9 juin 1998


Communiqué de Presse
AG/771



PLUSIEURS PAYS PRECONISENT DES MESURES SEVERES CONTRE LE BLANCHIMENT DE L'ARGENT

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Réunie sous la présidence de M. Hennadyi Udovenko (Ukraine), la XXème session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au problème mondial de la drogue a poursuivi cet après-midi son débat général.

Elle a entendu, dans ce cadre, le Président constitutionnel de l'Equateur, M. Fabián Alarcón Rivera et le Vice-Président du Guatemala, M. Luis Alberto Flores Asturias. Les personnalités suivantes ont pris la parole : MM. Bhichai Rattakul, Vice-Premier Ministre de la Thaïlande; Dean O. Barrow, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères, de la sécurité nationale et Procureur général du Belize; Paulo Tchipilica, Ministre de la justice de l'Angola; Mirko Bandelj, Ministre de l'intérieur de la Slovénie; Mme Margot Wallström, Ministre de la santé et des affaires sociales de la Suède; MM. Statys Sedbaras, Ministre de l'intérieur de la Lituanie; Roberto Diaz Sotolongo, Ministre de la justice de Cuba; Almerino Manhenge, Ministre de l'intérieur du Mozambique; Carsten Koch, Ministre de la santé du Danemark; Ivan Romero Martinez, Ministre d'Etat du Honduras; Abdulaziz Kamilov, Ministre des affaires étrangères d'Ouzbékistan; Alexander Downer, Ministre des affaires étrangères de l'Australie; Heinz Frommelt, Ministre de la justice du Liechtenstein; Tomislav Cokrevski, Ministre des affaires intérieures de l'ex-République yougoslave de Macédoine; Velon John, Ministre des affaires juridiques, de l'intérieur et du travail de Sainte-Lucie; et Faustin Kouané, Ministre des affaires présidentielles de la Côte d'Ivoire. Les représentants de la Libye, de la Syrie et du Népal sont également intervenus.

Le Président de l'Equateur a estimé qu'il y a une co-responsabilité des pays consommateurs et des pays producteurs de drogues. Les pays producteurs ne pourront éliminer la production de drogues sans une aide des pays consommateurs qui doivent encourager la réduction de la demande. Le Vice-Président du Guatemala a souligné l'importance de tenir compte, en ce qui concerne les projets de développement alternatif, de la situation des petits paysans, des transporteurs et des pêcheurs des pays de transit, qui en raison de leur pauvreté et de l'absence d'alternatives adéquates sont poussés à participer au trafic illicite de drogue.

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Pour le Vice-Premier Ministre thaïlandais, la prochaine décennie du contrôle international des stupéfiants devrait être axée sur le problème des stimulants de type amphétamine (STA) et sur la prévention de la diversion des précurseurs chimiques utilisés pour la production de drogues illicites. La coopération internationale en la matière est cruciale pour éliminer la fourniture de STA et de leurs précurseurs. Le Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères de Belize a déclaré que la situation géographique de Belize au sein du bassin des Caraïbes en fait une zone de transit de drogues illicites, et que sans coopération soutenues entre les autorités législatives des Caraïbes, de l'Amérique centrale et du Mexique, les narcotrafiquants continueront à profiter de sa vulnérabilité stratégique.

Le Ministre de la justice de l'Angola a mis en avant la vulnérabilité des frontières de son pays qui en font un territoire de transit vers l'Europe et certains pays africains et a préconisé une assistance continue des pays riches aux pays pauvres. Le Ministre de l'intérieur de la Slovénie a estimé que l'action de la communauté internationale ne doit pas se limiter aux drogues illicites mais également s'occuper des drogues licites, comme l'alcool, le tabac ou les médicaments, qui ont un effet néfaste sur la société. Le Ministre de la santé et des affaires sociales de la Suède a souligné que l'adoption de stratégies cohérentes exige une direction politique ferme à tous les niveaux. La politique suédoise en matière de lutte contre la drogue visant à créer une société exempte de drogues, a été adoptée grâce au large consensus qui a rallié tous les partis politiques. Le Ministre de l'intérieur de la Lituanie a noté que, compte tenu de la situation géographique et de son infrastructure moderne, la Lituanie risque de devenir un pays de transit de drogues illicites entre l'est et l'ouest. Le Ministre de la justice de Cuba a suggéré d'utiliser ce qui est gaspillé dans la course aux armements pour le renforcement des structures de prévention et de lutte contre les drogues. Le Ministre des affaires domestiques du Mozambique a déclaré qu'il est nécessaire de renforcer la coopération entre les pays développés et les pays en développement et d'accorder une attention particulière aux pays côtiers qui sont victimes du trafic de drogue par voie maritime. De l'avis du Ministre de la santé du Danemark, aucun gouvernement ne devrait considérer la légalisation des drogues à des fins autres que médicales et scientifiques, sans risquer d'augmenter de manière considérable la demande de drogues.

Le Conseiller du Président du Honduras a souhaité des mesures internationales en vue d'obtenir une aide et un soutien pour les activités nationales de lutte contre le trafic des stupéfiants. Le Ministre des Affaires étrangères de l'Ouzbékistan a insisté pour que la communauté internationale accorde davantage d'assistance technique aux pays voisins de grands pays producteurs de drogues. Pour sa part, le Ministre de la justice du Liechtenstein a indiqué que son pays est conscient de sa co-responsabilité dans la lutte contre le blanchiment de l'argent et a pris des mesures législatives sévères en la matière. Il se déclare fermement opposé à la libéralisation du marché de la drogue. Le Ministre des affaires étrangères de

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l'Australie a estimé qu'il est nécessaire de renforcer la coopération judiciaire, d'améliorer les technologies de l'information et de développer des programmes d'éducation afin de lutter efficacement contre la prolifération de la drogue. Le Ministre de l'Intérieur de l'ex-République yougoslave de Macédoine a souligné l'inquiétude de son Gouvernement face à l'importance croissante des activités liées à la drogue dans la région, et des liens existant entre ces activités et le commerce illicite des armes. Le Ministre chargé des affaires présidentielles de la Côte d'Ivoire a préconisé la création d'une banque centrale de données transfrontalières dans le domaine de la criminalité et la création d'un fonds spécial au niveau sous régional pour recueillir les produits saisis liés aux activités criminelles; ce fonds pourrait servir à mettre en oeuvre des mesures préventives et répressives pour lutter contre le trafic et l'usage illicite des drogues. Le représentant de la Syrie a déclaré que les stupéfiants sapent les structures sociales et portent atteinte à la dignité des familles et des individus. Le représentant du Népal a souligné la nécessité de contrôler le commerce illicite des stimulants de type amphétamine et des précurseurs chimiques, causant de graves préjudices chez les jeunes. Il a également préconisé des mesures efficaces de prévention et de réhabilitation des toxicomanes. La représentante de Sainte-Lucie a affirmé que le fléau de la drogue perdurera tant que l'on ne décidera pas de consacrer des moyens adéquats à l'élimination de la pauvreté, au développement humain, à l'éducation et à la santé. Le représentant de la Libye a déclaré qu'une des conditions essentielles du succès de la lutte contre les stupéfiants est la réalisation d'une coopération internationale dans ce domaine basée sur le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des états, du non-recours à la force et à la menace et de ne pas exercer de pressions sur les petits pays. La Libye rejette tous les appels à la légalisation des drogues.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général, ce soir à partir de 19 heures.

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Débat général

M. LUIS ALBERTO FLORES ASTURIAS (Vice-Président du Guatemala) : De par sa situation géographique, le Guatemala est utilisé comme pont pour le trafic illicite de drogue par air, par mer et par terre et, dans une certaine mesure, comme centre d'entreposage des drogues. Par ses caractéristiques naturelles, il se prête à la culture du chanvre indien et du pavot. On constate, en outre, une tendance à la consommation croissante de drogues par la population locale. S'agissant de la réduction de la demande, des mesures ont été prises en vue d'institutionnaliser l'éducation et la prévention et de faire prendre conscience du problème de l'abus au plan social. Les liens entre le Gouvernement et le secteur non gouvernemental ont été renforcés et, grâce à une coordination intersectorielle, on a pu mettre en place un plan national. Pour ce qui est de la réduction de l'offre, les statistiques montrent une plus grande efficacité dans le contrôle et les poursuites judiciaires des actes criminels liés à la drogue. Ainsi, en 1998, le nombre de détenus a plus que doublé par rapport à l'année précédente. L'élimination des cultures de pavot a été supérieure de 145% par rapport à l'année précédente et les saisies de cocaïne ont augmenté de plus de 300% en 1996.

En ce qui concerne les projets de développement alternatif, il ne faut pas seulement envisager des cultures de substitution dans les pays producteurs, mais il importe aussi de tenir compte de la situation des petits paysans, des transporteurs et des pêcheurs des pays de transit, qui en raison de leur pauvreté et de l'absence d'alternatives adéquates, sont amenés à participer au trafic illicite de drogue. Il faut envisager sérieusement de garantir l'achat à prix juste des cultures licites et des services rendus dans le cadre des activités alternatives. Le Guatemala appuie le projet de Déclaration relative aux Principes directeurs en matière de réduction de la demande de drogue. Toutefois, il faut mettre en place les mécanismes nécessaires pour traduire en action ces engagements et élaborer des plans d'action adaptés à chaque pays.

M. FABIAN ALARCON RIVERA (Président de la République de l'Equateur) : Il est important d'examiner les domaines social, économique et judiciaire du problème de la drogue qui fait obstacle à la paix, à l'ordre et à la sécurité sur la planète. Sans compter ses effets néfastes sur la santé, la drogue contribue à la désintégration de la famille, à la violence, à la déstabilisation de l'ordre juridique et social. La drogue ne tient pas compte de la frontière des Etats. Elle entraîne avec elle le terrorisme, le trafic d'arme et le crime organisé . Il faut une réponse concertée de la communauté internationale. Le niveau de complexité du problème de la drogue est de plus en plus important. De nouvelles drogues sont apparues ainsi que de nouvelles polémiques dans le domaine médical et juridique. La Déclaration qui sera adoptée par l'Assemblée générale est d'une importance capitale. Il faut une co-responsabilité des consommateurs et des producteurs de drogues. Les pays producteurs ne pourront éliminer la production de drogues sans une aide des pays consommateurs qui doivent encourager la réduction de la demande. Il faut

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une évaluation de la consommation de la drogue dans chaque pays. La responsabilité partagée des Etats doit cesser d'être à sens unique. La lutte contre les stupéfiants demande que l'on dispose de ressources financières suffisantes afin, notamment, de pouvoir développer les cultures de remplacement. Il faut renforcer la coopération internationale pour lutter plus efficacement contre la drogue. L'Equateur se trouve au milieu de nations qui comptent des zones étendues de production de drogue et son territoire est utilisé comme route pour le transport des narcotiques. L'Equateur a pris des mesures importantes afin de lutter contre le trafic de drogue, d'empêcher les activités qui en découlent, et de démanteler les réseaux criminels. Il est nécessaire, en luttant contre la prolifération de la drogue, de veiller au bien être de la population et, en particulier, des plus jeunes. En Equateur, une nouvelle législation a été mise en place afin de mieux lutter contre la drogue. L'Equateur estime qu'il est essentiel de promouvoir la coopération internationale. Il faut arriver à des accords fructueux et mener, au niveau international, des politiques efficaces de lutte contre la drogue.

M. BICHAI RATTAKUL (Vice-Premier Ministre de la Thaïlande) : Pour la prochaine décennie du contrôle international des stupéfiants, il faudrait mettre l'accent sur le problème des stimulants de type amphétamine (STA) et sur la prévention de la diversion des précurseurs chimiques utilisés pour la production de drogues illicites. Les Etats devraient tous coopérer plus étroitement pour éliminer la fourniture de STA et leurs précurseurs. La Thaïlande est l'un des pays qui souffrent sérieusement du problème de la consommation et du trafic de métaphétamine. Des millions de comprimés ont été saisis en Thaïlande. Des quantités considérables de précurseurs chimiques illicites ont été confisquées. La Thaïlande est un pays d'importation et de transit pour les précurseurs chimiques utilisés à des fins illicites. Avec l'appui du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des stupéfiants et des pays donateurs, la Thaïlande a mis en oeuvre un projet visant à régler le problème de la culture des graines de pavot à opium. Il est essentiel de renforcer la coopération au niveau régional ou sous-régional. Par le biais de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), la Thaïlande est pleinement engagée à se conformer à ses obligations concernant les mesures de contrôle des stupéfiants. La Thaïlande appuie pleinement la stratégie sous-régionale lancée par le PNUCID et est signataire du Mémorandum d'Accord sur le contrôle des stupéfiants auquel ont également adhéré le Cambodge, la Chine, le Laos, Myanmar et le Vietnam. Ces pays de la région ont trop longtemps lutté pour éliminer l'abus des drogues et le trafic illicite des stupéfiants. En réponse à l'esprit de la présente session extraordinaire, les six signataires ont publié une déclaration conjointe sur leur ferme volonté politique en faveur de l'élimination des problèmes liés à la drogue.

M. DEAN O. BARROW (Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Belize) : Dans des pays comme Belize, le problème de la drogue dépasse la simple menace qu'il pose à la santé morale et physique de notre peuple, et représente de plus en plus un problème de sécurité nationale. Dans le cadre des efforts faits dans la lutte contre ce fléau, Belize a souscrit à

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la Convention des Nations Unies de 1988 et est actuellement en train de réexaminer sa législation nationale en la matière. La situation géographique de Belize au sein du bassin des Caraïbes en fait une zone de transit de drogues illicites, en particulier de la cocaïne. Sans une coopération soutenue entre les autorités législatives des Caraïbes, de l'Amérique centrale et du Mexique, les narcotrafiquants vont continuer à exploiter notre vulnérabilité stratégique. Il est évident que notre engagement sur les plans national et international dans la lutte contre les stupéfiants, compte tenu des moyens humains et financiers limités, nécessite une coopération bilatérale et régionale dans le combat des narcotrafiquants. Les efforts de Belize en matière de réduction de la demande de stupéfiants se traduisent par une coopération entre le Gouvernement et ses principaux partenaires dans la société civile. Des initiatives pluridisciplinaires sont axées sur l'éducation préventive, la recherche, la réhabilitation et la mobilisation de la communauté. Belize a adopté en 1996 sa propre législation pour condamner le blanchiment de l'argent de la drogue. La coopération internationale dans l'éradication des cultures illicites doit tenir compte de la survie économique et sociale des populations dans les zones concernées.

M. PAULO TCHIPILICA (Ministre de la justice de l'Angola) : Le Gouvernement angolais a créé une commission interministérielle de lutte contre les drogues illicites chargée, en autres, de la prévention et de la répression. La seule substance illicite connue produite en Angola est le cannabis qui pousse naturellement dans certaines régions du pays; il est également produit à grande échelle à des fins illicites pour la consommation locale et l'exportation. A côté du cannabis, des produits à inhaler, comme l'essence et la colle, ainsi que certains solvants, comme l'acétone sont utilisés, surtout par les jeunes de 7 à 15 ans. Depuis 1990, on constate, en outre, une consommation de cocaïne et d'héroïne, bien qu'à petite échelle. Les frontières vulnérables de l'Angola en font un pays de transit des stupéfiants vers l'Europe et certains pays africains. Le 27 mai dernier, le pays a accédé aux conventions internationales contre les drogues. Toutefois, depuis un certain temps, les autorités angolaises s'efforcent d'appliquer les mécanismes de l'ONU dans la mesure de ses possibilités limitées en ressources humaines et financières. Ainsi, un contrôle renforcé de la police aux frontières, l'utilisation de chiens dans les aéroports et les ports et l'échange d'informations avec les pays de la région ont produit certains résultats satisfaisants. Mais le talon d'Achille est le contrôle des côtes. De nouveaux projets de lois ont été soumis aux instances nationales pertinentes en vue de lutter contre la production, le trafic et la consommation de stupéfiants et de mettre en place un cadre juridique pour contrôler la commercialisation licite de drogues à des fins médicales. L'Assemblée nationale devrait adopter ces nouvelles lois dans le courant du mois. En outre, on a entrepris une réforme du régime de droit pénal en vue de mettre en place de nouveaux moyens légaux de lutte contre le crime organisé, y compris le problème des drogues, le blanchiment de l'argent, le trafic des armes, le terrorisme et d'autres activités criminelles. Il faudra encore former des spécialistes pour exécuter ces lois, fournir aux institutions

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chargées de la lutte contre la drogue les moyens dont elles ont besoin et créer des centres de réhabilitation et de réintégration pour les drogués. Tous ces efforts seront vains en l'absence d'une coopération internationale. C'est pourquoi, une assistance continue des pays riches aux pays pauvres est nécessaire pour acquérir les ressources matérielles et former des spécialistes. Il importe aussi de renforcer la coopération internationale, régionale et bilatérale pour réaliser le développement rural et résoudre les problèmes sociaux et économiques qui affectent ces pays et se trouvent souvent derrière le problème de la drogue.

M. MIRKO BANDELJ (Ministre de l'intérieur de la Slovénie) : Depuis l'adoption de la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite des stupéfiants, il y a dix ans, il est apparu que les mesures qui ont été prises n'ont pas été suffisantes. De plus, de nouvelles drogues sont apparues, de nouvelles routes pour le trafic de drogues et de nouvelles méthodes de contrebande ont été mises en place. Il est nécessaire d'avoir une nouvelle approche qui ne soit pas uniquement fondée sur la répression mais qui vise à venir à bout des causes et des conséquences de la prolifération des drogues. Le crime transnational organisé, le terrorisme, la corruption, le blanchiment de l'argent sont intimement liés les uns aux autres ainsi qu'au commerce de la drogue. Le problème de la drogue est un problème mondial. Les rôles des pays qu'ils soient producteurs, consommateurs ou des Etats de transit, sont interchangeables. Longtemps la Slovénie a été un pays de transit sur la route du trafic de l'héroïne vers l'Europe de l'ouest. Elle est maintenant également confrontée au trafic de cocaïne, de haschisch et d'autres drogues du fait de sa situation géopolitique entre l'est et l'ouest, le nord et le sud de l'Europe. Le nombre des toxicomanes en Slovénie a augmenté. La Slovénie, qui a ratifié les trois conventions des Nations Unies dans le domaine de la drogue, met en place une législation et une politique concernant la drogue fondées à la fois sur la prévention et la répression. La Slovénie reconnait le rôle essentiel que peut jouer l'éducation dans le domaine de la lutte contre la drogue, notamment pour la jeunesse et les groupes vulnérables. Il est nécessaire d'avoir une coopération internationale en matière de lutte contre la drogue. L'action de la communauté internationale ne doit pas se limiter aux drogues illicites mais également s'occuper des drogues licites, comme l'alcool, le tabac ou certains médicaments, dont l'abus a un effet néfaste sur la société.

Mme MARGOT WALLSTROM (Ministre de la santé et des affaires sociales de la Suède) : La coopération internationale pour combattre la propagande massive en matière de drogues est indispensable. Il est vital de maintenir des politiques restrictives et compatibles et de s'élever contre la légalisation de la drogue. La communauté internationale fait face à un défi fondamental visant à renverser les tendances dangereuses qui menacent la structure de nos sociétés et nos valeurs culturelles élémentaires. La meilleure garantie est de maintenir une attitude négative à l'égard de l'abus des drogues auprès du public. La solidarité avec les groupes défavorisés et vulnérables et la préoccupation des risques courus par les enfants et les adolescents exige une

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telle garantie. Il s'agit également d'une question de démocratie et de protection des droits fondamentaux. Les gouvernements peuvent promulguer des lois, fournir des ressources financières et adopter des stratégies de lutte contre la drogue, mais il faut souligner que ces stratégies doivent être mises en oeuvre au niveau local. Les travaux accomplis au niveau local par les autorités publiques, les organisations non gouvernementales et, en dernier ressort, par les autres membres de la société civile déterminent les résultats. Des stratégies cohérentes exigent une direction politique ferme à tous les niveaux. La politique suédoise en matière de lutte contre la drogue vise à créer une société exempte de drogues. Les partis politiques représentés au Parlement l'appuient avec un large consensus. C'est également une vision fondée sur une approche humaniste et positive. Cette politique en pleine évolution est intégrée dans la politique sociale nationale qui assure à chacun une sécurité de base par le biais d'un régime général de droits sociaux. Toute personne a le droit à une existence décente dans une société qui respecte les droits de l'homme et qui garantit la sécurité de tout individu. Personne ou aucun groupe ne peut être marginalisé ou exclu.

La présente session adoptera une déclaration sur la réduction de la demande qui offre une base solide pour la coopération sur la prévention et les autres mesures de réduction de la demande entre tous les Etats Membres et les Nations Unies. La Suède se félicite de cette déclaration. La déclaration politique et les autres documents qui seront adoptés n'en sont pas moins importants. S'ajoutant aux trois conventions pertinentes des Nations Unies en vigueur, ces nouveaux textes dicteront l'engagement politique des Etats Membres et leurs obligations en vertu du droit international. La Suède appuie l'approche visionnaire du Directeur exécutif du PNUCID. En tant que pays donateur important, la Suède invite les autres Etats Membres à contribuer de manière plus régulière et prévisible à l'assise financière des organes des Nations Unies chargés du contrôle des drogues.

M. STASYS SEDBARAS (Ministre de l'intérieur de la Lituanie) : La Lituanie soutient aussi bien l'approche globale préconisée dans la déclaration faite par la présidence de l'Union européenne, dans les domaines du contrôle des stupéfiants et de la prévention des drogues, que l'importance de la coopération internationale dans ce contexte. Compte tenu de sa situation géographique et de son infrastructure moderne, la Lituanie est exposée au danger de devenir un pays de transit de drogues illicites entre l'est et l'ouest et vice versa. Le nombre de consommateurs de drogues et les crimes liés à la drogue n'ont cessé d'augmenter au courant des dernières années en Lituanie. Le marché de la drogue s'y développe et de nouvelles drogues de type synthétique apparaissent. Tous ces développement nous poussent à combattre efficacement le trafic illicite de la drogue, ce qui se traduit notamment par le renforcement des contrôles aux frontières, la création de la Commission gouvernementale du contrôle des stupéfiants, l'éradication de cultures de pavots et des mesures préventives. La Lituanie accorde une importance particulière à la coopération internationale dans le domaine du contrôle des stupéfiants en participant notamment à la Commission anti-drogue

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des Etats de la mer Baltique et aux opérations internationales de lutte contre le trafic de drogue. La Lituanie a ratifié les Conventions des Nations Unies de 1961 et 1971, et a déposé auprès du Secrétaire général ses instruments de ratification de la Convention de 1988.

M. ROBERTO DIAZ SOTOLONGO (Ministre de la justice de Cuba) : Il faut une plus grande contribution de la part des pays les plus développés et aussi un élargissement des possibilités financières. La recherche de nouvelles ressources est fondamentale. Une mesure audacieuse serait d'utiliser ce qui est gaspillé dans la course aux armements pour le renforcement des structures de prévention et de lutte contre les drogues. Il ne suffit d'arracher les cultures. Il faut aussi contrôler le mouvement licite des précurseurs chimiques qui peuvent être utilisés pour la production illicite de drogues. Dans cette lutte, la coopération judiciaire est impérative. Il importe également d'appliquer les législations visant à lutter contre le blanchiment de l'argent et créer le cadre juridique qui permettra de sanctionner ce type d'activités. La réduction de la demande est un élément essentiel dans la lutte contre la drogue. A cet égard, les efforts doivent être orientés vers les programmes d'éducation, de santé et de bien-être social. Toutes les mesures qui seront prises relèvent d'une responsabilité partagée qui exige une approche globale et équilibrée et le respect de la souveraineté nationale, de l'intégrité territoriale et du principe de la non ingérence dans les affaires internes des Etats.

A Cuba, la drogue n'est pas un problème social. Il existe une véritable volonté politique de lutter contre ce fléau et d'empêcher l'utilisation du territoire national pour le trafic illicite des drogues. Ainsi, entre 1994 et 1997, les autorités cubaines ont empêché que 95 millions de doses de cocaïne soient consommées dans d'autres pays où elles étaient destinées. Cuba mène cette lutte dans des conditions difficiles, aggravées par le blocus injuste et unilatéral qui dure depuis près de 40 ans. Cuba n'accepte pas les politiques unilatérales de certification utilisées dans la lutte contre les drogues et réaffirme le rôle de l'Organe international pour le contrôle des stupéfiants en tant que seul organe chargé du contrôle international et de l'évaluation de la manière dont les Etats s'acquittent de leurs obligations au titre des instruments internationaux de lutte contre les drogues.

M. ALMERINO MANHENGE (Ministre de l'intérieur du Mozambique) : Il est nécessaire d'adopter des mesures et de mettre en place des mécanismes collectifs pour lutter contre des problèmes qui ont un impact transnational, comme le trafic des drogues et les crimes qui y sont liés. Le trafic des drogues et la consommation de stupéfiants et substances psychotropes constituent pour le Mozambique, ainsi que pour de nombreux pays, une grave menace politique, économique et sociale. Le caractère inadéquat de la protection côtière du Mozambique empêche le pays de lutter aussi efficacement qu'il le voudrait contre la drogue. Le Mozambique, qui est un pays de transit, pourrait voir sa société devenir consommatrice. Le Mozambique, qui comprend que le trafic de drogue est lié au blanchiment de l'argent, a pris

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des mesures judiciaires pour punir les crimes liés aux drogues. Depuis 1990, le Mozambique a ratifié les conventions des Nations Unies relatives aux drogues. Une législation nationale sur les drogues a permis de mettre en oeuvre la Convention de 1988 en imposant des punitions plus importantes afin de dissuader le trafic et la consommation des drogues. Une autre législation, relative au blanchiment de l'argent, est en train d'être élaborée. Plusieurs institutions nationales, comme le Bureau central pour la prévention et la lutte contre la drogue et le Conseil sur les drogues médicales, ont été créées afin de définir de nouvelles stratégies et plans nationaux pour lutter contre les différents types de drogue. Le Mozambique coopère activement dans le domaine de la lutte contre les stupéfiants avec les pays de la région. Le Mozambique estime qu'il est nécessaire de renforcer la coopération entre les pays développés et les pays en développement afin d'accroître l'efficacité des programmes de prévention et de lutte contre la drogue. Une attention particulière devrait être accordée aux pays côtiers qui sont particulièrement menacés par le trafic des drogues par voie maritime.

M. CARSTEN KOCH (Ministre de la santé du Danemark) : Au Danemark, si l'on estime à moins de 1% la population consommant de l'héroïne, en revanche 98% des Danois consomment des boissons alcoolisées. Qu'il s'agisse de la législation nationale ou des services de répression contre la consommation illicite des stupéfiants, qu'il s'agisse aussi de l'intervention sociale ou de mesures de prévention, on constate un fonctionnement satisfaisant de ces mécanismes. Aucun gouvernement ne devrait compromettre cette situation en considérant la légalisation des drogues à des fins autres que médicales et scientifiques, avec un risque évident d'augmenter de manière considérable la demande de drogues. Le gouvernement danois se félicite de l'engagement ferme et de l'approche équilibrée que reflètent les projets de documents à l'ordre du jour de la présente session extraordinaire de l'Assemblée générale. Le projet de déclaration sur les principes directeurs en matière de réduction de la demande de la drogue constitue de nouveaux efforts fermes et communs. Ce texte offre de grandes possibilités pour une action aux niveau local et national ainsi qu'aux niveaux régional et international. Au Danemark, l'abus des drogues est considéré en premier lieu comme une conséquence de certaines structures de la société. Toute amélioration du bien-être dans les domaines des services sociaux, de l'éducation, de l'emploi et du logement aura également un impact positif important sur la prévention de l'abus des drogues. Même les mesures d'exécution des lois les plus efficaces ne permettront pas d'empêcher plus qu'une infime portion des drogues fabriquées de manière illicite d'être distribuées auprès des toxicomanes. Il est également très difficile d'obtenir des résultats positifs en matière de traitement et de réhabilitation et de reconnaître pour des raisons humanitaires la nécessité de renforcer les activités visant à réduire les souffrances physiques, mentales et sociales associées à la vie difficile du toxicomane bénéficiant des programmes existant de désintoxication. Dans cette perspective, la prévention et l'intervention sociale doivent être considérées comme des instruments très prometteurs visant à réduire de manière considérable à l'avenir le nombre des toxicomanes. La lutte contre la fourniture des drogues dans la rue doit être

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maintenue comme élément clé dans la lutte contre le problème mondial de la drogue. La coopération au niveau international et au niveau régional est essentielle pour garantir le succès de cette lutte. Le gouvernement danois se félicite des propositions visant à améliorer et à renforcer la coopération judiciaire ainsi que les efforts de lutte contre le blanchiment de l'argent provenant du trafic illicite des stupéfiants et du contrôle des précurseurs chimiques. A cet égard, le Danemark souligne l'efficacité de la coopération régionale entre la police et les services de douane des pays nordiques qui pourrait inspirer d'autres pays. Le plan d'action pour l'élimination des cultures illicites et pour la promotion des programmes et projets sur le développement alternatif constituera un succès de la présente session. Cette stratégie, qui est une démarche ambitieuse, exige la coopération de tous les Etats Membres pour en garantir le succès.

M. IVAN ROMERO MARTINEZ (Conseiller du Président du Honduras) : Le Plan gouvernemental du nouveau Gouvernement du Honduras prévoit un changement profond permettant au citoyen d'être un protagoniste du développement national, de son destin et de son bien-être économique, social et spirituel. Partant, ce Plan prévoit d'appuyer les instances judiciaires nationales par des mesures visant à les renforcer en vue de la prévention et de la lutte contre le fléau de la drogue; de développer des programmes d'information à l'attention de la population visant notamment à l'impliquer dans la lutte contre le trafic et la consommation de drogue; d'encourager la réforme des lois en vue d'alourdir les sanctions pour les délits liés à la drogue et de renforcer les moyens juridiques dont disposent les institutions qui luttent dans ce domaine; de publier une législation sur les activités financières et bancaires dans le cadre du contrôle et de la détection des transactions suspectes de blanchiment d'argent; et d'envisager des mesures internationales conjointes pour obtenir une aide et un soutien pour les activités nationales de lutte contre le trafic des stupéfiants. Le gouvernement a signé les trois conventions des Nations Unies contre les drogues. En juillet 97, il a signé, avec les six pays d'Amérique centrale, la Convention contre le blanchiment d'argent. Au cours du récent sommet présidentiel qui s'est tenu à Santiago (Chili), un plan a été adopté qui prévoit des actions concrètes pour lutter contre les drogues sous la direction de la Commission interaméricaine pour le contrôle des drogues. Le nouveau Gouvernement s'est fermement engagé à lutter contre ce mal et continue à prendre les mesures nécessaires, y compris la législation visant à punir les délits liés à la drogue, le renforcement du système judiciaire et les campagnes destinées à éloigner la population de la drogue. Le Honduras appuie les résolutions et les décisions proposées par la communauté internationale au cours de cette Session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au problème de la drogue.

M. ABDULAZIZ KAMILOV (Ministre des affaires étrangères de l'Ouzbékistan) : Le Gouvernement ouzbek partage l'inquiétude de la communauté internationale face à la croissance continue de la toxicomanie dans le monde et il est bien connu actuellement que le volume du trafic illicite de drogues à travers les pays d'Asie centrale tend à augmenter aussi. Il est possible de

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dire avec certitude que la principale source de drogues des pays européens est l'Afghanistan et qu'il existe également des conditions favorables au trafic de drogue au Tadjikistan. Des groupes criminels impliqués dans le trafic illicite de stupéfiants essaye d'utiliser le territoire ouzbek et d'autres états d'Asie centrale comme une voie de transit vers les nouveaux états indépendants, l'Europe et les Etats-Unis. Nous sommes d'avis que la communauté internationale n'est pas consciente de l'ampleur du danger résultant de la production de drogues en Afghanistan ce qui se traduit notamment par la large part du budget de la Commission des Nations Unies qui est alloué à d'autres régions et non pas à l'Afghanistan. L'Ouzbékistan a souscrit à un certain nombre d'Accords internationaux dans la lutte contre les stupéfiants et a développé sa coopération bilatérale dans ce domaine. En 1995, il a adopté une législation criminelle sanctionnant sévèrement toutes les activités liées à la drogue et a créé une Commission nationale de contrôle des stupéfiants. Permettez-moi de faire quelques propositions concrètes: développer une collaboration plus soutenue entre l'Europe et les pays d'Asie centrale dans la lutte contre la drogue; accorder davantage d'assistance technique aux pays voisins de grands producteurs de drogues; renforcer les systèmes nationaux de contrôle des stupéfiants; créer une banque de données spécialisée au niveau international pour l'échange d'infirmations dans le domaine du contrôle des drogues; faire des recherches sur le développement des moyens de destruction des cultures illicites qui ne nuisent pas à l'environnement.

M. HEINZ FROMMELT (Ministre de la justice du Liechtenstein) : Le Gouvernement du Liechtenstein envisage d'adhérer cette année à la Convention sur les substances psychotropes de 1971 et au Protocole amendant la Convention unique sur les drogues de 1961. Bien que le Liechtenstein ne soit pas encore Partie contractante à la Convention contre le trafic illicite des stupéfiants et des substances psychotropes de 1988, il a harmonisé sa législation nationale avec les dispositions de cette Convention. Le Liechtenstein attache une grande importance à la lutte contre le trafic international illicite des stupéfiants et le crime organisé, et est conscient de sa coresponsabilité au sein de la communauté internationale dans la lutte contre le blanchiment de l'argent. A cet égard, le gouvernement a promulgué une loi en 1996, qui est conforme aux dispositions pertinentes de la Convention de Vienne de 1988. En vertu de l'Accord douanier conclu entre le Liechtenstein et la Suisse, la stricte réglementation régissant les importations, les exportations et le transit de précurseurs chimiques est également applicable au Liechtenstein. En outre, le Liechtenstein procède à son adhésion à la Convention européenne sur le blanchiment, la recherche, la saisie et la confiscation des profits illicites.

Sur le plan national, le Liechtenstein s'engage fermement à créer une société exempte de drogues. L'objectif d'une politique réaliste en matière de lutte contre la drogue vise à prévenir le développement de la toxicomanie et de la dépendance. Il n'existe pas de solution miracle à ce problème. Ce phénomène complexe ne peut être combattu que par un ensemble de mesures

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concrètes. La politique nationale en la matière distingue entre la prévention, la thérapie et l'intervention juridique et judiciaire. La prévention primaire de la dépendance est considérée comme une part intégrante d'un programme global d'éducation. La fréquence de la toxicomanie doit être réduite et il faudrait protéger les jeunes contre la consommation de substances dangereuses. Au niveau de la thérapie, les services de désintoxication sont adaptés en fonction du degré de gravité de la toxicomanie. Pour ce qui est de l'action juridique, le gouvernement a mis en oeuvre des mesures d'éducation et des mesures répressives. Les mesures répressives en vertu du droit pénal insistent sur le trafic des stupéfiants, et en particulier sur la lutte contre le crime organisé. La consommation de la drogue est punissable en vertu de la législation en vigueur. Toutefois, le Liechtenstein a lancé cette année une campagne sur le thème de l'"éducation plutôt que la répression" pour sensibiliser les jeunes à une vie saine. Le Liechtenstein est fermement opposé à la libéralisation du marché de la drogue et s'associe à la lutte de la communauté internationale contre les profits provenant du trafic illicite des stupéfiants.

M. ALEXANDER DOWNER (Ministre des affaires étrangères de l'Australie) : Depuis l'adoption de la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite des stupéfiants, il y a dix ans, des progrès notables ont été faits. Les efforts multilatéraux en matière de contrôle des drogues ont été renforcés par la création du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID). Une grande partie de la production de drogues illicites a été confinée à quelques régions concentrées géographiquement. Les saisies de drogues et les convictions de criminels ont augmenté. La coopération régionale a permis de lutter plus efficacement contre le trafic des drogues. Toutefois, de nouvelles routes ont été empruntées par le trafic et de nouvelles drogues sont apparues. Le problème de la drogue est devenu, du fait de son ampleur, une menace pour la sécurité régionale et internationale. Il est de ce fait nécessaire de renforcer la coopération tant au niveau régional qu'au niveau international. Il est évident qu'il faut avoir une stratégie mondiale de réduction de la demande. L'Australie appuie la Déclaration relative aux principes directeurs en matière de réduction de la demande de drogue ainsi que la déclaration politique sur le problème mondial de la drogue. Le Premier Ministre australien a récemment annoncé une nouvelle stratégie de lutte contre la drogue plus stricte. Elle vise à réduire l'offre et la demande des drogues illicites et à minimiser leurs effets néfastes sur la santé.

L'Australie a décidé d'allouer des ressources additionnelles à la lutte contre la drogue. Cela devrait notamment permettre d'améliorer les technologies de l'information pour détecter l'arrivée des marchandises et de renforcer la coopération judiciaire afin de lutter contre le blanchiment de l'argent. Des programmes d'éducation dans les écoles et au niveau communautaire ont été mis en place en Australie afin de décourager de nouvelles générations de toxicomanes. L'Australie compte jouer un rôle important dans la lutte contre la drogue et le blanchiment de l'argent dans la

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région Asie-Pacifique. Elle accordera des ressources importantes à différents programmes visant à lutter contre la drogue et les crimes qui lui sont associés, mais aussi à traiter et à éduquer les personnes atteintes du Virus VIH-Sida et les groupes à hauts risques.

M. TOMISLAV COKREVSKI (Ministre de l'intérieur de l'ex-République yougoslave de Macédoine) : Le Gouvernement de la Macédoine souscrit pleinement au projet de Déclaration politique et autres documents adoptés au cours de cette Session de l'Assemblée générale. Malgré les efforts soutenus déployés en Macédoine pour la réalisation d'un état de droit démocratique et pour faire face aux problèmes liés à la situation transitoire de la région du sud-est de l'Europe, de nouvelles activités criminelles en rapport avec les stupéfiants se développent. Le Gouvernement est très inquiet au sujet de l'importance croissante de la production, de la vente, de la demande et du trafic de stupéfiants dans la région, ainsi que des liens existant entre ces activités et le commerce illicite des armes. Conscient du fait que la corruption et le blanchiment de l'argent résultant du trafic de drogues peuvent affecter négativement le développement d'une société démocratique et civile, le Gouvernement déploie des efforts importants pour lutter contre ce fléau. La Macédoine a lancé un Programme national de lutte contre la consommation et le trafic de drogue en 1996 et a mis en place une Commission nationale de prévention du trafic illicite de stupéfiants. Par ailleurs, elle soutient la coopération régionale et internationale dans ce domaine. De plus elle a renforcé ses structures législatives nationales dans le domaine de la lutte contre la drogue en les harmonisant avec les normes européennes,de même qu'elle a adopté des mesures particulières pour lutter contre le blanchiment de l'argent de la drogue et de la corruption.

M. FAUSTIN KOUAME (Ministre chargé des affaires présidentielles de la Côte d'Ivoire) : La lutte contre la drogue exige avant tout une stratégie comportant l'éducation des enfants et des jeunes, et l'impression des valeurs spirituelles et morales. La promotion des cultures de substitution pour les pays en développement producteurs doit être assortie de mesures efficaces pour empêcher la fabrication des intrants chimiques dans d'autres pays. Il est nécessaire d'accroître la coopération et l'assistance technique au niveau de la détection et du contrôle dans les pays de transit. La Côte d'Ivoire étant confrontée au problème de la drogue tant au niveau de la consommation que du trafic, le Gouvernement s'est attelé à mettre en place des structures appropriées pour combattre ce fléau. La Côte d'Ivoire a ainsi créé la Direction de la police des stupéfiants et des drogues, le Comité interministériel de lutte anti-drogue, le Bureau national des stupéfiants, et l'Unité de formation à la lutte contre la drogue en Afrique qui est ouverte à toute la sous région. Le Gouvernement coopère, en outre, étroitement avec des organisations non gouvernementales en vue de l'éradication de ce fléau. En matière de prévention, le Comité interministériel de lutte anti-drogue a réalisé plusieurs séances d'information et de sensibilisation. L'Unité de

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formation à la lutte contre la drogue en Afrique a également organisé plusieurs stages et séminaires de formation à l'adresse de ceux qui sont impliqués dans la lutte contre la drogue dans la sous région.

La Côte d'Ivoire a abrité en 1993 et 1994 deux réunions des Ministres coordonnateurs de la lutte contre la drogue qui ont abouti à la définition d'une plate-forme de lutte sous régionale. Elle a aussi pris une part active à l'élaboration du plan d'action régional approuvé en août 1997 par la conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement d'Afrique de l'Ouest. Dans le cadre de la Session extraordinaire, la Côte d'Ivoire souhaiterait notamment lancer un appel à la communauté internationale en vue d'accroître l'assistance technique et financière pour l'application efficace du plan d'action régional de lutte contre la drogue; demander aux Etats de créer une banque centrale de données transfrontalières pouvant recueillir toutes les informations dans le domaine de la criminalité; et envisager la création d'un fonds spécial au niveau sous régional, destiné à recueillir les produits saisis liés aux activités criminelles. Ce fonds pourrait servir à mettre en oeuvre des mesures préventives et répressives pour lutter contre le trafic et l'usage illicite des drogues. La Côte d'Ivoire souhaite également inciter la communauté internationale à apporter une assistance aux pays africains en vue de la création d'un centre de traitement et de réinsertion sociale des toxicomanes.

M. MIKHAIL WEHBE (République arabe syrienne) : La communauté internationale est unanime pour reconnaître que le trafic des drogues entraîne une augmentation de la criminalité. Les stupéfiants influent sur la société et notamment sur les agissements de la jeunesse. Ils sapent les structures sociales et portent atteinte à la dignité des familles et des individus. La Syrie a adopté une politique ferme contre l'abus de stupéfiants. Il n'y a pas en Syrie de culture de stupéfiants ni de transformation de stupéfiants. La Syrie souffre du problème de transit de la drogue du fait que son territoire se situe entre les pays producteurs et les pays consommateurs. Malgré cet état de fait, la Syrie fait tout son possible, en collaboration avec les autres pays et les organes internationaux pertinents, pour neutraliser le trafic et les effets de drogue. Une loi a été adoptée en 1993 pour réprimer sévèrement les crimes associés à la drogue mais aussi pour assurer un traitement et une réhabilitation des toxicomanes. Des peines sévères ont été décrétées pour punir le trafic des stupéfiants. Une Commission nationale supérieure chargée des stupéfiants a été créée afin d'élaborer une politique générale en matière de stupéfiants. Un règlement a été adopté en 1992 pour lutter contre l'utilisation des précurseurs. Bien que le blanchiment de l'argent soit insignifiant en Syrie, des mesures ont été prises pour renforcer la répression dans ce domaine.

La Syrie poursuit des campagnes de sensibilisation à travers les médias et des programmes éducatifs. La Syrie participe activement aux initiatives et aux efforts internationaux visant à lutter contre la drogue. Elle met en oeuvre la Stratégie arabe de lutte contre les stupéfiants, a adhéré à toutes

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les conventions arabes et internationales concernant les stupéfiants, et a pris une part active aux colloques et conférences sur le sujet. La Syrie coopère avec les autres Etats en matière d'échange d'information et de lutte contre les stupéfiants. Il faut que des efforts colossaux soient faits afin de réduire la demande qui est un facteur essentiel dans le trafic des stupéfiants doit s'attaquer aux différents éléments qui sont à l'origine du phénomène des drogues. L'Organisation des Nations Unies doit permettre de coordonner les efforts internationaux. Il est nécessaire d'allouer des ressources financières adéquates aux activités des Nations Unies relatives à la lutte contre la drogue.

M. NARANDRA BIKRAM SHAH (Népal) : La communauté internationale doit relancer sa lutte contre le trafic illicite des stupéfiants qui est la cause de la déstabilisation des institutions de nos sociétés. Le consensus que la communauté internationale a dégagé, en ce qui concerne les mesures visant à lutter de manière efficace contre ce fléau, est encourageant. La participation de groupes terroristes ou criminels et le crime de plus en plus organisé dans ce domaine ont aggravé sensiblement le problème mondial de la drogue. En outre, l'apparition de stimulants de type amphétamine et des précurseurs chimiques rend le contrôle des stupéfiants de plus en plus difficile. Il est donc indispensable d'adopter des mesures concrètes pour combattre ce fléau et envisager un régime de prévention et de réhabilitation efficace et approprié à l'intention des toxicomanes.

Mme SONIA LEONCE-CARRYL (Chargée d'affaires de la Mission permanente de Sainte-Lucie) : Il y a un lien direct entre la pauvreté et le problème de la drogue. Sainte-Lucie s'efforce constamment de parvenir à un développement durable et d'offrir à sa population des conditions de vie décente de manière légale. Nous devons cependant faire face à certaines initiatives qui affaibliront la compétitivité de notre industrie bananière déjà fragilisée par une décision de l'Organisation mondiale du commerce. C'est ce qui explique que nos producteurs de bananes se tournent vers les cultures illicites mais plus rentables de la marijuana et d'autres substances prohibées dans le but de sortir de la pauvreté et du chômage. En outre, des milliers de criminels étrangers à la région, se livrent chez nous à des activités criminelles, y compris au trafic de drogues. Comment notre région peut-elle faire face à ce grave fléau ?

Face à cette situation, nous devons nous doter de sources de revenus plus diversifiées. Un bon nombre de pays des Caraïbes se sont tournés vers les services financiers. Bien que les sommes d'argent "sale" qui transitent dans la région soient relativement modestes et que d'importants efforts pour empêcher le blanchiment de l'argent y soient déployés, les Caraïbes ne cessent d'être considérées comme un paradis du blanchiment d'argent. Que nous reste- t-il pour parvenir à un développement durable si nous ne pouvons vendre nos bananes et si nos efforts de diversification sont sapés à la base ? C'est ce manque de sensibilité et de justice, ainsi que le désespoir qui alimentent le problème des drogues. Ce problème perdurera aussi longtemps que nous n'aurons

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pas compris que la moitié des milliards de dollars consacrés à la lutte contre la drogue devraient plutôt servir au développement humain, à l'éducation et à la santé. On peut effectivement parvenir à un monde sans drogue si l'on décide de lever le fardeau de la dette, de consacrer 0,7% du produit national brut des pays développés à l'aide publique au développement, si le commerce est équitable, si les forts acceptent de protéger les faibles et les vulnérables, et si nous nous partageons les connaissances et les technologies. Nous devrions être appuyés dans notre lutte par une communauté internationale sensible à nos problèmes et qui ne tirera pas parti de notre vulnérabilité dans le domaine les droits de l'homme.

M. ABUZED OMAR DORDA (Libye) : L'une des conditions essentielles du succès de la lutte contre les stupéfiants est le développement d'une coopération internationale dans ce domaine qui serait basée sur le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des Etats, le non-recours à la force et à la menace sur le non-recours aux pressions sur les petits pays. Une telle coopération internationale doit se fonder sur les responsabilités partagées et une approche globale du problème, en particulier la production et la distribution. La Libye n'est pas un producteur de drogue, cependant sa position géographique en a fait une plate-forme de transit. C'est pourquoi elle a adopté un cadre juridique qui réprime sévèrement toutes les activités liées à la drogue. La Libye a cherché à développer une coopération avec les pays voisins pour une action conjointe dans ce combat. La Libye a consenti d'importants efforts à tous les niveaux et en collaboration avec la société civile pour attirer l'attention sur le danger de la drogue en lançant des campagnes d'information qui s'adressent surtout aux groupes les plus vulnérables. Les efforts nationaux ne suffisent cependant pas pour atteindre l'objectif commun d'éradication du problème de la drogue, ils doivent s'accompagner d'une réelle coopération internationale et d'un respect strict des Accords internationaux dans ce domaine. Nous rejetons tous les appels favorables à la légalisation des drogues. Il est essentiel qu'il y ait en outre une coopération judiciaire entre les pays, tout en tenant compte des différences existantes entre les divers systèmes juridiques et les accords bilatéraux facilitant les échanges d'information.

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