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Débat général (24 septembre - 1er octobre 2013)

Jeudi 26 septembre 2013

Son Excellence Mohamed Moncef Marzouki, Président de la République tunisienne

Mohamed Moncef Marzouki
Résumé de la déclaration

M. MOHAMED MONCEF MARZOUKI, Président de la Tunisie, a rappelé la révolution pacifique de 2010 menée par les peuples arabes pour se libérer de dictatures corrompues qui empêchaient leur développement.  En réponse à ceux qui disent que le printemps arabe se transforme en cauchemar, M. Marzouki dit que ce printemps arabe n’est pas une étape finale mais plutôt le début d’un long chemin qui doit déboucher sur de nouveaux horizons démocratiques.  Les peuples ont besoin de temps pour pouvoir maîtriser leurs révolutions et leur donner une chance de réussir.  Conscient du fait que le printemps arabe peut échouer, il a affirmé qu’il était « du devoir de la communauté internationale » d’appuyer ces pays engagés sur la voie de la démocratie et de la paix.  Il s’agit aujourd’hui de remplacer l’extrémisme par le nationalisme et le patriotisme et de maitriser les forces politiques et idéologiques qui sapent les efforts de démocratisation dans les pays arabes.

En ce qui concerne l’Égypte, il a demandé la libération de Mohamed Morsi et de tous les détenus politiques.  Abordant le cas de la Tunisie, il a regretté qu’elle fasse actuellement face au terrorisme, en rappelant les assassinats des deux politiciens Chokri Belaid et Mohamed Brahmi.  Il ne fait pas de doute pour M. Marzouki qu’il s’agit là d’un défi important à relever.  Il faut aussi relancer le niveau des investissements étrangers qui sont en train de ralentir.  En outre, il a souligné la nécessité d’un bon apprentissage de la démocratie.

En Tunisie, nous avons une classe politique responsable, qui a continué le dialogue, et un peuple pacifique sensibilisé sur le plan politique, a affirmé le Président qui a assuré que le printemps arabe y continuera et sera couronné de succès.  Il a annoncé à cet égard la tenue d’élections au printemps 2014 sous la supervision de l’ONU et de la Ligue arabe.  Il faudra lutter contre les forces terroristes pour pouvoir poursuivre sur la voie d’une révolution pacifique, a-t-il encore précisé.  De plus, il faut un gouvernement qui reflète la diversité de la société.  Pour M. Marzouki, le succès de la Tunisie aura des répercussions profondes bien au-delà de ses frontières.  Il a dit souhaiter mettre en place une justice transitionnelle et adopter un concept élargi de la démocratie qui permette d’apprendre les uns des autres.  Il a souligné l’importance de la solidarité entre les peuples pour atteindre ces objectifs.

« Pétrifié par la violence qui a lieu en Syrie », M. Marzouki a indiqué que son pays appuyait l’opposition syrienne et avait expulsé les diplomates du régime syrien.  Il a tiré la sonnette d’alarme face au sectarisme et à l’intervention de groupes djiadistes qui représentent un danger pour tous les pays arabes, y compris la Tunisie lorsqu’ils reviennent, a-t-il reconnu.  Invoquant les souffrances du courageux peuple syrien, il a invité à une solution politique à « ce cauchemar » et a exigé que les responsables des violences soient poursuivis devant la Cour pénale internationale.  Si la Cour avait agi plus tôt, le régime syrien n’aurait pas pu rendre sa présidence héréditaire ou condamné à mort ses opposants, a-t-il poursuivi.  Il a rappelé que cette crise avait entraîné jusqu’à présent la mort de plus de 100 000 personnes et le déplacement de beaucoup d’autres. 

Il a proposé la mise en place d’organes de prévention pour éviter ce genre de situation, comme une sorte de cour constitutionnelle internationale.  La Tunisie appelle tous les États à appuyer ce projet.  En tant que médecin, M. Marzouki a rappelé les bienfaits de la prévention dans le domaine médical et a dit vouloir les voir transposés dans le domaine politique.

Source: AG/11428