Page principale
Architecture du site *
Contactez-nous
Informations sur Monterrey Espagnol Russe Chinois Arabe Anglais Pourquoi l'albatros ? Conférence internationale sur le financement du développement - Monterrey, Mexique du 18 au 22 mars 2002 Accueil ONU

 

Rapport du Secrétaire général
au Comité préparatoire de la réunion internationale de haut niveau
chargée d'examiner la question du financement du développement
à l'échelon intergouvernemental

A/AC.257/12 (18 décembre 2000)

[Chapitre 1] [Chapitre 2] [Chapitre 3] [Chapitre 4] [Chapitre 5] [Chapitre 6]
[Format pdf]

bullet1.gif (899 bytes)Introductionbullet1.gif (899 bytes)  

1. À l’aube du XXIe siècle, le système des Nations Unies ne devrait rien épargner pour mener à bien la mission que lui ont confiée les participants au Sommet du Millénaire, c’estàdire délivrer plus d’un milliard d’hommes, de femmes et d’enfants de « la misère, phénomène abject et déshumanisant ». Lors de ce sommet, les dirigeants sont également convenus que l’on ne pouvait laisser aux seules forces du marché le soin de gérer les bénéfices issus de la mondialisation – croissance rapide et soutenue, meilleur niveau de vie, emplois plus nombreux, retombées des progrès technologiques – et qu’il fallait une action concertée aux niveaux national et international. Il serait souhaitable de canaliser la mondialisation et les forces du marché et de les mettre au service d’un développement durable où l’homme occupe une place centrale. Les gouvernements, les organisations internationales, les entités privées et la société civile ont tous un rôle à jouer dans un esprit de véritable coopération.

2. On ne peut que se féliciter de l’occasion qui est donnée au système des Nations Unies de consacrer un débat approfondi à la question du financement du développement. Les années 90 ont été témoins de bouleversements considérables dans le monde de la finance, qui ont eu une incidence notable sur le développement partout dans le monde. La situation a évolué par bien des aspects et certaines hypothèses ne méritent plus qu’on leur accorde le même crédit. De nombreux pays ont certes bénéficié de la nouvelle économie mondiale, notamment de l’accélération de la croissance et de l’amélioration du niveau de vie, mais l’opinion publique tend désormais à se focaliser sur les méfaits de la mondialisation. La coopération internationale en faveur du développement s’adapte bien trop tardivement aux nouvelles conditions. Les différents acteurs de la communauté internationale se sont fixé des objectifs communs : stimuler la croissance économique, assurer l’insertion des laissés pour compte de la mondialisation tout en multipliant les débouchés créés par celleci et faciliter la lutte contre la pauvreté. Dans ce domaine et dans d’autres encore, tels que l’assistance humanitaire en situation d’urgence et la répartition des « biens collectifs mondiaux », la disponibilité de moyens financiers dans les secteurs public et privé revêt une importance cruciale.

3. Le développement est tributaire de plusieurs facteurs. Plusieurs conférences des Nations Unies ont permis de dégager un ensemble de buts, d’objectifs et d’orientations sectorielles et de donner corps à la volonté de renforcer les capacités de développement, de promouvoir le transfert de technologie et de mobiliser des ressources financières additionnelles en faveur du développement. L’ensemble de ces éléments constitue un cadre de programmation concerté, dont les grandes lignes ont été présentées dans l’Agenda pour le développement adopté par l’Assemblée générale en 1997 (résolution 51/240, annexe). Plus récemment, les chefs d’État et de gouvernement qui participaient au Sommet du Millénaire ont donné leur aval à un ensemble d’objectifs clefs mûri lors des conférences des Nations Unies consacrées au développement et à l’environnement (voir la résolution 55/2 de l’Assemblée générale). Largement inexploités, la créativité et le talent des populations des pays en développement euxmêmes sont le principal moteur du développement; en tirer parti passe par des investissements dans les domaines de l’éducation, de l’infrastructure, de la santé publique et d’autres services sociaux de base, et par le développement de la production. La réunion de haut niveau chargée d’examiner la question du financement du développement n’a pas pour objet de remettre en question les objectifs et les modes de développement, mais d’examiner les modalités de financement envisageables.

4. Les transferts entre les marchés financiers et les activités de développement se font principalement par les mécanismes d’épargne et d’investissement. On estime que les sommes épargnées et investies en 2000 ont atteint 7,5 billions de dollars, et une bonne partie de ces sommes ont transité par les marchés financiers nationaux. Les transferts nets entre les pays ayant des ressources excédentaires et les pays demandeurs ont représenté quelque 450 milliards de dollars, les ÉtatsUnis ayant absorbé environ les trois quarts de cette somme. Les transferts bruts transfrontières sont cependant bien plus élevés. Par exemple, plus de 1,5 billion de dollars se négocieraient tous les jours sur le marché des changes.

5. En 2000, quelque 23 % des investissements mondiaux sont allés aux pays en développement, soit un montant de 1,7 billion de dollars. Une petite partie de ces investissements provient habituellement d’apports nets de l’étranger, que ce soit sous forme d’investissements publics à des conditions de faveur, d’investissements privés ou d’investissements aux conditions du marché. En 2000, on a cependant assisté à un transfert net de ressources en provenance des pays en développement, en partie parce que les investisseurs continuent à se détourner des pays en crise et parce que les pays exportateurs de pétrole empruntent moins. Dans les années 90, les investissements privés n’ont de manière générale cessé d’augmenter, bien qu’ils aient surtout bénéficié à un petit groupe de pays en développement, tandis que l’aide publique au développement stagnait jusqu’à une période très récente. Par ailleurs, les pays en transition et les pays en développement qui ont bénéficié d’investissements privés importants ont été particulièrement touchés par les crises de confiance et les inversions soudaines des flux de capitaux. La crise du peso mexicain dans les années 19941995 et les crises financières qui ont frappé l’Asie, l’Amérique latine et la Fédération de Russie en 1997 et 1998 témoignent de cet état de fait.

6. La diminution de l’aide publique au développement pendant les années 90 a eu des conséquences particulièrement fâcheuses. Elle est en effet intervenue à une époque où il aurait fallu que l’aide augmente notablement parce que : a) au fil des grandes conférences des Nations Unies, un cadre de programmation clair se dégageait en faveur de la coopération pour le développement; b) un nombre croissant de pays mettaient en chantier d’importantes réformes économiques ainsi qu’une refonte du système politique; c) la situation budgétaire des pays donateurs se redressait sensiblement et l’inflation diminuait.

7. La réunion de haut niveau chargée d’examiner la question du financement du développement à l’échelon intergouvernemental est un maillon de la chaîne mise en place pour donner suite aux textes issus du Sommet du Millénaire, pendant lequel les dirigeants mondiaux ont adopté un ensemble d’objectifs de développement cruciaux et sont convenus de tout faire pour assurer le succès de la réunion consacrée à la question du financement du développement. Les dirigeants ont pris l’engagement de défendre les principes d’égalité, de solidarité et de justice sociale. Ils ont déclaré être convaincus que le principal défi qu’ils devaient relever aujourd’hui était de faire en sorte que la mondialisation devienne une force positive pour l’humanité tout entière et ont reconnu que les pays en développement et les pays en transition devaient surmonter des difficultés particulières pour faire face à ce défi majeur. La mondialisation ne serait donc profitable à tous, de façon équitable, que si un effort important et soutenu était consenti pour bâtir un avenir commun fondé sur la condition que nous partageons tous en tant qu’êtres humains, dans toute sa diversité (voir la résolution 55/2 de l’Assemblée générale, par. 5).

8. Les investissements, tant par les montants qui y sont consacrés que par les utilisations qui en sont faites, sont peutêtre le facteur qui influe le plus sur le rythme et les conditions de la croissance économique. Toute fluctuation risque de déstabiliser le processus de développement. La part des investissements publics est cruciale si l’on veut atteindre certains objectifs de développement autour desquels un consensus s’est établi. Une politique publique visant à financer le développement doit donc avant tout soutenir un développement équitable et durable dans les pays en développement, atténuer le risque de crises structurelles et mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation des objectifs de développement prioritaires.

9. La capacité des pays en développement à investir et à asseoir solidement la croissance dépend bien sûr en grande partie de l’épargne intérieure et des flux de capitaux, mais les capitaux étrangers sont un complément indispensable. La part des capitaux privés dans les investissements extérieurs ne cesse de grandir. Les pays à revenu intermédiaire notamment doivent pouvoir compter sur des apports de capitaux privés stables s’ils veulent éviter un essoufflement de la croissance économique. Dans la mesure où les flux de capitaux privés semblent voués à augmenter rapidement, il faudrait aider les pays en développement et les pays en transition à attirer les investisseurs privés étrangers et encourager un plus grand nombre de pays à appliquer des politiques de nature à rassurer les marchés financiers internationaux et à inciter ces derniers à mettre leurs moyens financiers, administratifs et techniques au service du développement.

10. Du fait de la volatilité des économies, il importe d’adopter des modes de planification budgétaire à moyen terme, qui suivent de près les cycles d’expansion et de récession. Les plans budgétaires à moyen terme sont l’un des instruments qui permettent de réagir aux changements de tendances. Il faut également garantir une plus grande sécurité financière aux ménages et aux individus. Les agrégats macroéconomiques ne rendent pas compte des difficultés que traversent les hommes, les femmes et les enfants aux prises avec l’insécurité financière. La réunion chargée d’examiner la question du financement du développement semble tout indiquée pour que l’on étudie de manière approfondie comment mettre les ménages à l’abri de crises sur lesquelles ils n’ont aucun contrôle.

11. Dans le cas des pays les moins avancés et des autres pays à faible revenu, le financement extérieur se compose pour l’essentiel de fonds publics, l’aide publique au développement représentant pour nombre de pays la principale, voire l’unique source, d’investissements étrangers. Les investisseurs privés décideront peutêtre d’accentuer rapidement leur présence, mais dans l’intervalle, l’aide publique au développement est encore cruciale dans nombre de pays où la pauvreté frappe un pourcentage élevé de la population. À une époque où l’économie des pays industrialisés est florissante et où les pays en développement ont entrepris des réformes politiques, il semble possible non seulement d’augmenter notablement l’aide et de mieux cibler l’assistance mais aussi de faire reculer la pauvreté et d’accélérer le rythme de développement de manière sensible. Le moment est venu pour les pays donateurs de s’attacher résolument à redynamiser l’aide publique au développement en consacrant 0,7 % de leur produit national brut (PNB) à ce mécanisme, comme ils en ont de nouveau pris l’engagement. Une campagne au niveau mondial faciliterait la réalisation de cet objectif selon un calendrier précis.

12. Pour de nombreux pays en développement et pays en transition, le fardeau de la dette entrave considérablement leur capacité à lutter contre la pauvreté et leur action en faveur du développement. Si l’allégement de la dette n’est qu’un instrument d’assistance financière parmi tant d’autres, il importe de reconnaître que dans certains cas l’endettement est tel que le développement devient impossible, ce qui appelle une réponse urgente.

13. À l’heure actuelle, les pays en développement et les pays en transition doivent compter essentiellement sur leurs ressources intérieures. En l’absence d’une politique de mobilisation judicieuse, il ne peut y avoir ni croissance soutenue ni développement durable. Il convient d’accorder toute l’attention voulue aux politiques nationales et aux stratégies de mobilisation de ressources si l’on veut canaliser et employer les ressources intérieures à bon escient. Par ailleurs, des politiques avisées, allant dans le sens du développement, facilitent grandement la mobilisation de ressources extérieures stables, lesquelles peuvent alors servir à compléter les ressources intérieures, l’objectif étant de parvenir à une plus grande efficacité et à une croissance plus soutenue. Il convient en outre d’encourager les transferts de technologie et de connaissances, l’assistance technique et le renforcement des capacités.

14. Par leurs politiques budgétaires, monétaires et commerciales et leurs autres politiques macroéconomiques, les pays, notamment les pays industrialisés, influencent à plus d’un titre les perspectives de développement des autres pays. Les politiques commerciales comptent parmi les facteurs dominants. La croissance rapide des marchés mondiaux ouvre des débouchés aux produits des pays en développement et des pays en transition, et l’on peut en attendre des effets très largement supérieurs à ceux issus de l’assistance financière directe, à condition que ces pays augmentent et diversifient leur production. On devrait donner la priorité à une politique cohérente et homogène jouant sur ces deux tableaux.

15. L’importance des institutions internationales croît à mesure que l’intégration économique progresse. Le mandat des institutions existantes s’élargit et de nouvelles institutions et instances voient le jour. Il serait souhaitable que les organisations internationales adoptent des modes de gouvernance qui confortent les objectifs de financement du développement. Il faut notamment veiller à ce que les pays en développement et les pays en transition puissent faire connaître leurs vues dans toute instance où se décident les politiques qui influent sur les perspectives de développement.

16. Comme l’on reconnu les dirigeants qui ont participé au Sommet du Millénaire, cet effort doit produire des politiques et des mesures, à l’échelon mondial, qui correspondent aux besoins des pays en développement et des pays en transition et sont formulées et appliquées avec leur participation effective. […] En conséquence, ils ont décidé de créer – aux niveaux tant national que mondial – un climat propice au développement et à l’élimination de la pauvreté. La réalisation de ces objectifs suppose, entre autres, une bonne gouvernance dans chaque pays. Elle suppose aussi une bonne gouvernance sur le plan international et la transparence des systèmes financier, monétaire et commercial (voir la résolution 55/2 de l’Assemblée générale, par. 5, 12 et 13).

17. Le présent rapport a pour objectif de nourrir la réflexion des participants à la réunion intergouvernementale. Il est soustendu par le paragraphe 3 de la résolution 54/196, dans laquelle l’Assemblée a décidé que la réunion intergouvernementale de haut niveau qui aurait lieu en 2001 porterait sur les problèmes nationaux, internationaux et systémiques relatifs au financement du développement, abordés selon une approche intégrée dans la perspective de la mondialisation et de l’interdépendance, que, par là même, le développement serait également étudié sous l’angle de ses aspects financiers, et que, dans ce contexte général, la réunion devrait aussi porter sur la mobilisation de ressources financières en vue de la mise en oeuvre intégrale des résultats des grandes conférences et réunions au sommet organisées par l’Organisation des Nations Unies au cours des années 90 et de celle de l’Agenda pour le développement, particulièrement en ce qui concerne l’élimination de la pauvreté.

18. Les points qui doivent être abordés dans le cadre de l’examen de la question du financement du développement sont étroitement imbriqués et se recoupent inévitablement. Il est donc indispensable de garder à l’esprit les différentes interactions. Soucieux d’examiner la question de manière exhaustive, le Comité préparatoire a proposé, au titre de l’ordre du jour provisoire qu’il a adopté dans sa décision 1/1 du 1er juin 20001, d’articuler les débats autour de six thèmes; les chapitres Ier à VI du présent rapport reprennent l’intitulé de ces thèmes. Les recommandations devant être examinées par le Comité préparatoire figurent en caractères gras dans des encadrés.

 

| Retour en haut de page | Retour à la page principale |

* document disponible en anglais

[Chapitre 1] [Chapitre 2] [Chapitre 3] [Chapitre 4] [Chapitre 5] [Chapitre 6]
[Format pdf]


Secrétariat de la Conférence sur le financement du développement
2 U.N. Plaza (DC2-2386)
New York, N.Y. 10017
Téléphone : 212-963-2587, Télécopie : 212-963-0443

Site Internet : www.un.org/french/esa/ffd    Courrier électronique : ffd@un.org

Copyright © Nations Unies
Département des affaires économiques et sociales *
En cas de problème technique, s'adresser à : vannote@un.org
15 janvier 2002

Adapté en français pour Internet par la Section de la technologie de l'information
du Département de l'information