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Actualité

L’histoire de l’Honorable Al Shaymaa J. Kwegyir

Avril 2009

une réunion de participants à la conférence.

Voices : Toutes les personnes touchées par le racisme ont une histoire à raconter. Photo ONU/Patrick Bertschmann

Pour Al Shaymaa J. Kwegyir, députée tanzanienne, l’albinisme est « un handicap comme un autre ». Mais en Tanzanie, beaucoup d’albinos craignent pour leur vie et sont obligés de se cacher.

En effet, selon les croyances populaires, l’albinisme serait une malédiction. Les personnes qui en sont atteintes sont pourchassées et mutilées, leurs membres étant utilisés pour la fabrication de potions censées apporter richesse et chance.

Kwegyir a témoigné lors de Voices, manifestation quotidienne parallèle à la Conférence d’examen de Durban qui se tient à Genève : « Toutes les personnes touchées par le racisme ont une histoire à raconter ».

Issue d’une famille de neuf enfants, dont 3 albinos, Kwegyir a eu plus de chance que d’autres. « Nous étions aimés par nos parents et notre frères et sœurs. Il n’y avait aucune stigmatisation dans notre famille » explique-t-elle.

Quand Kwegyir demandait à sa mère pourquoi elle était blanche, et quel était son problème, celle-ci lui répondait toujours qu’elle n’avait aucun problème.

Mais pour beaucoup d’autres albinos, les choses sont bien différentes. Non seulement sont-ils souvent rejetés par leur famille, mais certaines tribus les sacrifient à la naissance. Sans compter qu’ils sont souvent pourchassés et assassinés car certaines parties de leur corps sont très recherchées par les guérisseurs.

Il n’existe pas de statistiques sur le nombre d’albinos en Tanzanie, mais l’albinisme est plus courant en Afrique que dans le reste du monde. Près d’une personne sur 20 000 est atteinte d’albinisme dans le monde, maladie génétique qui se caractérise par une importante réduction ou absence de pigmentation de la peau, des yeux et des cheveux.

En Tanzanie, rares sont les albinos qui réussissent à aller plus loin que l’école primaire, avec le peu de perspectives professionnelles que cela suppose. L’incidence de la pauvreté parmi les albinos est alarmante, déplore Kwegyir.

C’est aussi à cause de la pauvreté qu’il leur est impossible d’avoir accès aux soins médicaux adéquats, dont les médicaments de prévention du cancer de la peau, très répandu chez les albinos, en particulier dans les régions tropicales.

Avec l’aide de sa famille, Kwegyir a réussi à suivre des études secondaires, malgré les railleries quotidiennes, et à faire carrière dans la fonction publique. Pendant de nombreuses années, elle s’est battue pour la reconnaissance des droits des albinos en Tanzanie. L’année dernière, le Président a reconnu publiquement son mérite en la nommant parlementaire.

Avec l’aide du gouvernement, Kwegyir mène campagne au nom de toutes les personnes handicapées, mais en particulier des albinos.

Lors de la première des manifestations de Voices, Kyung-wha Kang, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l’homme, a rappelé aux délégués que « dans ce flot de paroles, il ne faut jamais oublier que nous devons témoigner et traiter du vécu, des combats et des souffrances des victimes. »

Tout au long de la semaine, 15 personnes présenteront leurs témoignages sur le racisme, lors de séances programmées chaque jour. La manifestation « Voices » a été inaugurée lors de la Conférence de Durban contre le racisme en 2001.

Pour Mme Kang, ce sont les participants et participantes de Voices qui sont au cœur de la conférence. « Vos témoignages incarnent les défis qui nous rassemblent ici aujourd’hui. Ils nous inspireront et nous rappelleront les effets bien réels du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée sur des milliers de vies partout dans le monde. »