ensemble de rapporteurs, de représentants de haut
niveau et de groupes de travail qui, collectivement, sont connus sous
le nom de procédures spéciales relatives aux droits de
l'homme. Il s'agit là d'instruments d'importance décisive
qui, au fil des ans, ont aidé à mieux défendre
les droits de l'homme. Cependant, leur nombre est maintenant trop grand,
puisqu'il y a plus de 40 procédures spéciales en cours
et, en l'absence de règles bien claires, leur multiplication
a été circonstancielle.
56. Deux
ensembles connexes de mesures sont donc nécessaires. D'abord,
il faut améliorer la qualité des rapports et des analyses
produits dans le cadre de ces procédures spéciales. Cela
est possible par des critères sans ambiguïté quant
à l'utilisation de ces procédures spéciales et
quant à la sélection des rapporteurs, et en établissant
des directives plus précises pour leurs opérations et
pour l'établissement des rapports.
57. Deuxièmement,
l'Organisation doit être mieux à même de contribuer
à ces procédures spéciales. Le manque de cohérence
des normes relatives à ces procédures tient peut-être
à l'insuffisance des ressources que l'on affecte aux tâches
pour lesquelles elles ont été créées. Les
mesures prises pour résoudre ce problème sont par exemple
la nomination en plus grand nombre de spécialistes chevronnés
et un meilleur appui administratif.
Décision 4. Le Haut Commissariat
aux droits de l'homme entreprendra un examen des procédures spéciales
et me rendra compte de ses constatations en septembre 2003, avec des
recommandations sur la façon d'accroître l'efficacité
de ces procédures et d'améliorer le soutien apporté.
Rationalisation
de la gestion
58. Depuis
quelques années, le Haut Commissariat aux droits de l'homme est
de plus en plus souvent sollicité. Il n'obtient qu'une proportion
limitée de ses ressources du budget ordinaire de l'Organisation
et son financement n'est donc pas prévisible. En outre, diverses
sources de financement expliquent une fragmentation des activités
programmées. La crédibilité et l'efficacité
du Haut Commissariat dépendront de l'obtention prévisible
de ressources appropriées et d'une bonne capacité interne
de les gérer. L'examen de la gestion demandé par l'Assemblée
générale, actuellement entrepris par le Bureau des services
de contrôle interne, devrait sensiblement éclairer la question.
Décision 5. Le Haut Commissariat
élaborera un plan tendant à renforcer sa gestion, en tenant
compte des recommandations découlant de l'examen réalisé
par le Bureau des services de contrôle interne. Je compte que
le rapport me sera soumis en mars 2003 au plus tard.
C.
Améliorer l'information
59. L'Organisation
des Nations Unies a une histoire importante à raconter. Cette
histoire doit être racontée, de façon intéressante,
car le soutien de l'opinion publique est une condition essentielle du
renforcement de l'Organisation. Celle-ci doit pouvoir traduire les nombreuses
résolutions, décisions et déclarations, les nombreux
débats en messages intelligibles mettant en exergue son rôle
central dans l'action menée pour faire advenir un monde meilleur
pour tous.
60. Le
Département de l'information souffre d'une fragmentation de ses
efforts, qui tient à la multiplication de ses mandats et de ses
missions. Une grande quantité d'informations est produite et
de nombreuses activités sont organisées mais ces produits
ne doivent pas être une fin en soi. L'Organisation des Nations
Unies doit s'assurer que les matériaux d'information qu'elle
diffuse et les activités connexes ont bien l'impact souhaité
et constituent un moyen efficace de faire entendre dans le monde entier
la voix très spécifique de l'Organisation. Il est donc
essentiel de procéder à une évaluation et à
un contrôle.
61. Mon
rapport précédent (A/AC.198/2002/2) adressé au
Comité de l'information, en mars 2002, a été la
première étape d'un examen complet du fonctionnement du
Département que l'Assemblée générale avait
demandé. Ce que je propose ici est un nouveau modèle opérationnel
du Département, à New York, une nouvelle conception pratique
des centres d'information des Nations Unies sur le terrain et une évaluation
exhaustive de l'impact de chacun des principaux produits et des principaux
services de ce département. Je propose aussi plusieurs changements
au programme de publications du Secrétariat et à l'organisation
des services de bibliothèque. Repositionnement du Département
de l'information
62. Les
activités du Département de l'information sont nombreuses
: couverture de l'actualité onusienne à la radio, sur
vidéo et sur Internet; production de matériaux d'information
visant à faire largement connaître les problèmes
traités par l'ONU et les grandes conférences; les manifestations
et expositions; les visites guidées; la bibliothèque;
et les relations avec la presse et autres groupes extérieurs
aux Nations Unies. Certaines activités du Département
visent à informer et influencer des intermédiaires, notamment
les journalistes, les organisations non gouvernementales et les établissements
d'enseignement. D'autres, telles que les expositions et les manifestations
spéciales organisées au Siège de l'ONU ont des
publics plus limités.
63. L'examen
exhaustif du Département a établi la nécessité
d'une conception plus claire de son rôle et une élaboration
plus cohérente de ses fonctions. Le Département doit concentrer
ses efforts sur les principaux messages qui doivent faire partie d'une
stratégie cohérente de communication ayant des objectifs
bien précis. Nous envisageons aussi de renforcer et de centraliser
nos communications sur Internet, car c'est là une filière
de plus en plus importante de diffusion du message de l'ONU.
64. La
nouvelle structure présentée ici a pour but d'améliorer
la capacité du Département de réaliser des programmes
d'information efficaces et bien ciblés :
Décision 6. Le Département
de l'information sera restructuré de façon à comprendre
:
a) Une division des communications stratégiques, chargée
de formuler et de diffuser et d'évaluer des messages des Nations
Unies sur des thèmes prioritaires;
b) Une division de la diffusion qui regroupera les services fournis
aux délégations, en liaison avec la société
civile, et les activités destinées au grand public;
c) Une division de l'information et des médias renforcée,
qui inclura désormais le site Internet du Département;
et
d) Le transfert de la Section cartographique au Département des
opérations de maintien de la paix.
65. On
fera une place beaucoup plus grande à l'évaluation, dans
le Département, de façon que les programmes correspondent
mieux aux besoins des publics visés. Il n'a jamais été
procédé à une évaluation complète
de l'impact des activités du Département de l'information.
Un examen complet prendra de deux à trois ans, et de nouvelles
décisions sur la restructuration du Département et le
redéploiement des ressources pourront alors être nécessaires.
Décision 7. Le Département
de l'information, avec l'aide du Bureau des services de contrôle
interne, procédera, en trois ans, à une évaluation
systématique de l'impact de ses activités et de leur efficacité,
par rapport à leur coût. Restructuration des centres d'information
des Nations Unies
66. L'Organisation
des Nations Unies est bien entendu une organisation mondiale, qui sert
tous les peuples. Dans ses communications avec le reste du monde, elle
doit faire mieux qu'à présent. Pour cela, nous devons
rendre plus efficace le réseau des centres d'information des
Nations Unies, pour le profit de tout le système des Nations
Unies.
67. Les
centres d'information ont un rôle décisif à jouer
en communiquant le message de l'ONU dans le monde entier, en corrigeant
les interprétations erronées, et en fonctionnant comme
points d'accès aux matériaux et aux données produits
par les Nations Unies. Souvent, ces centres d'information sont également
les yeux et les oreilles de l'Organisation, puisqu'ils lui retransmettent
les informations portant sur elle et les sentiments qu'elle inspire.
68. Le
paysage médiatique mondial est profondément modifié,
la culture de l'information a profondément changé, des
progrès révolutionnaires ont lieu dans le secteur de la
télématique, et tout cela oblige l'Organisation à
trouver des solutions différentes de celles qui convenaient il
y a 20 ans.
69. Alors
qu'au total les centres d'information des Nations Unies absorbent 35
% du budget du Département, ils sont actuellement si nombreux
(71) que les effectifs de la plupart sont insuffisants et leurs ressources
inadéquates. Comme plusieurs années de suite la croissance
du budget a été nulle et que des amputations budgétaires
ont eu lieu au moment où les activités de l'Organisation
devaient notablement s'étendre et se développer, les centres
d'information des Nations Unies ont beaucoup de mal à avoir un
impact important.
70. Les
centres d'information des Nations Unies situés dans les pays
développés, où les coûts sont très
élevés - comme l'Australie, le Japon, les États-Unis
d'Amérique et la plupart des pays de l'Union européenne
- représentent environ 40 % des dépenses totales consacrées
aux centres d'information. Alors qu'il est important de susciter dans
la presse et dans le public des pays développés une perception
positive de l'Organisation, il est préoccupant que ces centres
absorbent une proportion aussi élevée du personnel chevronné
disponible et des ressources existantes.
71. Les
ressources devraient être redéployées de façon
à renforcer les centres d'information des Nations Unies dans
un plus petit nombre d'emplacements d'importance stratégique.
Dans la plupart des cas, l'option la plus sage serait de créer
un pôle d'information des Nations Unies, ayant les ressources
et la capacité voulues pour informer le public des diverses régions
de l'activité des Nations Unies, de façon mieux ciblée,
plus professionnelle. Ces centres d'information régionaux peuvent
adapter les matériaux d'information aux besoins de la région
où ils sont situés, faire office de dépôt
central des rapports, des publications et des données, et attirer
activement l'attention des médias et du public. Dans les pays
en développement, ils devraient travailler en étroite
coopération avec le système du coordonnateur résident.
72. À
titre de première étape, je me propose de rationaliser
et de regrouper les 13 centres d'information situés en Europe
occidentale en un centre régional. Cela dégagerait des
ressources permettant de créer un centre d'information plus dynamique
et plus efficace et de redéployer les activités vers des
questions plus nettement prioritaires. Je suis convaincu que dans les
trois prochaines années nous devrons adopter une démarche
similaire dans d'autres régions du monde.
Décision 8. Je propose de rationaliser le réseau
des centres d'information des Nations Unies autour de pôles régionaux,
en commençant par la création d'un centre régional
d'information pour l'Europe occidentale. Intégration des bibliothèques
des Nations Unies
73. Les
services de bibliothèque des Nations Unies sont trop dispersés.
Il existe des collections importantes dans chaque bureau du Siège
ainsi que dans les commissions régionales, dans les bibliothèques
de nombreux centres d'information des Nations Unies et des collections
dans les 246 bibliothèques dépositaires des publications
des Nations Unies dans divers pays. L'Assemblée générale
a demandé qu'il soit procédé à un examen
approfondi de toutes les activités des bibliothèques des
Nations Unies. Cet examen a mis en évidence la nécessité
de remédier à l'absence de gestion intégrée
et de moderniser les services fournis.
74. Les
bibliothèques des Nations Unies ont été gérées
de manière indépendante et n'ont fait l'objet que d'un
contrôle interne très limité. Certaines bibliothèques
se sont dotées de capacités spécialisées
qui sont actuellement sous-utilisées. Par exemple, la bibliothèque
de l'Office des Nations Unies à Genève dispose des capacités
voulues pour constituer une collection unique sur version papier et
centraliser les dispositions prises aux fins de la numérisation
de la documentation et l'accès en ligne pour d'autres lieux d'affectation.
La Bibliothèque Dag Hammarskjöld du Siège est davantage
en mesure de définir une politique générale pour
les services de bibliothèque dans tous les lieux d'affectation
et d'assurer la coordination et la gestion du site Web de l'Organisation.
75. Les
innovations technologiques permettent de moderniser les bibliothèques
: la Bibliothèque Dag Hammarskjöld en particulier s'emploie
à créer une bibliothèque virtuelle permettant non
seulement de fournir des services traditionnels aux missions et aux
membres du personnel en général, mais aussi au public
par l'intermédiaire de son site Web ainsi qu'aux bibliothèques
dépositaires du monde entier. La création d'un portail
électronique unique multilingue permettant d'avoir accès
aux collections, à la documentation et à l'information
serait un objectif à long terme. Cette création permettrait
de réduire considérablement le volume de la documentation
sur papier nécessaire aux fins de la diffusion. On s'efforcera
toutefois de veiller à ce que les missions des États Membres
continuent, lors de la phase de modernisation du système des
services de bibliothèque de l'ONU, de disposer de la version
papier des collections et de la documentation. Le concept fondamental
de l'accès en ligne de la documentation - avec le cas échéant
la possibilité d'obtenir la version papier - sera explicité
dans un plan d'action.
Décision 9. La gestion des bibliothèques des Nations
Unies sera améliorée de la manière suivante :
a) La Bibliothèque Dag Hammarskjöld de New York est chargée
de définir la politique et de coordonner les activités
de toutes les bibliothèques des Nations Unies;
b) Le Département de l'information établira en conjonction
avec le Département de la gestion, un plan détaillé
visant à intégrer les services de bibliothèque
des Nations Unies dans divers lieux d'affectation au moyen des technologies
de l'information et de la communication; et
c) Le Département de l'information établira et mettra
en oeuvre un plan visant à améliorer l'accès électronique
aux collections des Nations Unies, à faciliter le transfert électronique
des collections sur version papier et à dispenser une formation
aux bibliothécaires des bibliothèques dépositaires.
Améliorer le contrôle des publications
76. En
2001, l'Assemblée générale a demandé que
le programme des publications du Secrétariat fasse l'objet d'un
examen détaillé. Plus de 1 200 titres nouveaux ou révisés
sont publiés chaque année. Il existe de grandes variations
en ce qui concerne la longueur (de 4 pages à 2 000 pages), le
format, le public visé et les tirages (1 200 à 15 000
exemplaires).
77. Les
principales publications des Nations Unies fournissent des renseignements
essentiels, très utilisés, sur des domaines d'importance
majeure. Dans certains cas, ces publications constituent pour les chercheurs
et les spécialistes des questions politiques du monde entier
une source de référence de premier plan. L'une des gageures
est toutefois de parvenir à atteindre le public auquel est destinée
telle ou telle publication au moment voulu.
78. On
constate une fragmentation considérable et des doubles emplois
en passant en revue toute la documentation publiée - qu'il s'agisse
d'ouvrages de référence fondamentaux ou de périodiques
et de bulletins.
79. Il
importe que les publications fassent l'objet d'un examen et d'un contrôle
plus minutieux. La décision de publier un document n'est pas
fondée sur une analyse rigoureuse de la valeur ajoutée
du document, du public visé ou du coût. Le Comité
des publications ne s'est pas avéré être un instrument
efficace en ce qui concerne le contrôle de la qualité et
des processus.
80. Je
considère que les départements organiques doivent collaborer
en ce qui concerne la planification et la coordination de leurs publications,
de manière à minimiser la fragmentation et les doubles
emplois. Toute décision prise en matière de publication
doit être fondée sur une évaluation minutieuse du
coût entraîné et de l'intérêt présenté.
Le rôle du Comité des publications doit être de définir
des normes et une politique communes, notamment des critères
permettant de déterminer l'importance et le type de tirage et
le paiement éventuel de droits d'auteur aux départements
dont émanent les publications.
81. Le
coût de la publication d'informations très spécialisées
destinées à un public extrêmement restreint a contraint
les éditeurs d'ouvrages de référence et d'ouvrages
s'adressant à des spécialistes, à en publier sous
forme électronique un nombre croissant. Je suis convaincu que
pour que l'ONU demeure une source d'informations à jour faisant
autorité, ses publications doivent être accessibles sous
forme électronique. Par exemple, les données statistiques
publiées chaque année dans de nombreuses langues mais
qui sont déjà en grande partie anachroniques au moment
de la publication devraient être accessibles en ligne. L'Organisation
des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture a déjà
fait de grands progrès dans ce domaine, non seulement en assurant
l'accès en ligne pour un grand nombre de ses publications, mais
aussi en mettant au point un système de localisation en ligne
et un abonnement aux services électroniques dont le coût
est fonction du lieu où se trouve l'utilisateur et de ses moyens
financiers.
82. Je
suis déterminé à veiller à ce que la numérisation
de l'information ne porte pas préjudice aux pays dans lesquels
l'utilisation de l'Internet est limitée. Nous devons donc continuer
à publier la version papier des documents en procédant,
le cas échéant, à l'achat du matériel d'imprimerie
approprié. Si les mesures voulues sont prises, cette nouvelle
approche devrait permettre de communiquer plus rapidement les informations
d'importance cruciale dont dispose l'ONU à ceux qui en ont besoin
et qui s'y intéressent le plus.
83. Le
Répertoire de la pratique suivie par les organes des Nations
Unies publié à la demande des États Membres depuis
les années 50, est une publication qui devrait être supprimée.
Le Répertoire contient une récapitulation des décisions
prises par les organes des Nations Unies ainsi qu'une documentation
connexe classée par rubriques correspondant aux articles de la
Charte et visant à mettre en évidence les questions que
posent l'application et l'interprétation des dispositions de
la Charte. La mise au point du Répertoire est une lourde responsabilité
qui nécessite des ressources importantes. Le Secrétariat
n'est tout simplement pas en mesure de publier des mises à jour
à point nommé. Les principaux utilisateurs de ce document
étant des chercheurs et des enseignants, une institution universitaire
souhaitera peut-être envisager d'assumer la responsabilité
du maintien de la publication du Répertoire.
Décision 10. Les publications feront l'objet des améliorations
ci-après :
a) Les comités exécutifs planifieront et coordonneront
toutes les publications dans leurs domaines thématiques respectifs
en vue de réduire le nombre des publications de l'Organisation
et d'en améliorer la cohérence, l'objectif et le calendrier
de parution. Le Département de l'information procèdera
de même pour les titres qu'il publie;
b) Le Comité des publications sera reconstitué en tant
qu'organe normatif, doté d'une composition appropriée
et d'un mandat correspondant à ses fonctions;
c) La faisabilité et le coût de l'accès en ligne
de publications, complétés par la capacité d'assurer
l'imprimerie de publications sur demande seront examinés; et
d) Le Répertoire de la pratique suivie par les organes des Nations
Unies ne devrait plus être établi par l'Organisation.
III.
Mieux desservir les États Membres
84. Pour
que les organes des Nations Unies puissent traiter de toutes questions
de fond, les États Membres sont tributaires d'une infrastructure
et de travaux d'importance cruciale mais qui ne sont généralement
pas appréciés. Les États Membres ont besoin d'une
documentation, des installations voulues et de services d'interprétation
pour leurs réunions, ainsi que de rapports et de comptes rendus
consignant les délibérations et décisions. L'efficacité
de l'Organisation dépend de la manière dont elle s'acquitte
des tâches susmentionnées.
85. La
présente section traite des mesures visant à améliorer
la logique et l'impact des rapports établis et à en réduire
le nombre. Je propose également de prendre d'autres mesures devant
permettre d'aborder la question des réunions relatives à
la planification et à la gestion de manière plus cohérente.
A.
Rationalisation des rapports
86. L'impact
et la pertinence des travaux de l'ONU sont liés dans une très
grande mesure à la qualité de ses rapports. Ceux-ci fournissent
aux organes des Nations Unies les données et les analyses dont
ils ont besoin pour prendre des décisions fondées au sujet
des aspects de fond de la politique générale et de l'allocation
de ressources aux divers départements et bureaux de l'Organisation.
Les rapports de l'ONU contiennent également un résumé
des débats et des décisions concernant un très
grand nombre de questions.
87. La
qualité des rapports est fonction de l'importance des recherches
sur lesquelles ils sont fondés, de la clarté de leur teneur
et du respect des délais de production et de parution. À
l'heure actuelle, le nombre des rapports établis qui tendent
à constituer des doubles emplois est considérable et leur
impact est fragmenté. L'Assemblée générale
a été saisie à sa cinquante-sixième session
de plus de 500 rapports et le Conseil économique et social, qui
a tenu sa session parallèlement, d'une centaine d'autres. De
surcroît, les rapports demandés par les principaux organes
de l'Organisation font fréquemment double emploi avec ceux demandés
par les organes subsidiaires et les commissions techniques.
88. Les
États Membres, en particulier les petits pays, ont du mal à
absorber une documentation aussi volumineuse et donc à prendre
les décisions qu'elle implique. Le Secrétariat a lui-même
de grandes difficultés à faire face au nombre croissant
de rapports demandés par les organes intergouvernementaux. Le
simple volume de la documentation limite la capacité du Secrétariat
à fournir des analyses claires et très utiles.
89. La
teneur et les délais de parution des rapports ont des incidences
sur la qualité du processus décisionnel à l'échelle
du système. Pour mener à bien la revitalisation de l'Assemblée
générale et du Conseil économique et social, la
réduction du nombre de rapports et des délais de parution
ainsi que l'amélioration de la qualité revêtent
une importance critique. La rationalisation des rapports contribuerait
à accroître la cohérence de politique générale
et de l'examen consacré aux grandes options connexes par les
organes intergouvernementaux.
90. Les
États Membres ont reconnu la nécessité d'adopter
une nouvelle approche. À sa session la plus récente, le
Conseil économique et social a demandé à ses membres,
à ses organes subsidiaires et au Secrétariat de s'employer
à veiller à assurer une plus grande cohérence entre
les rapports demandés et ceux dont il est saisi et de rationaliser
la documentation. Il a également prié le Secrétariat
de présenter des rapports de synthèse concernant des mandats
connexes.
91. Les
propositions énumérées ci-après sont fondées
sur deux principes fondamentaux : l'examen cohérent de questions
interdépendantes et la réduction du nombre, de la longueur
et de la fréquence des rapports.
92. Il
ressort d'un examen préliminaire qu'un grand nombre de rapports
traite de questions analogues. Par exemple, plus de 15 rapports sont
consacrés chaque année aux relations de l'ONU avec d'autres
organisations et un nombre analogue à diverses opérations
de fourniture de secours en cas de catastrophe dont certaines datent
de plusieurs années. Il ne sera désormais publié
qu'un seul rapport de synthèse sur chacune de ces questions.
Je continuerai également à déterminer quels rapports
pourraient faire l'objet de rapports de synthèse.
93. La
situation est particulièrement complexe dans le domaine économique
et social. Les rapports sont établis par un certain nombre de
départements et bureaux à la suite de demandes multiples
émanant du Conseil économique et social, de la Deuxième
et de la Troisième Commissions de l'Assemblée générale
et des commissions techniques du Conseil.
94. Un
plan visant à regrouper et à rationaliser les rapports
pourrait prévoir les dispositions ci-après :
a) Les rapports annuels dont l'établissement a été
demandé par les organes délibérants - le rapport
du Secrétaire général sur l'activité de
l'Organisation et le rapport du Secrétaire général
sur l'application de la Déclaration du Millénaire - feraient
le tour d'horizon de toutes les questions dont l'ONU est saisie. Le
premier de ces rapports rend compte de l'activité de l'Organisation,
le deuxième évalue les progrès accomplis et est
plus analytique et axé sur l'avenir;
b) Un petit nombre de rapports intersectoriels traiteraient des principales
questions mondiales, telles que la mondialisation et la pauvreté,
qui relèvent à la fois des Deuxième et Troisième
Commissions;
c) Sur la base de ces rapports de plus grande portée, un nombre
limité de rapports thématiques pourraient être établis
à l'intention de la Deuxième et de la Troisième
Commission et sur les questions inscrites régulièrement
à l'ordre du jour et faisant suite à certaines demandes
dont il est préférable de tenir compte dans le cadre de
ces rapports.
95. Les
principaux rapports susmentionnés pourraient également
servir de documentation de base aux organes subsidiaires.
96. Je
ferai droit à vos futures demandes de rapports si je le juge
bon. Je serai guidé par deux considérations : renforcer
la logique des analyses que le Secrétariat présente à
l'Assemblée et aider l'Assemblée à traiter de questions
connexes de manière cohérente et contribuer ainsi à
maximiser la pertinence des politiques et l'impact des résultats
de ses délibérations.
97. Tous
les rapports ne présentent pas le même intérêt
et l'établissement d'un document n'est pas nécessairement
le moyen de communication le plus efficace pour l'examen de certaines
questions. Je prévois que :
a) Dans les cas de demandes d'éclaircissements factuels, un rapport
oral pourrait être présenté à la Commission
ou à l'organe intéressé et consigné dans
le compte rendu analytique de la séance, disponible le lendemain;
b) Les rapports traitant de la politique générale continueraient
à être présentés sous forme de rapports du
Secrétaire général. Les rapports fournissant des
informations tels que les notes d'information et les documents contenant
les ordres du jour pourraient être présentés sous
forme de rapports du Secrétariat.
98. Les
améliorations ci-après pourraient également être
apportées aux rapports :
a) Strict respect de la limitation du nombre de pages. Nous avons déjà
contribué à faire mieux observer les règles;
b) Rédaction en termes simples et clairs;
c) Mise en évidence plus clairement des mesures requises et recommandées;
d) Récapitulation de la teneur du rapport sous forme de résumé.
99. Enfin,
certaines questions, notamment la fréquence des rapports demandés
et le maintien de demandes de rapports périodiques devenues anachroniques
devront être examinées. Je demande instamment aux États
Membres d'examiner la question de la fréquence de divers rapports
et la création éventuelle d'un mécanisme chargé
de déterminer si les rapports périodiques sont en fait
toujours nécessaires.
Décision 11. Les rapports feront
l'objet des améliorations ci-après :
a) Établissement de rapports de synthèse sur des questions
connexes;
b) Rédaction de rapports de meilleure qualité proposant
l'adoption de mesures clairement définies;
c) Respect de la limitation prescrite du nombre de pages.
Décision 12. J'encourage l'Assemblée générale
à créer un mécanisme chargé de déterminer
s'il y a lieu de continuer à publier des rapports périodiques
et d'en déterminer la fréquence.
B.
Gestion des conférences et des réunions
100. L'ONU
organise des conférences et des réunions et produit à
longueur d'année des rapports et documents les plus divers. Loin
d'être marginales, ces activités de l'Organisation sont
un aspect fondamental des opérations de l'institution multilatérale
la plus universelle du monde.
101. L'Assemblée
générale a demandé une étude approfondie
des méthodes de travail, fonctions et normes de productivité
du Département des affaires de l'Assemblée générale
et des services de conférence, qui fait l'objet d'un rapport
distinct du Secrétaire général (A/57/289). Sur
la base de cet examen approfondi, je me propose de procéder à
plusieurs améliorations fondamentales de la manière dont
le Département fournit des services aux États Membres.
Approche intégrée de la planification et de la gestion
des réunions et de la documentation
102. Le
Département devrait jouer un rôle plus dynamique dans le
renforcement de l'efficacité du mécanisme intergouvernemental
global. Il faudra pour ce faire réaménager ses méthodes
en privilégiant la planification et adopter une approche globale
de la gestion des réunions et de la documentation; un nouvel
organigramme propre à renforcer l'efficacité et à
améliorer le rapport coût-utilité; ainsi qu'une
application stratégique de la technologie de l'information à
l'établissement, à la traduction et à la distribution
des documents, ainsi qu'à la planification et à la gestion
des réunions. C'est essentiellement pour tenir compte de ces
changements que le Département s'appellera désormais "
Département de l'Assemblée générale et de
la gestion des conférences ". Certains des changements prévus
sont exposés ci-après.
103. Planification.
Le Département améliorera considérablement la planification
aussi bien des réunions que de la documentation, en concertation
avec les organes intergouvernementaux concernés et les autres
départements du Secrétariat. Il mettra au point des programmes
détaillés concernant tant les réunions que la documentation
bien avant l'ouverture de la session de l'Assemblée générale
et en consultation avec le Président de l'Assemblée générale
et les bureaux des diverses commissions et conférences.
104. Coordination.
Les secrétariats des six grandes commissions de l'Assemblée
générale se réuniront régulièrement
tout au long de l'année afin de coordonner la planification et
le calendrier des réunions. En outre, ils travailleront en étroite
coordination avec le Département de façon que tous les
documents nécessaires soient établis à temps.
105. Maximisation
de la présence mondiale. Le Département sera chargé
d'utiliser ses ressources mondiales en personnel et autres afin de répondre
au mieux aux besoins et aux exigences de l'Organisation en temps réel,
ce qui permettra de réduire les dépenses. Il assurera
en outre les modalités d'application du partage de la charge
de travail et l'harmonisation de toutes ses politiques, procédures
et bases de données.
106. Gestion
des réunions. Le Département collaborera avec les commissions
de l'Assemblée générale pour faire en sorte que
l'ordre du jour des séances soit réaliste et que tous
les débats officiels commencent et se terminent à l'heure.
107. Traitement
électronique des documents. Afin de gérer plus efficacement
le flux des documents et d'en élargir au maximum l'accès,
le Département cherchera à mettre en place un système
global de traitement numérique des documents. Il lancera un journal
consultable sur le Web et tenu à jour en permanence, assorti
d'hyperliens actifs avec tous les documents cités. Il comportera
une base de données concernant toutes les activités liées
aux réunions.
108. Gestion
des documents. Un nouveau système de créneau sera institué
afin de faire en sorte que les rapports soient disponibles dans toutes
les langues requises bien avant la date à laquelle ils doivent
être examinés par l'organe intéressé. À
un stade ultérieur, l'introduction de la technologie de l'impression
à la demande permettra la distribution des documents dans la
présentation demandée par les États Membres et
aura pour effet de réduire les tirages, les frais d'expédition
et la consommation de papier.
Décision 13. Le Département
de l'Assemblée générale et de la gestion des conférences
appliquera des changements afin de permettre une approche plus globale
de la planification et de la gestion des réunions et de la documentation.
IV.
Mieux travailler ensemble
109. Les
enjeux de l'universalité sur le plan des interventions ne connaissent
ni les frontières nationales ni les limites des institutions.
Que nous cherchions à réduire la pauvreté absolue
ou à lutter contre le VIH/sida, à assurer un développement
durable ou à prévenir les conflits armés, les stratégies
que nous appliquons doivent reposer sur une action concertée
au niveau de l'Organisation et une meilleure coopération avec
les partenaires extérieurs.
110. Je
me propose de dégager dans la présente section des mesures
propres à améliorer la coordination au sein de l'Organisation
et à préciser davantage les rôles et responsabilités
institutionnels. Par ailleurs, je compte définir les améliorations
d'ordre structurel à apporter dans le domaine économique
et social et en ce qui concerne l'Afrique. Dans la conclusion de la
section, j'examine la manière dont l'Organisation des Nations
Unies peut travailler plus efficacement avec des représentants
de la société civile et du secteur privé.
A.
La coordination, clef de meilleurs résultats
111. L'Organisation
des Nations Unies est une institution complexe à vocation mondiale,
aux préoccupations ambitieuses dotées d'un mécanisme
très élaboré visant à faire face à
un large éventail de problèmes bien souvent interdépendants.
L'amélioration de la coordination au sein de l'Organisation a
été l'un des grands soucis de mes réformes de 1997.
Depuis, nous avons enregistré des progrès importants et
l'Organisation fonctionne aujourd'hui de manière plus homogène
et plus cohérente.
112. Nous
devons toutefois faire encore mieux si nous voulons que l'Organisation
des Nations Unies réalise la coordination à l'échelle
du système qu'exigent les formidables défis sociaux, économiques
et politiques que nous avons sans cesse à relever. Le sort et
le bien-être d'innombrables êtres humains tiennent à
notre aptitude à travailler ensemble plus efficacement. Coordination
au Siège et au niveau régional
113. Dans
le cadre des réformes de 1997, j'ai constitué le Conseil
de direction, composé des chefs de tous les départements,
fonds et programmes. De plus, quatre comités exécutifs
ont été créés pour s'occuper de la paix
et de la sécurité, des affaires économiques et
sociales, des affaires humanitaires et du développement. L'introduction
de ces organes de coordination a permis d'améliorer le partage
d'informations et encouragé le renforcement de la collaboration.
114. J'ai
l'intention de recourir davantage aux comités exécutifs
pour améliorer la planification stratégique, favoriser
l'élaboration de politiques cohérentes et encourager l'étude
des liens entre les questions auxquelles l'Organisation a affaire dans
les domaines de la politique, de l'économie, du développement,
des questions humanitaires et de la sécurité. Je compte
en particulier sur le Comité exécutif pour les affaires
économiques et sociales pour fournir une orientation stratégique
et assurer la complémentarité des travaux menés
par les diverses entités s'occupant du domaine économique
et social. À cet effet, le Comité supervisera la formulation
du plan à moyen terme et du budget-programme pour ce qui est
du domaine économique et social.
115. Les
commissions régionales jouent un rôle particulier dans
le domaine économique et social. En tant qu'avant-postes des
Nations Unies dans différentes régions, elles s'acquittent
de tâches qui s'inscrivent dans le programme de travail mondial
de l'Organisation. En outre, elles articulent les priorités de
l'Organisation dans les régions respectives et apportent un point
de vue régional aux questions mondiales. Chacune des commissions
régionales a récemment examiné en profondeur son
programme de travail. En conséquence, les commissions ont élaboré
des programmes qui prennent mieux en compte les priorités des
diverses régions. Comme suite à la résolution 1998/46
du Conseil économique et social, en date du 31 juillet 1998,
les commissions régionales collaboreront avec les organismes,
fonds et programmes des Nations Unies afin de renforcer la cohérence
de l'action du système au niveau régional. Elles rechercheront
par ailleurs à renforcer la coopération et la coordination
avec les organisations régionales extérieures au système
des Nations Unies. Coordination sur le terrain
116. La
plupart des citoyens du monde voient l'utilité, la capacité
et l'efficacité de l'ONU en fonction de l'expérience qu'ils
ont du personnel et des activités de l'Organisation dans leur
pays d'origine. L'objectif primordial de l'Organisation dans tous les
pays où elle est présente est d'être au service
de la population. Ce n'est qu'en oeuvrant de concert que nous pourrons
mener à bien cette mission.
117. Les
mécanismes de coordination tels que le Groupe des Nations Unies
pour le développement et le Bureau de la coordination des affaires
humanitaires ont contribué à améliorer l'effet
conjugué des diverses entités opérationnelles,
y compris les institutions spécialisées. Les organismes,
fonds et programmes des Nations Unies ont entrepris de simplifier et
d'harmoniser leurs procédures. De nouveaux instruments de planification,
comme le bilan commun de pays et le Plan-cadre des Nations Unies pour
l'aide au développement, ont contribué à modeler
l'étude des besoins et priorités des pays et à
traduire des objectifs généraux en tâches pratiques.
Ces instruments ont été appliqués dans la plupart
des pays en développement avec la collaboration des autorités
nationales. Un autre instrument de planification, l'appel global, comporte
désormais un plan d'action humanitaire commun visant à
répondre collectivement aux besoins des pays en crise. La sélection
et la formation du personnel visent à garantir que l'équipe
de pays des Nations Unies dispose des capacités d'encadrement
et des compétences nécessaires pour gérer efficacement
les opérations. En Sierra Leone et en Afghanistan, les fonctions
de coordination ont été confiées à un représentant
spécial adjoint du Secrétaire général, de
façon à pouvoir mieux répondre aux besoins des
pays après les conflits, dans les domaines de la politique, de
la sécurité, de l'aide humanitaire et du développement.
Les étapes suivantes
118. Le
réseau de coordonnateurs résidents est la clef de voûte
de la coordination sur le terrain et sera renforcé de façon
à mieux appuyer les programmes de développement et d'aide
humanitaire. On mettra au point des mesures pratiques, allant de la
programmation concertée à la mobilisation intégrée
des ressources afin de renforcer encore l'efficacité du système
des Nations Unies et d'optimiser l'utilisation de ses ressources combinées.
119. À
titre d'exemple, grâce à la programmation concertée,
deux organisations ou davantage pourraient fournir un appui au même
partenaire national, soit en regroupant les ressources en un projet
unique, soit en faisant exécuter par différents organismes
tels ou tels éléments du même projet. Une autre
mesure consiste à mettre en commun les ressources, un organisme
des Nations Unies étant désigné pour jouer le rôle
de dépositaire des fonds pour le compte du système des
Nations Unies au titre d'un programme ou projet convenu. Les divers
organismes des Nations Unies prélèveraient des ressources
sur ces fonds communs pour s'acquitter de leurs responsabilités
en matière de programmes ou de projets. Cela exigera certains
aménagements des règlements financiers, des améliorations
dans l'application de la technologie de l'information et la mise en
place d'un système transparent de responsabilités envers
les donateurs, notamment l'établissement de rapports communs
et l'exécution d'évaluations communes. Un autre domaine
qui peut donner lieu à des améliorations est l'élaboration
de bases de données communes et de réseaux de données
qui garantiraient aux équipes de pays l'accès au savoir
et aux compétences spécialisées dont le système
des Nations Unies dispose dans le monde entier. Dans les grands pays
et les pays de taille moyenne, des ressources en personnel devraient
être affectées au coordonnateur résident. Enfin,
dans les pays sortant d'un conflit, les outils de planification, de
budgétisation et de mobilisation des ressources seront adaptés
de façon à renforcer la cohérence et la coordination
entre les activités opérationnelles des Nations Unies.
Décision 14. Le Groupe des Nations
Unies pour le développement élaborera d'ici à juin
2003 un plan d'exécution afin de renforcer l'efficacité
de la présence de l'Organisation dans les pays en développement.
Ce plan aurait notamment pour caractéristiques la programmation
concertée, la mise en commun des ressources, des bases de données
communes et des réseaux de données, un appui réservé
au coordonnateur résident et l'intégration des outils
de planification, de budgétisation et de mobilisation des ressources
dans le cas des pays sortant d'un conflit.
120. À
plus long terme, je pense que l'Organisation des Nations Unies devrait
envisager d'autres formules pour ses activités au niveau des
pays. Nous devons rester soucieux de sauvegarder l'originalité
de l'apport de chaque organisme des Nations Unies, mais nous n'en devons
pas moins rechercher différentes formes de présence des
Nations Unies au niveau national. C'est ainsi, par exemple, que, dans
les pays où les ressources financières et humaines de
l'ONU sont modestes, les organismes, fonds et programmes pourraient
constituer un bureau conjoint. En accord avec les autorités du
pays hôte, un programme commun serait mis sur pied, au titre duquel
l'ONU rassemblerait le personnel dans un bureau unique. Dans les grands
pays et les pays de taille moyenne, les fonds et programmes pourraient
se regrouper autour de questions thématiques, différents
organismes hôtes jouant un rôle de chef de file selon les
secteurs. L'organisme hôte représenterait les autres entités
du système qui ne sont pas présentes dans le pays. L'organisme
hôte pourrait fournir au prix coûtant les services financiers
et administratifs ainsi que les services liés au programme requis.
121. Le
resserrement de la coordination entre les entités des Nations
Unies est un sujet de préoccupation, non seulement pour les fonds
et programmes qui font partie de mon conseil de direction, mais aussi
pour les dirigeants de tout le système des Nations Unies. Les
chefs de secrétariat de tous les organismes, fonds et programmes
tiennent beaucoup à la collaboration dans ce domaine, qui permet
de mieux répondre aux besoins des États Membres et de
leurs peuples.
B.
Précision des rôles et responsabilités
122. L'
ONU s'occupe d'un large éventail de questions et est présente
en de nombreux endroits. Les intervenants sont nombreux dans chaque
domaine d'activité et la répartition des tâches
manque parfois de clarté. Les objectifs ambitieux et interdépendants
inscrits dans la Déclaration du Millénaire supposent que
l'Organisation sera encore plus appelée à aborder son
programme de travail de façon beaucoup plus intégrée.
Il est également indispensable que les États Membres aussi
bien que les entités des Nations Unies sachent clairement quelles
sont les responsabilités des uns et des autres. Coopération
technique
123. Un
domaine où des précisions s'imposent particulièrement
est celui de la fourniture de la coopération technique aux pays
en développement. La quasi-totalité des entités
des Nations Unies fournissent une forme ou une autre de coopération
technique, d'où la nécessité de préciser
les différentes attributions dans ce domaine, étant donné
l'accroissement des ressources et des moyens et l'extension des programmes
des institutions financières internationales.
124. À
mon avis, les principes ci-après devraient régir la clarification
des rôles et responsabilités entre les diverses entités
des Nations Unies :
a) La responsabilité première d'une question ou activité
donnée devrait être confiée à l'entité
techniquement la mieux équipée pour l'assumer;
b) Les entités chefs de file pour une question ou une activité
donnée devraient collaborer étroitement avec le reste
du système au lieu de chercher à reproduire des compétences
existant ailleurs dans l'Organisation;
c) Il faudrait chercher plus systématiquement à puiser
dans le vaste réservoir de savoir et de compétences existant
en dehors du système des Nations Unies;
d) Dans la mesure du possible, ce sont les entités bien établies
sur le terrain et ayant une longue expérience du terrain qui
devraient fournir la coopération technique. Les entités
du Secrétariat devraient fournir des orientations générales
et les compétences, selon les besoins.
125. Je
me propose de publier au cours des 12 mois à venir un document
précisant les rôles et responsabilités en matière
de coopération technique dans les principaux domaines. Je demanderai
instamment aux donateurs de modifier en conséquence leurs décisions
en matière de financement.
Décision 15. Un document précisant
les rôles et responsabilités dans le domaine de la coopération
technique sera établi en septembre 2003 au plus tard.
Opérations
de paix
126. Si
l'on veut renforcer encore l'action du Secrétariat dans le domaine
de la paix et de la sécurité internationales, il faut
affiner la définition de la politique générale
du département chef de file, qui détermine les relations
entre le Département des affaires politiques et le Département
des opérations de maintien de la paix. Le Département
des affaires politiques se concentrera davantage sur les domaines de
la diplomatie préventive, de la prévention des conflits
et du rétablissement de la paix. Il intensifiera par ailleurs
son intervention dans la formulation des politiques dans tout l'éventail
des tâches confiées au Secrétariat dans le domaine
de la paix et de la sécurité internationales. Il conservera
la responsabilité des bureaux politiques et des bureaux de consolidation
de la paix sur le terrain. Quant au Département des opérations
de maintien de la paix, il sera chargé de la planification et
de la gestion de toutes les opérations de paix et de sécurité
sur le terrain, y compris les opérations à composantes
essentiellement civiles.
127. Cet
arrangement ne changera rien à la formule de financement de ces
opérations en vigueur. Elle sera appliquée dans le contexte
de mesures parallèles visant à renforcer leur rôle
global d'élaboration des politiques et de coordination du Comité
exécutif pour la paix et la sécurité. Département
des affaires économiques et sociales
128. Le
réaménagement du Département des affaires économiques
et sociales opéré en 1997 a eu pour effet de regrouper
des fonctions essentielles jusque-là dispersées dans l'ensemble
du Secrétariat, telles que la production et l'analyse de données
démographiques et statistiques, l'analyse des politiques économiques
et sociales et la coopération technique. Ce regroupement répondait
à la volonté de répondre de manière plus
cohérente et plus concrète aux besoins de l'Assemblée
générale et du Conseil économique et social. Si
cet objectif a d'une manière générale été
atteint - surtout en ce qui concerne les conférences mondiales
organisées ces dernières années - le simple nombre
des réunions dont le Département assure le service et
des rapports qu'il établit a poussé à sa limite
sa capacité de donner satisfaction aux États Membres avec
efficacité et de mieux coordonner ses activités avec les
autres entités des Nations Unies s'occupant de questions économiques
et sociales.
129. De
surcroît, les documents issus des conférences mondiales
et la Déclaration du Millénaire appellent une approche
intégrée intersectorielle de la planification et des conseils
de politique générale. Il importe parallèlement
de sensibiliser le reste du système des Nations Unies et de collaborer
avec de nombreux autres partenaires des organisations internationales,
de la société civile et du secteur privé. En particulier,
les États Membres ont demandé que l'on accorde une attention
particulière au suivi de la Conférence internationale
sur le financement du développement et du Sommet mondial pour
le développement durable.
130. Étant
donné la grande complexité de la tâche du Département
en matière d'analyse des politiques et de coopération
technique, l'accroissement des demande auxquelles il doit répondre
pour ce qui est d'offrir les services requis au Conseil économique
et social, aux commissions techniques et au titre des activités
de suivi des conférences mondiales, ainsi que le nombre élevé
des questions nouvelles relevant de la compétence du Département
pour lesquelles celui-ci doit approfondir ses connaissances et mieux
circonscrire son action, il faut renforcer d'urgence sa capacité
de faire face à un tel éventail de questions et de responsabilités.
En particulier, je me propose de renforcer la capacité de planification
stratégique du Département en constituant, au moyen des
ressources dont il dispose, un petit groupe de planification des politiques.
Je crois également que nous devons renforcer la capacité
de direction exécutive de ce département. Actuellement,
l'un des deux postes de sous-secrétaire général
du Département - celui de conseillère spéciale
pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme -
tout en étant rattaché administrativement au Département,
correspond à des fonctions spécifiques, à l'échelle
du système, axées sur la promotion de la femme dans l'ensemble
de l'Organisation. C'est pourquoi je propose la création d'un
poste supplémentaire de sous-secrétaire général
dont le titulaire participerait à la gestion générale
des activités du Département et participerait à
l'élaboration de politiques cohérentes au sein de celui-ci.
Pour compléter ces décisions, des mesures sont prises
pour renforcer la collaboration entre le Département et la Conférence
des Nations Unies sur le commerce et le développement.
Décision 16. Je proposerai dans
le prochain budget biennal la création d'un poste supplémentaire
de sous-secrétaire général afin d'appuyer la cohérence
des politiques et la gestion au Département des affaires économiques
et sociales.
Décision 17. Un groupe de la planification
des politiques sera créé au Département des affaires
économiques et sociales.
Afrique
131. Les
conférences des Nations Unies et la Déclaration du Millénaire
ont pris en compte les besoins particuliers de l'Afrique. L'Afrique
restera une priorité intersectorielle et l'Assemblée générale
et ses organes subsidiaires continueront d'intervenir en fonction de
l'évolution de la situation politique et économique dans
la région. Il faut donc encourager et suivre l'appui international
et le soutien de l'ONU afin que l'Afrique retienne suffisamment l'attention.
Les interventions au niveau mondial viendront compléter l'appui
fourni aux niveaux national et régional, où l'ONU mène
son action de coopération technique et d'analyse. Le groupe de
personnalités éminentes qui a procédé à
l'évaluation indépendante du Nouvel Ordre du jour des
Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années
90 a recommandé qu'un seul rapport global sur l'Afrique soit
soumis à l'Assemblée générale, dans lequel
les aspects de la paix et de la sécurité seraient intégrés
au développement. En établissant ce rapport ainsi que
d'autres rapports sur l'Afrique destinés à l'Assemblée
générale, au Conseil économique et social et à
leurs organes subsidiaires, il faudra veiller à regrouper et
à présenter de manière cohérente les contributions
des diverses composantes du système des Nations Unies et d'ailleurs.
132. Les
auteurs de l'évaluation indépendante de l'application
du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement
de l'Afrique dans les années 90 ont recommandé que des
mesures de coordination appropriées soient prises au Siège
de l'ONU afin d'aider l'Assemblée générale et le
Conseil économique et social dans leurs délibérations
consacrées à l'Afrique. Sur la base de cette recommandation,
j'ai décidé de confier à mon conseiller chargé
de fonctions spéciales en Afrique la tâche de coordonner
et d'orienter l'établissement des rapports relatifs à
l'Afrique au Secrétariat et de placer sous sa responsabilité
les ressources allouées au Bureau du Coordonnateur spécial
pour l'Afrique et les pays les moins avancés, actuellement situé
au Département économique et social.
Décision 18. Le Conseiller chargé
de fonctions spéciales en Afrique coordonnera et orientera l'établissement
de rapports et de contributions aux fins des débats relatifs
à l'Afrique de l'Assemblée générale et de
ses organes subsidiaires. À cet effet, les ressources allouées
au Bureau du Coordonnateur spécial pour l'Afrique et les pays
les moins avancés seront transférées à son
bureau.
C.
Promouvoir les partenariats
133. La
société internationale se pluralise et se diversifie.
Les acteurs de la société civile et du secteur privé
s'associent de plus en plus à la coopération internationale
à tous les échelons, local aussi bien que mondial. Leur
participation va de la soumission d'idées et de propositions
à la réalisation d'activités concrètes,
comme la prestation de services de santé publique ou l'aide alimentaire,
et cette contribution essentielle est largement appréciée.
Dans la Déclaration du Millénaire, les États Membres
ont donc décidé de donner au secteur privé, aux
ONG et à la société civile en général
la possibilité de contribuer davantage à la réalisation
des objectifs et des programmes de l'Organisation. Dans la présente
section, j'examinerai le lien entre la société civile
et le système des Nations Unies, et le cas particulier des relations
entre le secteur et les fondations privés et les Nations Unies.
Mobiliser la société civile
134. Le
nombre des acteurs de la société civile s'est accru de
manière exponentielle, à l'instar des réseaux internationaux
dont ils font partie intégrante. Le nombre d'organisations non
gouvernementales a été multiplié par 40 au cours
du XXe siècle, pour dépasser 37 000 en 2000. Ces réseaux
internationaux en pleine expansion rassemblent virtuellement tous les
types d'organisations, de la communauté villageoise aux sommets
mondiaux, et incluent tous les aspects de la vie publique, de l'octroi
de microcrédits à la fourniture de secours d'urgence,
en passant par l'action en faveur de l'environnement et la promotion
des droits de l'homme.
135. Les
liens qui existent entre les Nations Unies et les organisations de la
société civile sont aussi anciens que la Charte elle-même.
Les partenariats entre le système des Nations Unies et les ONG
dans les domaines de l'action humanitaire et du développement
sont un principe en vigueur depuis des décennies. Ce lien est
en réalité si étroit que, dans bien des cas, les
ONG sont associées à la planification des processus engagés
par l'ONU dans les pays.
136. La
participation intense des acteurs de la société civile
aux processus intergouvernementaux est plus récente. Elle a réellement
pris de l'ampleur à l'occasion des conférences mondiales
organisées au cours de la décennie écoulée.
Les délibérations officielles et les décisions
issues de ces réunions s'enrichissent souvent des débats
tenus dans le cadre de forum d'ONG, et des activités menées
parallèlement aux conférences officielles. De nombreux
organes conventionnels ont désormais pour habitude d'examiner,
en plus des rapports officiels présentés par les gouvernements,
les rapports établis par les ONG. Dans certains cas, des ONG
se sont faites entendre lors des séances plénières
de conférences et ont participé à des tables rondes
aux côtés de représentants gouvernementaux. De nombreux
gouvernements invitent désormais des représentants de
la société civile à se joindre à leurs délégations
pour participer à des conférences internationales ou à
des sessions extraordinaires, parfois même aux travaux de l'Assemblée
générale.
137. Le
Conseil de sécurité a également adopté des
mesures novatrices afin de permettre aux ONG de se faire entendre auprès
de ses membres. La " formule Arria ", par exemple, permet
aux ONG de présenter des témoignages aux membres du Conseil
de sécurité dans le contexte de certaines crises, et sur
des sujets tels que les enfants dans les conflits armés, en dehors
du cadre des séances officielles.
138. Aujourd'hui,
plus de 2 000 ONG sont dotées du statut consultatif officiel
auprès du Conseil économique et social et près
de 1 400 auprès du Département de l'information. Elles
sont plus de 3 500 à avoir été accréditées
officiellement pour participer à la dernière conférence
mondiale en date, à savoir le Sommet mondial pour le développement
durable.
139. Cette
explosion de la participation commence à faire naître des
difficultés dans le système mis en place ces dernières
années pour faciliter les interactions entre les Nations Unies
et les acteurs de la société civile :
a) La rapide augmentation du nombre d'ONG a mis à rude épreuve
nos installations et nos ressources. Il est désormais matériellement
impossible à l'Organisation d'accueillir toutes les ONG désirant
participer aux conférences et aux réunions de l'ONU;
b) Les processus d'accréditation sont nombreux et variés.
Bien qu'une certaine pratique soit établie en la matière,
les ONG qui souhaitent participer aux conférences et aux réunions
de l'ONU doivent souvent se conformer à des règles et
à des procédures disparates et déroutantes;
c) De nombreux États Membres ne sont guère disposés
à être constamment contraints de faire participer plus
largement à leurs travaux les ONG, qui estiment quant à
elles ne pas être autorisées à participer utilement;
d) La disproportion est très marquée entre les ONG de
pays industrialisés et celles de pays en développement,
dont très peu participent aux activités de l'ONU;
e) Un certain nombre d'acteurs de la société civile -
les parlementaires et les groupes du secteur privé, pour n'en
nommer que deux - ne se considèrent pas comme des ONG et les
modalités de leur participation sont assez floues;
f) Plusieurs entités, au sein du Secrétariat, se partagent
la responsabilité d'établir des contacts avec les ONG.
140. Certaines
ONG se sont efforcées de répondre aux préoccupations
évoquées plus haut. À plusieurs occasions, elles
se sont réunies afin d'exprimer des vues collectives sur des
questions de fond. Certaines ont cherché à répondre
aux questions liées à l'ampleur de leur représentation
et à leur fiabilité, en envisageant la mise en place d'un
système d'autoréglementation et l'adoption de codes de
conduite convenus. Plusieurs ONG se sont employées à élargir
leur composition de façon à accueillir des individus et
des groupes venus de pays en développement.
141. Il
appartient bien entendu aux États Membres de définir les
termes et les conditions de l'accréditation et de la participation
des ONG aux conférences des Nations Unies et à d'autres
travaux. Toutes les parties intéressées trouveraient cependant
avantage à la participation des acteurs de la société
civile selon des procédures et des politiques cohérentes,
uniformes et prévisibles. Je suis convaincu qu'il serait utile
de faire le point sur l'expérience acquise jusqu'à présent
par l'ONU dans ses relations avec la société civile. Je
vais donc commencer par constituer un groupe de personnalités
représentant des points de vue et des expériences diverses,
qui sera chargé d'examiner les pratiques passées et actuelles
et de recommander des améliorations pour l'avenir afin que les
rapports entre l'ONU et la société civile prennent davantage
de sens.
Décision 19. Je vais créer
un groupe de personnalités qui sera chargé d'examiner
les liens entre l'Organisation des Nations Unies et la société
civile et de formuler des recommandations pratiques visant à
l'amélioration des échanges.
Mobiliser
le secteur privé
142. Les
relations entre les Nations Unies et le secteur privé se sont
elles aussi considérablement intensifiées au cours des
cinq dernières années. Cette évolution reflète
la reconnaissance accrue de la capacité du secteur privé
à créer des emplois et à encourager l'investissement
et la croissance à l'heure de la mondialisation, et de la nécessité
croissante pour les Nations Unies d'associer le secteur privé
à son action en faveur du développement durable. Il faut
également voir là l'expression de la prise de conscience
de plus en plus grande par le secteur privé de l'importance des
normes et des règles attachées à la conduite des
affaires.
143. L'ONU
entretient avec le secteur privé des relations qui s'avèrent
certes bénéfiques pour l'Organisation et pour les causes
qu'elle défend, qui reçoivent un appui généreux
: ces partenariats ne dispensent toutefois pas les gouvernements d'assumer
leurs obligations.
144. En
1999, j'ai instamment demandé aux responsables des milieux d'affaires
internationaux d'agir de concert avec les mouvements syndicaux et les
groupes de la société civile pour rendre la mondialisation
plus équitable et viable. L'Initiative relative au Pacte mondial,
lancée en juin 2000, vise à promouvoir neufs principes
fondamentaux liés aux droits de l'homme, aux normes du travail
et à la protection de l'environnement. Cette initiative constitue
un vaste cadre pour la mobilisation du secteur privé et des centaines
de sociétés s'y sont associées, à l'instar
de mouvements syndicaux internationaux et d'ONG du monde entier. Je
compte que le Pacte mondial sera, à terme, un instrument essentiel
de promotion du sens civique sur le marché mondial.
145. La
collaboration entre l'ONU et le secteur privé n'est pas entièrement
nouvelle, puisque les fonds et programmes des Nations Unies coopèrent
de longue date avec des entreprises et des fondations privées
qui apportent à l'ONU un concours financier et intellectuel,
entre autres formes d'assistance. Individuellement ou en partenariat
avec des institutions des Nations Unies et des organisations de la société
civile, de nombreux philanthropes renommés ou chefs d'entreprise
participent aux programmes qui sont menés à l'échelle
nationale pour combattre le VIH/sida, dispenser des soins de santé
de meilleure qualité dans les communautés rurales, protéger
les écosystèmes fragiles et promouvoir l'alphabétisation
des adultes, entre autres initiatives.
146. Plus
récemment, les sociétés et les fondations du secteur
privé ont manifesté un intérêt accru pour
la participation à l'action des Nations Unies à une échelle
plus mondiale. On peut notamment citer la contribution sans précédent
que Ted Turner a versée à l'Organisation par l'intermédiaire
de la Fondation pour les Nations Unies, la participation de la Bill
and Melinda Gates Foundation à l'action contre le VIH/sida et
d'autres maladies, et les contributions de nombreuses autres fondations
et entreprises du secteur privé en faveur de causes internationales
à caractère social et humanitaire que l'ONU a faites siennes.
Le Fonds des Nations Unies pour les partenariats internationaux, créé
à l'origine aux fins d'une action concertée avec la Fondation
pour les Nations Unies, a dû élargir son champ d'action
afin de répondre aux demandes et aux besoins d'information d'un
nombre croissant d'entités du secteur privé désireuses
d'agir aux côtés de l'Organisation des Nations Unies.
147. Je
crois qu'il serait bon de placer le Bureau du Pacte mondial et le Fonds
des Nations Unies pour les partenariats internationaux sous la même
égide. L'un et l'autre ont et continueront d'avoir des propos
très différents, puisque le Pacte est un mécanisme
de mobilisation visant à promouvoir les neuf principes évoqués
plus haut, tandis que le Fonds fournit et mobilise les ressources nécessaires
aux partenariats. Il n'en demeure pas moins important de disposer, au
sein de l'Organisation, d'un seul interlocuteur avec le secteur privé
et les organisations philanthropiques. Le financement des postes et
des activités sera toujours assuré essentiellement au
moyen des ressources extrabudgétaires, et le Pacte mondial continuera
de lancer des appels de fonds auprès des États Membres
et des fondations, et non auprès d'entreprises du secteur privé.
Décision 20. Un bureau pour les
partenariats sera créé, sous la seule égide duquel
seront placés le Bureau du Pacte mondial et le Fonds des Nations
Unies pour les partenariats internationaux.
V. Financer
les priorités
148. Pour
que notre action reflète les priorités énoncées
dans la Déclaration du Millénaire, nous devons appliquer
un système efficace et souple propice à l'allocation de
ressources suffisantes aux priorités de l'Organisation. Nous
devons concevoir un processus de planification et de budgétisation
qui soit adapté à l'environnement dynamique dans lequel
nous agissons et qui incite le Secrétariat et les États
Membres à privilégier les résultats. Le système
en vigueur actuellement n'est pas satisfaisant à cet égard.
149. Dans
cette section, j'examinerai le processus actuel de planification et
de budgétisation, et je définirai plusieurs domaines qui
appellent à la simplification et à l'amélioration.
J'y étudierai aussi des moyens de rationaliser les budgets des
opérations de maintien de la paix et de mieux gérer les
fonds d'affectation spéciale.
Tendances
récentes
150. Force
est de reconnaître que l'Organisation des Nations Unies a besoin
de ressources pour s'acquitter des nombreux mandats qui lui sont confiés
chaque année. L'Organisation compte sur ses États Membres
pour fournir des ressources suffisantes et verser leurs contributions
dans leur intégralité et sans retard. J'ai le plaisir
d'annoncer que la situation financière de l'Organisation s'est
quelque peu améliorée ces dernières années.
L'accord obtenu en décembre 2000 quant à la modification
du barème des contributions a incité les États-Unis
d'Amérique à s'acquitter d'une partie substantielle des
arriérés dus à l'Organisation; ces fonds ont ensuite
pu être reversés aux pays fournisseurs de contingents pour
les missions de maintien de la paix envers lesquels l'ONU était
débitrice. Le climat économique favorable a également
permis à d'autres États Membres de régler les arriérés
qu'ils avaient accumulés. En 2001, le montant total des contributions
versées par les États Membres a atteint un niveau sans
précédent dans toute l'histoire de l'Organisation.
151. Il
n'en reste pas moins que le budget ordinaire de l'Organisation n'a pas
progressé au même rythme que l'inflation, alors que le
nombre d'activités prescrites a sensiblement augmenté.
L'Organisation continue de fonctionner en gérant avec prudence
ses dépenses, en améliorant sa productivité et
en profitant de l'évolution favorable des taux de change, mais
aussi, et cela est regrettable, en investissant au minimum dans la formation,
les techniques de l'information et l'entretien des installations. Ce
dernier aspect en particulier est une source d'inquiétude, car
le délabrement de l'infrastructure physique du Siège de
l'Organisation a atteint un point critique. Il est donc impératif
d'aller de l'avant dans l'exécution du Plan d'équipement
pour rénover le bâtiment du Secrétariat à
New York.
152. À
maintes reprises, j'ai affirmé que le Secrétariat avait
atteint ses limites compte tenu des ressources dont il dispose. Toutes
les économies qui peuvent être faites grâce aux réformes
doivent être réinvesties afin de consolider les secteurs
que l'on a récemment vu pâtir de la situation. La réforme
envisagée ne doit pas servir de prétexte à une
nouvelle série de restrictions budgétaires. Je pense au
contraire que le budget du prochain exercice biennal devra refléter
une légère augmentation des ressources en termes réels,
en plus d'être corrigé des effets de l'inflation et des
variations des taux de change.
153. Les
États Membres sont bien entendu en droit d'attendre que les fonds
versés à l'Organisation soient dépensés
avec discernement. En ma qualité de Chef de l'administration
de l'Organisation, j'assume pleinement la responsabilité du décaissement
de ces fonds aux fins des objectifs et des priorités fixés
par les États Membres.
154. Il
y a deux ans, l'Assemblée générale a approuvé
un changement radical dans la manière dont l'Organisation élabore
ses plans et ses budgets. La mise en oeuvre de ce nouveau système
de budgétisation axé sur les résultats nous a permis
d'enregistrer des améliorations considérables. D'autres
efforts doivent cependant être consentis pour que les États
Membres puissent évaluer valablement notre succès. Je
suis en outre convaincu qu'il est temps d'examiner plus soigneusement
le cycle de planification et le cycle budgétaire de l'Organisation
afin de les mettre en conformité avec cette méthode axée
sur les résultats. Nous devrions nous donner pour but de faire
de la planification et de la budgétisation de véritables
instruments stratégiques au service des priorités et du
programme de travail de l'Organisation.
155. Le
cycle budgétaire et de planification comporte trois éléments
:
a) Un plan à moyen terme fixant les priorités de l'Organisation
pour une période de quatre ans et qui constitue l'orientation
stratégique fondamentale à la base de son activité;
b) Une esquisse budgétaire indiquant deux ans à l'avance
le niveau global des ressources;
c) Un projet de budget-programme biennal détaillé.
156. Il
existe trois mécanismes de contrôle et d'examen aux fins
de planification et de budgétisation :
a) La Cinquième Commission de l'Assemblée générale;
b) Le Comité du programme et de la coordination;
c) Le Comité consultatif pour les questions administratives et
budgétaires.
157. Cette
procédure souffre de graves imperfections : complexité,
longueur excessive, incohérence, lourdeur et rigidité.
Le système actuel d'évaluation de l'impact de nos activités
n'est pas adapté. Il faut simplifier le cycle budgétaire
et de planification, et il faut le rendre plus efficace.
158. Selon
les procédures actuelles, le plan à moyen terme est examiné
par le Comité du programme et de la coordination ainsi que par
la Cinquième Commission; l'esquisse budgétaire et le projet
de budget-programme sont examinés par ces deux organes, auxquels
s'ajoute le Comité consultatif pour les questions administratives
et budgétaires. En 2001, ces trois organes ont consacré
295 séances, officielles et officieuses, à l'examen du
projet de budget programme pour l'exercice biennal 2002-2003. La Cinquième
Commission s'est en outre réunie 106 fois à titre officieux.
159. Cette
procédure fait l'objet d'une documentation volumineuse. Le plan
à moyen terme le plus récent faisait 222 pages. Le budget-programme
correspondant contenait 31 chapitres distincts et totalisait quelque
2 000 pages.
160. La
procédure s'étale sur une très longue période.
Le plan à moyen terme, qui exige que les dépenses soient
projetées à un horizon de quatre ans, est particulièrement
lourd et malcommode. C'est ainsi que le plan à moyen terme pour
la période 2002-2005, qui a été formulé
en 1999 et approuvé en 2000, ne pouvait pas prendre en compte
le consensus politique et les incidences budgétaires de la Déclaration
du Millénaire. De même, le cycle de l'établissement
du budget commence 18 mois avant l'exercice biennal auquel il se rapporte.
161. Le
système actuel entraîne une déconnexion stratégique
entre les principaux instruments de la planification des programmes,
inscrits dans le plan à moyen terme, et l'allocation des ressources
qui est concrétisée par l'esquisse budgétaire et
le projet de budget-programme. Le plan à moyen terme et le budget
de l'Organisation ne correspondent pas aux mêmes périodes
et sont examinés par des organes distincts à des moments
différents. Il ne faut dès lors pas s'étonner qu'il
n'y ait guère de cohérence entre ces opérations
disparates de planification et de budgétisation et que les décisions
relatives aux priorités institutionnelles soient prises indépendamment
des décisions relatives à l'utilisation de ressources
limitées.
162. Au
cours des 18 mois qui précèdent l'approbation du budget,
d'innombrables heures de travail sont consacrées à l'établissement
de documents budgétaires, au service de séances et à
la conduite de négociations portant sur l'ouverture de crédits
qui, au total, ne présentent que des différences négligeables
par rapport à l'exercice biennal précédent. En
2001, le Secrétariat a rédigé des réponses
écrites totalisant 563 pages à 490 questions écrites.
Selon nos estimations, le temps de travail consacré par les fonctionnaires
du Secrétariat au service des travaux des organes intéressés
a coûté quelque 10,3 millions de dollars.
163. Tout
plus haut fonctionnaire de l'Organisation qu'il soit, le Secrétaire
général n'est pas habilité à transférer
des fonds d'un programme à l'autre ou de postes budgétaires
concernant le personnel à d'autres postes budgétaires,
sans l'autorisation préalable des États Membres. Or, ceux-ci
ont accordé une certaine souplesse à de nombreux chefs
de secrétariat d'institutions spécialisées et de
fonds et programmes afin de leur permettre de mieux répondre
à des demandes en évolution rapide.
164. Les
mécanismes actuels d'établissement de rapports et d'évaluation
de l'exécution des programmes n'ont aucune incidence pratique
sur les plans ultérieurs et les décisions relatives à
l'affectation des ressources. À la fin de chaque exercice biennal,
l'état de réalisation de plus de 36 000 produits est consigné
dans un rapport sur l'exécution du programme, qui est soumis
au Comité du programme et de la coordination, lequel se contente
d'en prendre note. Deux évaluations approfondies sont consacrées
chaque année à certains programmes. Ces deux évaluations
donnent rarement lieu à des changements concernant les programmes
ou le financement.
165. En
bref, le cycle budgétaire et de planification est fragmenté,
sujet à doubles emplois et paperassier. Il n'est pas fait pour
encourager une approche rigoureuse et stratégique de l'établissement
des priorités et de l'affectation correspondante des ressources.
Toute cette procédure absorbe une proportion démesurée
de temps et de ressources limitées. Les petits pays sont particulièrement
défavorisés car leurs ressources humaines très
limitées ne peuvent tout simplement pas participer activement
à chacune des phases du cycle. Simplification de la procédure
166. Dans
certaines entités du système des Nations Unies, les États
Membres se sont montrés ouverts aux innovations et à des
changements radicaux dans les procédures de planification des
programmes et de budgétisation. C'est ainsi que l'Organisation
mondiale de la santé a entièrement réaménagé
son cycle budgétaire, avec pour résultat un document budgétaire
raccourci, rationalisé et essentiellement stratégique
de 100 pages. Son budget combine orientation des programmes et projections
concernant les ressources et est axé sur les résultats,
ce qui réduit considérablement les négociations
intergouvernementales.
167. Je
suis convaincu que si la procédure de planification et de budgétisation
était simplifiée, les représentants des États
Membres pourraient se concentrer sur les objectifs et les résultats
plutôt que sur des évaluations chiffrées d'apports
et de produits, et seraient en mesure d'établir le lien nécessaire
entre les programmes de travail et les choix quant à l'affectation
des ressources et ce, selon un horizon prévisionnel réaliste.
De surcroît, la procédure d'examen intergouvernementale
proprement dite devrait être rationalisée, conformément
à cette optique.
Décision 21. Un mécanisme
de planification et de budgétisation amélioré devrait
présenter les caractéristiques suivantes :
a) Un plan à moyen terme plus court, davantage stratégique,
portant sur deux ans plutôt que quatre, et soumis plus près
de la période à laquelle il correspond;
b) Une esquisse budgétaire pouvant être combinée
avec le plan à moyen terme;
c) Un budget plus court, davantage stratégique, des renseignements
complémentaires étant fournis séparément;
d) La latitude de réaffecter, à concurrence de 10 % pour
un cycle budgétaire donné, des ressources d'un programme
à l'autre et entre les crédits afférents au personnel
et d'autres crédits;
e) Un système renforcé d'évaluation et de contrôle
permettant de mieux mesurer l'impact de notre action.
Décision 22. Conformément à l'approche ci-dessus,
je recommande que l'examen intergouvernemental des plans et budgets
actuellement exécuté à la fois par la Cinquième
Commission et par le Comité du programme et de la coordination
soit assuré sous l'égide de la Cinquième Commission
elle-même.
Rationalisation
des budgets de maintien de la paix
168. En
juin 2002, l'Organisation menait 15 missions de maintien de la paix
de tailles et de portées diverses, représentant un coût
total de quelque 2,8 milliards de dollars des États-Unis pour
l'exercice terminé le 30 juin 2002. Les documents budgétaires
établis à ce jour sont extrêmement détaillés
et peu pratiques. Je me propose de réduire considérablement
la longueur de ces documents, en espérant que cela permettra
aux États Membres de mieux se concentrer sur les résultats
attendus des missions et qu'ils seront ainsi mieux à même
d'en évaluer l'efficacité et la gestion financière.
169. De
plus, dans une résolution récente, l'Assemblée
générale a demandé un rapport sur la possibilité
de présenter des comptes consolidés pour les opérations
de maintien de la paix. Grâce à cette proposition, il serait
possible de rationaliser davantage notre procédure budgétaire
dans ce domaine.
Décision 23. Les futurs budgets
des opérations de maintien de la paix feront l'objet d'une nouvelle
présentation, tenant compte d'une approche plus stratégique
de l'affectation des ressources. Amélioration de la gestion des
fonds d'affectation spéciale
170. Dans
le souci d'assurer un financement sûr et prévisible, il
est vital de financer les activités de base du Secrétariat
au moyen du budget ordinaire. Les organismes opérationnels et
de développement du système ont également besoin
d'une assise solide de contributions non limitées pour pouvoir
exécuter leurs activités de base.
171. Les
contributions volontaires viennent compléter très utilement
le budget ordinaire de l'Organisation des Nations Unies. Il n'empêche
que leur gestion est devenue assez compliquée. Il y a actuellement
environ 200 fonds d'affectation spéciale administrés par
le Secrétariat, qui concernent un large éventail d'activités
et thèmes. À chaque fonds correspondent de nombreuses
composantes par opération, activité ou source de financement,
assorties bien souvent de conditions administratives distinctes. Les
donateurs ont besoin de précisions au sujet des conditions liées
aux contributions aux fonds d'affectation spéciale. De profondes
simplifications et rationalisations sont possibles. Les améliorations
suivantes pourraient être apportées :
a) Regroupement et réduction du nombre de fonds d'affectation
spéciale;
b) Actualisation et rationalisation de la gestion des fonds d'affectation
spéciale grâce à la normalisation la plus poussée
possible des conditions et à la rationalisation des rapports
sur l'exécution des projets;
c) Révision de la formule actuelle de versements au titre des
dépenses d'appui;
d) Simplification de nos propres procédures internes afin d'accélérer
l'accès aux fonds d'affectation spéciale et d'améliorer
le contrôle et l'administration de ces fonds.
Décision 24. Les mesures ci-après
auront pour effet d'améliorer la gestion des fonds d'affectation
spéciale :
a) Regroupement de fonds et réduction de leur nombre;
b) Harmonisation, dans la mesure du possible, des règles et conditions
régissant la gestion des fonds d'affectation spéciale
et l'établissement de rapports à leur sujet;
c) Révision du système de versements au titre des dépenses
d'appui;
d) Simplification des procédures d'accès aux ressources
des fonds d'affectation spéciale.
VI.
L'Organisation et son personnel :
Investir
dans l'excellence
172. Les
aspirations qu'expriment les objectifs de la Déclaration du Millénaire
ne pourront se réaliser que si nous avons un personnel de toute
première qualité qui soit à la hauteur des défis
de l'ère nouvelle dans laquelle le monde vient d'entrer. L'influence
et la vitalité de l'Organisation reposent sur son corps de fonctionnaires
internationaux permanents qui consacrent leur carrière au service
des Nations Unies et qui sont chargés d'en accomplir la mission
dans une multitude de lieux répartis sur toute la surface du
globe. Telle est et telle restera la pierre angulaire de notre politique
en matière de ressources humaines. De plus, assurer la diversité
géographique et l'équilibre entre hommes et femmes sans
transiger sur l'excellence que nous recherchons dans l'ensemble du système
des Nations Unies demeurera une priorité et une source de force
permanentes pour l'Organisation tout entière. Nous nous attachons
à attirer des candidats de talent originaires de pays qui ne
sont pas ou pas assez représentés. Nous progressons aussi
dans nos efforts pour augmenter l'effectif féminin de la catégorie
des administrateurs, mais il nous reste encore un long chemin à
parcourir pour parvenir à un équilibre acceptable entre
hommes et femmes, surtout au sommet de la hiérarchie.
173. Dans
la présente section, j'indique les mesures qui favoriseront l'épanouissement
de l'excellence de notre personnel, en améliorant sa mobilité,
en élargissant les perspectives de carrière dans le cas
des agents des services généraux, en aidant tous les fonctionnaires
à mieux concilier leur vie professionnelle et leur vie personnelle
et en renforçant la gestion du personnel dans toute l'Organisation.
174. L'une
des priorités que je m'étais fixées durant mon
premier mandat était d'améliorer les capacités
professionnelles au sein de l'Organisation et de promouvoir une culture
nouvelle de l'efficacité, de la responsabilité et de la
confiance. Nous avons franchi des étapes importantes dans cette
voie - par exemple, en élaborant une stratégie globale
de gestion des ressources humaines que l'Assemblée a entérinée
il y a deux ans, ainsi qu'en modifiant nos modalités de recrutement,
de promotion et de mutation de nos fonctionnaires. J'ai bon espoir de
voir ces mesures porter leurs fruits dans les années à
venir.
175. Des
milliers de nos fonctionnaires en poste dans des lieux d'affectation
hors Siège difficiles sont exposés à de grands
dangers dans l'exercice de leurs fonctions. En 2001, les États
Membres ont approuvé l'adoption de mesures capitales pour renforcer
les mécanismes de sécurité et accroître la
sécurité du personnel sur le terrain. La question de la
sécurité du personnel restera au coeur des préoccupations
de tous les cadres de l'ONU.
Mécanismes
et incitations visant à encourager la mobilité
176. Le
nouveau système d'affectations inauguré dans le courant
de l'année comporte une condition de mobilité pour les
promotions aux grades de rang supérieur. Le programme de planification
des réaffectations mis en oeuvre à l'intention des administrateurs
auxiliaires a commencé à faire sentir ses effets, mais
il faudrait prendre des mesures supplémentaires pour encourager
la mobilité et faciliter les mouvements de personnel entre les
lieux d'affectation et les fonctions. Nous nous devons de porter un
intérêt particulier aux fonctionnaires qui sont capables
de répondre sur-le-champ et sur place aux exigences
diverses de l'Organisation et de les en récompenser.
177. Il
y a plusieurs obstacles importants à surmonter :
a) Les rémunérations et avantages n'ont pas évolué
à la mesure des besoins des très nombreux fonctionnaires
qui sont en poste dans des lieux d'affectation difficiles où
la présence de leur famille est exclue. C'est là un problème
d'autant plus important que le Secrétariat joue un rôle
opérationnel grandissant dans le maintien de la paix, l'aide
humanitaire et le relèvement des pays qui sortent d'un conflit;
b) Les organisations des Nations Unies présentes sur le terrain
se font parfois concurrence pour obtenir le meilleur personnel en offrant
tout un éventail d'engagements et prestations différents.
Bien souvent, des gens compétents qui sont depuis longtemps au
service de l'Organisation continuent à être employés
en vertu de contrats à court terme, avec des perspectives de
carrière très restreintes;
c) Certains de nos lieux d'affectation permanents continuent de se heurter
à des obstacles considérables pour recruter du personnel
qualifié parce que les conditions d'emploi n'y sont pas assez
intéressantes;
d) L'existence de possibilités d'emploi pour les conjoints compte
de plus en plus pour attirer des candidats aux postes disséminés
à travers le monde. Nos accords avec les pays hôtes, ainsi
que les arrangements entre le Secrétariat et les organismes,
fonds et programmes des Nations Unies, ne facilitent pas ou n'encouragent
pas toujours l'emploi des conjoints. Les problèmes qui se posent
vont de l'absence totale de débouchés aux restrictions
concernant la délivrance de visas et de permis de travail.
178. Pour
s'attaquer à ces problèmes, il y a un certain nombre de
mesures que l'Organisation peut prendre :
Décision 25. En vue d'accroître
la mobilité du personnel au sein du système des Nations
Unies, nous allons :
a) Revoir d'ici à la fin de 2003, les arrangements contractuels
et prestations offerts au personnel du Secrétariat aux lieux
d'affectation hors Siège, pour faire en sorte qu'ils soient comparables
ou équivalents à ceux des fonds et programmes des Nations
Unies;
b) Revoir les accords passés entre le Secrétariat et les
fonds, programmes et institutions spécialisées des Nations
Unies en vue de réduire les obstacles actuels à la mobilité
entre les organisations du régime commun;
c) Créer des perspectives de contrats à plus longue échéance
pour le personnel méritant servant dans les missions hors Siège;
d) Définir des mécanismes spéciaux de recrutement
et de récompense du mérite pour les lieux d'affectation
où le taux de vacance de postes exerce un effet débilitant;
e) Revoir tous les arrangements passés entre le Secrétariat
et les fonds, programmes et institutions spécialisées
des Nations Unies en vue de faire en sorte que les conjoints de membres
du personnel possédant les qualifications voulues voient leur
candidature à des postes hors Siège examinées favorablement;
f) Faire des démarches auprès des gouvernements pour explorer
les possibilités de renégocier les accords avec les pays
hôtes, afin de permettre aux conjoints de membres du personnel
de travailler dans ces pays.
Élargir
l'éventail des possibilités offertes aux agents des services
généraux
179. Les
agents des services généraux, qui représentent
près de la moitié du personnel de l'Organisation, constituent
une source extraordinaire de qualifications et de compétences.
Je regrette énormément que l'Assemblée ait pris
le parti de limiter leurs possibilités de promotion au cadre
des administrateurs en imposant des contingents annuels très
restrictifs. Je demande instamment aux États Membres de revoir
leur position, afin que nos agents les plus performants aient de réelles
perspectives d'avancement. Au minimum, je suggère que le contingent
annuel de postes P-2 disponible pour les candidats ayant passé
avec succès l'examen soit porté à 25 %.
180. Il
faut que l'ONU offre aux agents des services généraux
davantage de possibilités et d'incitations pour que leur carrière
leur procure davantage de satisfactions. Nous devons mettre sur pied
un programme mieux conçu et plus structuré d'accueil des
nouvelles recrues de l'Organisation et aider davantage les agents des
services généraux à organiser et gérer leur
carrière, y compris les possibilités de service hors Siège.
Je suis sûr que, de leur côté, ils réagiront
en se montrant d'autant plus motivés et dévoués
à l'Organisation.
181. Enfin,
en reconnaissance du fait que tous les membres du personnel de l'ONU,
qu'ils appartiennent à la catégorie des services généraux
ou à celle des administrateurs, lui apportent une contribution
importante, ils devraient tous être dénommés "
fonctionnaires internationaux ".
Décision 26. Je demande instamment aux États Membres
d'envisager de lever les restrictions limitant le nombre des agents
des services généraux remplissant les conditions requises
pour être promus à la catégorie des administrateurs.
Décision 27. Sur les 12 prochains mois sera élaboré
un plan d'action comprenant :
a) Un examen très complet des fonctions, responsabilités
et compétences des agents des services généraux;
b) Des améliorations du système d'accueil des nouvelles
recrues et d'organisation des carrières des agents des services
généraux;
c) Des possibilités et des incitations facilitant la mobilité
entre les fonctions ainsi qu'entre les bureaux et les affectations aux
missions hors Siège et aux missions de maintien de la paix.
Décision 28. À compter du
1er janvier 2003, tous les employés du Secrétariat de
l'ONU seront appelés " fonctionnaires internationaux ".
Aider le
personnel à concilier sa vie professionnelle et sa vie privée
182. L'un
des moyens d'attirer et de retenir du personnel de qualité, féminin
en particulier, consiste à prêter davantage attention aux
conditions propres à assurer un équilibre plus harmonieux
entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle. Il est temps d'aligner
les pratiques du Secrétariat en matière d'organisation
du travail sur celles de nombreuses fonctions publiques nationales et
entités des Nations Unies.
183. Un
projet pilote permettant des formules d'organisation du travail modulables
est en place dans l'un des départements du Siège et dans
quelques autres lieux d'affectation. Il comprend le droit de travailler
ailleurs qu'au bureau, des interruptions programmées pour des
activités extérieures comme la poursuite de nouvelles
études et des horaires de travail très chargés
compensés par des congés. Si elles sont plus largement
adoptées, ces dispositions aideront à assurer la diversité
et la mobilité du personnel.
184. Il
est nécessaire d'accroître les possibilités d'emploi
à temps partiel et de partage de postes, jusqu'ici assez limitées,
au sein du Secrétariat. Cela permettra aux membres du personnel
qui ont une famille ou d'autres obligations de s'en occuper plus facilement.
Décision 29. Les mesures ci-après
seront mises en place :
a) Instauration à compter du 1er janvier 2003 de formules d'organisation
du travail modulables dans tous les départements du Secrétariat,
sous réserve des nécessités du service;
b) Élargissement des possibilités d'emploi à temps
partiel pour le personnel du Secrétariat. Rajeunir l'Organisation
185. L'ONU
doit redoubler d'efforts pour attirer de nouveaux talents et accroître
les compétences de son personnel. Le Secrétariat se trouve
à cet égard à un moment clef étant donné
qu'entre 2000 et 2005 le nombre de départs à la retraite
devrait doubler. D'une manière plus générale, pour
attirer et garder des jeunes, il faut remplacer la culture actuelle
de l'Organisation en matière de gestion, rigide et hiérarchisée
par une culture qui encourage les nouvelles idées et un échange
animé de points de vue, quels que soient le grade, l'ancienneté
ou le type de contrat.
186. Pour
répondre à ces préoccupations, l'ONU doit progresser
dans les domaines suivants :
a) Premièrement, elle doit planifier d'une manière plus
systématique les remplacements des départs, de façon
à ce que ces départs ne se traduisent pas par une disparition
de la riche mémoire institutionnelle;
b) Deuxièmement, il faut engager un effort concerté plus
important pour recruter des jeunes. L'une des possibilités consiste
à prendre systématiquement contact avec des institutions
d'enseignement supérieur, notamment dans les pays non représentés
et sous-représentés. On pourrait également s'intéresser
aux fonctionnaires nationaux qui ont servi sur le terrain et qui ont
obtenu des résultats particulièrement satisfaisants;
c) Troisièmement, toute organisation qui agit dans un environnement
dynamique doit être en mesure d'offrir des possibilités
intéressantes de départ anticipé aux membres de
son personnel lorsque cela est de son intérêt. Les mesures
d'incitation offertes devraient notamment prévoir une aide à
la recherche d'un nouvel emploi et des dispositions pour faciliter la
réinstallation.
Décision 30. Des mesures seront
prises pour :
a) Mieux planifier le remplacement des fonctionnaires qui quittent l'Organisation;
b) Élaborer des mécanismes de recrutement davantage axés
sur certains groupes spécifiques;
c) Offrir de nouvelles incitations au départ, notamment une aide
à la recherche d'un nouvel emploi et des mécanismes permettant
de faciliter la réinstallation.
187. Enfin,
je voudrais insister sur le fait qu'il faut accorder davantage d'attention
à la formation du personnel afin que celui-ci soit en mesure
de relever les nouveaux défis qu'il rencontrera dans un monde
en évolution rapide. En tant qu'organisation, nous consacrons
environ 1 % de notre budget total à la formation, ce qui est
sensiblement moins que les organisations comparables. Il nous faut donc
consacrer davantage de ressources pour que le personnel acquiert de
nouvelles compétences et maximise sa contribution à l'activité
de l'Organisation. L'idéal serait d'imposer une période
minimale de formation à tous, y compris aux cadres, mais cela
dépendra en partie des ressources disponibles.
Décision 31. Je recommanderai dans
le prochain budget biennal un accroissement sensible des ressources
pour la formation.
Poursuivre
les efforts destinés à améliorer la gestion
188. L'amélioration
de la qualité de la gestion a été l'une de mes
priorités au cours de mon premier mandat. J'ai fortement insisté
sur la nécessité de définir clairement les responsabilités
de chacun et de faire en sorte que les cadres soient responsables de
leurs actions. Depuis 1997, nous avons demandé à tous
les cadres de participer à des séminaires de formation
à la gestion du personnel, renforcé les compétences
et mis en place un nouveau système d'évaluation du comportement
professionnel. Je ne doute pas que le nouveau système de recrutement,
qui confie aux cadres la plus grande part de responsabilité en
matière de sélection du personnel, conduira à une
responsabilité et à un pouvoir accru en la matière.
L'École des cadres des Nations Unies de Turin nous offre la possibilité
de créer une culture de gestion commune dans toute l'Organisation.
Les efforts de la Commission de la fonction publique internationale
en vue de créer un corps de hauts fonctionnaires à l'échelle
du système sont également très encourageants.
189. J'ai
l'intention d'adopter de nouvelles mesures pour éliminer les
niveaux hiérarchiques inutiles. À l'heure actuelle, l'Organisation
recrute des individus hautement qualifiés pour les fonctions
de gestion, mais ses procédures ne leur permettent pas de gérer
un budget, d'effectuer les achats nécessaires à leurs
activités quotidiennes ou d'autoriser les voyages officiels de
leur personnel.
190. Étant
donné que le pouvoir de décision appartient aux responsables
de programme, les rôles et les responsabilités du principal
prestataire de services, à savoir le Département de la
gestion, ainsi que des services administratifs de chaque département,
devront être revus.
Décision 32. Afin de poursuivre
les efforts destinés à améliorer la gestion :
a) Une étude approfondie sera réalisée en ce qui
concerne la possibilité de déléguer davantage de
pouvoirs aux cadres et de leur permettre de gérer de façon
plus souple leurs ressources;
b) Les rôles et les responsabilités du Département
de la gestion ainsi que des divers services administratifs seront redéfinis
en fonction de cette délégation accrue de pouvoir;
c) La formation des cadres sera renforcée dans toute l'Organisation,
en mettant notamment à profit les possibilités offertes
par l'École des cadres des Nations Unies.
Le VIH/sida
sur le lieu de travail
191. Tout
employeur doit prendre des mesures appropriées pour faire face
à la triste réalité de l'épidémie
mondiale de sida. L'Organisation a une politique de non-discrimination
en matière d'emploi, de soutien médical et de diffusion
de l'information pour les personnes séropositives, mais son application
n'est pas systématique. Il faut veiller à informer pleinement
le personnel et à lui donner accès à des soins
et à des services de conseil. Il faut également, et cela
est tout aussi important, que les cadres soient préparés
comme il convient à faire face aux conséquences humaines
et en termes d'emploi de cette tragédie.
Décision 33. Il faudrait étudier
en détail les conditions d'application de la politique de l'Organisation
en matière de VIH/sida et, si nécessaire, adopter de nouvelles
mesures d'ici la fin de 2002.
Mieux régler
les différends
192. La
situation du système de justice interne, qui concerne le règlement
des différends et les questions disciplinaires, est depuis quelques
années un motif de préoccupation. La création récente
de la fonction de médiateur offrira au personnel et à
la direction une nouvelle possibilité de prévention et
de règlement des différends. Le nouveau médiateur
a récemment pris ses fonctions et il faut espérer que
cela débouchera sur un système mieux intégré
et moins contentieux de règlement. Il nous faut cependant continuer
à simplifier le système de justice interne et faire en
sorte que le personnel comme l'encadrement soient pleinement conscients
de leurs droits et de leurs responsabilités.
Décision 34. Le système actuel
de justice interne fera l'objet d'un examen afin d'en améliorer
l'efficacité et de garantir au personnel une procédure
équitable et régulière.
Amélioration
de la rémunération et des avantages
193. Une
rémunération appropriée est très importante
pour attirer et garder un personnel compétent. Le système
de rémunération et d'avantages offert par l'ONU doit être
plus compétitif, et à cet égard les débats
qui se sont déroulés lors de la dernière session
de la Commission de la fonction publique internationale à ce
sujet sont très encourageants. J'exhorte vivement la Commission
à terminer rapidement l'examen de cette question et à
faire par de ses conclusions attendues depuis longtemps.
194. Par
ailleurs, j'avais proposé en 1997 que soit entrepris un examen
indépendant de la Commission elle-même. Cette proposition
avait été approuvée et vivement appuyée
par les chefs de secrétariat du système des Nations Unies
réunis au sein du Conseil des chefs de secrétariats pour
la coordination. À la demande de l'Assemblée générale,
et en étroite consultation avec le Président de la Commission,
je soumets à l'Assemblée le mandat de cet examen dont
le lancement montrerait clairement que la Commission comme l'Assemblée
générale prennent au sérieux la nécessité
d'appuyer la réforme du système.
Décision 35. J'encourage :
a) La Commission de la fonction publique internationale à adopter
définitivement ses propositions concernant un système
plus compétitif de rémunérations et d'avantages;
b) Le lancement d'un examen indépendant du fonctionnement et
des fonctions de la Commission elle-même.
VII.
Gérer le changement
195. La
capacité à gérer le changement est essentielle
dans un monde en évolution rapide. On a pu constater depuis cinq
ans que l'ONU est en mesure de réagir au changement, disposée
à s'adapter, capable de s'adapter rapidement et prudente sur
le plan budgétaire.
196. Les
sections qui précèdent décrivent les nouvelles
réformes proposées qui se traduiront par un changement
profond de la façon dont l'Organisation agit. Comme je l'ai dit
précédemment, toute réforme prend un certain temps
et ne peut se faire automatiquement ni du jour au lendemain. La mise
en oeuvre des diverses mesures brièvement décrites dans
le présent rapport nécessitera de s'intéresser
plus particulièrement à trois points essentiels, à
savoir : la gestion de la procédure de réforme proprement
dite, la formation et les technologies de l'information.
197. Tout
d'abord, il faudra créer les capacités nécessaires
pour gérer le changement, en particulier dans les départements
qui feront l'objet de transformations profondes, tels que le Département
de l'Assemblée générale et de la gestion des conférence
ou le Département de l'information.
198. Ensuite,
étant donné que les réformes envisagées
dans le présent rapport auront une incidence sensible sur la
nature de nombreux emplois au sein de l'Organisation, il faudra disposer
de ressources suffisantes pour former le personnel à ses nouvelles
fonctions et faire en sorte qu'il ait les capacités nécessaires
pour relever les nouveaux défis posés par ces réformes.
Dans certains cas - que j'espère peu fréquents -, il sera
peut-être nécessaire d'offrir des incitations au départ.
199. Enfin,
une grande partie de ce qui est proposé, qu'il s'agisse des services
de conférence, de l'amélioration de la communication avec
le public ou des conséquences de l'adoption d'une approche davantage
intégrée des principales questions, implique un accroissement
de l'investissement dans les technologies de l'information. L'Organisation
dispose du potentiel nécessaire pour créer l'un des plus
importants réseaux mondiaux, mais pour cela il est indispensable
que les investissements dans les moyens technologiques soient suffisants.
En revanche, si elle ne modernise pas et ne développe pas ses
capacités dans ce domaine, elle risque d'être dépassée
et de ne plus être en mesure de jouer un rôle clef sur la
scène mondiale. En outre, une bonne gestion implique nécessairement
une bonne information. Nous avons l'intention de nous appuyer sur les
résultats obtenus par le système intégré
de gestion et de présenter ultérieurement, au cours de
la présente session de l'Assemblée, une nouvelle stratégie
d'utilisation des technologies de l'information et de la communication,
comme demandé par les États Membres.
200. J'ai
demandé à la Vice-Secrétaire générale
de superviser l'application des mesures de réforme décrites
dans le présent rapport. Ces initiatives reflètent les
idées et les suggestions de l'ensemble du Secrétariat
et les résultats des consultations organisées avec les
divers fonds et programmes de l'Organisation. Leur mise en oeuvre demandera
le même type de collaboration. Je suis certain que nous avons
tous le même but, à savoir renforcer l'Organisation des
Nations Unies.
Décision 36. La Vice-Secrétaire générale
supervisera la mise en oeuvre des réformes approuvées.
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