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Débat général (24 septembre - 1er octobre 2013)

Vendredi 27 septembre 2013

Son Excellence Al Hadji Yahya Jammeh, Président de la République de Gambie

Al Hadji Yahya Jammeh
Résumé de la déclaration

M. AL HAJI YAHYA JAMMEH, Président de la Gambie, a dénoncé le fait que certains États Membres des Nations Unies continuent à ne pas respecter, voire ignorer même impunément les résolutions de l’ONU, mettant ainsi en jeu la paix et la sécurité mondiales.  Une évaluation des forces et faiblesses de l’ONU s’impose pour prendre les mesures nécessaires afin de rendre l’Organisation plus efficace, a estimé le Président.  Abordant la situation en Syrie, il a insisté sur la responsabilité première, qui incombe à l’ONU, en ce qui concerne la recherche d’une solution durable aux différents conflits dans le monde.  Il a fustigé les dirigeants et les nations qui « s’autoproclament comme outils de la volonté de Dieu » et ne poursuivent que leurs intérêts personnels au détriment du tissu social et économique des pays en conflit.  Pour la Gambie, les organisations régionales couvrant le Moyen-Orient devraient être étroitement impliquées dans les négociations de la solution au conflit syrien.  « On n’entend parler que d’armes chimiques et de l’urgence de les neutraliser pour éviter qu’elles ne soient utilisées par d’autres », s’est étonné le Président gambien, qui a estimé que cela n’a pas de sens tant qu’on n’arrive pas à mettre un terme à cette guerre.  « Que les armes chimiques soient utilisées ou pas, des milliers de personnes vont continuer à mourir de manière horrible, et notre devoir n’est pas de choisir quel type de mort est acceptable et quel autre ne l’est pas.  Notre devoir est de mettre fin aux meurtres insensés et barbares en Syrie », a-t-il poursuivi.  La guerre en Syrie doit être arrêtée maintenant, a-t-il lancé à la communauté internationale et aux membres du Conseil de sécurité en particulier.

Revenant aux résultats présentés dans le rapport 2013 sur les Objectifs du Millénaire de développement (OMD) concernant l’Afrique, M. Jammeh a noté qu’ils étaient mitigés.  Si l’Afrique a fait des progrès substantiels dans certains domaines, il reste toutefois des défis sérieux à relever.  Comment traduire la croissance économique en création d’emplois; comment améliorer l’accès aux services de base, et comment réduire les inégalités entre les sexes sont les questions qui font partie de ces défis?  La Gambie a fait des progrès considérables et est en bonne voie pour réaliser certains OMD, notamment dans le domaine de la scolarisation primaire et des taux d’alphabétisation des 15 à 24 ans, a assuré M. Jammeh.  Le cadre de développement pour l’après-2015 doit bâtir sur les acquis des OMD et les traduire en objectifs de développement durable.  Assurer la survie de l’Afrique suppose des approches internationales, régionales et nationales qui tiennent compte des conflits qui sont orchestrés par des puissances étrangères, ainsi que des impacts des catastrophes naturelles, a-t-il précisé.  La Gambie estime qu’il faut trouver une réponse mondiale aux défis climatiques et mettre fin au pillage des ressources naturelles africaines par des compagnies multinationales occidentales, ce qui permettraient aux Africains de définir leurs propres priorités de développement sur la base de leurs intérêts communs, a préconisé le Président gambien.

« Les trois plus grandes menaces qui se posent à l’humanité sont toutes liées à des comportements humains, à savoir: la cupidité excessive qui se traduit par une accumulation de biens matériels par des moyens souvent viles et immoraux; l’obsession de la domination du monde à n’importe quel prix, y compris par le recours aux armes de destruction massive; et l’homosexualité sous toutes ses formes et manifestations qui sont promues comme droits de l’homme par certaines puissances, alors mêmes qu’elles sont contre la nature humaine et contre la volonté divine », a déclaré le Président gambien.  « Ces trois menaces n’ont rien à voir avec les catastrophes naturelles, mais sont plus meurtrières que toutes les catastrophes naturelles réunies », a affirmé le Président.  Il a accusé les anciennes puissances coloniales, qui ont longtemps nié le droit des Africains à jouir des droits de l’homme, de la bonne gouvernance et de la démocratie du XIIe au XXe siècle, de vouloir aujourd’hui les leur imposer comme une nouvelle religion.  « Mais les Africains sont déterminés à défendre leur indépendance et leur dignité et à prendre le contrôle de leurs ressources naturelles coûte que coûte », a dit M. Jammeh.

Il s’est félicité du succès des efforts de l’Union africaine et de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Mali, et a espéré qu’il sera possible de trouver une solution durable au problème qui se pose par le dialogue et la médiation en ce qui concerne la situation en Guinée-Bissau.  À cet égard, le Président gambien a accusé le Conseil de sécurité de devenir « une barrière aux progrès, à la paix et la sécurité dans certains cas de figure où des décisions déséquilibrées ont été prises ».  Ces décisions, a-t-il estimé, sont racistes et mal informées et sont, par conséquent, inacceptables.  Ce constat l’a amené à revendiquer la représentation légitime de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité en basant son argument sur la représentation géographique équitable et la nouvelle donne géopolitique dans le monde.

Source: AG/11429