Au cours de la dernière
moitié du vingtième siècle, les politiques
internationales ont visé à réduire les droits
de douane et autres barrières commerciales - largement
imposés par les priorités des pays développés.
Récemment, et en particulier depuis Doha, l'attention se
porte sur la question des barrières à l'exportation
toujours élevées pour de nombreux pays en développement.
Il est estimé que de telles barrières coûtent
aux pays en développement 130 milliards de dollars par
an.
La seconde moitié du vingtième
siècle a été témoin d'un important
boom économique mondial. Entre 1950 et 2000, le volume
du commerce mondial a augmenté, en moyenne, à un
taux de 6,2% par an, dépassant le taux de croissance de
3,8% de la production mondiale. Deux facteurs ont, en ce sens,
joué un rôle significatif : la libéralisation
des échanges et la baisse des coûts du transport
et des communications.
Après huit séries depuis
la deuzième Guerre mondiale, de négociations commerciales
multilatérales, dont l'apogée a été
la création de l'Organisation mondiale du commerce, le
niveau moyen des tarifs douaniers a chuté d'environ 40%
à moins de 6% dans les années 90. En moyenne, les
pays en développement qui ont nettement baissé leurs
droits de douane dans les années 80 ont eu, dans les années
90, une croissance plus rapide que ceux qui ne l'ont pas fait.
L'engagement envers une plus grande libéralisation économique
est aujourd'hui pratiquement universel. A Doha, au Qatar, les
142 membres de l'OMC se sont mis d'accord, en novembre 2001, pour
négocier sur une série de problèmes clés
présentant un intérêt particulier pour les
pays en développement , tels que la réduction des
subventions à l'agriculture, l'amélioration de l'accès
au marché des produits non issus de l'agriculture par réduction
ou élimination des barrières douanières et
l'abus des lois anti-dumping.
S'exprimant lors de la réunion préparatoire de janvier
pour la Confence internationale sur le financement du développement,
le Secrétaire général des Nations Unies,
Kofi Annan, a demandé à ce que la réunion
de Monterrey se serve de l'élan acquis à Doha, où
a été faîte la promesse d'un nouvel agenda
de négociations commerciales qui prenne en compte le développement.
Eliminer la dépendance vis à
vis des matières premières
La plupart des pays en développement
exportent encore en grande partie des matières premières
: des produits alimentaires, des carburants et des minéraux.
De plus, pour plus de 50 pays en développement - comprenant
les deux tiers des 22 pays de l'Initiative à l'égard
des pays pauvres les plus lourdement endettés (décrite
dans les informations de base du dossier de presse sur la dette)
- plus de la moitié des revenus du commerce extérieur
proviennent encore de trois matières premières au
plus.
La dépendance excessive vis à
vis des matières premières rend de nombreux pays
en développement très vulnérables aux fluctuations,
à court terme, des prix. Sur le long terme, ces pays doivent
faire face au problème de la baisse du prix de leurs exportations
par rapport aux prix des principaux biens manufacturés
qu'ils importent.
Il est évident que les pays en développement
doivent diversifier leurs exportations, notamment en passant à
l'exportation de biens manufacturés et de services. De
nombreux pays en développement, en particulier en Asie,
l'ont en réalité déjà fait. Selon
une étude de la Banque mondiale, près de 24 pays
en développement, soit 3 milliards de personnes au total,
ont doublé leurs revenus par rapport à la masse
de leurs échanges commerciaux au cours des vingt dernières
années. Dans plusieurs d'entre eux, les produits manufacturés
(les textiles, les équipements légers et les productions
techniques) représentent maintenant l'un des principaux
composants du commerce extérieur. Ceci indique que passer
du commerce des matières premières au commerce des
biens manufacturés est en fait possible de même que
l'est la diversification entre différents groupes de matières
premières.
La capacité comme l'opportunité
d'accroître les exportations est un élément
critique pour la réduction de la pauvreté à
long-terme. Comme l'est aussi la capacité d'instaurer des
engagements à l'égard des politiques commerciales
et de participer efficacement au développement des politiques
internationales qui, pour de nombreux pays en développement,
nécessitent une assistance technique supplémentaire.
L'accès au marché
Dans les économies développés,
les droits de douane et les restrictions à l'importation
ont tendance à être comparativement élevés
pour les produits agricoles et autres biens dont la production
nécessite un travail intensif. Ce sont ces produits que
de nombreux pays en développement peuvent exporter de manière
concurrentielle. Pour certaines catégories de produits,
les pays en développement doivent non seulement être
efficaces mais aussi entrer en concurrence avec les producteurs
des pays développés qui bénéficient
de subventions élevées comme en particulier les
exploitants agricoles.
Les pays développés ou relativement
avancés économiquement, membres de l'Organisation
pour la coopération et le développement économique,
distribuent des subventions agricoles qui, en 1999, ont atteint
361 milliards de dollars - plus que le produit national brut de
l'Afrique sub-saharienne toute entière. De plus, une grande
partie des exportations non agricoles en provenance des pays en
développement sont limitées par des droits de douane
particulièrement élevés ou des droits de
douane qui augmentent avec le degré de traitement des produits
de base. Ceci décourage donc les pays en développement
de tenter de distribuer ces produits à plus haute valeur
ajoutée. Même lorsque les pays en développement
parviennent à pénétrer sur les marchés
des pays développés, ils sont parfois injustement
accusés de "dumping" (vendre au dessous du prix
correct du marché) et deviennent la cible d'amendes "anti-dumping".
Accroître l'accès au marché
pour les exportations des pays en développement doit se
faire en complément d'un effort concerté pour garantir
que tous les pays, notamment ceux qui font face à des problèmes
particuliers, sont en mesure de bénéficier de la
libéralisation du commerce. Une étude récente
estime que la levée de toutes les barrières commerciales
pourrait apporter aux pays en développement un bénéfice
d'environ 130 milliards de dollars par an (aux prix actuels et
pour ce qui concerne uniquement les revenus du commerce des marchandises)
- réduisant les 50 millions de dollars supplémentaires
en aide publique au développement, nécessaires annuellement
pour atteindre les Objectifs de développement du millénaire
établis pour 2015.
En dehors de l'agenda de négociations
sur lequel se sont mis d'accord les participants de la Réunion
ministérielle de l'OMC à Doha, d'autres mesures
utiles ont été récemment adoptées.
L'une est l'engagement pris par l'Union européenne lors
de la Troisième conférence des Nations Unies sur
les pays les moins développés en mai 2001 d'éliminer,
entre 2002 et 2004, tous les quotas et restrictions douanières
sur l'importation de "tout sauf les armes" en provenance
des 49 pays les plus pauvres au monde. De même, l'African
Growth and Opportunity Act, adopté par les Etats-Unis en
mai 2000, a choisi 34 pays de l'Afrique sub-saharienne pour qu'ils
bénéficient d'un nouveau Système préférentiel
généralisé (GSP).
Bien que la Conférence internationale
pour le financement du développement ne serve pas de forum
aux négociations commerciales, l'OMC s'est engagé
à être l'un de ses principaux partenaires. La réunion
de mars 2002, à Monterrey au Mexique, servira de forum
au cours duquel des mesures commerciales pourront être discutées
dans le contexte de leur relation avec d'autres aspects financiers
du développement ainsi qu'avec les institutions et les
politiques internationales. Aucun engagement réel n'a été
pris à Doha - seul un accord a été passé
pour commencer des négociations qui prendront des années.
Monterrey peut servir d'étape à la construction
d'un soutien politique en faveur d'un système mondial d'échanges
plus juste et plus ouvert.