Fiche no 4

UNDCP

Assemblée générale des Nations Unies
Session extraordinaire consacrée au problème mondial de la drogue

New York, 8-10 juin 1998


RÉDUIRE LA DEMANDE ILLICITE DE DROGUES

Tous les pays sont touchés par les conséquences catastrophiques de l'abus des drogues. L´évolution rapide des conditions économiques et sociales, la possibilité d'obtenir des drogues illicites dans le monde entier et la demande croissante des drogues, tous ces facteurs ont contribué à l'aggravation constante de ce problème mondial.

Le problème des drogues est aussi devenu de plus en plus complexe. On ne peut plus soutenir qu'il ne concerne que des groupes marginalisés ou, principalement, le monde occidental industrialisé. L´abus des drogues a séduit les jeunes marginalisés qui sont en contact avec des éléments mal intégrés ou criminels. Il fait partie d'une sous-culture de la jeunesse qui répand rapidement partout dans le monde une image bénigne des drogues.

Les drogues illicites sont des substances qui créent un état de dépendance, fait qui brouille la limite entre usage et abus, comme entre consommation et dépendance. Selon les évaluations du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues, il semble que de 3,3 à 4,1% de la population mondiale consomment chaque année des drogues illicites. Quant aux effets sur la santé, l'héroïne est la drogue la plus dangereuse. Bien que sa consommation soit encore relativement faible (8 millions de personnes, soit 0, 14% de la population mondiale), son usage est en voie d'augmentation. La cocaïne est plus répandue avec 13 millions de consommateurs au total, soit 0,23% de la population mondiale, bien que moins de pays soient touchés. Le cannabis est la drogue la plus répandue, consommée par 2,5% environ de la population mondiale, soit à peu près 140 millions de personnes.

La majorité écrasante des drogues illicites actuellement consommées est encore tirée de végétaux ou de dérivés de végétaux, modifiés par des procédés synthétiques, mais on a signalé ces dernières années une vague croissante d'abus de stimulants synthétiques de type amphétamine, les quantités saisies augmentant de 16% en moyenne par an. Aujourd'hui, quelque 30 millions de personnes, soit 0,5% de la population mondiale, consomment des stimulants de type amphétamine. L´idée semble se répandre, largement diffusée à travers les médias et tout particulièrement afin de séduire les jeunes, que ces substances sont «à la mode» et sans danger.

Un autre facteur déterminant qui influe sur la demande de drogues illicites est le fait que l'âge d'initiation à l'abus des drogues diminue presque d'année en année. On le remarque surtout en ce qui concerne les individus à la recherche d'un traitement contre l'abus des opiacés: en 1995, plus de jeunes âgés de 1 5 à 19 ans ont commencé un traitement que durant les trois années précédentes, de 1992 à 1994. Cela n'est pas seulement un phénomène propre aux pays développés. De nombreux pays en développement ont signalé une tendance similaire: les jeunes sont de plus en plus nombreux à consommer le cannabis, l'héroïne, les stimulants et les hallucinogènes.

Il faut aussi examiner le problème des substances volatiles, car celles-ci ne font pas l'objet de mesures de contrôle internationales. Elles peuvent ouvrir la voie à l'usage de stupéfiants et de substances psychotropes: et les jeunes en situation très difficile, comme les enfants des rues, sont particulièrement vulnérables. Pour les millions d'enfants qui vivent dans les rues, inhaler des substances volatiles est un moyen d'oublier leur condition.

Des stratégies de lutte

Pour réduire la demande, la démarche prioritaire est d'atteindre les individus vulnérables. Pour le faire efficacement, il est nécessaire d'analyser attentivement le problème et d'élaborer des stratégies viables.

Vu la montée de l'abus de drogues chez les jeunes et l'évolution des modes de consommation, il importe d'établir des liens entre les décideurs et ceux qui se droguent ou risquent de le faire, afin de déterminer le mode d'action le plus approprié. Faire participer les sujets exposés à l'analyse du problème et à l'identification des solutions est le moyen de mieux comprendre leurs besoins spécifiques et d'y répondre. Il est ensuite possible de mettre au point et d'exécuter une vaste gamme d'initiatives en matière de prévention, de traitement, et de réhabilitation et de réinsertion sociale.

Les programmes de réduction de la demande se situent généralement aux trois stades suivants:

La prévention primaire vise à prévenir ou du moins à retarder la consommation de drogues illicites. Ce stade initial de la prévention consiste avant tout à mettre à la portée des divers groupes de population cibles, surtout des groupes qui semblent vulnérables et exposés à consommer des drogues, des informations sur les substances psychoactives et sur les signes et symptômes de l'abus de drogues. La prévention primaire encourage des modes de vie sains, en tant que choix préférable à un comportement dangereux, et offre un environnement tonique et la possibilité d'acquérir des aptitudes nécessaires à la conduite d'une vie normale.

La prévention secondaire a pour but d'aider les individus qui consomment des drogues illicites à «décrocher» de leurs habitudes. Elle leur fournit des services éducatifs et des conseils pour les persuader de renoncer à la drogue, ainsi qu'un éventail de thérapies, suivies par des programmes de réhabilitation. La prévention secondaire offre également aux toxicomanes des services de suivi thérapeutique qui leur permettront d'acquérir un comportement exempt de drogues, d'éviter les rechutes et de se réintégrer dans la société. Dans l'idéal, la prévention secondaire doit permettre au toxicomane de se passer complètement de drogue.

La prévention tertiaire vise à réduire les conséquences négatives de l'abus de drogues, notamment le sida.

Une action concertée au niveau mondial est nécessaire pour que la prévention de l'abus de drogues soit efficace. La participation des nations, des communautés et des familles est essentielle à ce succès. A cet égard, le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues coordonne les efforts internationaux et fait fonction de catalyseur à différents niveaux. Il aide les gouvernements à formuler des stratégies de réduction de la demande qui reposent sur une participation de la communauté. Les programmes de réduction de la demande instituent des partenariats locaux entre organisations non gouvernementales, animateurs de communautés, enseignants, parents, guides de la jeunesse, professionnels de la santé et de la protection sociale. La participation de tous ces groupes est nécessaire afin d'atteindre des individus en danger et de répondre à leurs besoins spécifiques.

Déclaration sur les principes fondamentaux de la réduction de la demande de drogues

Durant les travaux préparatoires de la Session extraordinaire, le consensus s'est renforcé entre les gouvernements sur la nécessité d'intensifier la lutte contre l'abus de drogues. Cette préoccupation a débouché sur l'élaboration d'un tout premier accord international, dont le seul objectif est d'examiner les problèmes individuels et collectifs résultant de l'abus de drogues. La Déclaration sur les principes fondamentaux de la réduction de la demande de drogues indique les politiques et les stratégies prioritaires qui devront être concrétisées par des actions et par un engagement sans précédent à ce jour, afin de réduire fortement la demande mondiale de drogues, à l'horizon de 2008. La Déclaration devrait être adoptée lors de la Session extraordinaire de l'Assemblée générale. Elle représente un pas important, fait au sein d'une instance internationale, qui complète le système actuel de contrôle des drogues et fournit, de ce fait, un instrument indispensable à l'application d'une stratégie mondiale équilibrée de lutte contre les drogues illicites. La Déclaration aborde systématiquement tous les aspects de l'abus de drogues, grâce aux principes fondamentaux suivants:

Les politiques doivent être formulées sur la base des connaissances dues à la recherche et aux enseignements des programmes antérieurs. Une évaluation systématique et périodique du problème est absolument nécessaire pour identifier les tendances nouvelles. Afin de tirer un parti encore meilleur de l'expérience, les stratégies et activités spécifiques de réduction de la demande doivent faire l'objet d'une évaluation approfondie pour améliorer leur efficacité, et il faut mettre l'accent voulu sur la formation des décideurs, des planificateurs de programmes et des praticiens, Les principes fondamentaux suivants devront être respectés:

Pour de plus amples informations, prière de s'adresser à:

M. Sandro Tucci
Porte-parole
Programme des Nations Unies pour le
  contrôle international des drogues
Centre international devienne, Bureau E 1448
A-1400 Vienne, Autriche

Tél.: (43 1) 21345-5629
Fax.: (43 1) 21345-5931
M. Bill Hass
Section du développement et des droits de l'Homme
Département de l'information de l'ONU
Bureau S- 1040
New York, N.Y. 10017

Tél.: (212) 963-0353/3771
Fax.: (212) 963-1186