Fiche no 3

UNDCP

Assemblée générale des Nations Unies
Session extraordinaire consacrée au problème mondial de la drogue

New York, 8-10 juin 1998


STIMULANTS DE TYPE AMPHÉTAMINE:   UN PROBLÈME PRIORITAIRE

Longtemps reconnus comme faisant partie des médicaments psychoactifs prescrits dans le traitement de différentes affections, les stimulants de type amphétamine constituent une source de grave préoccupation en matière de contrôle international de drogues. Certaines caractéristiques des stimulants de type amphétamine, notamment la simplicité et la souplesse des techniques de fabrication, la disponibilité de matières premières, les énormes bénéfices qu'en retirent les producteurs et les bas prix consentis aux consommateurs, sont des facteurs qui favorisent l'expansion des marchés illicites.

Les stimulants de type amphétamine, qui font le plus souvent l'objet d'une consommation et d'une vente illicites, comprennent la métamphétamine, l'amphétamine, l'ecstasy (MDMA) et la methcathinone, qui sont fabriquées aujourd'hui essentiellement dans les laboratoires clandestins, ainsi que la fénéthylline et la pémoline, qui sont détournées du circuit commercial légal.

Effets des stimulants de type amphétamine

Il est évident que les consommateurs de ces substances sont attirés par le fait qu'elles stimulent le système nerveux central, ce qui engendre un accroissement de l'activité mentale, l'excitation, l'euphorie et un sentiment général de bien-être et de regain d'énergie.

Comme l'a indiqué l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) dans son rapport de 1997, on assiste également à une augmentation de la demande de comprimés amaigrissants (anorexigènes) qui contiennent des stimulants de type amphétamine et qui sont vantés et commercialisés comme étant des médicaments miracles pour maigrir instantanément. Dans son rapport, l'Organe demande aux pays qui enregistrent une forte consommation d'anorexigènes de surveiller étroitement la situation afin de prévenir les prescriptions excessives de ces drogues car elles créent une accoutumance et ont d'autres effets néfastes sur la santé, qui vont de l'hypertension artérielle à la paranoïa et aux comportements violents.

Toutes ces substances peuvent sérieusement entamer l'état psychologique et mental de l'usager. Elles engendrent la dépendance, c'est-à-dire un vif désir de prendre la drogue à répétition, le risque d'accoutumance étant aussi élevé que dans le cas de la cocaïne. Elles suscitent également des niveaux de tolérance croissants, ce qui amène à prendre des doses sans cesse croissantes pour obtenir les mêmes effets grisants. La dissipation de l'euphorie initiale donne lieu à l'anxiété, à la paranoïa ou à la psychose due à l'amphétamine, ce qui provoque souvent un comportement agressif et violent.

Parmi les nombreuses méthodes d'administration de ces substances, l'injection intraveineuse («speed» métamphétamine injectable) et l'inhalation («ice», métamphétamine fumable) sont celles qui créent la plus grande accoutumance du fait du déclenchement rapide de leurs effets. L´excitation provoquée par ces substances dure généralement plus longtemps que dans le cas de la cocaïne, ce qui, pour le toxicomane, est plus économique, et leur offre ainsi un vaste marché potentiel.

Modes d'abus

Les catégories et les types de mesure de l'abus de substances varient certes, mais les stimulants de type amphétamine occupent de la première à la troisième place parmi les drogues illicites les plus consommées dans un certain nombre de pays. Au Japon, presque 90% de toutes les violations des lois sur le contrôle des stupéfiants sont liées à la métamphétamine. Aux Philippines, où elle est appelée «shabu», elle est apparemment devenue la drogue la plus consommée depuis le début des années 90. En Corée, l'abus de la métamphétamine («ice») occupe la deuxième place après celui du cannabis. De même, en Australie, les amphétamines viennent en deuxième position après le cannabis.

En Nouvelle-Zélande, elles viennent en troisième position après le cannabis et les substances hallucinogènes. Au Royaume-Uni, la plupart des études indiquent que la consommation illicite d'amphétamines occupe la deuxième ou la troisième place. Selon le National Institute of Drug Abuse des Etats-Unis, le taux de consommation annuelle de tous les stimulants (y compris les stimulants légaux) chez les élèves en fin de cycle secondaire était de 7% en 1992, ce qui fait des stimulants les substances les plus consommées après les substances inhalées et la marijuana. En Suède, l'amphétamine vient en deuxième position après le cannabis, ce qui représentait près du tiers des condamnations liées à la drogue au début des années 90.

La demande illicite des stimulants de type amphétamine a traditionnellement été longtemps satisfaite grâce au détournement de stocks produits légalement, souvent par le biais de prescriptions excessives. Du fait de la prise de conscience accrue du caractère limité des propriétés thérapeutiques de ces substances, de la baisse continue de la fabrication et de la consommation licites mondiales et du renforcement des mesures de contrôle, la fabrication clandestine est progressivement devenue la principale source d'approvisionnement. Deux autres facteurs expliquent l'accroissement de la production illicite, à savoir le nombre et la simplicité des méthodes synthétiques de fabrication du produit final et la facilité d'accès à diverses matières premières (les produits chimique précurseurs). Tout comme dans le cas des produits finals stimulants, la situation a considérablement évolué en faveur de l'utilisation clandestine de certains précurseurs au cours des quinze à vingt dernières années.

«Ice» est entrée sur le marché des Etats-Unis en provenance de Hawaii et s'est répandue sur la côte ouest à la fin des années 80 et au début des années 90, essentiellement grâce aux circuits de distribution des trafiquants asiatiques. Aujourd'hui, cette substance vise toujours les communautés asiatiques-américaines et ne joue qu'un rôle secondaire par rapport aux autres formes traditionnelles d'abus de la métamphétamine. Elle n'a toutefois pas remplacé le crack et la cocaïne comme principale drogue comme on l'avait craint au début des années 90.

Néanmoins, la situation générale concernant la métamphétamine demeure d'autant plus grave que les laboratoires de production de cette substance représentent plus de 80% de tous les laboratoires clandestins détectés aux Etats-Unis dans les années 90.

En Europe, les amphétamines font partie de la gamme des drogues dites «dance drugs» (avec le MDMA et le LSD) qui sont caractéristiques de la «rave scene» au Royaume-Uni et ailleurs sur le continent. Certains consommateurs «d'ecstasy» (MDMA) ont essayé des amphétamines moins chères et s'y sont adonnés. De la «fausse ecstasy», un mélange de substances hallucinogènes et d'amphétamines, est également vendue sur ce marché .Au Royaume-Uni, les saisies d'amphétamines ont quadruplé depuis 1987. En France, les saisies des stimulants de type amphétamine ont doublé entre 1992 et 1993. Par ailleurs, l'abus des stimulants de type amphétamine aurait augmenté aux Pays-Bas, en Finlande et en Europe orientale, en particulier dans les pays baltes et en République tchèque.

Caractéristiques du marché illicite des stimulants de type amphétamine

Projet de plan d'action

La session extraordinaire sur le problème mondial de la drogue sera par conséquent saisie d'un projet de plan d'action pour la coopération internationale contre les stimulants de type des amphétamines et leurs précurseurs. Ce document contient des recommandations concernant cinq principaux domaines d'action: sensibilisation, réduction de la demande, diffusion d'informations précises, limitation de l'offre et renforcement du système de contrôle des stimulants de type amphétamine.

Sensibilisation

Quoique nouveau, le problème posé par les stimulants de type amphétamine prend de l'ampleur dans le monde. Malheureusement, on n'en a pas suffisamment conscience, d'où les recommandations ci-après:

Réduction de la demande

L´abus des stimulants de type amphétamine est de plus en plus prononcé chez les jeunes qui souvent les trouvent sans danger.

Pour renverser cette tendance, les organismes internationaux tels que le PNUCID et l'OMS devraient:

Les Etats devraient:

Diffusion d'informations précises

Les informations concernant les stimulants illicites du groupe des amphétamines sont maintenant accessibles à un public plus large du fait de la technologie moderne, notamment Internet. Les recettes et techniques de fabrication et la présentation de ces stimulants comme drogues inoffensives sont largement répandues. Il est recommandé d'engager, aux niveaux national, régional et international, des consultations avec les représentants des industries des télécommunications et des logiciels en vue de promouvoir et d'encourager:

Il est également recommandé que les Etats:

Limitation de l'offre

Les principales stratégies de contrôle de l'offre des stimulants de type amphétamine visent le trafic, la fabrication illicite et le détournement des produits chimiques entrant dans leur fabrication (précurseurs). Un grand nombre de précurseurs ont un large éventail d'utilisations industrielles licites et font partie des produits relevant du commerce international. La coopération volontaire des fabricants est donc nécessaire pour assurer un contrôle efficace.

Il est recommandé que les autorités nationales, régionales et internationales compétentes:

Pour lutter contre la fabrication illicite des stimulants de type amphétamine, les autorités internationales, régionales et nationales devraient également:

Renforcement du système de contrôle des stimulants de type amphétamine

L´application du système de contrôle international des drogues aux stimulants de type amphétamine fait ressortir les insuffisances suivantes: une procédure lourde pour le classement des substances psychotropes, un nouveau régime de contrôle des précurseurs et différentes procédures de modification du champs d'application des conventions relatives au contrôle international des drogues. Pour être efficace, un système de contrôle doit être rapide, souple et facilement adaptable aux nouvelles situations.

Dans le projet de plan d'action, il est recommandé que les organisations régionales et les Etats:

Pour de plus amples informations, prière de s'adresser à:

M. Sandro Tucci
Porte-parole
Programme des Nations Unies pour le
  contrôle international des drogues
Centre international devienne, Bureau E 1448
A-1400 Vienne, Autriche

Tél.: (43 1) 21345-5629
Fax.: (43 1) 21345-5931
M. Bill Hass
Section du développement et des droits de l'Homme
Département de l'information de l'ONU
Bureau S- 1040
New York, N.Y. 10017

Tél.: (212) 963-0353/3771
Fax.: (212) 963-1186