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Actualité

L’histoire de Khalid Hussain

Avril 2009

Une photo de Khalid Hassan.

Khalid Hassan du Bangladesh insiste sur la situation critique des minorités ethniques. Photo ONU/Pierre Virot. Photo ONU / Jean-Marc FERRE

Khalid Hussain est un Bihari du Bangladesh. Il décrit les Biharis, qui parlent l’ourdou, comme le groupe le plus défavorisé du Bangladesh. En effet, les Biharis ne sont pas reconnus comme citoyens du pays qu’ils considèrent comme le leur.

Khalid a décrit la situation des Biharis lors de la manifestation spéciale Voices Toutes les personnes touchées par le racisme ont une histoire à raconter, tenue parallèlement à la Conférence d’examen de Durban à Genève. Il a indiqué à l’assistance que depuis la partition du Pakistan en 1971, plus de 300.000 Biharis vivent dans des camps de fortune disséminés dans tout le Bangladesh.

Il vit dans le camp de Genève, créé par le Comité international de la Croix-Rouge en 1971, qui tire son nom du siège suisse de l’organisation. Ce camp est l’un des plus importants du Bangladesh : il héberge près de 25.000 réfugiés, qui vivent dans des abris d’une surface moyenne de 13 m², où s’entassent entre 5 et 8 personnes. Il y a 250 sanitaires publics pour tout le camp.

« Les Biharis n’ont aucun moyen de survivre dans la société –  socialement, culturellement et économiquement. » a-t-il déploré.

Sa propre histoire est éloquente. Après l’école primaire, Khalid ainsi que d’autres étudiants ont tenté de s’inscrire à l’école secondaire locale, mais leur demande a été déboutée. Leur seule option, c’était une école privée, au-dessus de leurs moyens pour la plupart.

À l’école privée, les Biharis étaient considérés comme une race à part. « Je me souviens de mon premier jour d’école. Tous les étudiants bengalis nous regardaient comme si nous étions des étrangers, ils murmuraient que nous étions des Biharis et que nous vivions dans des camps de fortune... En classe, nous étions tenus à l’écart et ne pouvions pas nous asseoir avec les autres. »

Khalid a décrit les grandes difficultés auxquelles se heurtent les Biharis pour tenter de trouver un emploi et de s’extirper de la pauvreté. « Non seulement on nous refuse des postes dans la fonction publique, mais étant donné notre adresse dans les camps et notre absence de statut officiel, la discrimination sur le marché de l’emploi demeure extrêmement problématique. »

« De ce fait, la grande majorité des Biharis sont obligés de se tourner vers le secteur informel, tirant des pousse-pousse ou travaillant comme chauffeur, boucher, coiffeur, mécanicien ou artisan. »

Un groupe de Biharis, dont Khalid Hussain, a cependant décroché une victoire historique en 2003, quand ils ont contesté le refus de la commission électorale de les inscrire sur la liste des électeurs. Dans son jugement, la Haute Cour du Bangladesh a estimé que les Biharis des camps devaient être considérés « comme des citoyens du Bengladesh ».

Malgré cette victoire, Khalid estime que la situation des Biharis s’est dégradée. « L’intolérance de la population à notre encontre va croissante. Nous ne suscitons guère l’intérêt des organisations de défense des droits de l’homme, des organismes d’aide juridique ou des associations de protection des femmes et des enfants… Nous devons faire entendre notre voix » a-t-il expliqué.

Khalid Hussain a conclu son témoignage par un appel à la tolérance et à un changement des mentalités, pour endiguer la discrimination subie par sa communauté.

« Je sais qu’un jour, le monde sera libéré du racisme, de la discrimination raciale et de l’intolérance. » a-t-il déclaré.