Conférence internationale sur le financement du développement

Département de l'information - Division de l'information et des médias - New York
Monterrey, NL, Mexique
18-22 mars 2002
DEV/M/10
21 mars 2002

3e séance plénière - matin

CONFERENCE DE MONTERREY: DES INITIATIVES VISANT LE FINANCEMENT
DU DEVELOPPEMENT ONT ETE AVANCEES CE MATIN

Le Président Vicente Fox du Mexique ouvre la réunion
au Sommet de la Conférence sur le développement du financement

La réunion au Sommet de la Conférence internationale sur le financement du développement, à laquelle participent quelque soixante chefs d'Etat et de gouvernement ainsi que les dirigeants et autres experts des institutions financières internationales, a entendu ce matin, une série d'initiatives qu'ont faites notamment la Belgique et le Venezuela qui ont suggéré la création d'un fonds (Prospective Aid and Indebtness Relief) international qui sera financé par les 23 pays les plus riches du monde qui affecteraient 0,1% de leur PNB à des fins de la remise de la dette dont l'élimination a été soulignée par le Premier Ministre belge. Quant au Président Hugo Chavez du Venezuela, il a suggéré que le FMI soit remplacé par un fonds humanitaire international qui sera approvisionné par un pourcentage à déterminer de la remise de la dette, les réductions des dépenses en armements, les saisies du trafic des stupéfiants et par la taxation des transactions financières internationales. L'idée de création d'un Conseil de sécurité pour le développement et les questions économiques et sociales, avancée par la France et qui fera l'objet d'un examen de la prochaine Assemblée des Nations Unies, a été favorablement accueillie par un certain nombre de délégations du tiers monde.

La réunion au Sommet qui examinera demain le Consensus de Monterrey a été ouverte ce matin par le Président du Mexique, M. Vicente Fox, qui a dit, entre autres, que Monterrey devra être la jonction entre la croissance, le développement économique et le développement humain. M. Kofi Annan qui s'est adressé à la Conférence a dit, entre autres, que dans un monde interdépendant il fallait offrir aux pays en développement la possibilité de faire entendre leurs voix et l'assurance que leurs intérêts seront pris en compte dans le débat sur la gestion de l'économie mondiale.

M. Mike Moore, Directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a souligné la nécessité de financer le développement par d'autres sources, comme par exemple, les bénéfices provenant de la libéralisation du commerce qui devra générer près de 2 800 milliards de dollars d'ici à 2015. M. Olusegun Obasanjo, Président du Nigéria, a recommandé que les promesses économiques et les politiques des bailleurs de fonds fassent l'objet d'évaluation régulière. Car "malgré leurs paroles encourageantes, je n'ai pas obtenu un seul centime de remise de dette, alors que les paiements des intérêts du service de la dette du Nigéria creusent de 5 milliards de dollars par an le revenu de mon pays". Abordant la question du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), Le Président du Nigéria a demandé aux partenaires de développement de l'Afrique de lui apporter tout leur soutien. A ce propos, M. Jean Chrétien, Premier Ministre du Canada, a déclaré que son pays, qui accueillera le prochain sommet du G-8, a fait de la création du partenariat de développement avec l'Afrique, un exemple basé sur le NEPAD et sur une approche qui reflète et favorise le Consensus de Monterrey.

Outre les intervenants déjà cités, la réunion au Sommet de Monterrey sur le financement du développement a vu la participation des chefs d'Etat et de Gouvernement des pays suivants: Espagne (au nom de l'Union européenne), Pérou, Micronésie, Togo, Cap-Vert, Afrique du Sud, Palaos, El Salvador, Cuba, Nicaragua, Macédoine, Uruguay, Botswana, Honduras, République dominicaine, Mozambique, Jordanie, Maroc Costa Rica, Saint-Vincent-et-Grenadine, Finlande et Roumanie. Le Président de la Banque mondiale, le Directeur général du Fonds monétaire international ainsi que le Président de l'Assemblée genérale ont fait une déclaration.

La Conférence poursuivra son débat à 15 heures.


REUNION AU SOMMET

Echange de vues

M. VICENTE FOX, Président du Mexique et Président de la Conférence internationale sur le financement du développement, a déclaré qu'en ce jour anniversaire de la naissance de Benito Suarez, qui pensait que le respect du droit des autres se traduit dans la création de la paix, il était approprié de parler de la lutte contre la pauvreté, et du succès et de la prospérité dont les peuples en souffrance peuvent être bénéficiaires si le monde était plus solidaire. Les résultats obtenus à ce jour grâce aux efforts de coopération internationale pour le développement ont été décevants. Nous devons construire un nouveau siècle et jeter les ponts qui permettent la rencontre entre croissance, développement économique et développement humain. L'esprit qui anime cette réunion doit être celui du changement pour bâtir l'avenir. Monterrey doit marquer l'amorce nouvelle du développement, qui s'oppose à la marginalisation et au sous-développement. Monterrey nous donne l'occasion de nous engager dans des politiques économiques plus responsables et de les soutenir. Si l'on veut que ce siècle soit celui du développement pour tous, nous devons entreprendre des changements audacieux. C'est là l'esprit de Monterrey, qui n'est pas un événement isolé. Le Sommet du Millénaire a marqué le début d'un effort nouveau pour mettre fin à la marginalisation. Doha a marqué des avancées dans cette façon de concevoir et Johannesburg sera sans doute la finalité du débat sur le nouvel ordre du jour en faveur d'un développement pour tous. Nous ne pouvons plus accepter un bien-être qui se limite à une poignée de nations. La lutte contre la pauvreté est une lutte pour la paix entre nations. Encourageons le développement des pays dans un esprit de responsabilité et de solidarité. Nous ne devons pas décevoir tous ceux qui ont placé leurs espoirs en cette rencontre. Le moment est venu de prendre des décisions.

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que le développement exige des ressources humaines, naturelles et aussi, et de façon essentielle, des ressources financières. Nous vivons dans un monde qui forme un tout, qui n'est pas scindé en deux et dans lequel personne ne peut se sentir à l'aise ou en sécurité lorsque tant d'autres souffrent et manquent de tout. Les dirigeants du monde en développement ne sont pas venus demander l'aumône. Ils savent qu'ils ont beaucoup à faire eux-mêmes pour mobiliser les ressources intérieures dans leurs propres pays et pour attirer et faire fructifier les capitaux privés internationaux. Ce que nous demandons c'est qu'on leur donne la possibilité de faire entendre leur voix et qu'on leur donne l'assurance que les intérêts de leurs pays seront pris en compte dans le débat sur la gestion de l'économie mondiale. Ils demandent aussi que leurs pays aient la possibilité d'échapper à la pauvreté grâce au commerce, ce qui signifie que les marchés des pays développés doivent être véritablement et totalement ouverts à leurs produits et que les subventions déloyales accordées aux produits concurrents doivent être éliminées. A cet égard les promesses de Doha doivent être honorées. Ils demandent aussi l'allègement de la dette dont le fardeau est devenu insoutenable. Nombre d'entre eux disent aussi que pour s'en sortir par leurs propres moyens, leurs pays ont d'abord besoin qu'on leur tende une main secourable en augmentant de façon substantielle l'aide publique au développement (APD).

Il y a 18 mois, lors du Sommet du Millénaire, les chefs d'Etat et de gouvernement du monde entier sont convenus qu'il fallait au cours des 15 premières années de ce nouveau siècle, lancer une vaste offensive contre la pauvreté, l'ignorance et la maladie. Ils ont fixé les objectifs de développement du millénaire que toutes les études sérieuses s'accordent à reconnaître que nous ne pourrons atteindre sans une APD supplémentaire d'au moins 50 milliards de dollars par an, soit près de deux fois le niveau actuel. Cette aide doit être efficiente, c'est-à-dire assortie par exemple de la liberté pour le pays bénéficiaire de choisir les fournisseurs et entrepreneurs qui répondent le mieux à leurs besoins. L'attribution de cette aide par les donateurs sera le test le plus probant et le plus immédiat de l'esprit de Monterrey. Certains donateurs hésitent parce qu'ils ne sont pas persuadés de l'efficacité de l'aide. L'aide permet des progrès spectaculaires dans le domaine de l'alphabétisation et de la réduction de la mortalité infantile quand elle s'adresse à des pays dirigés par des responsables éclairés et dotés d'institutions efficientes. Des dirigeants éclairés peuvent aussi utiliser l'aide pour bâtir des institutions efficaces. Si l'aide est essentielle, elle n'est cependant pas le seul élément du développement, qui est un processus complexe. Il ne sert par exemple à rien d'accorder une aide aux producteurs de lait d'un pays si, en même temps, on subventionne les exportations de lait en poudre à destination de ce pays. Le processus de préparation de Monterrey, qui a conduit l'ONU, l'Organisation mondiale du commerce et les institutions de Bretton Woods à collaborer comme jamais auparavant, nous permettra de nous attaquer ensemble au problème de façon cohérente. C'est là le véritable esprit de Monterrey qu'il nous faut maintenir au cours des mois à venir.

M. HAN SEUNG-SOO, Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, a déclaré que les enjeux du développement sont le défi principal auquel doit faire face l'humanité comme l'ont admis les dirigeants de la planète lors du Sommet du Millénaire de septembre 2000. Pourtant, il faut bien admettre que la mise en oeuvre des objectifs du millénaire ont été plutôt lents jusqu'à présent. Cette conférence nous offre l'occasion de mobiliser les ressources et de galvaniser les énergies et la volonté politique pour poursuivre ces objectifs car, comme nous l'ont rappelé les événements du 11 septembre, le développement, la paix et la sécurité sont indissociables. Nous devons trouver les moyens de briser le cycle vicieux de la pauvreté, du désespoir et de la violence. Chaque pays doit assumer la responsabilité première de son développement économique et social mais pour y parvenir, cela suppose que trois conditions soient remplies. La première est l'accès aux sources de financement, nationales ou internationales, la seconde est le renforcement des capacités par un investissement dans des ressources humaines à même de gérer ces efforts de développement et la troisième est la création d'infrastructures adaptées à l'économie de marché.

Cela implique par ailleurs la bonne gouvernance, la libéralisation économique, la lutte efficace contre la corruption, le respect d'un Etat de droit transparent et l'élaboration de politiques macroéconomiques réalistes. Ces mesures sont de nature à encourager les flux d'investissements étrangers directs (IED), a affirmé M. Han Seung-Soo, regrettant que les pays en développement ne disposent pas toujours de l'épargne nationale nécessaire au développement rapide. Aussi, l'aide publique au développement (APD) doit jouer un rôle essentiel dans le développement de même que l'IED mais les exportations sont aussi une voie pour les

pays en développement d'accroître leurs ressources. Pour cela, les pays développés doivent ouvrir davantage leurs marchés aux produits des pays en développement et le Président de l'Assemblée générale les a encouragés à adopter des politiques de stimulation des importations en provenance des pays en développement.

M. JAMES D. WOLFENSOHN, Président de la Banque mondiale, a jugé intéressant que la communauté internationale se réunisse aujourd'hui au Mexique qui illustre, à bien des égards, ce qui peuvent engendrer l'ouverture des marchés, le renforcement des capacités, la création d'un environnement favorable à l'investissement et des politiques fiscales et monétaires saines, la lutte contre la corruption et l'engagement en faveur de la démocratie. Le Mexique montre aussi combien peuvent être tenaces l'inégalité et l'exclusion. Le développement est un long processus, et il ne faut guère sous-estimer les défis en la matière. Pour la première fois, un véritable consensus est né sur ce qui doit être fait. Une nouvelle génération de dirigeants existe maintenant dans les pays en développement. Beaucoup d'entre eux vont dans le bon sens. Ils ont également compris que l'aide et l'utilisation des fonds doivent être efficaces, au risque de lasser les donateurs. Ils ont en outre compris que s'ils assument leur responsabilité, ils doivent pouvoir compter sur leurs partenaires du Nord qui doivent ouvrir leurs marchés et accroître l'aide.

A cet égard, le Président de la Banque mondiale s'est félicité de la décision du Président des Etats-Unis et de l'Union européenne d'accroître l'aide. La base du partenariat existe, l'esprit de Monterrey est là. Le vrai défi est de faire vivre cet esprit. Nous abordons une nouvelle phase, a-t-il souligné, celle de la réalisation des objectifs partagés et la Banque mondiale attend avec impatience de participer à cette réalisation pour donner de l'espoir à ceux qui n'en ont plus, de faire valoir le partenariat et non la charité.

M. HORST KOHLER, Directeur général du Fonds monétaire international (FMI), a déclaré que la croissance est essentielle à la lutte contre la pauvreté. Nous devons travailler pour une meilleure mondialisation. Le monde a besoin davantage d'intégration et aussi d'une plus grande coopération internationale pour guider et façonner le processus de mondialisation. Nous sommes encouragés par le degré de consensus qui existe sur ce qui doit être accompli pour surmonter la pauvreté. Le FMI pense que le commerce est le meilleur moyen à la disposition des pays pour s'aider eux-mêmes. Nous devons travailler de manière ambitieuse pour ouvrir davantage les marchés et éliminer les subventions que versent les pays industrialisés à certains des secteurs de leurs économies et causent des distorsions graves dans le commerce mondial, et nous devons réduire les barrières au commerce qui existent aussi entre pays en développement. Ensuite, la communauté internationale doit respecter le taux de 0,7% du PNB qui doit être alloué à l'aide publique au développement (APD). L'engagement de l'Union européenne de verser 0,39% du PNB de ses Etats membres à l'APD à partir de 2006, et la récente annonce du Président Bush d'augmenter l'aide de son pays au développement, sont des signes encourageants. La réduction de la dette est un autre élément essentiel de l'effort global de lutte contre la pauvreté. Le FMI et la Banque mondiale travaillent à faire de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés un succès. Mais nous ne devons pas oublier que la possibilité d'emprunter et de prêter est un élément central de tout processus de financement du développement, et que la confiance dans les mécanismes d'emprunt est une part essentielle de toute économie moderne et d'un système financier stable.
Nous devons reconnaître que les résultats parfois décevants observés dans les réformes visant la lutte contre la pauvreté sont une démonstration et une preuve du manque de capacité institutionnelle qui affectent parfois certains pays qui ont pourtant la volonté politique d'opérer des réformes. C'est pour pallier ces faiblesses que le FMI a récemment commencé à ouvrir des centres d'assistance technique dans les Etats du Pacifique et des Caraïbes. C'est aussi pourquoi nous proposons l'ouverture de centres régionaux du même type en Afrique dans les domaines d'intervention qui sont les nôtres en vue de soutenir la Nouvelle Initiative pour le développement de l'Afrique (NEPAD).

M. MIKE MOORE, Directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a déclaré que la pauvreté est la menace la plus grave pour la paix, la démocratie, les droits de l'homme et l'environnement. Une véritable bombe à retardement contre le cœur de la liberté, a mis en garde le Directeur général, ajoutant cependant que la communauté internationale a les moyens d'inverser cette tendance. Pour y parvenir, la première voie est la libéralisation des échanges commerciaux qui permettra de mobiliser des ressources considérables pour le financement du développement. Rien que pour atteindre les objectifs d'éducation du millénaire, les rapports des organisations non gouvernementales, des organisations internationales et des gouvernements évaluent à 10 milliards de dollars les besoins annuels alors que la levée des barrières commerciales permettrait aux pays en développement de disposer de 15 fois ces montants. Pour remplir les 7 objectifs du millénaire d'ici à 2015, les besoins de financement sont de l'ordre de 58 milliards de dollars par an alors que la libéralisation du commerce libérerait près de 2800 milliards de dollars d'ici à 2015 et permettrait à 320 millions d'être humains de sortir de la pauvreté. Dans cette perspective, le nouvel ordre du jour de Doha peut apporter des bénéfices considérables au développement, a estimé M. Moore, encourageant les Gouvernements à le mettre en œuvre rapidement.

Car l'ouverture des marchés aux produits des pays pauvres peut être un moteur du développement et les pays riches doivent par conséquent renoncer aux pratiques des subventions et permettre aux pays en développement de bénéficier pleinement des règles d'un marché sans distorsions. Pour cela, il faut agir dans quatre domaines prioritaires, à savoir l'agriculture, les textiles, les crêtes tarifaires et la progressivité des droits. L'agriculture coûte aux pays riches un milliard de dollars par jour et il faut qu'ils renoncent à de telles subventions, a déclaré M. Moore. S'agissant des textiles, il a rappelé que c'était une des sources premières de revenus d'exportation des pays en développement et a souhaité qu'au 1er janvier 2005, les négociations sur " l'intégration " de ce secteur soient achevées.

Comment financer la vision de cette conférence et de ces réformes? Les restrictions imposées au commerce international coûtent à l'Union européenne, aux Etats-Unis et au Japon entre 70 et 110 milliards de dollars par an et les pertes pour les Etats-Unis en raison de leur protectionnisme sur le textile sont de l'ordre de 10 milliards de dollars par an. S'agissant des pays en développement, le Directeur général a rappelé que l'IED représente pour eux quatre fois les montants d'APD et dix fois les prêts consentis par les institutions financières, soulignant la nécessité, dans le cadre du cycle de développement de Doha, de

conclure un accord sur les investissements. Ces fonds permettraient aux pays en développement d'améliorer les infrastructures de leurs services publics et d'alléger les pratiques et de renforcer les programmes de bonne gouvernance indispensables au développement commercial et économique. Plus vite on abattra les murs entre riches et pauvres, plus vite les pays développés s'assureront que les fonds alloués à l'aide au développement sont rigoureusement gérés.

Allocutions des chefs d'Etat ou de gouvernement et des chefs de délégation

M. HUGO CHAVEZ FRIAS, Président du Venezuela, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a lancé un appel à tous les dirigeants présents pour qu'ils " rétablissent l'ordre des choses ". La vie et l'avenir des populations pauvres du monde dépendent des discussions de cette Conférence, a-t-il rappelé, en souhaitant que les participants reconnaissent, comme point de départ, que le monde est " sens dessus-dessous ". Nous pouvons et nous devons faire plus pour remettre le monde sur le droit chemin ce qui nous oblige à nous interroger d'abord sur quel type de développement nous voulons. Car souvent, le développement du Nord a été la cause du sous-développement du Sud. Dans ces conditions, qu'allons-nous financer et qu'allons-nous développer? Ce qu'il faut développer, a-t-il répondu, c'est le développement humain consacré par les Nations Unies dont les critères sont l'éducation, la santé et le revenu réel par famille. Il faut s'y atteler maintenant et commencer par ce qu'il y a de plus urgent à savoir la situation sociale du monde. Le Président a proposé en lieu et place du FMI, " qui n'est pas l'instrument idoine pour la bataille du développement ", la création d'un Fonds humanitaire international alimenté par exemple, par un pourcentage de la dette extérieure, des dépenses militaires du monde, des saisies du trafic des stupéfiants ou encore des transactions spéculatives.

Il faut agir et réaliser que le " Consensus de Monterrey " n'est pas absolu. Il contient des idées importantes et des appels lancés aux pays mais la mobilisation de ressources nationales reste une question très difficile pour bon nombre de pays. Pour le Président, il faut mettre l'accent sur la mobilisation de ressources internationales et, à cet égard, réformer le FMI qui souvent été un " poison mortel " pour de nombreux pays en développement. Il faut revoir la situation et envisager un traitement différencié par pays en fonction de son niveau de développement. Parlant du commerce international, le Président s'est demandé jusqu'à quand les pays du Nord continueront à subventionner leur agriculture tout en exigeant des pays du Sud de s'abstenir. Il faut une éthique, il faut mettre un terme à ces subventions " grossières ". Plaidant pour la réalisation de l'objectif de 0,7% du PNB, le Président est revenu sur la question de la dette qui est devenue " impossible à rembourser ". Il a indiqué qu'en trois ans, son pays a payé une somme de 13 milliards de dollars. Les pays du Sud ont payé 800 000 milliards de dollars en intérêts alors que le capital ne baisse pas mais augmente. " On paye et la dette augmente ". Il faut trouver une solution urgente à ces problèmes, a conclu M. Hugo Chavez.

M. JOSE MARIA AZNAR, Président du Gouvernement du Royaume d'Espagne, a déclaré, au nom de l'Union européenne, que de très nombreux pays continuent d'être frappés par des actes terroristes. Le terrorisme est un crime contre l'humanité et contre lequel la communauté internationale faire front commun. Nous comprenons que tous les êtres humains devraient avoir une chance dans la vie, au même titre que celle qu'ont ceux qui vivent dans les pays développés. Les défis mondiaux exigent des réponses globales, et le Consensus de Monterrey va dans cette voie. La liberté, la démocratie, la transparence, l'égalité entre les sexes, l'éducation et l'ouverture économique sont les caractéristiques des engagements du Consensus, dont nous nous félicitons. L'Union européenne est le premier fournisseur d'aide au développement. Ses Etats membres ont récemment décidé de faÇon collective à verser, en moyenne, 0,39% de leur PNB pour le compte de l'APD d'ici à 2006. En vue de continuer à soutenir les pays les pauvres, l'Union européenne respectera les accords passés avec les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) tout en se respectant les règles de l'OMC. Principal débouché commercial des pays en développement l'Union européenne a lancé l'Initiative "Tout sauf les armes", et se propose de renforcer ses capacités et programmes d'assistance technique pour aider les pays en développement à mieux participer aux négociations commerciales de l'OMC. Nous continuerons, comme par le passé à déployer des efforts pour soutenir les initiatives en faveur de la réduction de la dette. Ces actions reflètent l'engagement de l'Union européenne en faveur de l'amélioration de la qualité de la vie de tous les peuples du monde.

M. OLUSEGUN OBASANJO, Président de la République fédérale du Nigeria, a salué la contribution des institutions financières internationales à la Conférence de Monterrey. Rappelant les objectifs fixés en l'an 2000 lors du Sommet du Millénaire, il a estimé que leur réalisation exige des moyens considérables. Il a exprimé sa préoccupation face au manque de progrès réalisés au cours de ces deux années et son inquiétude face aux récentes statistiques de la Banque mondiale qui soulignent que si les tendances actuelles se poursuivaient, l'Afrique ne pourra remplir les objectifs du millénaire. M. Obasanjo a regretté la chute de l'investissement étranger direct (IED) tout en se félicitant de la décision récente des Etats-Unis et de l'Union européenne d'accroître leurs montants d'aide publique au développement (APD). En dépit des ressources faibles à leur disposition, les pays en développement doivent lutter contre une pauvreté grandissante qui constitue un des terreaux du terrorisme, a observé le Président. Il a recommandé que la fermeté des promesses et des politiques fasse l'objet d'évaluation régulière. Car, a-t-il ajouté, en dépit des paroles encourageantes des bailleurs de fonds, je n'ai pas obtenu un seul centime de réduction de la dette alors que le paiement des intérêts de la dette creuse de 5 milliards de dollars par an le revenu du Nigeria.

Abordant la question du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), M. Obasanjo a demandé aux partenaires de développement de lui apporter tout leur soutien. A ce titre, il a demandé que les tendances actuelles évoluent et a jugé que cela exige une réduction de la dette, une augmentation de l'APD et une mobilisation de l'IED dans les pays développés. Il a proposé que les dirigeants présents à Monterrey se mettent d'accord sur des principes reposant sur trois piliers, à savoir l'engagement des pays en développement pour une gouvernance responsable, et pour les pays industrialisés, une augmentation de l'APD pour atteindre d'ici à 2007 le seuil de 0,5% de leur PNB. Enfin, il a prôné un engagement commun pour renégocier les tarifs douaniers afin d'activer un des leviers les plus efficaces de mobilisation des investissements qui sont cruciaux pour le développement.


M. ALEJANDRO TOLEDO MANRIQUE, Président du Pérou, a rappelé que ces derniers moins, la question du lien entre la responsabilité nationale et la responsabilité multilatérale dans la recherche d'un système économique mieux articulé a été examinée. L'expérience du Pérou a montré qu'il est possible d'assumer la responsabilité nationale. Le Pérou vient de réaffecter les fruits d'une réduction de 20% des dépenses militaires aux secteurs de la santé et de l'éducation. Le Pérou travaille avec les pays voisins pour réduire ensemble les dépenses militaires et créer ainsi un espace où l'investissement dans la santé, l'éducation, les activités productives seront prioritaires. Cependant, cela ne peut suffire, a mis en garde le Président. La responsabilité nationale exige un espace multilatéral qui bénéficie à tous. C'est pourquoi, a-t-il dit, le Pérou appuie l'alliance globale qui permettrait de rendre plus efficace le financement du développement. Cette alliance doit défendre une structure commerciale plus équitable fondée sur la Déclaration ministérielle de Doha, et veillant à ce que les courants de capitaux internationaux ne déstabilisent pas les économies faibles, et prévoyant un mécanisme de suspension des paiements en cas de crise. Le but est que la mondialisation et la concurrence présentent un visage humain et soient une réalité qui inclut au lieu d'exclure. Le Président s'est félicité que la Conférence soit sur le point d'adopter une déclaration qui " marquera un premier pas dans l'alliance mondiale ". Il faut y souscrire avec conviction et passer le plus rapidement possible à sa phase de mise en œuvre, a-t-il souhaité.

Commentant les évènements intervenus ce matin dans son pays, le Président a souligné que le terrorisme ne peut entraîner qu'une réaction ; la violence et l'intolérance et semer la méfiance et l'incertitude. Pour lui, le développement implique donc une lutte ferme et décidée contre le terrorisme. Il y a à quelques heures, a-t-il rappelé, le Pérou a été frappé par une nouvelle attaque terroriste lâche, tuant 8 huit personnes et blessant 30 femmes. Il s'agit, a-t-il dit, d'un attentat d'origine obscure qui s'efforce de frapper un peuple qui a montré sa volonté de reconstruire sa démocratie et de s'engager résolument dans le développement. Le Pérou connaît le fléau du terrorisme. C'est pourquoi, il a re rejeter immédiatement les attentats du 11 septembre, et proposé une Convention interaméricaine contre le terrorisme.

M. LEO FALCAM, Président des Etats fédérés de Micronésie, a déclaré que le manque de ressources naturelles, une extrême dépendance du commerce international, une vulnérabilité de plus en plus accrue aux catastrophes naturelles et à celles dues à l'action humaine, et des difficultés extrêmes de transport et de communication, caractérisent l'économie de la Fédération de Micronésie. Ces problèmes sont aussi à la base des difficultés que rencontre notre pays pour s'intégrer à la mondialisation. Notre pays souffre du manque d'investissement et des difficultés d'emprunt auxquelles il fait face, et qui seraient, selon les milieux financiers, justifiées par notre "manque de capacité d'absorption". Les ressources nationales des pays en développement ne leur permettent pas de se développer. Notre industrie du coprah, principale source de nos revenus à l'exportation, s'est effondrée, du fait de notre faible compétitivité. Nous pensons que les résultats de la Conférence de la Barbade et ceux de sa conférence d'évaluation qui a eu lieu aux Nations Unies, devraient être sérieusement pris en considération au moment où débuteront les négociations commerciales du cycle de Doha.


M. AGBEYOME MESSAN KODJO, Premier Ministre de la République togolaise, a estimé que les progrès d'aujourd'hui ouvrent des temps d'incertitude tant les changements sont rapides et s'accompagnent de l'accroissement de la pauvreté dans le monde. C'est pourquoi la lutte contre la pauvreté ne saurait masquer les responsabilités de la communauté internationale ni occulter les efforts communs que nous devons mener dans ce domaine, a souligné le Premier Ministre. Les trois personnes les plus riches du monde ont une fortune supérieure au PIB total des 48 pays les plus pauvres, a dénoncé M. Kodjo, jugeant qu'il n'est pas tolérable que les pays du tiers monde s'enfoncent dans le marasme à cause du poids de leur dette extérieure qui est passée de 1300 milliards de dollars en 1992 à 2100 milliards en 2000, progressant ainsi de 62%. De telles difficultés, a-t-il ajouté, nous éloignent de la théorie de l'allocation optimale de ressources. A l'aube du XXIe siècle, près de la moitié du continent vit en dessous du seuil de pauvreté, soit un dollar par jour, a-t-il regretté, soulignant que la promotion d'un taux de croissance de plus de 7% du PIB par an pendant les 15 prochaines années doit demeurer une priorité pour le continent africain.

M. Kodjo a mentionné l'adoption, au cours du 37e sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), de la Nouvelle Initiative africaine ou NEPAD, et a prôné l'établissement d'un véritable dialogue entre les politiques de développement pour mieux assurer la justice et l'équité dans le partenariat. Une plus grande solidarité devrait par ailleurs réunir les investisseurs étrangers et les pays hôtes dans une vision à long terme du développement. L'efficacité du partenariat, a déclaré le Premier Ministre, suppose que les pays en développement, africains en particulier, expriment clairement leur volonté de réformes qui permet d'offrir aux investisseurs les meilleures conditions de profit. A cet effet, il a lancé un appel à toute la communauté internationale et aux pays riches en vue de l'accroissement des IED et de l'APD qui n'ont cessé de diminuer au cours de la dernière décennie. Concernant la dette, M. Kodjo a demandé son annulation pure et simple dénonçant son poids sur les économies des pays en développement. Il est également temps, a déclaré M. Kodjo, que la communauté internationale se penche sur la possibilité de donner corps à une taxe internationale sur les transactions financières internationales évaluées par la CNUCED à 750 milliards de dollars par an, soit le tiers de la dette des pays en développement.

M. GUY VERHOFSTADT, Premier Ministre de la Belgique, a déclaré que malgré le texte du Consensus du Monterrey, il serait difficilement acceptable que les dirigeants présents à la Conférence ne tentent pas au moins, " eux qui portent l'ultime responsabilité politique devant la citoyenneté mondiale ", de négocier le plus grand dénominateur d'une position commune. Il a souhaité que la Conférence de Monterrey ne débouche pas sur une " déclaration banale ", qui enlèverait toute signification à cette réunion qui se tient au niveau le plus élevé ". Nous ne pouvons pas quitter ce sommet sur un engagement équivoque. Car le seul résultat serait de précipiter la partie la plus pauvre de notre humanité dans le scepticisme et le désarroi. Vraiment nous devons sortir du rituel, des textes convenus et des déclarations doucereuses, a insisté le Premier Ministre. Il a proposé une première piste consistant à fixer un calendrier précis pour ce qui est de la mise en œuvre de l'objectif de 0,7% du PNB à l'APD. Il a annoncé, à cet égard, l'intention de son pays d'atteindre cet objectif en 2010, en soulignant qu'en la matière le Consensus de Monterrey est décevant et risque d'être ressenti comme un aveu d'échec annoncé. Comme deuxième piste, le Premier Ministre a proposé la remise de la dette. Il a indiqué que son pays a conçu une proposition concrètes, intitulée " Prospective Aid and Indebtness Relief " ou initiative " PAIR ". Il s'agit de créer un fonds financé par les 23 pays les pays riches qui affecteraient chacun, durant les 15 prochaines années, 0,1% de leur PNB. Ceci permettrait de réduire, de manière accélérée, la dette des 49 pays les plus démunis et d'y financer des nouveaux programmes de développement humain. Le Premier Ministre a fait part de son intention à la réunion ministérielle de l'OCDE qu'il présidera en mai à Paris et a adressé un appel au Secrétaire général de l'ONU pour qu'il fasse examiner cette proposition par le Secrétariat. Il a placé sa troisième piste dans le cadre des négociations au sein de l'OMC. Il a jugé important de mettre plus que jamais l'accent sur les pays en développement. Concrètement, a-t-il précisé, cela signifie de consacrer le principe de " Tout sauf les armes " et de supprimer les subsides à l'exportation pour les produits en provenance de nos pays.

M. JEAN CHRETIEN, Premier Ministre du Canada, a déclaré qu'il est essentiel de relever le défi d'établir un véritable partenariat. Par leurs politiques, les dirigeants des pays en développement doivent instaurer un cadre propice à une croissance durable et à des investissements privés productifs. Ils doivent notamment démontrer leur engagement envers une bonne gouvernance et l'Etat de droit, adopter des politiques financières et monétaires saines, et accroître la transparence. Le défi qui se pose aux dirigeants des pays industrialisés consiste à récompenser ces efforts au moyen d'une aide efficace. Le Consensus de Monterrey servira à orienter notre action commune en vue de relever ces défis. Au nom du G-8, le Canada a fait de l'établissement d'un partenariat avec l'Afrique une priorité, et il préconise à cette fin une approche qui reflète et favorise le Consensus de Monterrey. L'objectif que nous nous fixons est de faire adopter un plan d'action concret pour l'Afrique, issu du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), qui a été conçu par les Africains eux-mêmes. Ce plan repose sur le principe selon lequel les Africains sont en premier responsables de leur développement et implique de solides engagements envers la bonne gouvernance. Il vise un partenariat pour résoudre les questions de la dette, des échanges commerciaux, de la fin de l'aide liée, et du partage du savoir-faire.

M. JOSE MARIA PEREIRA NEVES, Premier Ministre de la République du Cap-Vert, a prôné l'intensification de la coopération internationale pour relever les défis du développement économique et social. Procédant à l'évaluation des résultats enregistrés depuis le Sommet du millénaire, il a jugé qu'ils ne sont pas satisfaisants puisque leurs objectifs n'ont pas été atteints en raison notamment de l'insuffisance de ressources qui résulte de la diminution de l'aide publique au développement (APD) et de l'investissement étranger direct (IED). Pourtant, dans le même temps, les pays les moins avancés (PMA) doivent mettre en place les capacités humaines et financières du développement et mettre en œuvre en même temps des politiques macroéconomiques saines, a observé le Premier Ministre. Le temps est venu de mettre en œuvre le Plan d'action 2001-2010 pour le développement des PMA qui a été adopté à Bruxelles l'an dernier a jugé M. Pereira Neves. Il faut que des ressources financières nouvelles et additionnelles soient mises à la disposition des secteurs public et privé dans les pays en développement et que la lutte contre la pauvreté soit une priorité. A cette fin, a-t-il ajouté, l'aide des pays développés est essentielle pour le développement mais celui-ci repose aussi sur notre volonté et notre capacité à prendre en main nos propres destinées et nos responsabilités, a déclaré M. Pereira Neves, citant l'un des combattants de la liberté du Cap Vert, Amilcar Cabral qui disait " aussi chaude soit votre source d'eau, elle ne vous permettra pas de cuire votre riz ".

M. THABO MBEKI, Président de l'Afrique du Sud, a souligné l'urgence des questions qu'il faudra résoudre après la Conférence de Monterrey à savoir la conclusion d'un accord sur le financement du développement durable. Mais pour réaliser ce mandat, il faut revenir au mandat de cette Conférence, à savoir le financement du développement, a convenu le Président. Il a appelé les pays de l'OCDE à régler la question des plus de 360 milliards de dollars de subventions agricoles. S'agissant de l'APD, le Président a souhaité qu'elle se concentre davantage sur la lutte contre la pauvreté et le sous-développement tout en appelant à une simplification des procédures et à plus de transparence dans l'octroi de l'aide. Concernant la dette extérieure, il a souhaité un réexamen approfondi des termes et des conditionnalités applicables à l'Initiative HIPC/PPTE. Ce qui importe surtout, a-t-il estimé, c'est de s'engager dans un partenariat de responsabilité partagée entre le Nord et le Sud comme l'illustre le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). Dans le même temps, a-t-il conclu, nous devons nous attacher à améliorer la cohérence entre les institutions multilatérales pour encourager leurs chefs à entreprendre les réformes administratives nécessaires.

M. TOMMY REMENGESAU Jr, Président de la République des Palaos, a déclaré qu'il valait mieux apprendre à pêcher à un homme affamé plutôt que de lui donner chaque jour un poisson. Notre pays recherche les moyens et les connaissances qui lui permettraient de parvenir à l'autosuffisance. Nous appuyons les suggestions récentes du Président Bush des Etats-Unis, en faveur de la création d'un programme international de financement du développement qui encourage les pays ayant besoin de financements à mettre en place un certain nombre de conditions. Celles-ci devraient respecter les équilibres budgétaires, se soucier des efforts de budgétisation tournés vers la performance économique, mettre en place des audits et des évaluations strictes, des règles bancaires transparentes qui protègent les dépositaires de fonds bancaires. Ces règles devraient interdire les transactions internationales illégales et devraient fournir un soutien affirmé au développement du secteur privé. L'aspect le plus difficile du respect de ces principes vient du fait qu'il faut aussi respecter le droit de chaque nation à définir elle-même son propre plan de développement, car les succès ne peuvent être atteints que quand les pays et les peuples s'approprient véritablement ce processus et sa mise en oeuvre.

M. FRANCISCO GUILLERMO FLORES PEREZ, Président de la République de El Salvador, a déclaré qu'alors que son pays fait face à des problèmes économiques et politiques aigus, il fait aussi face à des activités déstabilisatrices d'une partie de sa diaspora extérieure. En matière de progrès socioéconomique, les principales difficultés viennent des conceptions selon lesquelles la réponse aux problèmes des pays en développement devrait leur être imposée de l'extérieur et, dans l'autre sens, des accusations qui sont portées par ces pays contre les nations riches pour justifier des échecs. Chaque nation doit trouver en elle-même les ressources et le génie humain qui lui permettent de trouver des réponses appropriées à ses problèmes. La démocratie et la liberté doivent s'instaurer non seulement au niveau national, mais aussi au niveau international. Au-delà de la liberté démocratique, les pays ont besoin de paix et de stabilité pour se lancer dans un développement durable. La paix permanente est une condition indispensable du développement, dont la pauvreté est le pire ennemi. Nous ne pourrons en sortir que par le travail, et par des bénéfices tirés d'un cadre commercial international juste et équitable.


M. FIDEL CASTRO RUZ, Président de la République de Cuba, a dénoncé l'ordre économique mondial actuel qui constitue un système de pillage et d'exploitation sans équivalent dans l'histoire et les peuples croient de moins en moins dans les promesses et les belles paroles. Le prestige des institutions financières internationales a atteint un niveau inférieur à zéro, a déclaré le Président. Dénonçant un monde qui est devenu aujourd'hui un immense casino, il a déclaré que cet ordre économique avait conduit au sous-développement plus de 75% de la population mondiale tandis que plus de 1,2 milliard de personnes souffrent de conditions extrêmes de pauvreté. L'écart entre populations les plus riches et les plus pauvres est passé de 37 fois à 74 fois et les trois plus grosses fortunes de la planète totalisent à elles seules l'équivalent du PIB cumulé des 48 pays les plus pauvres, a dénoncé Fidel Castro.

Pourtant, les peuples du tiers monde n'ont pas fait le choix de l'esclavage ou du libéralisme mais ils ont toujours été les victimes des injustices des pays développés, a dit M. Castro. Le monde riche doit augmenter son aide car les engagements actuels d'aide au développement sont ridicules et pratiquement jamais honorés. Il a jugé que la taxation des transferts financiers internationaux pourrait libérer des fonds pour financer le développement des pays pauvres. Le projet de Consensus qui nous est proposé par les maîtres du monde, a poursuivi le Président Castro, consiste à nous demander de nous contenter d'une aumône qui s'accompagne de conditionnalités humiliantes en violation de notre souveraineté.

M. ENRIQUE BOLANOS GEYER, Président du Nicaragua, a souligné que le peuple nicaraguayen ne peut plus supporter la pression qui lui est imposé. Il a appelé à une plus grande qualité de la coopération et à une augmentation substantielle des montants de l'aide. Il a, dans ce cadre, jugé essentiel de réaliser pleinement l'Initiative HIPIC/PPTE et de trouver et d'éliminer les distorsions du commerce mondial ou de la répartition de l'investissement étranger direct (IED). La démocratie, a-t-il souligné, n'est pas seulement le droit de vote, la démocratie ne se mange pas. Faisant part des initiatives prises au niveau national en matière de lutte contre la corruption, le Président a proposé un marché aux pays riches : je m'engage à mettre en place un Etat où règnera le droit et la transparence et où il n'y aura trafic d'aucune sorte. En contrepartie, je vous engage à faire preuve de solidarité et à octroyer les ressources requises pour que tous ensemble nous triomphions dans la lutte contre la pauvreté.

M. BORIS TRAJKOVSKI, Président de l'ex-République yougoslave de Macédoine, a déclaré que le Consensus de Monterrey ouvre la voie à un financement stable et durable du processus de développement. Car ce dont ont besoin les populations des pays pauvres, a-t-il ajouté, ce sont, entre autres, l'emploi et l'amélioration de leurs conditions de vie. Il a prôné des efforts pour la réduction de l'écart entre riches et pauvres et a insisté sur l'importance de s'entendre sur un nouvel ordre du jour du développement qui soit le prolongement de la réunion ministérielle de l'OMC de Doha. La reconstruction de mon pays, a-t-il poursuivi, requiert la mobilisation de l'aide de la communauté internationale et de l'investissement. Nous reconnaissons que le capital national est une priorité pour attirer les investissements étrangers directs et à cette fin, la Macédoine travaille à l'harmonisation de sa législation et à la mobilisation de l'épargne nationale. De son côté, la communauté internationale doit adopter des mesures efficaces pour mobiliser les investisseurs en faveur des pays sortant de conflits comme la Macédoine, a ajouté M. Trajkovski. Nous sommes pour l'établissement d'une économie ouverte de marché et la Macédoine appuiera le nouveau cycle de négociations commerciales lancées lors de la réunion de l'OMC à Doha. Le Président a insisté sur la question de la dette, appelant les pays riches à corriger ses effets négatifs et demandant un élargissement de l'initiative PPTE renforcée à d'autres Etats. Il a suggéré l'amélioration de la coopération entre Gouvernements, institutions financières internationales et organisations non gouvernementales dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey.

M. JORGE BATTLE IBANEZ, Président de l'Uruguay, a rappelé que l'Uruguay est un petit pays de 3,4 millions d'habitants qui jouissent d'une qualité de vie plutôt enviable pour un pays en développement. Pourtant du point de vue d'un environnement international qui serait propice au développement, les choses ne se présentent plus sous un jour favorable. L'Uruguay, a affirmé le Président, continuera de travailler avec des institutions internationales de crédit tels que le FMI, la Banque interaméricaine de développement. Il souligne qu'une ouverture réelle des marchés continue d'être le meilleur mécanisme pour combattre la pauvreté. Il a, à cet égard, dit appuyer les propos prononcés ce matin par le Directeur de l'OMC.

M. FESTUS G. MOGAE, Président de la République du Botswana, a déclaré que le monde en développement et particulièrement l'Afrique, attendait de la Conférence de Monterrey qu'elle donne un coup d'accélérateur aux stratégies régionales et nationales et aux autres actions de mobilisation des ressources qui permettraient de mener efficacement la lutte contre la pauvreté, d'améliorer les conditions de santé, et l'éducation et les infrastructures des pays en développement. Au vu de la disparité qui existe entre les indicateurs de développement humain de l'Afrique et ceux du reste du monde, la condition difficile de l'Afrique devra être prise en considération par cette Conférence. Le manque de croissance économique, la mauvaise gestion et un environnement mondial non favorable aggravent les conditions de pauvreté, de malnutrition, d'analphabétisme, de sous-emploi et de mauvais logement sur le continent africain. Cet état de chose pose des dangers à la paix et à la sécurité. Nous demandons donc à la communauté internationale de soutenir le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). Le VIH/sida, qui affecte sérieusement notre pays et le reste de l'Afrique, menace tous les efforts en faveur du développement durable. Sans un surlèvement de l'APD et un renforcement des capacités d'assistance technique, nous perdrons ce combat ainsi que les progrès économiques et sociaux accomplis au cours des dernières décennies. La lutte contre le VIH/sida est un défi qui peut être relevé si la volonté politique et le soutien international nous aident à renverser les tendances actuelles de la pandémie.

M. RICARDO MADURO JOEST, Président de la République de Honduras, a souhaité que les pays développés respectent les 0,7% du PNB alloué à l'aide publique au développement (APD). Il s'est félicité de la proposition américaine suggérant des mécanismes additionnels de la Banque mondiale visant à transformer les prêts en dons pour les investissements sociaux. Il a appelé les pays riches à contribuer à cet effort de la Banque mondiale tout en soulignant que cette aide doit être associée à la mise en œuvre de politiques efficaces dans les pays en développement et d'une bonne gouvernance afin que les populations des pays pauvres retrouvent confiance dans leurs dirigeants et dans leurs institutions. Il faudrait que ces pays consolident les politiques de lutte contre la corruption et adoptent une gestion qui soit transparente. Cela permettra aux pays en développement d'investir dans les secteurs de l'éducation, de la santé et de la sécurité. Il a prôné une participation constante de la société civile aux processus de concertation entre les bailleurs de fonds et les institutions publiques. A ce titre, il a regretté la politisation de ces institutions qui par moment, font échec aux politiques de développement de son pays, soulignant les efforts de son Gouvernement pour encourager la transparence et l'ouverture des marchés.
M. Maduro Joest a ajouté que cette ouverture des marchés doit commencer avant tout au sein des pays d'Amérique centrale et a estimé que pour cela, les pays devaient trouver des solutions à leurs divergences. Le Honduras, a-t-il assuré, est prêt à assumer son rôle de partenaire dans la lute contre la pauvreté en collaboration étroite avec les autres pays de la région et les partenaires de développement.

M. HIPÓLITO MEJIA DOMÍNGUEZ, Président de la République dominicaine, a estimé que la coopération internationale continue d'être la plus grande source de financement du développement. Il a, dans ce contexte, jugé important d'obtenir un financement pour l'agriculture et le développement rural et, partant, dénoncé les dysfonctionnements du marché qui présentent des obstacles parfois insupportables pour améliorer la productivité. Le Président a, au nom des ACP, appelé à un renforcement de la coopération internationale et un système financier international adapté susceptible de venir en aide aux pays en développement. Un système commercial transparent et juste sans protectionnisme est une condition préalable au développement, a-t-il souligné, tout en appelant à des mesures urgentes en faveur de Haïti.

M. PASCOAL MANUEL MOCUMBI, Premier Ministre du Mozambique, a déclaré que Monterrey devait contribuer à faire du droit au développement une réalité. Pour renverser la tendance négative et insoutenable dans laquelle se débat la majorité de la population mondiale, notamment en Afrique, il faut réformer le système international et l'environnement économique qui sous-tend, afin de favoriser des flux additionnels de capitaux vers les pays en développement. Nous réitérons notre appel aux pays développés pour qu'ils respectent leurs engagements de verser 0,7% de leur PNB à l'APD, dont 0,15% à 0, 20% doivent aller aux PMA. Nous pensons que la responsabilité du développement repose sur les épaules de chaque pays. La bonne gouvernance, de bonnes politiques économiques, l'Etat de droit, le respect des droits de l'homme, La transparence dans les processus de décision sont des principes fondamentaux de la mise en oeuvre de tout plan de développement national. Au niveau continental, le NEPAD doit créer un cadre qui puisse conduire le continent hors de la pauvreté et jeter les bases du développement durable. Le Consensus de Monterrey fournit une excellente base de départ pour les efforts concertés dans le domaine du financement du développement. La clé de sa réussite résidera dans l'adoption de mesures efficaces de mise en oeuvre et de suivi fonctionnant sur des mécanismes pertinents. Ceci requiert une volonté politique forte et déterminée.

M. ABDULLAH BIN AL HUSSEIN, Roi du Royaume hachémite de Jordanie, a rappelé les objectifs sur lesquels la communauté internationale s'était accordée lors du Sommet du Millénaire, à savoir l'éradication de la pauvreté, la promotion du développement et la croissance économique durable. Il a estimé que la Conférence de Monterrey représente une amorce de l'histoire vers un développement humain et universel. Appelant la communauté internationale à se mobiliser pour remplir les objectifs du millénaire, il a déclaré que les dirigeants et les peuples du monde avaient aujourd'hui conscience de l'interdépendance des peuples et du fait que la croissance de chacun n'est pas durable et juste sans la croissance de tous. Le XXIe siècle nous offre l'occasion unique de travailler de concert pour le changement, non seulement à l'intérieur des pays mais aussi entre Etats et organisations internationales. Il a souligné la nécessité de l'urgence, estimant que trop de gens sont aliénés par ce qui rend si prometteuse notre terre mais demeure inaccessible pour le plus grand nombre. Résoudre les injustices sociales, économiques et politiques, a poursuivi le Roi Abdullah, exige de respecter une étape essentielle qui est la conclusion d'une paix juste et durable dans le conflit israélo-arabe. Il a prôné le respect de la bonne gouvernance, de la primauté du droit, de la mobilisation de l'investissement public et privé qui sont autant de facteurs incontournables du développement. Car, si les pays en développement ont attiré 19% des IED en 2000, ces investissements s'élevaient à 41 % en 1994 et l'APD a suivi le même déclin. Pourtant, respecter l'objectif de 0,7% du PNB alloués à l'APD coûterait très exactement deux jours et demi de production par an aux pays riches de production et permettrait de couvrir les besoins de développement de milliards d'êtres humains. Estimant que la mondialisation pouvait être inclusive, le Roi Abdullah a invité les dirigeants de la planète à promouvoir l'interdépendance dans ce partenariat mondial et a déclaré " Nous savons que nous pouvons et nous devons nous mettre tous ensemble pour faire avancer le monde ".

M. ABDERRAHMAN YOUSSOUFI, Premier Ministre du Maroc, a souligné l'ampleur des défis qui se posent aux pays en développement et rappelé que le propos, à Monterrey, est d'examiner les voies et moyens de dégager les ressources nécessaires à la réalisation du développement durable. Le contexte général de la Conférence étant marqué par la mondialisation et la violence, la Conférence a une portée stratégique qui est de rendre l'environnement international le plus propice possible au financement du développement. Dans ce cadre, le Premier Ministre a rappelé l'attachement de son pays à un renforcement de la cohérence entre les politiques économiques financières et commerciales internationales, et à une coordination renforcée entre les institutions de Bretton Woods et l'OMC. Il a, en conséquence, accueilli avec satisfaction les efforts de coopération faits par celles-ci aux préparatifs et aux travaux de la Conférence.

Il importe de saisir cette occasion pour concrétiser la volonté de servir le monde en développement. Il faut faire preuve de réalisme, de pragmatisme, d'ambition et de volontarisme. Il faut donner aux pays en développement l'occasion de participer aux processus de prise de décisions, à l'échelle internationale. L'APD revêt une importance particulière et le Maroc appelle la communauté internationale à doubler son niveau actuel d'aide. Le Premier Ministre a appelé à la recherche d'une solution définitive à la question de la dette et des iniquités du commerce mondial. La réunion de Doha ayant été une source d'espoir pour les pays en développement, il est maintenant important de traduire les choses dans la réalité. Concluant sur le NEPAD, le Premier Ministre a rappelé que l'Afrique mérite une attention particulière et prioritaire. Il a, en conséquence, rappelé la proposition de son pays de créer un mécanisme permanent de haut niveau chargé de mettre en application les décisions de la communauté internationale en faveur de l'Afrique.

M. MIGUEL ANGEL RODRÍGUEZ ECHEVERRIA, Président du Costa Rica, a déclaré que les Etats du Groupe de Rio ont convenu que la bonne gouvernance, la démocratie et l'Etat de droit sont des conditions nécessaires au progrès économique. Mais ces mesures ne sauraient à elles seules suffire, et des règles internationales justes et équitables devront être mises en place dans des domaines cruciaux tels que le commerce. Les négociations de Doha doivent prendre en compte la teneur des débats sur l'élimination des subventions agricoles et sur le commerce des textiles aux règles de l'OMC. L'accès aux marchés de capitaux privés se fait suffisamment inégal et il faudrait y intégrer des mesures favorables aux pays en développement. Il est important que le versement de l'APD en faveur du développement se fasse à un niveau internationalement agréé. Nous voyons avec optimisme les décisions récemment prises par l'Union européenne à ce sujet. Il appartient aux pays pauvres d'utiliser de façon rationnelle et transparente l'aide qui leur est fournie. Quant aux programmes de réduction de la dette, ils doivent se faire en tenant compte à la fois des besoins des pays endettés et de la superficie et des possibilités financières de chaque pays participant au fonds créé en soutien à la mise en oeuvre des différentes initiatives. Il serait injuste de faire, par exemple, peser sur le Costa Rica les mêmes normes et contraintes qu'on appliquerait au Royaume-Uni, si notre pays voulait contribuer au fonds PPTE.

M. RALPH GONSALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, a estimé que Monterrey ne devait pas être une manifestation de " déjà vu " mais plutôt être l'occasion pour la communauté internationale de s'engager à réaliser enfin les objectifs fixés en septembre 2000, au Sommet du Millénaire, et à lutter contre la pauvreté, l'analphabétisme et les maladies. Elle doit aussi être l'occasion de transformer nos faiblesses en forces, de mobiliser les finances qui ont manqué dans la réalisation des objectifs du millénaire, a déclaré le Premier Ministre. Monterrey devrait être considérée comme une occasion unique de préserver notre civilisation de la barbarie, de la pauvreté, du sous-développement et du terrorisme. Ces obligations s'imposent à tous, le monde des affaires, la société civile et les pouvoirs publics doivent s'investir dans ce partenariat pour le développement. Le projet de Consensus de Monterrey ne satisfait pas dans tous les détails mon pays mais nous nous engageons tout de même à poursuivre ses objectifs. Chacun des éléments de ce nouveau pacte mondial est lourd de controverse, a déclaré le Premier Ministre, exhortant les dirigeants à poursuivre un dialogue sur les enjeux du développement. Il a jugé que les niveaux d'aide que les pays riches accordent sont inadaptés pour un véritable développement, tout en reconnaissant que les pays riches n'ont pas totalement manqué à leurs engagements. Cependant, a précisé M. Gonsalves, l'APD va dans l'intérêt des pays riches car le développement des pays pauvres libérera le monde de certaines menaces. Il a jugé que l'aide internationale ne peut plus être conditionnée et a appelé les donateurs à doubler les montants de leur APD.

M. STJEPAN MESIC, Président de la Croatie, a plaidé pour que tous les membres de la communauté internationale aient une chance égale d'ouvrir le cycle de leur propre développement, en avouant néanmoins que les pays sous-développés n'en ont tout simplement pas les moyens. Il a estimé que c'est là où les " pays développés doivent entrer en jeu et ce, dans leur propre intérêt ". Les pays développés doivent intervenir parce que la misère, la pauvreté et la dépendance créent un environnement favorable au terrorisme et engendrent désespérés qui sont faciles à influencer par des arguments religieux ou idéologiques abusifs ou liés simplement à une lutte pour l'exercice de droits. Le recours à la force est nécessaire et inévitable pour lutter contre les terroristes et ceux qui les abritent. Mais cette guerre n'aura qu'un succès éphémère si la communauté internationale ne s'engage pas dans une action à long terme visant à arracher de l'environnement mondial les germes du terrorisme. La mondialisation est un processus qui ne peut être arrêté. Mais nous pouvons passer de la mondialisation, de l'enrichissement et de l'appauvrissement à la mondialisation du développement, a conclu le Président croate.

MME TARJA HALONEN, Présidente de la République de Finlande, a rappelé les engagements pris lors du Sommet du millénaire pour réduire de moitié la part de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté dans le monde. Elle a ajouté que la communauté internationale, au lendemain des attaques du 11 septembre, avait pris conscience des menaces qui pèsent sur le monde et pris conscience de la nécessité de promouvoir l'interdépendance. Certains pays doivent disposer d'une aide pour se développer, a-t-elle ajouté, et la croissance de l'aide internationale est indispensable. D'ici 2007, la Finlande augmentera à 0,4 % de son PNB sa part d'APD a-t-elle annoncé, lançant également l'idée de créer une loterie mondiale pour mobiliser l'investissement privé car l'APD ne peut couvrir à elle seule les besoins des pays en développement. La prochaine tâche de l'Organisation mondiale du commerce est de libérer les échanges et de créer les conditions d'un commerce équitable, a précisé Mme Halonen. La Finlande demande à cet égard la mise en oeuvre des mesures convenues dans la Déclaration ministérielle de Doha. Les produits et les services provenant des pays en développement doivent avoir un accès équitable aux marchés des pays développés a déclaré la Présidente, ajoutant que conformément à l'initiative " Tout sauf les armes ", la Finlande avait diminué les taxes sur les produits en provenance des pays en développement. La mondialisation peut être une ressource, un instrument de progrès mais malheureusement certains fossés se creusent entre pays et au sein des pays, d'où la nécessité de promouvoir une meilleure interaction entre les pays en développement a conclu Mme Halonen.

M. ION ILIESCU, Président de la Roumanie, a estimé que l'implication des Nations Unies dans la formulation de réponses appropriées aux problèmes socioéconomiques auxquels sont confrontés les pays en développement est à la fois nécessaire et naturelle. Dans son discours, le Président s'est attardé sur le commerce international et a demandé à l'OMC d'établir des règles claires pour un fonctionnement efficace des marchés et de surveiller leur mise en œuvre afin de prévenir toute action abusive des forces dominantes du marché mondial. Il a mis en garde contre la tentation d'ignorer ou de minimiser les risques inhérents à l'ouverture des marchés ou de considérer la libéralisation du commerce comme la panacée à tous les problèmes de développement. Il a appuyé les conclusions de la Banque mondiale et du Rapport Zedillo sur la nécessité de doubler le niveau actuel de l'APD. L'élimination de la pauvreté, de la famine et des maladies sociales et le rétrécissement du fossé en matière de développement doivent devenir une priorité pour la communauté internationale, a souhaité M. Iliescu.

Il faut une implication plus active des pays désavantagés et des pays à économie en transition, bénéficiaires de l'assistance internationale, dans le processus de prise de décisions des organisations économiques internationales et une meilleure prise en compte de l'avis de ces pays, a estimé le Président. Il faut réfléchir aux moyens de diminuer les coûts du financement du développement, notamment par la restructuration et une meilleure gestion de la dette des pays pauvres. Dans le même temps, il est impératif d'harmoniser les exigences du développement avec celles de la prévention des crises économiques et financières.

La Conférence de Monterrey, a dit M. Iliescu, doit chercher à mettre sur pied une alliance internationale visant à allouer, d'une manière équitable, les ressources pour le financement du développement durable et à renforcer la coopération internationale afin de résoudre les problèmes économiques, financiers, commerciaux et sociaux. Le temps est venu, a conclu le Président, de penser à la mise en place d'un Conseil de sécurité économique et social aux Nations Unies pour permettre une meilleure coordination et une efficacité accrue de tous les projets complexes de développement.


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