Conférence internationale sur le financement du développement

Département de l'information - Division de l'information et des médias - New York
Monterrey, NL, Mexique
18-22 mars 2002
DEV/M/13
22 mars 2002



LES PRESIDENTS CHIRAC ET BUSH ANNONCENT LES RECENTES MESURES D'ACCROISSEMENT DE L'AIDE PRISES PAR LEUR PAYS

Le Consensus de Monterrey est adopté

Les chefs d'Etat et de gouvernement à la Conférence internationale de Monterrey sur le financement du développement ont adopté ce matin quelques heures avant la clôture de leurs délibérations le texte final de la Conférence dit Consensus de Monterrey dans lequel ils ont pris des engagements visant l'adoption et la mise en œuvre de mesures théoriques et pratiques afin de promouvoir le développement des pays du Sud et d'alléger la condition de leurs peuples.

Le Consensus de Monterrey représente une première étape, une prise de conscience, a souligné le Président Jacques Chirac, qui a appelé à des ambitions plus élevées. Cet appel a été réitéré par le Ministre de la coopération au développement des Pays-Bas, Mme Eveline Hefkens qui a jugé inacceptable de continuer à attendre les chèques six mois après l'adoption unanime de la Déclaration du Millénaire. Elle a indiqué que les Ministres de la coopération du Danemark, de la Norvège, de la Suède et des Pays-Bas ainsi que celui du Luxembourg publieront sous peu une déclaration sur l'ADP.

L'aide, quels que soient son montant et sa forme ne pourra se perpétuer ou être accrue que dans la mesure où l'on s'assurerait que son utilisation à bon escient engendre des résultats positifs concrets, a dit en substance le Président des Etats-Unis. M. George Bush a indiqué que son pays avait récemment pris des mesures pour accroître son aide aux pays pauvres.

Outre les délégations déjà citées, les chefs d'Etat et de gouvernement ainsi que les Ministres et Vice-Ministres des pays suivants ont pris la parole : Arménie, Chili, Guatemala, Moldova, Bahamas, Corée, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Paraguay, Maurice, Guyana, Iraq, Pays-Bas, Mongolie, République démocratique populaire lao, Estonie, Sierra Leone, Côte d'Ivoire, République islamique d'Iran, Jamaïque, Nouvelle-Zélande, Népal, Malaisie, Australie, Portugal, Ethiopie, Géorgie, Fédération de Russie et Italie. Se sont également exprimés, les représentants de Fiji, de Trinité-et-Tobago, du Royaume-Uni, de Samoa, de la Turquie ainsi que le Président de la Commission européenne et le représentant du sénat du Mexique, au nom du Forum des parlementaires.

REUNION AU SOMMET

Echange de vues

M. ANDRANIK MARGARYAN, Premier Ministre de la République d'Arménie, a déclaré que dans ses efforts de développement, l'Arménie s'en tient aux principes de la Déclaration du Millénaire et s'efforce d'en réaliser les objectifs essentiels. Nous avons entamé une réforme de la fonction publique en vue d'améliorer notre système de gestion, de lutter contre la corruption et d'améliorer la collecte de nos recettes fiscales. L'Arménie a besoin de l'investissement étranger direct (IED) et a créé un champ juridique protégeant les investissements privés. Notre pays prépare son entrée à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Notre commerce est cependant handicapé par le blocus qu'imposent certains pays de notre région à d'autres. Nous considérons que l'approfondissement de la coopération entre gouvernements et bailleurs de fonds représente un pas important dans la facilitation de la collecte d'investissements. L'Arménie s'efforce de créer un cadre économique où le gouvernement coopérerait étroitement avec la société civile, le secteur privé et les organisations internationales. Nous espérons que les engagements du Consensus de Monterrey pourront se concrétiser, ce qui permettrait à des pays comme le nôtre de se lancer dans le développement durable.

M. RICARDO LAGOS, Président de la République du Chili, a estimé que la Conférence de Monterrey est un succès car elle a permis d'établir des mécanismes équilibrés pour répondre aux enjeux du développement et l'accès au commerce international des pays en développement. L'objectif de 0,7% du PNB alloué à l'APD n'a certes pas été atteint à ce jour par les nations développées mais M. Lagos s'est félicité des propos du Président du Gouvernement espagnol, M. Aznar, qui assurait que l'Union européenne est déterminée à atteindre au plus vite les 0,39% de leur PNB. Le Président chilien a souhaité que cette aide soit plus transparente et ne soit plus liée par les pays donateurs. L'accès aux marchés des pays riches est l'objectif des pays en développement, a ajouté M. Lagos, se félicitant des avancées réalisées dans cette voie lors de la réunion ministérielle de l'OMC de Doha. Il a appelé les dirigeants de l'OCDE à faire un effort en terme de libéralisation du commerce, soulignant que la volatilité accrue des exportations est due en partie aux mesures protectionnistes.

L'accès au financement privé est aussi important que le financement public pour les pays en développement et les pays à revenu intermédiaire, a poursuivi le Président. Ces flux de capitaux sont malheureusement très cycliques et abondent en situation de bonne santé de l'économie mondiale et se retirent en période de crise. Pourtant, ces ressources privées internationales sont fondamentales de manière permanente pour des pays émergents comme le Chili et il importe que la communauté internationale se penche sur la question de la permanence de ces flux de capitaux. Pour financer un tel mécanisme de stabilisation des flux d'investissements, M. Lagos a évoqué, par exemple, la Taxe Tobin. Abordant la question des droits de tirages spéciaux (DTS), il a souhaité que les DTS puissent être consacrés au financement de biens publics internationaux et à des programmes de recherche technologique et scientifique indispensables aux pays en développement. Il faut également créer des mécanismes pour faire face aux crises qui affectent durement le monde ces dernières années, a dit le Président, rappelant que, après la crise asiatique de 1997-98, la Turquie a traversé une crise en 2000 et l'Argentine en 2001. Il faut anticiper ces crises, a plaidé
M. Lagos, car les éléments fondamentaux du financement du développement seront réduits à néant si l'on ne prend pas de mesures urgentes et durables.

M. JACQUES CHIRAC, Président de la République française, a déclaré que la mondialisation avait apporté au monde un dynamisme économique sans précédent dans l'histoire, par la libéralisation des échanges commerciaux et un essor remarquable des sciences et des technologies. Pourtant, plus de 2 milliards de personnes vivent encore dans une extrême pauvreté et nombreux sont ceux qui meurent encore du choléra, de la tuberculose ou de la malaria, faute de traitement. Le VIH/sida ravage des populations entières, a dénoncé M. Chirac, et il constitue une tragédie humaine et un frein au développement. Le monde n'est pas à l'abri non plus du terrorisme fanatique, de la puissance tentaculaire du crime organisé, du trafic de drogues et des crises financières.

Face à ce constat, a insisté le Président Chirac, la mondialisation de l'économie exige la mondialisation de la solidarité et l'enjeu de Monterrey est précisément le rassemblement des États autour de cette question : comment mettre un terme à une situation moralement inacceptable et politiquement dangereuse ? Nous devons avoir aujourd'hui la lucidité et le courage d'une prise de conscience d'une destinée commune entre monde développé et monde en développement. A ce titre, le Consensus de Monterrey est une première étape, une prise de conscience, mais nos ambitions doivent être plus élevées. Se félicitant de l'engagement européen et américain d'augmenter leurs montants d'APD dans les prochaines années, le Président a insisté sur l'engagement pour un partenariat mondial solidaire entre mondes développé et en développement. A ce titre, il a souligné l'engagement de l'Afrique dans cette voie qui s'est manifesté par l'adoption du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD).

Le Président a rappelé que la Banque mondiale avait estimé à 100 milliards de dollars les fonds nécessaires annuellement pour remplir les objectifs du millénaire, soulignant que cette somme est le double de l'aide publique au développement allouée aux pays en développement. Cette somme est modeste comparée aux échanges internationaux, a-t-il observé. M. Chirac a fait part de quelques pistes pour soutenir le développement, à savoir une aide publique accrue, un accord international sur une allocation supplémentaire de DTS, un traitement plus ambitieux du surendettement des pays à revenu intermédiaire et un soutien à l'Initiative PPTE renforcée, et enfin l'approfondissement de la réflexion sur l'idée de taxation internationale.

S'agissant du développement durable, a-t-il poursuivi, l'enjeu est encore plus vaste, car il est clair que les prélèvements sur les ressources naturelles dépassent les capacités de la planète et il serait désastreux de ne pas mettre fin à cela. M. Chirac a appelé tous les pays à ratifier le Protocole de Kyoto. Il nous faudra prolonger Monterrey par un partenariat durable et nous devrons relever ce défi à Johannesburg par la création, par exemple, d'une organisation mondiale de l'environnement. Il a proposé cinq projets pour renforcer le développement durable, l'affectation effective de 0,7% du PNB à l'APD, un accord sur de

nouvelles ressources pour le développement, la création d'un conseil de sécurité économique et sociale, la réalisation des objectifs de Kyoto par la création d'une organisation mondiale de l'environnement et l'adoption d'une convention internationale sur la diversité culturelle qui permette à chacun de se réaliser dans un monde globalisé.

M. GEORGE BUSH, Président des Etats-Unis d'Amérique, a déclaré que les Etats-Unis s'engagent à respecter et à soutenir les espoirs des peuples du monde. Beaucoup de ceux qui assistent à cette Conférence ont consacré leurs vies à la lutte contre la pauvreté. Les enjeux sont tels que notre conscience nous impose de participer à cette lutte. Les progrès à accomplir en matière économique vont exiger des changements majeurs. Pendant longtemps les progrès de l'aide publique au développement (APD) n'ont été mesurés qu'en terme de ressources versées et dépensées et non pas en terme de réalisations et de réussite. Les pays en développement doivent encourager la liberté politique, les droits de l'homme et les investissements productifs. L'ouverture des marchés, le respect de l'être humain, l'éducation et la santé feront de chaque dollar investi dans l'APD un investissement productif. Nous travaillons dans le droit fil de l'esprit de compassion. Nous avons proposé d'augmenter de 5 milliards de dollars supplémentaires par an le niveau de notre APD. Nous voulons promouvoir le développement par la base en aidant les citoyens à se saisir eux-mêmes des outils de la connaissance et du progrès. "J'ai demandé au Secrétaire d'Etat et au Secrétaire au Trésor de réfléchir à la question et je compte travailler avec le Congrès pour faire aboutir ce nouveau pacte du développement", a dit M. Bush. L'objectif étant que les nations puissent économiquement croître en associant l'aide à de bonnes politiques. Si l'aide est bien utilisée, 4 fois plus de personnes peuvent sortir de la pauvreté par rapport aux anciennes méthodes d'utilisation de l'APD. Nous devons lutter contre le VIH/sida, et nous devons accorder plus de dons et moins de prêts qui ne seront jamais remboursés. Les pays du Sud reçoivent plus de 50 milliards de dollars d'APD, par rapport aux 200 milliards d'IED en provenance du secteur privé. Ils pourraient recevoir des sommes encore plus immenses du commerce, source de richesses, de transferts de technologies et de liberté.

En un an, la loi américaine sur la promotion de l'aide à l'Afrique a permis d'accroître les exportations de ce continent vers les Etats-Unis de plus de 1000%. Mais des efforts supplémentaires doivent être accomplis, et nous espérons que les négociations de Doha permettront de nouveaux progrès. 300 millions de personnes pourraient sortir de la pauvreté grâce au commerce. La vraie source du progrès économique est la créativité de l'être humain. Une société s'épanouit en laissant s'épanouir les talents de ses citoyens. Tous les peuples méritent des gouvernements créés par leur bon vouloir. Les systèmes économiques doivent donner des chances aux individus et aux populations. L'esprit de libre entreprise ne doit pas être limité par la religion ou la culture.

Les Etats-Unis mettent en avant la lutte contre le terrorisme, et nous remercions tous ceux qui nous soutiennent. C'est pour la liberté elle-même que nous nous battons. Nous allons mettre la responsabilité du développement sur les épaules de chaque nation. Nous choisirons la liberté et la bonne gestion au lieu des méthodes d'échec du passé et ouvrirons un nouveau chapitre dans l'histoire de notre temps.

M. ALFONSO PORTILLO CABRERA, Président du Guatemala, a estimé que malgré l'état actuel du monde, la volonté de progresser vers les engagements de la Déclaration du millénaire reste intacte. Pour lui, la Conférence de Monterrey doit lui donner un contenu concret, et reconnaître que le défi principal est la lutte contre la pauvreté. La pauvreté et la justice sociale sont les germes du fanatisme sous toutes ses formes, a insisté le Président en se félicitant que la Conférence soit ainsi l'occasion d'examiner cette question sous l'angle plus concret du financement. Le Guatemala, a-t-il expliqué, a fait un effort considérable pour accroître les taux d'imposition de façon à financer le développement et vient de conclure un accord avec le FMI qui doit être finalisé dans quelques semaines. Le Guatemala n'a pas choisi le chemin le plus facile qui est pourtant la voie la plus judicieuse. Les réformes politiques, économiques, sociales et institutionnelles devraient permettre au pays de s'intégrer dans l'économie mondiale. A cet égard, le cycle du développement adopté à Doha devrait permettre d'aboutir aux résultats souhaités dans la Déclaration du millénaire. A ce propos, le Guatemala envisage la possibilité de négociations entre l'Amérique centrale et le Etats-Unis sur l'élimination des s barrières commerciales. La Conférence de Monterrey permet de progresser vers la cohérence des institutions internationales de développement, notamment le rapprochement entre l'ONU et les institutions de Bretton Woods.

Comprenant les espoirs déçus de nombreuses parties prenantes qui attendaient des engagements plus forts dans le domaine de l'APD, le Président s'est toutefois félicité des décisions de l'Union européenne et des Etats-Unis en se déclarant néanmoins surpris que le Consensus n'aborde pas la question du financement des biens publics mondiaux. Le Guatemala, a-t-il déclaré, est malgré tout satisfait puisqu'elle voit en la Conférence le début d'un processus prometteur.

ROMANO PRODI, Président de la Commission européenne, a rappelé que pour l'Union européenne, l'année a commencé avec l'introduction de l'euro et se terminera avec l'adhésion de dix nouveaux membres. Il s'agit, a-t-il expliqué, de réunifier l'Europe sur la base des droits de l'homme et de l'Etat de droit. L'Union européenne entend d'ailleurs faire partager ces principes au reste du monde, en particulier dans la région de la Méditerranée et en Afrique. Il ne peut y avoir de mondialisation économique pacifique sans le respect des identités culturelles et des valeurs spirituelles de chacun. La culture est un cadeau qu'il faut partager encore plus que les biens. Si la société civile prend à cœur le dialogue entre les cultures, elle posera le socle des échanges commerciaux et du dialogue. Les marchés européens sont ouverts, a-t-il affirmé le Président en invoquant l'Initiative " Tout sauf les armes " en faveur des PMA. Cette initiative, a-t-il ajouté, constitue une ouverture unilatérale des marchés y compris le marché agricole.

L'Union européenne s'engage à travailler, de façon constructive, pour concrétiser les résultats de Doha. M. Prodi s'est donc montré préoccupé par les frictions récentes en matière de commerce. L'Union européenne représente de loin le partenaire le plus important du commerce dans les pays en développement. Elle veut protéger cet investissement et l'augmenter plus avant. Elle veut promouvoir des réformes et l'intégration régionale qui permettraient l'attraction des investissements. L'Union européenne entend mener une lutte acharnée contre la pauvreté. A et égard, elle juge nécessaire d'améliorer l'efficacité et le volume de l'aide publique au développement comme le prouve sa récente décision de passer 0,39% du PNB pour l'APD d'ici à 2006. Il s'agit d'un engagement très ferme qui permet une augmentation notable de l'aide, à savoir 8 milliards d'euros d'ici à 2006 qui doivent être ajoutés aux 27 milliards d'euros actuels, soit 50% d l'aide publique mondiale. La priorité sera accordée à la santé et l'éducation et à la lutte contre le VIH/sida et les autres maladies infectieuses. La mondialisation exige la coopération et le respect solidaire des institutions. Une telle coopération doit se fonder sur des règles partagées, a conclu M. Prodi.

M. VASILE TARLEV, Premier Ministre de la République de Moldova, a déclaré que cette conférence donne une possibilité exceptionnelle d'assurer au plus haut niveau des États le développement durable. Il s'est félicité de la décision des pays développés, de l'Union européenne et des États-Unis, d'augmenter leurs montants d'aide publique au développement. Cependant, a-t-il fait observer, les problèmes posés à la réalisation des objectifs de lutte contre la pauvreté et de développement économique touchent essentiellement au fardeau de la dette. Le service de la dette représente 150% du PIB de la République de Moldova et il est dès lors difficile de mobiliser des ressources nationales pour financer des dépenses sociales et les infrastructures. Aussi, importe-t-il d'alléger le fardeau de la dette des économies en transition a estimé M. Tarlev. Il a admis que la responsabilité du développement incombe en premier lieu aux pays en transition qui doivent adopter des mesures de bonne gouvernance et de réformes institutionnelles. Cependant, l'aide ne devrait pas être liée à l'état d'avancement des négociations entre ces pays et les institutions de Bretton Woods a jugé le Premier Ministre. Il a émis l'espoir de voir aboutir positivement les discussions sur le changement d'approche des institutions afin d'allouer 50% de dons et 50% de prêts. Il a plaidé pour un nouveau partenariat basé sur des objectifs clairs et transparents et a recommandé un suivi efficace de l'utilisation des ressources. La République de Moldova est prête à œuvrer avec les institutions multilatérales pour mobiliser des ressources nationales de nature à encourager les investissements étrangers indispensables à notre développement a assuré M. Tarlev.

M. HUBERT INGRAHAM, Premier Ministre du Commonwealth des Bahamas, a déclaré qu'une tension économique soutenue au niveau national est essentielle pour éliminer les pressions sociales et, au-delà, les discordes internationales. L'absence de sécurité économique provoque des déséquilibres, sources de migrations humaines. La principale question à laquelle nous devons répondre est celle de la création d'un cadre propice au développement dans les pays en développement, un cadre qui serait protecteur des investissements privés. En ce qui les concerne, les Bahamas ont réformé leur cadre d'investissement, créé un ensemble de lois propices aux investissements étrangers, et redynamisé leur secteur touristique. Ces mesures ont permis une stabilisation de l'économie, et nous nous efforçons aujourd'hui de renforcer les structures de santé et d'éducation que nous mettons à la disposition de notre population. Mais ce qui nous inquiète, c'est la volatilité de cette croissance. Les pays riches changent les normes internationales de façon arbitraire et quand cela leur convient. C'est ce qui s'est récemment produit en ce qui concerne les règlements sur les services financiers. Les Bahamas souhaitent qu'il y ait plus d'équilibre dans les prises de décisions et aussi plus de prévisibilité. Nous demandons aux pays industrialisés d'aider les petits Etats insulaires en développement à atteindre un développement durable en reconnaissant leurs vulnérabilités et en leur faisant bénéficier d'avantages spéciaux.

M. JIN NYUM, Vice-Premier Ministre et Ministre des finances et de l'économie de la République de Corée, a rappelé que son pays est passé à un rythme soutenu d'une économie faible à une économie développée. En la matière, a expliqué le Ministre, la politique a consisté à dégager un consensus national mené par un leadership politique fort; à adopter des stratégies commerciales ouvertes et les principes de la bonne gouvernance ; et à susciter l'épargne publique et privée par des mesures incitatives comme la hausse des taux d'intérêt. En Corée, l'une des stratégies vitale en matière de développement est la politique d'industrialisation par le commerce. Compte tenu des disparités des revenus que cela entraîne entre les milieux urbain et rural, les dirigeants ont mis en place un plan qui a conduit à un taux de croissance de plus 8% pendant trois décennies et une à répartition plus équitable des revenus.

Mais à partir de 1997, de nouveaux défis sont nés comme la mise en place de filets de sécurité sociale. A présent l'économie se dirige rapidement vers une économie du savoir. Le pays a intensifié ses efforts pour traiter de la fracture numérique en assurant une formation et une éducation au grand public. En gardant à l'esprit l'expérience coréenne, la communauté internationale doit prendre plusieurs mesures. D'abord renforcer la coopération internationale pour augmenter les flux des ressources vers les pays du Sud. Elle doit faciliter les flux de capitaux privés, y compris les prêts et l'IED. Enfin, elle doit promouvoir l'ouverture des marchés des pays industrialisés et encourager le partage d'expériences en matière de développement. Aucun pays ne peut espérer se développer sans un engagement fort en faveur du changement. La communauté internationale doit renforcer son appui aux pays en développement. Ce n'est qu'alors que le Consensus de Monterrey se matérialisera.

M. MAREK BELKA, Vice-Premier Ministre et Ministre des finances de la Pologne, a estimé que le Consensus de Monterrey représente un équilibre judicieux et une bonne base pour promouvoir le développement durable et une meilleure gouvernance de la mondialisation sous la forme d'un partenariat entre pays développés, pays en développement et institutions de Bretton Woods.
Il a suggéré que des mécanismes soient mis en œuvre pour mieux gérer les crises financières qui sont de plus en plus fréquentes dans le contexte de la mondialisation. Le marché mondial doit être véritablement ouvert à tous et profiter notamment aux pays pauvres, a déclaré le Vice-Premier Ministre, soulignant par ailleurs que la réalisation des objectifs du développement demeure une obligation morale et politique.

La Pologne a réussi à utiliser l'aide internationale pour promouvoir son décollage économique et, après une décennie, nous commençons à rembourser les prêts, a précisé M. Belka. Grâce à des réformes économiques parfois très contestées par les partenaires sociaux, la Pologne est parvenue à entrer dans l'économie de marché et a accédé à l'OCDE en 1996 et finalise en ce moment les négociations pour entrer dans l'Union européenne. Le Ministre a souligné que le respect de la bonne gouvernance et la recherche du consensus social le plus large pour sous-tendre les efforts de développement économique de pays. Le succès de Monterrey et de Johannesburg, a poursuivi M. Belka, ne sera pas évalué sur la base du nombre de personnalités qui y participent mais bien sur des mesures concrètes. La première est le renforcement de la capacité d'absorption de l'aide

internationale et de l'investissement privé par les pays en développement et les pays en transition vers l'économie de marché. De leur côté les pays développés devront augmenter leurs montants d'APD, a soutenu M. Belka, qui s'est félicité des décisions respectives des Etats-Unis et de l'Union européenne d'accroître dans les prochaines années leur part de PNB à l'aide.

M. JAN KAVAN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a déclaré que des stratégies nationales de réduction de la pauvreté claires et transparentes sont la première condition à remplir par les pays en développement qui veulent recevoir une aide et un engagement conséquents des pays industrialisés, des organisations internationales et du secteur privé dans leurs efforts de développement. De plus en plus, les pays en développement prennent leurs responsabilités en ce qui concerne la bonne gouvernance, la transparence des prises de décision, et la création d'un environnement juridique et économique sain.

La République tchèque se félicite à cet égard de la démarche adoptée par les Etats africains à travers le "Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique" (NEPAD) et à travers les différents documents de stratégie de réduction de la pauvreté qu'ils ont confectionnés. Notre pays considère que tous les éléments de financement du développement, c'est-à-dire les ressources domestiques, les investissements privés, le commerce international, l'APD, et la réduction de la dette, doivent se soutenir les uns les autres et se renforcer mutuellement. Notre pays soutient les efforts de la communauté internationale pour une pleine coopération de tous les Etats dans le cadre du processus de financement du développement, et nous soutenons l'adoption du Consensus de Monterrey.

M. IVAN MIKLOS, Vice-Minisre pour les affaires économiques de Slovaquie, a estimé que la Conférence de Monterrey a montré combien la cohérence des politiques nationales peuvent attirer les flux de capitaux susceptibles de compenser la chute de l'APD. Le Vice-Ministre a reconnu que certains ne peuvent prétendre se passer de l'APD. Il a appuyé les initiatives de l'Union européenne et des Etats-Unis et a manifesté la détermination de son pays à participer plus activement, par l'adhésion à différentes institutions d'intégration régionale, à la réalisation des objectifs du Millénaire. En matière de financement du développement, le Vice- Ministre a souhaité que l'on garde à l'esprit le rôle et l'importance du commerce international. A ce sujet, il a estimé que la réunion de l'OMC à Doha a véritablement lancé un cycle de développement comme le montre la dernière réunion de l'OMC qui a eu lieu le mois dernier à Genève. Seul un respect des décisions prises permettra de réaliser les objectifs du Sommet du Millénaire, a conclu le Vice-Ministre.

M. DIEGO FERANDEZ DE CEVALOS, Président du Sénat mexicain, s'exprimant au nom du Forum des parlementaires dont il était le Président, a exigé que le droit des parlementaires de participer, en leur qualité de législateurs, aux efforts de développement durable et d'élimination de la pauvreté aux côtés des gouvernements soit respecté. Car lutter contre la faim, la violence, les crises financières et les inégalités sociales suppose d'associer toutes les parties prenantes au processus de développement. Les parlementaires se sont prononcés au cours de leur Forum pour la promotion d'un véritable état de droit social pour répondre aux défis de la mondialisation. Il importe, a poursuivi M. Ferandez de Cevalos, de prendre des engagements concrets et vérifiables afin de sortir du cercle vicieux de l'histoire qui a longtemps dépossédé le faible au profit du fort. Il n'y a pas de pays pauvres mais plutôt des peuples dépossédés et l'aide s'avère être une politique de restitution dans la plupart des cas, a-t-il ajouté. Les ressources financières ne seront pas suffisantes à assurer le développement si on ne lutte pas contre la corruption. La communauté internationale doit par conséquent s'engager dans une croisade pour les valeurs de bonne gouvernance, de culture démocratique, de respect de la parité et de solidarité. Car la pauvreté physique des uns est souvent la conséquence de la pauvreté morale des autres a regretté M. M. Ferandez de Cevalos.

M. JOSE ANTONIO MORENO RUFFINELLI, Ministre des affaires étrangères du Paraguay, a déclaré que l'adoption du Consensus de Monterrey exprime l'engagement politique de tous les Etats en faveur d'une approche consensuelle de la question du financement du développement. Monterrey est le début d'un long parcours que tous les pays doivent faire ensemble pour le respect de la dignité humaine. Nous ne devons cependant pas permettre que Monterrey se résume à une longue série d'incantations et de litanies. Des engagements fermes doivent être pris pour mettre fin à l'indigence actuelle de la majorité de la population mondiale. Il est urgent d'accorder un traitement spécial aux pays sans littoral comme le Paraguay. L'APD est indiscutablement un élément important du financement du développement. Elle est nécessaire pour financer des infrastructures dont la rentabilité n'est pas immédiate. Le Paraguay partage l'avis selon lequel le commerce est le moyen le plus rapide et le plus viable pour parvenir à la croissance et au développement. Mais les pays du Sud ne pourront en tirer parti tant que l'on n'aura pas éliminé les subventions agricoles et les obstacles tarifaires que les pays riches emploient à leur avantage. L'éducation est l'instrument le plus efficace de la lutte contre la pauvreté, c'est pourquoi nous demandons que l'on nous aide à donner à nos enfants une éducation de qualité dès le niveau primaire.

M. ANIL KUMARSINGH GAYAN, Ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale de Maurice, a plaidé pour une augmentation importante de l'APD afin de réaliser les objectifs de la Déclaration du Millénaire. Si les montants annoncés par les Etats-Unis et l'Union européenne ne sont pas suffisants, ils méritent néanmoins d'être salués pour leur impact psychologique. Maurice demande un doublement des ressources de l'APD conformément aux études de la Banque mondiale. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, la communauté internationale a les moyens et les connaissances nécessaires pour gagner la guerre contre la pauvreté. Les pays pris au piège de la pauvreté doivent pouvoir compter sur la solidarité des donateurs et à cet égard, l'aide non liée est toujours insuffisante. Pour leur part, les pays en développement ont fait les efforts nécessaires en matière de réformes comme l'illustre le NEPAD. La bonne gouvernance est un long processus et c'est dans ce cadre, qu'il faut considérer la demande des pays africains de rapatrier tous les fonds détournés par leurs anciens dirigeants. Le financement du développement ne doit pas seulement être considéré comme une discussion entre pays riches et pays pauvres. Il faut tenir compte de la contribution des pays à revenu intermédiaire. Il est important, par conséquent, de ne pas compromettre leur croissance en refusant de trouver une solution à leur problème d'endettement.

M. SAMUEL INSANALLY, Ministre des affaires étrangères du Guyana, a déclaré que son pays, comme bien d'autres, avait espéré que la Conférence de Monterrey serait l'occasion de débloquer les ressources financières nécessaires pour promouvoir le développement. Malheureusement, nous sommes déçus que le résultat ne réponde pas à nos aspirations a déclaré le Ministre, tout en reconnaissant que le Consensus de Monterrey est important et représente une vision partagée des responsabilités du développement qui permettront au monde d'avancer. Il a salué les efforts de l'Union européenne et des États-Unis qui ont augmenté le montant de leur APD mais a regretté l'insuffisance de générosité de cœur de la part des pays riches à l'égard des démunis. Cette conférence doit par conséquent être considérée comme un début, a dit M. Insanally, jugeant par ailleurs que les marchés financiers internationaux sont trop concentrés et que le commerce de produits financiers conduit souvent à des chaos financiers. Il faut poursuivre la campagne de réforme de l'architecture financière internationale pour qu'elle réponde aux besoins du monde en développement, a défendu le Ministre. Il a ajouté que l'allègement du fardeau de la dette est indispensable et a souhaité que les prêts accordés à des taux préférentiels ne soient pas remis en cause dans les négociations en cours. Soulignant que l'accès aux marchés développés est important, le Ministre a revendiqué un traitement différencié des produits des pays en développement. Ce dont nous avons besoin, c'est de volonté politique pour mettre en œuvre les stratégies déjà élaborées, a dit M. Insanally, exhortant notamment les pays développés à respecter l'objectif de 0,7% de leur PNB alloués à leur APD. Le partenariat est un mot à la mode, certes, mais il doit nous permettre avant tout de définir une base plus prévisible du financement du développement, une base claire et cohérente pour permettre aux pays en développement de s'intégrer dans l'environnement mondial.

M. MOHAMMED MAHDY SALEH, Ministre du commerce de l'Iraq, a déclaré qu'au mois d'août 1987, l'Iraq et les Etats-Unis ont signé un accord bilatéral de développement économique, commercial, scientifique et technique. La guerre Iran-Iraq s'est achevée en août 1988, et l'Iraq en est sorti économiquement et industriellement plus fort. Mais un mois plus tard, en septembre 1988, le Congrès des Etats-Unis a adopté sa résolution 2763 imposant des sanctions économiques contre l'Iraq. A cette époque grâce à son leadership éclairé et à ses ressources abondantes, l'Iraq était en train de rejoindre économiquement le rang des pays développés, a dit M. Saleh. L'objectif des sanctions était donc en réalité de détruire la capacité de notre pays de parvenir au développement économique et social. Le PNB de l'Iraq était de 75,5 milliards de dollars en 1989 pour une population de 18,3 millions d'habitants, et son taux de croissance était en moyenne de 10,4% par an au cours de la période 1974-1980. La guerre menée par une coalition de pays contre l'Iraq en 1991 et les attaques quotidiennes que lancent aujourd'hui des avions américains et britanniques, sous prétexte d'une "no fly zone" imposée sans mandat du Conseil de sécurité, ont complètement détruit des projets et des infrastructures d'une valeur totale de plus de 200 milliards de dollars. L'embargo économique a aussi privé le peuple irakien de tous ses droits. Le revenu par tête d'habitant, qui était de 4.000 dollars par an avant l'embargo n'est plus que de 150 dollars. Le programme "pétrole contre nourriture" s'est transformé en programme de compensations financières au profit des adversaires de l'Iraq, et en outil de stabilisation des cours pétroliers mondiaux. Quand notre pays exporte 52 milliards de dollars de pétrole sous ce programme, l'ONU en prend 18 pour ses propres dépenses et pour des compensations. Sur les 52 milliards, notre pays n'a reçu que 17 milliards, c'est à dire de quoi donner à peine 10 dollars à chacun de nos compatriotes chaque mois. L'Iraq demande la levée de tous les embargos imposés au peuple palestinien, à la Libye, au Soudan et à Cuba. Nous demandons l'interdiction de ce genre de mesures qui, curieusement, n'ont jamais été imposées à aucun pays développé.

MME EVELINE HERFKENS, Ministre de la coopération pour le développement des Pays-Bas, a qualifié la Conférence de Monterrey de " semaine remarquable au cours de laquelle chefs d'Etat et de gouvernement, ministres des finances, de l'économie, du commerce, institutions internationales, monde des affaires, société civile, ont tenu des échanges francs et fructueux sur le financement du développement. Jamais auparavant, la réduction de la pauvreté n'a été examinée de manière aussi holistique. Jamais auparavant, le sort des populations pauvres n'a été placé aussi haut dans l'ordre du jour international. Revenant sur la décision de l'Union européenne relative à l'APD, la Ministre a estimé que la somme est importante " mais la bouteille n'est qu'à moitié remplie ". Il est incompréhensible, a-t-elle poursuivi, de voir des chefs d'Etat et de gouvernement souscrire à la Déclaration du Millénaire et déclarer, par la suite, " qu'une partie du chèque est en chemin ". Ce n'est pas acceptable, a insisté la Ministre, en relevant cependant une bonne nouvelle qui est la naissance d'une nouvelle coalition. En effet, les Ministres de la Norvège, du Danemark, des Pays-Bas et du Luxembourg ont signé une déclaration d'engagement par rapport à l'APD.

A cet égard, la Ministre a félicité l'Irlande, la Belgique et la France pour leur décision. Elle a poursuivi en espérant que l'émotion avec laquelle les Ministres des finances du G-8 ont parlé de la pauvreté les conduira à " ouvrir leur portefeuille ". La tendance est inversée, a-t-elle dit, en invoquant, outre, les discussions de ces ministres, l'adhésion de l'OCDE à l'idée qu'aucun pays à faible revenu ne devrait échouer faute d'un financement extérieur. Il revient maintenant à tous les pays riches ou pauvres de relever et d'honorer sa partie du contrat de Monterrey. Pour les pays du Sud, il s'agit de susciter l'épargne intérieure et de diriger des dépenses publiques en faveur des pauvres. Préservons l'état d'esprit de Monterrey et mettons en place un mécanisme très efficace pour contrôler la situation pays par pays, riches comme pauvres, a conclu la Ministre.

M. CHULTEM ULAAN, Ministre des finances et de l'économie de la Mongolie, a souhaité que Monterrey soit l'occasion de faire pression pour atteindre les objectifs du Millénaire et de mettre en œuvre un partenariat durable orienté notamment sur les préoccupations des pays en développement sans littoral. Pour la Mongolie, pays en développement sans littoral, l'adoption du Consensus de Monterrey est très importante a souligné le Ministre, rappelant que son pays avait fait d'énormes efforts pour promouvoir les droits de l'homme, la démocratie et la bonne gouvernance afin d'attirer les investissements publics et privés étrangers. Cependant, les réformes institutionnelles ont souvent eu des effets négatifs sur les populations les plus vulnérables et sur les secteurs de la santé et de l'éducation. Au niveau national, nous prenons des mesures pour lutter contre la pauvreté et nous avons adopté un Programme national de réduction de la pauvreté, a ajouté M. Ulaan. Le commerce et l'investissement font partie intégrante de notre développement mais les flux de capitaux sont bien inférieurs à ce que nous souhaiterions, a-t-il dit. Il a mis l'accent sur les coûts de transports et de transit élevés pour les pays sans littoral et sur la chute des cours des matières premières qui compromettent la mise en œuvre de politiques macroéconomiques saines et le développement des échanges. Il a demandé que ces questions d'accès aux marchés des petits pays sans littoral fasse l'objet d'une attention particulière lors du prochain cycle de négociation de l'OMC sur la mise en œuvre de l'ordre du jour de Doha.

M. SOUKANH MAHALATH, Ministre des finances de la République démocratique populaire lao, a déclaré que les engagements de Monterrey doivent être favorables en particulier aux PMA, aux pays sans littoral et aux petits Etats insulaires. En vue d'atteindre les objectifs de la Déclaration du Millénaire, notre pays a élaboré huit programmes prioritaires touchant notamment à la production alimentaire, à l'éducation, aux services et au développement rural. En vue de mettre en oeuvre les projets identifiés, nous avons besoin de ressources qui viendraient, sur une base régulière et prévisible, compléter les financements que nous arrivons à mobiliser au niveau national. Des pays amis, des institutions internationales et quelques entreprises privées ont commencé à soutenir nos efforts, et en tant que PMA et pays sans littoral, nous les remercions des initiatives qu'ils ont prises en vue de répondre à nos besoins particuliers. Nous attendons une pleine mise en oeuvre du Consensus de Monterrey, dont certains engagements sont cruciaux pour le groupe de pays auquel nous appartenons.

MME KRISTIINA OJULAND, Ministre des affaires étrangères de l'Estonie, a imputé les progrès de son pays, auquel certains avaient pourtant prédit une catastrophe économique, à la libéralisation de l'échange et à une démocratisation radicale. Le Ministre a mis en garde contre toute solution unique privilégiant plutôt les options les plus conformes aux situations spécifiques d'un pays. Pour elle, le plus important est de se fixer un but afin d'identifier des objectifs réalistes. L'élaboration d'un plan détaillé est un élément essentiel à l'exécution d'un programme de développement. Le succès réside dans la volonté de chacun de mettre en oeuvre les changements conformément au plan de développement. Les décisions impopulaires, qui devront être prises, doivent absolument inclure l'élimination des marchés noirs, le respect de la réglementation commerciale et la lutte contre la corruption. Tant que des politiques saines de gouvernement et un système juridique indépendant ne seront pas mis en place, aucune nation n'aura les moyens de développer un programme de développement rapide. D'ailleurs, ces reformes ont aussi l'avantage de rendre plus efficace l'utilisation de l'aide publique au développement. A la communauté internationale, le Ministre a demandé l'augmentation de cette APD et la réduction des coûts de transactions.

MME KADI SESAY, Ministre du développement et de la planification économique de la Sierra Leone, a déclaré que la Sierra Leone doit faire l'objet d'un traitement particulier car elle est engagée dans de nombreux programmes post-conflits, dont ceux de désarmement, de démobilisation et de réintégration des anciens combattants. Elle a souligné que la bonne gouvernance et la mobilisation des ressources nationales sont essentielles pour amorcer le développement. Cependant, la mobilisation de l'épargne publique et privée exige un environnement qui limite l'exode des capitaux et attire les investissements étrangers, a poursuivi Mme Sesay. Or notre pays est confronté à une situation où la carence des systèmes administratifs et financiers ne permet pas d'amorcer la mobilisation de l'épargne, ajoutant que l'accent doit être mis sur l'assistance internationale pour assurer une croissance équitable et durable. Elle a défendu l'augmentation des montants de l'APD pour renforcer la capacité des pays en développement à mettre en œuvre des réformes de nature à attirer les capitaux internationaux. Elle a demandé aux bailleurs de fonds d'améliorer les procédures d'accès à l'aide internationale estimant que le fardeau de la dette des pays en développement nécessite que les pays créanciers envisagent l'allègement de l'excès d'endettement des pays pauvres. L'initiative PPTE doit s'accompagner d'un montant additionnel de ressources et la Sierra Leone a besoin d'un allègement substantiel de sa dette, voire de son annulation pour pouvoir investir dans des domaines sociaux et dans les infrastructures. S'agissant des politiques commerciales, les bailleurs de fonds devraient aider à corriger les incidences de la chute des cours des matières premières et promouvoir l'accès aux marchés développés des produits des pays pauvres a déclaré la Ministre.

M. ABOUDRAMANE SANGARE, Ministre d'Etat et Ministre des affaires étrangères de la Côte d'Ivoire, a déclaré que la Conférence de Monterrey se tient à un moment important pour l'Afrique, celle-ci venant de présenter à la communauté internationale le NEPAD. Durement frappée par la pauvreté, la maladie, et comprenant le plus grand nombre de PMA, l'Afrique attend beaucoup du processus de financement de développement, notamment pour un soutien efficace dans la lutte contre la pauvreté. Nous saluons l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) lancée par le FMI et la Banque mondiale.

La Cote d'Ivoire est pays lourdement endetté, et elle devrait cette année atteindre le point de décision de son éligibilité au cadre de l'Initiative PPTE. La pauvreté ne saurait être résorbée et le développement réalisé sans paix sociale ni sécurité, et nous en sommes conscients. En matière commerciale, la Côte d'Ivoire et l'Afrique attendent beaucoup du prochain cycle de négociations commerciales de Doha. Toutes les actions menées en faveur de la réduction de la pauvreté et de la réalisation des objectifs du millénaire d'ici à l'horizon 2015 recevront le soutien de notre pays qui, avec le soutien de ses amis et des institutions opère son retour sur la scène internationale après la période difficile qu'elle a traversée.

M. TAHMASEB MAZAHERI, Ministre des affaires économiques et des finances de l'Iran, a convenu que si chaque pays est responsable de son propre développement, le facteur international n'est pas à ignorer. Il a particulièrement souligné les iniquités du commerce international en arguant que les échanges commerciaux demeurent une condition sine qua non à la croissance économique. Il a appelé, en conséquence, à des mesures plus ambitieuses pour éliminer les barrières commerciales dont les crêtes tarifaires et notamment pour les produits pour lesquels les pays en développement ont un avantage comparatif. L'OMC doit devenir un organe véritablement ouvert à tous, a-t-il insisté. Le Ministre a souligné l'importance de l'APD et de la bonne gestion des affaires internationales. Il a voulu que la surveillance multilatérale des politiques internationales tienne compte de l'impact des politiques des pays industrialisés sur l'économie mondiale. La coordination entre les différents acteurs institutionnels et l'OMC ainsi que l'implication continue de la société civile, y compris les ONG et les milieux des affaires, sont essentielles pour réaliser les objectifs de la Conférence de Monterrey, a estimé le Ministre, avant de souhaiter la création d'un mécanisme efficace de suivi de la Conférence.

M. K.D. KNIGHT, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, a mis en garde contre l'escalade inquiétante de la pauvreté dans le monde, accentuée par la mondialisation qui a élargi le fossé entre pays pauvres et pays riches. Sans amélioration urgente dans la mobilisation des ressources nationales et internationales pour le développement, il sera difficile, voire impossible de répondre aux objectifs fixés lors du Sommet du Millénaire. Il nous faut mettre en place un ordre économique mondial qui encourage l'équité et donne à chaque Etat la chance de pouvoir jouer toute sa part dans les échanges mondiaux. Reconnaissant l'importance de la bonne gouvernance et des réformes économiques dans le processus de développement économique, le Ministre a estimé toutefois que sans flux d'investissements, il est difficile de mener à bien des programmes de privatisation et de libéralisation qui exigent des compensations sociales. Il a demandé aux partenaires de développement de lever les barrières commerciales et douanières et de renoncer à toutes les mesures de distorsions qui font obstacle aux pays pauvres. Les pays en développement ne sont pas en mesure d'atteindre les capacités de compétition exigées par le commerce international, a souligné M. Knight, ajoutant que les mesures prises par son Gouvernement sont compromises par le fardeau de la dette. Alors que les riches deviennent plus riches et les pauvres deviennent plus pauvres, a déploré le Ministre, et il importe que Monterrey soit l'occasion de s'entendre sur des mécanismes compensatoires pour corriger les déséquilibres et amorcer un véritable développement. A ce titre, il nous est permis de considérer que le Consensus de Monterrey est une contribution modeste, a déclaré M. Knight, et nous insistons par conséquent sur la nécessité d'intensifier les efforts de développement en accordant une plus grande place aux pays en développement.

M. MATT ROBSON, Ministre du désarmement et du contrôle des armements et Ministre associé des affaires étrangères et du commerce pour l'aide officielle au développement de la Nouvelle-Zélande, a dit que le Consensus de Monterrey est un jalon important dans le soutien au développement. "Ma tâche est de convaincre le public de mon pays de l'utilité de l'aide et de la cohérence que nous devons apporter entre les politiques d'aide et les dépenses d'armement", a dit M. Robson. Pour parvenir à un consensus ici, il a fallu mettre de côté les choses importantes. Nous aurions aimé qu'il soit dit que si dix jours des dépenses militaires des pays riches étaient alloués au soutien au développement, cela pourrait éliminer la nécessité de conférences comme celle-ci. La Nouvelle-Zélande en tant qu'ancienne puissance coloniale du Pacifique assume aujourd'hui ses responsabilités dans cette zone et aurait souhaité que les autres ex-puissances coloniales en fassent de même. Nous venons de créer une agence gouvernementale spécialisée qui sera chargée de s'occuper des questions touchant à la lutte contre la pauvreté. En ces temps difficiles les partenariats sont la clé de nombreux problèmes, et notre pays est résolu à faire passer son APD de 0,4% de son PNB à 7% dans les meilleurs délais. Nous demandons instamment aux pays qui ont accumulé leurs richesses par l'esclavage et la colonisation d'assumer leurs responsabilités historiques à l'égard des peuples qui sont aujourd'hui pauvres du fait de l'exploitation et de l'asservissement qu'ils ont subi. Notre pays demande une annulation de la dette des pays du tiers monde.

M. RAM SHARAN MAHAT, Ministre des finances du Népal, a estimé que bien que tous les espoirs n'aient pas tous été remplis, le Consensus de Monterrey reste néanmoins un cadre utile pour mener à bien le partenariat nécessaire au financement du développement. Il appartient maintenant aux dirigeants de faire preuve d'engagement afin que les principes de la mondialisation fonctionnent pour tous. Les pays en développement doivent mettre en œuvre des réformes mais ils ne peuvent le faire seuls. Ils ont besoin de l'ouverture des marchés, de l'APD, de flux accrus d'IED et d'une réelle participation aux processus de décisions internationales pour mobiliser les ressources nécessaires au développement. Les pays riches peuvent et doivent contribuer à éliminer les fléaux qui s'abattent sur les pays pauvres. Ils doivent s'efforcer de réaliser les objectifs convenus en matière d'APD. A cet égard, le Ministre a félicité l'Union européenne et les Etats-Unis. S'agissant de la dette, il a souhaité l'élargissement de l'Initiative HIPC. Arguant qu'il s'agit là d'un premier pas, il a appuyé les initiatives

tendant à l'annulation pure et simple de la dette des pays les plus pauvres. L'IED ignore totalement les pays pauvres, a-t-il poursuivi, en demandant aux pays riches d'ouvrir leurs marchés pour promouvoir une croissance économique propre à attirer l'IED. Il est urgent de respecter la Déclaration issue de la quatrième Réunion ministérielle de l'OMC et l'Initiative " Tout sauf les armes " de l'Union européenne.

M. DATO AZMI KHALID, Ministre du développement rural de la Malaisie, a fait observer que, alors que les revenus des pays riches ont augmenté au cours des dernières années, l'aide publique au développement (APD) a diminué pour atteindre son niveau le plus bas. Pourtant, a-t-il poursuivi, la question du développement est indissociable de celle de la mondialisation et le fossé entre pays riches et pays pauvres doit cesser de se creuser. La mondialisation seule ne peut déboucher sur la croissance et le développement, a jugé le Ministre, regrettant que jusqu'à présent, la mondialisation se soit limitée aux affaires. La promotion d'un système économique mondial équitable est indispensable comme l'ont prouvé les crises financières en Asie. Ces crises ont mis en lumière les défauts inhérents à l'architecture financière internationale qui est inapte à faire face à la volatilité des flux financiers et à assumer les chocs financiers. Il faut par conséquent mettre en œuvre des réformes qui portent sur la transparence dans les flux de capitaux et sur la création de mécanismes de régulation des crises. L'infrastructure physique est indispensable pour le développement et nous estimons que l'APD actuelle est inadéquate pour financer les projets d'infrastructures dans les pays e développement.

La Malaisie souhaite que des programmes soient envisagés pour lever des fonds sur les marchés internationaux afin de financer ces dépenses. Il a insisté sur l'ouverture des marchés des pays riches, ironisant sur les asymétries résultant de la non-application par les pays riches des mesures de libéralisation des échanges qu'ils imposent aux pays en développement et aux pays à revenus intermédiaires. Il a estimé qu'il fallait mettre en œuvre un plan d'action et un mécanisme de suivi du Consensus de Monterrey rapidement et procéder à la création d'un cadre institutionnel au sein des Nations Unies pour poursuivre les objectifs de Monterrey.

MME CHRIS GALLUS, Ministre de la coopération pour le développement de l'Australie, a dit que son pays partage les analyses qui recommandent une plus grande cohérence et consistance dans les programmes de financement du développement. L'Australie note que les bénéfices de l'APD sont minés par les distorsions qui existent dans le système commercial multilatéral. L'agriculture crée 70% des emplois et 30% de la production économique dans les pays en développement. Mais ces pays sont souvent exclus des marchés d'exportations agricoles par les tarifs et quotas douaniers et les subventions que versent les pays riches à l'exportation de leurs propres produits agricoles. Selon la Banque mondiale, les pays industrialisés versent 350 milliards de dollars de subventions par an, soit 1 milliard par jour à la protection et au soutien de leur agriculture. Cette somme représente 7 fois le montant de l'APD. Si nous sommes sérieux sur la question du financement du développement, nous devons tout faire pour mettre fin à ces distorsions, et nous assurer que le commerce joue son rôle de moteur de la croissance des pays en développement.

M. LUIS MARQUES AMADO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Portugal, a rappelé les difficultés de certains pays industrialisés de respecter les engagements en matière d'APD. Il a toutefois estimé que les engagements de l'Union européenne témoignent du consensus mondial sur la nécessité de lutter ensemble contre la pauvreté. Les évènements du 11 septembre, a-t-il rappelé, ont montré que la marginalisation de grandes régions du monde globalisé peuvent générer des tensions politiques dont les conséquences sont difficiles à contrôler. Pour lui, la Conférence de Monterrey est une conférence historique dans le sens où elle reformule les termes du partenariat international. Si les ressources privées et publiques sont nécessaires au développement, c'est surtout la volonté politique et la détermination, aussi bien dans les pays riches et les pays pauvres, qui est essentielle. Le Consensus de Monterrey a placé le développement en tête de l'ordre du jour international. Dans ce contexte, les principes de la responsabilité politique à l'échelon national et international ; du partenariat entre pays égaux ; et du bon leadership aux niveaux national doivent être respectés. Il est également nécessaire de mettre en place un système international de développement plus démocratique et plus participatif.

MME MULU KETSELA, Ministre d'État, Ministre des finances et du développement économique de l'Éthiopie, a salué la teneur du Consensus de Monterrey et souhaité que le partenariat ébauché ici encourage les pays développés à renforcer leur appui aux pays africains en harmonisant leurs procédures de gestion de l'aide au développement (APD). Ils doivent redoubler d'efforts pour répondre aux problèmes posés par la dette et aider ces pays à remplir leurs priorités de développement a estimé la Ministre. A cet égard, le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) est une des voies africaines d'éradication de la pauvreté et ce partenariat cherche avant tout à redéfinir les arrangements entre pays développés et pays en développement. Elle a regretté les barrières tarifaires et douanières et la pratique du dumping qui ont paralysé les pays en développement dans leurs efforts pour accéder au marché international. Mme Ketsela a regretté la chute des montants d'APD au cours des dernières années, invitant les pays riches à ouvrir leurs marchés et à atteindre l'objectif de 0,7% du PNB consacré à l'APD. Elle a ensuite estimé que les termes de l'échange des produits de base doivent être stabilisés pour permettre une réduction du service de la dette dans le PIB des pays pauvres et suggéré de tenir compte de ces réalités dans la mise en œuvre de l'Initiative PPTE.

M. DAVID APTSIAURI, Vice-ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a déclaré que les progrès économiques du Mexique, pays hôte de la Conférence, sont un exemple positif pour les pays qui se lancent dans des réformes économiques libérales et veulent s'intégrer à la mondialisation. Le Consensus de Monterrey est une bonne base de travail et de mobilisation de ressources pour tous les pays. Une croissance économique durable est le meilleur moyen de promouvoir la stabilité et la sécurité internationale. L'atténuation de la pauvreté est un domaine clé des actions que mène la Géorgie, qui est l'un des pays en transition qui ont traversé des crises graves. Dans sa stratégie de réduction de la pauvreté, notre gouvernement a mis l'accent sur des réformes dans les secteurs sociaux, l'administration publique, le développement du secteur privé, et la réforme agraire.

Tout en reconnaissant la croissance comme moteur de la réduction de la pauvreté, nous pensons aussi qu'il est impératif d'assurer des services sociaux aux populations. La question de la dette nous inquiète. Sa réduction peut jouer un rôle important pour assurer une sortie des longues crises que traversent des pays comme le nôtre. Mais elle devrait libérer suffisamment de ressources pour permettre des investissements productifs. Il ne faudrait pas comme c'est le cas actuellement, que les intérêts de la dette s'accroissent plus vite au point que leurs montants deviennent supérieurs à ceux de son service. Nous sommes pour la création d'un système de sécurité économique mondial qui pourrait assurer aux petits pays, comme ceux du Caucase, une place dans les courants économiques mondiaux.

M. SERGEI KOLOTUKHIN, Vice-Minisre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a souligné que le problème de la pauvreté ne peut être résolue sans une implication véritable de toutes les parties prenantes. Le rôle décisif en matière de financement doit être la mobilisation des ressources nationales, a poursuivi le représentant, en souhaitant que l'APD reste confié à un rôle complémentaire et soit utilisé avec une efficacité maximale. La pertinence de cet argument, a-t-il ajouté, est illustrée par l'expérience de la Fédération de Russie. Cependant, a reconnu le Vice-Ministre, l'aide extérieure peut jouer un rôle central dans les pays les plus pauvres en contribuant la stabilisation des situations économiques. Les conditions extérieures sont également importantes, a-t-il dit en citant le commerce international. Il a donc jugé particulièrement important d'assurer l'accès sans entrave et dans des conditions stables des produits des pays en développement aux marchés du Nord. La levée des barrières directes et indirectes permettrait d'augmenter considérablement les revenus de ces pays. Faisant part des efforts de son pays, le Vice-Ministre a souligné que son pays a annulé plus de 25 milliards de dollars de dette pour les pays pauvres et a continué d'apporter une contribution aux pays de la CEI en matière de développement. En outre, la Fédération de Russie a décidé de lever les tarifs douaniers pour la plupart des exportations des PMA.

M. ALFREDO MANTICA, Secrétaire d'État aux affaires étrangères de l'Italie, a prôné la mise en œuvre de mesures plus efficaces de mobilisation de ressources financières en faveur du développement. Il a illustré cette orientation de la diplomatie italienne par le soutien de son au NEPAD. Il a insisté sur les principes inhérents à la politique italienne d'aide au développement, à savoir entre autres la bonne gouvernance et la consolidation de la paix et de la démocratie. S'agissant de l'aide publique au développement (APD), l'Italie est déterminée à atteindre le seuil de 0,7% du PNB alloué à l'APD et répondra aux objectifs intérimaires conclu au sein de l'Union européenne. Il a précisé que la coopération italienne a également pour objectif de soutenir le développement des services marchands et non marchands des pays en développement par l'appui à des mesures structurelles.

S'agissant de l'Initiative PPTE, le Secrétaire d'Etats lui a renouvelé son engagement mais a ajouté que les pays débiteurs qui connaissent des conflits doivent dans un premier temps les résoudre tandis que ceux qui ne sont pas encore éligibles aux conditionnalités PPTE doivent s'engager résolument sur des programmes de bonne gouvernance. De leur côté, les pays créditeurs doivent maintenir les engagements pris. Il a souligné que l'Italie est disposée à souscrire des accords de conversion de la dette en programmes ayant un impact social et environnemental. Il a souligné que l'APD devait se concentrer principalement sur le soutien aux réformes des secteurs financiers et bancaires des pays en développement.

M. AMRAIYA NAIDU, chef de la délégation de Fiji, a déclaré que les forces conjuguées de la mondialisation et de la libéralisation ont élargi le fossé qui existait déjà entre pays en développement et développés. Petit Etat insulaire en développement ayant à faire face à de nombreuses vulnérabilités, Fiji lutte pour survivre, et nous espérons que la Conférence de Monterrey prendra en compte les besoins des pays les plus petits et les plus vulnérables. Il est crucial de pouvoir mobiliser un supplément de ressources financières pour soutenir le développement. La Banque mondiale estime à 50 ou 60 milliards de dollars les sommes additionnelles qu'il faudrait verser au compte de l'aide publique au développement. Nous avons besoin d'engagements fermes des pays les plus nantis pour pouvoir réaliser les objectifs fixés dans la Déclaration du Millénaire. Les pays riches doivent créer plus d'opportunités pour les nations pauvres. C'est à cette condition que nous pourrons faire face à la pauvreté extrême, au VIH/sida, et aux autres maux qui créent le désespoir et la misère.

MME SHEELAGH de OSUNA (Trinité-et-Tobago) s'est félicitée de ce que la Conférence de Monterrey ne soit pas une fin en soi mais un point de départ. Trinité-et-Tobago, se heurte à des problèmes lorsqu'il s'agit d'attirer l'investissement étranger dans des secteurs non pétroliers. C'est la raison pour laquelle le pays encourage des partenariats entre les secteurs public et privé. La représentante s'est, par ailleurs, félicitée de l'accent mis, dans le Consensus de Monterrey, sur le financement durable de la dette. En tant que petits pays insulaires en développement, elle a " imploré " la communauté internationale pour qu'elle fasse en sorte que les programmes d'allègement de la dette ne représente pas un fardeau supplémentaire pour les pays. Les petits pays de la région, a-t-elle poursuivi, investissent la majeure partie de leur PNB dans le service de la dette tandis qu'ils doivent relever les grands défis du développement. Dans ce contexte, les échanges commerciaux restent un élément essentiel du financement du développement. Il revient à la communauté internationale de garantir la stabilité des prix des matières premières. Elle s'est, en matière de commerce international, s'est dite encouragée par la Déclaration de Doha qui a appelle à une véritable libéralisation commerciale. Elle a conclu sur la nécessité pour la communauté internationale de respecter les engagements pris dans le Programme d'action de la Barbade, en particulier en ce qui concerne la mise au point d'un index de vulnérabilité aux catastrophes naturelles.

M. TUILOMA NERÓN SLADE, chef de la délégation du Samoa, a déclaré que le Consensus de Monterrey est une étape importante vers le Sommet mondial de Johannesburg. L'APD reste critique pour les petits Etats insulaires en développement, a dit M. Slade. Samoa est attachée à la promotion des capacités de sa population, qui est sa seule vraie ressource. Nous aimerions recommander à la communauté des donateurs des partenariats sur la base d'accords régionaux, ce qui assurerait une efficacité accrue aux actions de soutien au développement. Le renforcement des capacités est un domaine dans lequel nous avons apprécié les apports d'organisations internationales comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et nous demandons que leurs moyens soient renforcés. Concernant la protection de l'environnement qui revêt un caractère vital pour nous, nous espérons que le Fonds de l'environnement mondial (FEM) verra ses ressources augmentées et son mandat renforcé.

M. BARRIE IRETON, chef de la délégation du Royaume-Uni, a souhaité que le Consensus de Monterrey soit appliqué au plus vite et a jugé qu'il constitue une base solide de mobilisation des ressources indispensables au développement. Il a invité la communauté internationale à mettre en œuvre l'ordre du jour de Doha pour intégrer les pays en développement dans le commerce mondial. A cet égard, il a recommandé le dégagement de ressources additionnelles de Droits de tirages spéciaux (DTS) pour l'aide au développement. S'agissant de la part du PNB allouée à l'APD, il s'est félicité des dispositions prises au sein de l'Union lors du Sommet de Barcelone. Il a annoncé que son pays comptait répondre aux objectifs de l'Union européenne.

M. ERGUN PELID (Turquie) a souhaité une déclaration solennelle dans laquelle la communauté internationale affirmerait que le développement fondé sur des politiques spécifiques doit dominer l'ordre du jour international. Il a regretté que l'on n'ait pas invité le Groupe des 20 à faire partie du Consensus comme organe dans lequel des réunions régulières sont tenues sur des questions intéressant tous les pays telles que le développement, la gestion ou les finances.



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