****************************************************************************** Ce document a e'te' expe'die' en ligne par le De'partement de la coordination des politiques et du de've'loppement durable (DPCSD) des Nations Unies. La reproduction et la distribution de ce document -- sous forme e'lectronique ou imprime'e -- sont encourage'es, a` condition qu'il soit reconnu que l'Organisation des Nations Unies a facilite' cette reproduction. ****************************************************************************** TABLE DES MATIE`RES Chapitre Page I. RE'SOLUTIONS ADOPTE'ES PAR LA CONFE'RENCE . . . . . . . . . . . 4 1. De'claration et Programme d'action de Beijing . . . . . . . 4 2. Remerciements au peuple et au Gouvernement de la Re'publique populaire de Chine. . . . . . . . . . . . . . . 160 3. Pouvoirs des repre'sentants a` la quatrie`me Confe'rence mondiale sur les femmes . . . . . . . . . . . . 161 Chapitre premier RE'SOLUTIONS ADOPTE'ES PAR LA CONFE'RENCE Re'solution 1 De'claration et Programme d'action de Beijing* La quatrie`me Confe'rence mondiale sur les femmes, S'e'tant re'unie a` Beijing du 4 au 15 septembre 1995, 1. Adopte la De'claration et le Programme d'action de Beijing, qui sont annexe's a` la pre'sente re'solution; 2. Recommande a` l'Assemble'e ge'ne'rale des Nations Unies de faire siens, a` sa cinquantie`me session, la De'claration et le Programme d'action de Beijing, tels qu'ils ont e'te' adopte's par la Confe'rence. * Adopte's a` la 16e se'ance ple'nie`re le 15 septembre 1995; pour les de'bats, voir chap. V. Annexe I DE'CLARATION DE BEIJING 1. Nous, gouvernements participant a` la quatrie`me Confe'rence mondiale sur les femmes, 2. Re'unis a` Beijing en septembre 1995, anne'e du cinquantie`me anniversaire de la fondation de l'Organisation des Nations Unies, 3. Re'solus a` faire progresser les objectifs d'e'galite', de de'veloppement et de paix pour toutes les femmes dans le monde entier, dans l'inte're^t de l'humanite' tout entie`re, 4. Prenant note de la voix de toutes les femmes dans le monde entier et tenant compte de la diversite' des femmes, de leurs ro^les et de leurs conditions de vie, rendant hommage aux femmes qui ont ouvert la voie, et inspire's par l'espe'rance incarne'e dans les jeunes du monde entier, 5. Constatons que la condition de la femme s'est ame'liore'e dans certains domaines importants au cours de la dernie`re de'cennie mais que les progre`s ont e'te' ine'gaux, que les ine'galite's entre hommes et femmes persistent et que d'importants obstacles subsistent, ce qui a de graves conse'quences pour le bien-e^tre de l'humanite' tout entie`re, 6. Constatons e'galement que cette situation est exacerbe'e par l'accroissement de la pauvrete' qui affecte la vie de la plus grande partie de la population mondiale, en particulier des femmes et des enfants, et dont les origines sont d'ordre tant national qu'international, 7. Nous consacrons sans re'serve a` l'e'limination de ces contraintes et obstacles afin de promouvoir encore le progre`s et l'accroissement du pouvoir d'action des femmes dans le monde entier, et convenons que cela exige que des mesures soient prises d'urgence dans un esprit de de'termination, d'espoir de coope'ration et de solidarite' qui nous portera dans le sie`cle prochain. Nous re'affirmons notre engagement de : 8. Re'aliser l'e'galite' des droits et la dignite' intrinse`que des hommes et des femmes et atteindre les autres objectifs et adhe'rer aux principes consacre's dans la Charte des Nations Unies, la De'claration universelle des droits de l'homme et les autres instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, en particulier la Convention sur l'e'limination de toutes les formes de discrimination a` l'e'gard des femmes et la Convention relative aux droits de l'enfant ainsi que la De'claration sur l'e'limination de la violence a` l'e'gard des femmes et la De'claration sur le droit au de'veloppement; 9. Garantir la pleine re'alisation des droits fondamentaux des femmes et des petites filles, en tant que partie inalie'nable, inte'grante et indivisible de tous les droits de la personne humaine et de toutes les liberte's fondamentales; 10. Faire fond sur le consensus et les progre`s re'alise's lors des confe'rences et sommets pre'ce'dents des Nations Unies consacre's aux femmes (Nairobi, 1985), aux enfants (New York, 1990), a` l'environnement et au de'veloppement (Rio de Janeiro, 1992), aux droits de l'homme (Vienne, 1993), a` la population et au de'veloppement (Le Caire, 1994) et au de'veloppement social (Copenhague, 1995), en vue d'assurer l'e'galite', le de'veloppement et la paix; 11. Appliquer pleinement et efficacement les Strate'gies prospectives d'action de Nairobi pour la promotion de la femme; 12. Assurer le renforcement du pouvoir d'action des femmes et leur promotion, y compris le droit a` la liberte' de pense'e, de conscience, de religion et de conviction, contribuant ainsi a` re'pondre aux besoins moraux, e'thiques, spirituels et intellectuels des hommes et des femmes, et aux niveaux individuel et collectif, leur garantissant ainsi la possibilite' de re'aliser pleinement leur potentiel au sein de la socie'te' et de re'gler leur vie selon leurs aspirations. Nous sommes convaincus que : 13. Le renforcement du pouvoir d'action des femmes et leur pleine participation sur un pied d'e'galite' a` tous les domaines de la vie sociale, y compris aux prises de de'cisions et leur acce`s au pouvoir, sont des conditions essentielles a` l'e'galite', au de'veloppement et a` la paix; 14. Les droits des femmes sont des droits fondamentaux de la personne; 15. L'e'galite' des droits, des chances et de l'acce`s aux ressources, le partage e'gal des responsabilite's familiales et un partenariat harmonieux entre les femmes et les hommes sont essentiels a` leur bien-e^tre et a` celui de leurs familles ainsi qu'a` l'affermissement de la de'mocratie; 16. La participation des femmes au de'veloppement e'conomique et social, l'e'galite' des chances et la pleine participation, sur un pied d'e'galite', des femmes et des hommes, en tant qu'agents et be'ne'ficiaires d'un de'veloppement durable au service de l'individu sont des conditions essentielles a` l'e'limination de la pauvrete' au moyen d'une croissance e'conomique soutenue, du de'veloppement social, de la protection de l'environnement et de la justice sociale; 17. La reconnaissance et la re'affirmation expresses du droit de toutes les femmes a` la mai^trise de tous les aspects de leur sante', en particulier leur fe'condite', sont un e'le'ment essentiel du renforcement de leur pouvoir d'action; 18. L'instauration de la paix, aux niveaux local, national, re'gional et mondial, est possible et elle est indissociable de la promotion des femmes, car celles-ci sont un moteur essentiel des initiatives, du re`glement des conflits et de la promotion d'une paix durable a` tous les niveaux; 19. Il est essentiel d'e'laborer, de mettre en oeuvre et de surveiller, a` tous les niveaux, avec la pleine participation des femmes, des politiques et programmes, y compris des politiques et des programmes de de'veloppement, qui soient e'galitaires, efficaces, efficients et synergiques et qui puissent favoriser le renforcement du pouvoir d'action des femmes et leurs promotion; 20. La participation et la contribution de tous les protagonistes de la socie'te' civile, en particulier les groupes et re'seaux de femmes et les autres organisations non gouvernementales et organisations communautaires, dans le strict respect de leur autonomie, en coope'ration avec les gouvernements, reve^tent une grande importance pour l'application et le suivi effectifs du Programme d'action; 21. La mise en oeuvre du Programme d'action exige l'engagement des gouvernements et de la communaute' internationale. En prenant des engagements, aux niveaux national et international, y compris lors de la Confe'rence, les gouvernements et la communaute' internationale reconnaissent la ne'cessite' d'agir imme'diatement pour donner plus de pouvoir aux femmes et assurer leur promotion. Nous sommes re'solus a` : 22. Redoubler d'efforts et multiplier les actions visant a` atteindre d'ici la fin du sie`cle les objectifs des Strate'gies prospectives d'action de Nairobi pour la promotion de la femme; 23. Veiller a` ce que les femmes et les petites filles jouissent pleinement de tous les droits de la personne humaine et de toutes les liberte's fondamentales, et prendre des mesures efficaces contre les violations de ces droits et liberte's; 24. Prendre toutes les mesures voulues pour e'liminer toutes les formes de discrimination a` l'e'gard des femmes et des petites filles ainsi que les obstacles a` l'e'galite' des sexes et a` la promotion des femmes et du renforcement de leur pouvoir d'action; 25. Encourager les hommes a` participer pleinement a` toute action favorisant l'e'galite'; 26. Promouvoir l'inde'pendance e'conomique des femmes, notamment par l'emploi, et e'liminer le fardeau de plus en plus lourd que la pauvrete' continue de faire peser sur les femmes, en s'attaquant aux causes structurelles de la pauvrete' par des changements de structures e'conomiques assurant a` toutes les femmes, notamment aux rurales, l'e'galite' d'acce`s, en tant qu'agents essentiels du de'veloppement, aux ressources productives, aux possibilite's de promotion et aux services publics; 27. Promouvoir un de'veloppement durable au service de l'individu, notamment une croissance e'conomique soutenue, en de'veloppant l'e'ducation de base, l'e'ducation permanente, l'alphabe'tisation et la formation ainsi que les soins de sante' primaires a` l'intention des femmes et des petites filles; 28. Prendre des mesures concre`tes en faveur de la paix pour la promotion de la femme et, tenant compte du ro^le de premier plan des femmes dans le mouvement pacifiste, oeuvrer activement a` la re'alisation d'un de'sarmement ge'ne'ral et complet, sous un contro^le international rigoureux et efficace, et appuyer les ne'gociations en vue de la conclusion imme'diate d'un traite' universel et effectivement ve'rifiable au plan multilate'ral d'interdiction comple`te des essais nucle'aires qui favorisera le de'sarmement nucle'aire et la pre'vention de la prolife'ration des armes nucle'aires sous tous ses aspects; 29. Pre'venir et e'liminer toutes les formes de violence a` l'e'gard des femmes et des filles; 30. Assurer l'e'galite' d'acce`s a` l'e'ducation et aux soins de sante', ainsi qu'un traitement e'gal des femmes et des hommes, et ame'liorer la sante' en matie`re de sexualite' et de procre'ation ainsi que l'e'ducation des femmes; 31. Promouvoir et prote'ger tous les droits fondamentaux des femmes et des filles; 32. Redoubler d'efforts pour que toutes les femmes et les filles que de multiples obstacles, tenant a` des facteurs tels que race, a^ge, langue, origine ethnique, culture, religion, incapacite's ou appartenance a` une population autochtone, privent de tout pouvoir et de toute possibilite' de progre`s puissent jouir a` e'galite' de tous les droits de la personne humaine et de toutes les liberte's fondamentales; 33. Faire respecter le droit international, notamment le droit humanitaire, afin de prote'ger les femmes et les petites filles en particulier; 34. Cre'er les conditions qui permettent aux petites filles et aux femmes de tous a^ges de re'aliser tout leur potentiel, veiller a` ce qu'elles participent pleinement et a` e'galite' a` l'e'dification d'un monde meilleur pour tous et leur confier un ro^le accru dans le processus de de'veloppement. Nous sommes re'solus a` : 35. Assurer l'acce`s des femmes, dans des conditions d'e'galite', aux ressources e'conomiques, notamment a` la terre, au cre'dit, a` la science et a` la technique, a` la formation professionnelle, a` l'information, a` la communication et aux marche's, en tant que moyen de favoriser la promotion des femmes et des filles et le renforcement de leur pouvoir d'action, y compris en leur donnant les moyens de tirer parti de ces ressources, notamment gra^ce a` la coope'ration internationale; 36. Assurer le succe`s du Programme d'action, ce qui exigera une volonte' re'solue des gouvernements, des organisations internationales et des institutions a` tous les niveaux. Nous sommes profonde'ment convaincus que le de'veloppement e'conomique, le de'veloppement social et la protection de l'environnement sont des e'le'ments interde'pendants et synergiques du de'veloppement durable, dans lequel s'inscrivent nos efforts visant a` ame'liorer la qualite' de vie pour tous. Un de'veloppement social e'quitable, qui permette aux pauvres, en particulier aux femmes vivant dans la pauvrete', d'utiliser de manie`re viable les ressources naturelles, est une assise ne'cessaire pour le de'veloppement durable. Nous reconnaissons e'galement qu'une croissance e'conomique large et soutenue, dans le contexte du de'veloppement durable, est ne'cessaire pour e'tayer le de'veloppement social et la justice sociale. La re'ussite du Programme d'action exigera e'galement la mobilisation de ressources suffisantes, aux e'chelons national et international, ainsi que l'affectation aux pays en de'veloppement par tous les me'canismes de financement existants, tant multilate'raux que bilate'raux et prive's, de ressources nouvelles et additionnelles pour la promotion de la femme; des financements pour renforcer la capacite' des institutions nationales, sous-re'gionales, re'gionales et internationales; un engagement en faveur de l'e'galite' des droits, de l'e'galite' des responsabilite's, de l'e'galite' des chances et de la participation e'gale des femmes et des hommes a` tous les organismes et a` tous les processus de prise de de'cisions nationaux, re'gionaux et internationaux; la cre'ation ou le renforcement, a` tous les niveaux, de me'canismes de vigilance responsables devant toutes les femmes dans le monde entier; 37. Assurer e'galement le succe`s du Programme d'action dans les pays en transition; a` cet effet, la coope'ration et l'assistance internationales resteront ne'cessaires; 38. En tant que gouvernements, nous adoptons le Programme d'action e'nonce' ci-apre`s et nous nous engageons a` le traduire dans les faits, en veillant a` ce que le souci d'e'quite' entre les sexes impre`gne toutes nos politiques et tous nos programmes. Nous demandons instamment aux organismes des Nations Unies, aux institutions financie`res re'gionales et internationales, aux autres institutions re'gionales et internationales compe'tentes et a` tous les hommes et toutes les femmes, ainsi qu'aux organisations non gouvernementales, dans le strict respect de leur autonomie, et a` tous les secteurs de la socie'te' civile, de souscrire re'solument et sans restriction au Programme d'action et de participer a` sa re'alisation en coope'ration avec les gouvernements. Annexe II PROGRAMME D'ACTION TABLE DES MATIE`RES Chapitre paragraphes Page I. OBJECTIFS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 - 5 12 II. CONTEXTE MONDIAL. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 - 40 14 III. DOMAINES CRITIQUES. . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 - 44 23 IV. OBJECTIFS STRATE'GIQUES ET MESURES A` PRENDRE 45 - 285 25 A. La persistance de la pauvrete', qui pe`se de plus en plus sur les femmes. . . . . . . . . . 47 - 68 25 B. E'ducation et formation des femmes. . . . . . . . 69 - 88 34 C. Les femmes et la sante' . . . . . . . . . . . . . 89 - 111 44 D. La violence a` l'e'gard des femmes. . . . . . . . 112 - 130 60 E. Les femmes et les conflits arme's . . . . . . . . 131 - 149 69 F. Les femmes et l'e'conomie . . . . . . . . . . . . 150 - 180 81 G. Les femmes et la prise de de'cisions. . . . . . . 181 - 195 96 H. Me'canismes institutionnels charge's de favoriser la promotion de la femme. . . . . . . . 196 - 209 102 I. Les droits fondamentaux de la femme . . . . . . . 210 - 233 109 J. Les femmes et les me'dias . . . . . . . . . . . . 234 - 245 120 K. Les femmes et l'environnement . . . . . . . . . . 246 - 258 125 L. La petite fille . . . . . . . . . . . . . . . . . 259 - 285 133 V. MISE EN PLACE DE STRUCTURES . . . . . . . . . . . . . 286 - 344 144 A. Au niveau national. . . . . . . . . . . . . . . . 293 - 300 145 B. Aux niveaux sous-re'gional et re'gional . . . . . 301 - 305 146 C. Au niveau international . . . . . . . . . . . . . 306 - 344 147 VI. DISPOSITIONS FINANCIE`RES . . . . . . . . . . . . . . 345 - 361 155 A. Au niveau national. . . . . . . . . . . . . . . . 346 - 350 155 B. Au niveau re'gional . . . . . . . . . . . . . . . 351 - 352 156 C. Au niveau international . . . . . . . . . . . . . 353 - 361 156 Chapitre premier OBJECTIFS 1. Le Programme d'action trace les lignes a` suivre pour donner plus de pouvoir aux femmes. Il vise a` acce'le'rer l'application des Strate'gies prospectives d'action de Nairobi pour la promotion de la femme 1/ et a` e'liminer tous les obstacles qui empe^chent les femmes de jouer un ro^le actif dans tous les domaines de la vie publique et prive'e en participant pleinement, et sur un pied d'e'galite', a` la prise de de'cisions dans les domaines e'conomique, social, culturel et politique. Elle repose donc sur le principe du partage des pouvoirs et des responsabilite's entre hommes et femmes dans les foyers, sur les lieux de travail et, plus largement, au sein des communaute's nationales et internationales. L'e'galite' des femmes et des hommes rele`ve des droits de l'homme et c'est une condition de la justice sociale; c'est aussi un pre'alable essentiel a` l'e'galite', au de'veloppement et a` la paix. Un nouveau partenariat fonde' sur l'e'galite' des femmes et des hommes est indispensable si l'on veut parvenir a` un de'veloppement durable au service de l'individu. Un engagement soutenu et durable est essentiel pour que les femmes et les hommes puissent relever ensemble les de'fis du XXIe sie`cle, pour eux-me^mes, pour leurs enfants et pour la socie'te'. 2. Le Programme d'action re'affirme le principe fondamental e'nonce' dans la De'claration et le Programme d'action de Vienne adopte's par la Confe'rence mondiale sur les droits de l'homme 2/, selon lequel les droits fondamentaux des femmes et des fillettes font inalie'nablement, inte'gralement et indissociablement partie des droits universels de la personne. Le Programme d'action trace les lignes a` suivre pour promouvoir et prote'ger la re'alisation totale et universelle de tous les droits fondamentaux et toutes les liberte's premie`res de toutes les femmes tout au long de leur vie. 3. Le Programme d'action souligne que les femmes ont en commun des proble`mes qui leur sont propres et dont elles ne pourront avoir raison qu'en travaillant ensemble, et en association avec les hommes, a` atteindre l'objectif commun de l'e'galite' entre les sexes dans le monde entier. Il respecte et appre'cie toute la diversite' des situations et des conditions et tient compte du fait que certaines femmes se heurtent a` des obstacles particuliers qui entravent leur e'mancipation. 4. Le Programme d'action requiert que tous s'emploient sans de'lai et de fac'on concerte'e a` cre'er un monde pacifique, juste et humain reposant sur les droits fondamentaux et les liberte's fondamentales, y compris le principe de l'e'galite' entre tous les e^tres humains, quels que soient leur a^ge et leur milieu social, et reconnai^t qu'a` cette fin une croissance e'conomique large et soutenue dans le contexte du de'veloppement durable est ne'cessaire pour assurer le de'veloppement social et la justice sociale. 5. La re'ussite du Programme d'action exigera un engagement ferme des gouvernements et des organisations et institutions internationales a` tous les niveaux. Il faudra aussi que des ressources suffisantes soient mobilise'es aux niveaux national et international, que des ressources nouvelles et supple'mentaires soient alloue'es aux pays en de'veloppement par tous les me'canismes de financement existants, qu'ils soient multilate'raux, bilate'raux ou prive's, pour la promotion de la femme, et que des ressources financie`res soient affecte'es au renforcement des institutions nationales, sous-re'gionales, re'gionales et internationales; il faudra aussi une ferme volonte' d'assurer l'e'galite' des droits, des responsabilite's et des chances, et la participation e'gale des femmes et des hommes a` tous les organes et processus de de'cision aux niveaux national, re'gional et international, et il faudra cre'er a` tous les niveaux des me'canismes de vigilance responsables devant les femmes du monde entier, ou renforcer ceux qui existent. Chapitre II CONTEXTE MONDIAL 6. La quatrie`me Confe'rence mondiale sur les femmes a lieu a` l'aube d'un nouveau mille'naire. 7. Le Programme d'action confirme les principes e'nonce's dans la Convention sur l'e'limination de toutes les formes de discrimination a` l'e'gard des femmes 3/ et s'inspire des Strate'gies prospectives d'action de Nairobi pour la promotion de la femme, ainsi que des re'solutions pertinentes adopte'es par le Conseil e'conomique et social et l'Assemble'e ge'ne'rale. Il vise a` de'finir un ensemble de mesures a` prendre en priorite' au cours des cinq anne'es a` venir. 8. Le Programme d'action reconnai^t l'importance des de'cisions adopte'es d'un commun accord a` l'issue du Sommet mondial pour les enfants, de la Confe'rence des Nations Unies sur l'environnement et le de'veloppement, de la Confe'rence mondiale sur les droits de l'homme, de la Confe'rence internationale sur la population et le de'veloppement et du Sommet mondial pour le de'veloppement social, qui ont de'fini des perspectives et des engagements propres a` favoriser le de'veloppement durable et la coope'ration internationale et a` renforcer le ro^le de l'Organisation des Nations Unies a` cette fin. La Confe'rence mondiale sur le de'veloppement durable des petits E'tats insulaires en de'veloppement, la Confe'rence internationale sur la nutrition, la Confe'rence internationale sur les soins de sante' primaires et la Confe'rence mondiale sur l'e'ducation pour tous, de me^me, ont aborde' les divers aspects du de'veloppement et des droits de l'homme, chacune dans sa perspective propre, en accordant une grande attention au ro^le des femmes et des filles. L'Anne'e internationale des populations autochtones 4/, l'Anne'e internationale de la famille 5/, l'Anne'e des Nations Unies pour la tole'rance 6/, la De'claration de Gene`ve pour les femmes rurales 7/ et la De'claration sur l'e'limination de la discrimination a` l'e'gard des femmes 8/ ont aussi e'te' l'occasion de mettre l'accent sur la question du renforcement du pouvoir d'action des femmes et sur celle de leur e'galite'. 9. Le Programme d'action, qui est pleinement conforme aux buts et principes de la Charte des Nations Unies et du droit international, a pour objectif le renforcement du pouvoir d'action de toutes les femmes. Il est essentiel, pour atteindre cet objectif, que toute les femmes jouissent pleinement de tous les droits de l'homme et de toutes les liberte's fondamentales. S'il convient de ne pas perdre de vue l'importance des particularismes nationaux et re'gionaux et la diversite' historique, culturelle et religieuse, il est du devoir des E'tats, quel qu'en soit le syste`me politique, e'conomique et culturel, de promouvoir et de prote'ger tous les droits de l'homme et toutes les liberte's fondamentale 9/. La mise en oeuvre du pre'sent Programme d'action, y compris dans le cadre de la le'gislation des diffe'rents E'tats et gra^ce a` l'e'laboration de strate'gies, politiques, programmes et priorite's de de'veloppement, rele`ve de la responsabilite' souveraine de chaque E'tat, agissant dans le respect de tous les droits de l'homme et liberte's fondamentales, et la prise en compte et le strict respect des diverses valeurs religieuses et e'thiques, du patrimoine culturel et des convictions philosophiques des individus et de leurs communaute's devraient aider les femmes a` jouir pleinement de leurs droits fondamentaux afin de parvenir a` l'e'galite', au de'veloppement et a` la paix. 10. Depuis la tenue, en 1985, a` Nairobi, de la Confe'rence mondiale charge'e d'examiner et d'e'valuer les re'sultats de la De'cennie des Nations Unies pour les femmes : e'galite', de'veloppement et paix, et l'adoption des Strate'gies prospectives d'action de Nairobi pour la femme, le monde a connu de profondes mutations politiques, e'conomiques, sociales et culturelles, qui ont eu des effets tant be'ne'fiques que ne'fastes sur les femmes. La Confe'rence mondiale sur les droits de l'homme a reconnu que les droits fondamentaux des femmes et des fillettes font inalie'nablement, inte'gralement et indissociablement partie des droits universels de la personne. La pleine et e'gale participation des femmes a` la vie politique, civile, e'conomique, sociale et culturelle aux e'chelons national, re'gional et international, de me^me que l'e'limination de toutes les formes de discrimination fonde'es sur le sexe constituent des objectifs prioritaires de la communaute' internationale. La Confe'rence mondiale sur les droits de l'homme a re'affirme' l'engagement solennel pris par tous les E'tats de s'acquitter de leurs obligations s'agissant de promouvoir le respect universel, l'observation et la protection de l'ensemble des droits de l'homme et des liberte's fondamentales pour tous, conforme'ment a` la Charte des Nations Unies, aux autres instruments relatifs aux droits de l'homme et au droit international. Le caracte`re universel de ces droits et liberte's est irre'cusable. 11. La fin de la guerre froide a bouleverse' le panorama international et atte'nue' la rivalite' entre les superpuissances. La menace de conflit arme' a` l'e'chelon plane'taire a diminue', tandis que les relations internationales s'ame'lioraient et que s'ouvraient de nouvelles perspectives de paix entre les nations. Bien que la menace de conflit mondial ait e'te' re'duite, les guerres d'agression, les conflits arme's, le colonialisme ou d'autres formes de domination et d'occupation e'trange`res, les guerres civiles et le terrorisme continuent a` se'vir dans de nombreuses re'gions du monde. Les femmes sont victimes, notamment en pe'riode de conflit arme', de graves violations de leurs droits fondamentaux þ meurtre, torture, viol syste'matique, grossesse force'e et avortement force', en particulier dans le cadre des politiques de "nettoyage ethnique". 12. Le maintien de la paix et de la se'curite' aux e'chelons mondial, re'gional et local, de me^me que la pre'vention des politiques d'agression et de nettoyage ethnique et le re`glement des conflits arme's, reve^tent une importance de'cisive pour la protection des droits fondamentaux des femmes et des fillettes, de me^me que pour l'e'limination de toutes les formes de violence dirige'es contre elles et de la pratique consistant a` les utiliser comme arme de guerre. 13. Le montant excessif des de'penses militaires, s'agissant notamment des sommes consacre'es de par le monde aux arme'es et au commerce ou au trafic d'armes ainsi que des sommes investies dans la fabrication ou l'achat d'armes, a re'duit le volume des ressources disponibles pour le de'veloppement social. Les difficulte's e'conomiques, notamment le fardeau de la dette, ont contraint nombre de pays en de'veloppement a` adopter des politiques d'ajustement structurel. Qui plus est, certains programmes d'ajustement structurel mal conc'us et mal exe'cute's ont eu des conse'quences ne'fastes sur le de'veloppement social. Le nombre de ceux qui vivent dans la pauvrete' a augmente' de fac'on disproportionne'e dans la plupart des pays en de'veloppement, en particulier dans les pays lourdement endette's, au cours des 10 dernie`res anne'es. 14. Dans ce contexte, il convient de mettre l'accent sur la dimension sociale du de'veloppement. Encore que ne'cessaire au de'veloppement social, une croissance e'conomique acce'le're'e n'a pas a` elle seule pour effet d'ame'liorer la qualite' de la vie de la population. Dans certains cas, des situations peuvent surgir, qui risquent d'aggraver les ine'galite's sociales et la marginalisation. Il est donc indispensable, si l'on veut que tous les membres de la socie'te' be'ne'ficient de la croissance e'conomique, de trouver de nouvelles solutions fonde'es sur une appre'hension holistique de tous les aspects du de'veloppement : croissance, e'galite' entre les sexes, justice sociale, pre'servation et protection de l'environnement, durabilite', solidarite', participation, paix et respect des droits de l'homme. 15. Une tendance mondiale a` la de'mocratisation a e'largi la participation au processus politique dans bien des pays, mais la participation des femmes, sur un pied de pleine e'galite' avec les hommes, a` la prise des de'cisions clefs, n'est pas encore assure'e, en particulier dans le domaine politique. En Afrique du Sud, la politique de racisme institutionnalise' qu'e'tait l'apartheid a e'te' abolie et un transfert pacifique et de'mocratique du pouvoir est intervenu. En Europe centrale et orientale, la transition vers la de'mocratie parlementaire a e'te' rapide et a pris diffe'rentes formes selon la situation particulie`re de chaque pays. Quoique ge'ne'ralement pacifique, ce processus a e'te' freine' dans certains pays par des conflits arme's qui ont entrai^ne' de graves violations des droits de l'homme. 16. La re'cession e'conomique ge'ne'rale ainsi que l'instabilite' politique dont souffrent certaines re'gions ont eu pour effet de freiner la re'alisation des objectifs de de'veloppement dans de nombreux pays, ce qui a entrai^ne' une paupe'risation. Plus d'un milliard de personnes, qui sont en grande majorite' des femmes vivent dans une extre^me pauvrete'. Le processus de changement et d'ajustement rapides dans tous les secteurs a e'galement eu pour effet d'aggraver le cho^mage et le sous-emploi, en particulier chez les femmes. Dans bien des cas, les programmes d'ajustement structurel n'ont pas e'te' conc'us de fac'on a` nuire le moins possible aux groupes vulne'rables et de'savantage's ou aux femmes; ils n'ont pas e'te' conc'us non plus de fac'on a` avoir des effets favorables sur ces groupes en pre'venant leur marginalisation sur les plans e'conomique et social. L'Acte final des ne'gociations commerciales multilate'rales d'Uruguay 10/ mettait l'accent sur l'interde'pendance croissante des e'conomies nationales, ainsi que sur l'importance de la libe'ralisation du commerce et de l'acce`s a` des marche's dynamiques et ouverts. Il y a e'galement eu de grosses de'penses militaires dans certaines re'gions. En de'pit des augmentations enregistre'es pour certains pays, le volume global de l'aide publique au de'veloppement (APD) a re'cemment diminue'. 17. La pauvrete' absolue et la fe'minisation de la pauvrete', le cho^mage, la fragilite' croissante de l'environnement, la violence qui continue de s'exercer contre les femmes et le fait que la moitie' de l'humanite' soit exclue des institutions ou` s'exercent l'autorite' et le pouvoir te'moignent avec force de la ne'cessite' de continuer a` oeuvrer en faveur du de'veloppement, de la paix, de la se'curite' et pour trouver des moyens d'assurer un de'veloppement durable axe' sur l'e^tre humain. Il est essentiel, si l'on veut que cette que^te aboutisse, que les femmes, qui repre'sentent la moitie' de l'humanite', participent a` la prise des de'cisions. C'est pourquoi seule une nouvelle e`re de coope'ration internationale entre les gouvernements et les peuples fonde'e sur un esprit de partenariat, un environnement social et e'conomique international e'quitable et la transformation radicale des relations entre les sexes en une association fonde'e sur une ve'ritable e'galite' permettra de relever les de'fis du XXIe sie`cle. 18. L'e'volution re'cente de la situation e'conomique internationale a eu dans bien des cas un impact particulie`rement grand sur les femmes et les enfants, dont la majorite' vit dans les pays en de'veloppement. Pour les E'tats fortement endette's, les programmes et mesures d'ajustement structurel, tout en e'tant be'ne'fiques a` long terme, ont entrai^ne' une re'duction des de'penses sociales au de'triment des femmes, en particulier en Afrique et dans les pays les moins avance's. Cette situation est particulie`rement grave lorsque la responsabilite' des services sociaux essentiels, qui revenait aux gouvernements, repose de'sormais sur les femmes. 19. La re'cession e'conomique dans de nombreux pays de'veloppe's et en de'veloppement et la restructuration en cours dans les pays en transition ont eu des effets particulie`rement graves sur l'emploi des femmes. Celles-ci sont souvent force'es d'accepter un emploi dont la se'curite' n'est pas assure'e a` long terme ou qui comporte des conditions de travail dangereuses, de travailler a` domicile sans protection, ou d'e^tre au cho^mage. Pour ame'liorer les revenus de leur me'nage, bien des femmes entrent sur le marche' du travail dans des emplois sous-re'mune're's et sous-e'value's; d'autres de'cident d'e'migrer pour la me^me raison. Les femmes doivent ainsi supporter une charge globale de travail accrue sans que leurs autres responsabilite's diminuent pour autant. 20. Les politiques et programmes macro-e'conomiques et micro-e'conomiques, y compris les ajustements structurels, n'ont pas toujours e'te' conc'us de manie`re a` tenir compte de leurs effets sur les femmes et les fillettes, en particulier celles qui vivent dans la pauvrete'. La pauvrete' a augmente' en termes absolus comme en termes relatifs et le nombre de femmes vivant dans la pauvrete' s'est accru dans la plupart des re'gions. De nombreuses femmes urbaines vivent dans la pauvrete'; mais le sort des femmes vivant dans les zones rurales et e'loigne'es me'rite une attention particulie`re e'tant donne' la stagnation du de'veloppement dans ces zones. Dans les pays en de'veloppement, me^me lorsque les indicateurs nationaux se sont ame'liore's, la majorite' des femmes rurales continuent de vivre dans des conditions de sous-de'veloppement e'conomique et de marginalisation sociale. 21. Les femmes apportent une contribution essentielle a` l'e'conomie et a` la lutte contre la pauvrete' en travaillant, avec ou sans re'mune'ration, chez elles, au sein de la communaute' et a` l'exte'rieur. Un nombre croissant de femmes sont parvenues a` l'inde'pendance e'conomique gra^ce a` un emploi re'mune'rateur. 22. Un quart des me'nages du monde entier sont dirige's par des femmes et de nombreux autres me'nages de'pendent du revenu de la femme me^me lorsqu'ils comptent des hommes. Les me'nages dont les femmes assurent la subsistance figurent tre`s souvent parmi les plus pauvres en raison de la discrimination en matie`re de salaire, de la se'gre'gation en matie`re d'emploi sur le marche' du travail et d'autres obstacles fonde's sur le sexe. La de'sinte'gration des familles, les mouvements de population entre zones urbaines et zones rurales a` l'inte'rieur des pays, les migrations internationales, les guerres et les de'placements internes de population constituent des facteurs qui contribuent a` multiplier le nombre des me'nages dirige's par des femmes. 23. Conscientes du fait que l'e'tablissement et le maintien de la paix et de la se'curite' sont une condition pre'alable ne'cessaire au progre`s e'conomique et social, les femmes, a` des titres divers, occupent de plus en plus le devant de la sce`ne dans le mouvement de l'humanite' en faveur de la paix. Leur pleine participation a` la prise des de'cisions, a` la pre'vention et au re`glement des conflits ainsi qu'a` toutes les autres initiatives de paix est essentielle pour parvenir a` une paix durable. 24. La religion, la spiritualite' et les convictions jouent un ro^le central dans la vie de millions de femmes et d'hommes, dans la manie`re dont ils vivent et dans leurs aspirations. Le droit a` la liberte' de pense'e, de conscience et de religion est inalie'nable et tout individu doit pouvoir l'exercer. Ce droit implique la liberte' d'avoir ou d'adopter la religion ou la conviction de son choix, ainsi que la liberte' de manifester sa religion ou sa conviction, individuellement ou en commun, tant en public qu'en prive', par le culte, l'accomplissement des rites, les pratiques et l'enseignement. Si l'on veut parvenir a` l'e'galite', au de'veloppement et a` la paix, il est ne'cessaire de respecter pleinement ces droits et liberte's. La religion, la pense'e, la conscience et la conviction peuvent effectivement contribuer a` la satisfaction des besoins moraux, e'thiques et spirituels des femmes et des hommes et a` l'accomplissement de leur plein potentiel dans la socie'te'. Il faut toutefois reconnai^tre que toute forme d'extre'misme peut exercer un effet ne'gatif sur les femmes et conduire a` la violence et a` la discrimination. 25. La quatrie`me Confe'rence mondiale sur les femmes devrait acce'le'rer le processus qui a de'bute' officiellement en 1975, anne'e que l'Assemble'e ge'ne'rale des Nations Unies a proclame'e Anne'e internationale des femmes. Cette anne'e a marque' un tournant en mettant les proble`mes des femmes a` l'ordre du jour. Dans le cadre de la De'cennie des Nations Unies pour la femme (1976-1985), un effort a e'te' fait sur le plan mondial pour examiner la condition et les droits des femmes et leur permettre de participer a` la prise des de'cisions a` tous les niveaux. En 1979, l'Assemble'e ge'ne'rale a adopte' la Convention sur l'e'limination de toutes les formes de discrimination a` l'e'gard des femmes, qui est entre'e en vigueur en 1981 et constitue une norme internationale pour la de'finition de l'e'galite' entre les femmes et les hommes. En 1985, la Confe'rence mondiale charge'e d'examiner et d'e'valuer les re'sultats de la De'cennie des Nations Unies pour la femme : e'galite', de'veloppement et paix a adopte' les Strate'gies prospectives d'action de Nairobi pour la promotion de la femme, dont la mise en oeuvre s'e'chelonnera jusqu'a` l'an 2000. D'importants progre`s ont e'te' re'alise's dans la voie de l'e'galite' entre les femmes et les hommes. De nombreux gouvernements ont promulgue' des lois visant a` promouvoir l'e'galite' entre les femmes et les hommes et ont cre'e' des me'canismes nationaux charge's de veiller a` ce que les besoins des femmes soient pris en conside'ration dans tous les secteurs de la socie'te'. Les organismes internationaux se sont inte'resse's davantage a` la condition et au ro^le des femmes. 26. Gra^ce a` son importance croissante, le secteur non gouvernemental, en particulier les organisations de femmes et les groupes fe'ministes, est devenu un moteur de changement. Les organisations non gouvernementales ont joue' un ro^le important en se faisant l'avocat de mesures le'gislatives ou de me'canismes permettant d'assurer la promotion des femmes. Elles sont e'galement devenues le catalyseur de nouvelles conceptions du de'veloppement. De nombreux gouvernements reconnaissent de plus en plus le ro^le de premier plan des organisations non gouvernementales et l'inte're^t qu'il y a a` travailler avec elles en faveur du progre`s. Cependant, dans certains pays, les gouvernements continuent de limiter la liberte' d'action des organisations non gouvernementales. Par l'interme'diaire des organisations non gouvernementales, les femmes ont participe' a` des instances communautaires, nationales, re'gionales et mondiales ainsi qu'a` des de'bats internationaux, et les ont fortement influence's. 27. Depuis 1975, la condition de la femme et celle de l'homme sont mieux connues, ce qui contribue a` renforcer les mesures visant a` promouvoir l'e'galite' entre les deux sexes. Dans plusieurs pays, d'importants changements ont marque' les rapports entre femmes et hommes, en particulier la` ou` l'e'ducation des femmes a beaucoup progresse' et ou` leur participation aux activite's re'mune're'es s'est sensiblement accrue. Dans la division du travail, les frontie`res entre ro^le producteur et ro^le reproducteur s'estompent progressivement : les femmes ont commence' a` pe'ne'trer dans des domaines auparavant domine's par les hommes, et ces derniers ont commence' a` accepter de plus grandes responsabilite's au foyer, y compris pour les soins a` donner aux enfants. Toutefois, il y a eu un changement plus grand et beaucoup plus rapide dans le ro^le des femmes que dans celui des hommes. Dans bien des pays, les diffe'rences entre les re'alisations et les activite's des femmes et des hommes sont toujours perc'ues comme e'tant les conse'quences de diffe'rences biologiques immuables et non comme de'coulant du ro^le de'volu aux homme et aux femmes par la socie'te'. 28. De plus, 10 ans apre`s la Confe'rence de Nairobi, l'e'galite' entre les femmes et les hommes n'a toujours pas e'te' re'alise'e. A` l'e'chelle mondiale, les femmes ne repre'sentent en moyenne que 10 % a` peine de tous les le'gislateurs e'lus, et dans la plupart des structures administratives nationales et internationales, tant publiques que prive'es, elles restent sous- repre'sente'es. L'Organisation des Nations Unies ne fait pas exception. Cinquante ans apre`s sa cre'ation, elle continue de se priver des be'ne'fices que pourrait lui apporter la contribution des femmes aux niveaux les plus e'leve's de prise de de'cisions de son Secre'tariat et des institutions spe'cialise'es, ou` elles sont toujours sous-repre'sente'es. 29. Les femmes jouent un ro^le critique dans la famille. La famille est l'unite' fondamentale de la socie'te' et doit en tant que telle e^tre renforce'e. Elle est en droit de recevoir une protection et un appui dans tous les domaines. La famille prend diverses formes selon les syste`mes culturels, politiques et sociaux. Les droits, capacite's et responsabilite's des membres de la famille doivent e^tre respecte's. On ne mesure pas encore toute l'importance de la contribution que les femmes apportent au bien-e^tre de la famille et au de'veloppement de la socie'te'. Il convient de reconnai^tre l'importance sociale de la maternite' et le ro^le des parents au sein de la famille et dans l'e'ducation des enfants. E'lever des enfants exige un partage des responsabilite's entre les parents, femmes et hommes, et la socie'te' dans son ensemble. La maternite', la ta^che des parents et le ro^le des femmes en matie`re de procre'ation ne doivent pas e^tre une source de discrimination ni limiter la pleine participation des femmes dans la socie'te'. Il convient aussi de reconnai^tre le ro^le important que les femmes jouent souvent dans de nombreux pays en s'occupant d'autres membres de leur famille. 30. Bien que le taux de croissance de'mographique diminue, la population mondiale atteint actuellement un niveau record en chiffres absolus, avec une augmentation de pre`s de 86 millions de personnes par an. Deux autres grandes tendances de'mographiques ont eu de profondes re'percussions sur la proportion de personnes a` charge au sein des familles. Dans de nombreux pays en de'veloppement, 45 a` 50 % de la population a moins de 15 ans alors que, dans les pays industrialise's, le nombre et la proportion des personnes a^ge'es augmentent. Selon des estimations de l'ONU, d'ici a` 2025, 72 % de la population a^ge'e de plus de 60 ans vivront dans des pays en de'veloppement þ et plus de la moitie' de cette population sera constitue'e par des femmes. Le soin de s'occuper des enfants, des malades et des personnes a^ge'es incombe surtout aux femmes, en raison de l'ine'galite' avec les hommes et d'un de'se'quilibre dans la re'partition du travail, re'mune're' et non re'mune're', entre les sexes. 31. De nombreuses femmes se heurtent a` des obstacles particuliers en raison de facteurs divers qui viennent s'ajouter aux proble`mes propres a` leur sexe et qui les isolent ou les marginalisent souvent. Elles ne peuvent exercer leurs droits fondamentaux, n'ont pas le droit ou la possibilite' d'acce'der a` l'e'ducation, a` la formation professionnelle, a` l'emploi, au logement et a` l'inde'pendance e'conomique, et ne peuvent participer aux processus de prise de de'cisions. Ces femmes se voient souvent refuser la possibilite' de contribuer a` part entie`re a` la vie ge'ne'rale de leur communaute'. 32. Au cours des 10 dernie`res anne'es, on a e'galement assiste' a` une prise de conscience de plus en plus nette des pre'occupations et des inte're^ts spe'cifiques des femmes autochtones, dont l'identite', les traditions culturelles et les formes d'organisation sociale enrichissent et renforcent les communaute's dans lesquelles elles vivent. Les femmes autochtones se heurtent souvent a` des obstacles a` la fois en tant que femmes et en tant que membres de communaute's autochtones. 33. Au cours des 20 dernie`res anne'es, le monde a e'te' te'moin d'un de'veloppement spectaculaire dans le domaine des communications. Par suite des progre`s de l'informatique et de la te'le'vision par satellite et par ca^ble, l'acce`s a` l'information a` l'e'chelle mondiale continue de s'e'largir et ouvre de nouvelles possibilite's pour la participation des femmes aux communications et aux me'dias, ainsi que pour la diffusion d'informations sur les femmes. Mais les re'seaux de communication mondiaux ont e'te' aussi utilise's pour propager des images ste're'otype'es et avilissantes de la femme a` des fins strictement commerciales de consommation. Tant que les femmes ne participeront pas sur un pied d'e'galite' a` toutes les activite's techniques et a` la prise de de'cisions dans le domaine des communications et des me'dias, y compris dans le domaine artistique, on continuera a` donner d'elles une image fausse et a` me'connai^tre la re'alite' de leur vie. Les me'dias ont la possibilite' de jouer un grand ro^le dans la promotion de la femme et la lutte pour l'e'galite' entre les sexes, en donnant des femmes et des hommes une image non ste're'otype'e, diversifie'e et e'quilibre'e, et en respectant la dignite' et la valeur de la personne humaine. 34. La de'gradation persistante de l'environnement, qui touche toutes les vies humaines, a souvent une influence plus directe sur les femmes. La sante' et les moyens d'existence de celles-ci sont menace's par la pollution et les de'chets toxiques, ainsi que par le de'boisement a` grande e'chelle, la de'sertification, la se'cheresse et l'e'puisement des sols et des ressources co^tie`res et marines, qui s'accompagnent d'une augmentation des proble`mes de sante' et me^me des de'ce`s lie's a` la de'gradation de l'environnement chez les femmes et les fillettes. Les plus touche'es sont les femmes rurales et les femmes autochtones, dont les moyens d'existence et la subsistance quotidienne de'pendent directement d'e'cosyste`mes durables. 35. La pauvrete' et la de'gradation de l'environnement sont e'troitement lie'es. Si la pauvrete' entrai^ne certains types de contraintes qui pe`sent sur l'environnement, la de'te'rioration persistante de l'environnement mondial est principalement due a` la non-viabilite' des modes de consommation et de production, en particulier dans les pays industrialise's, facteur qui aggrave la pauvrete' et les de'se'quilibres et qui est un sujet de grave pre'occupation. 36. Les tendances mondiales ont entrai^ne' de profonds changements dans les strate'gies de survie et la structure des familles. L'exode rural est partout en nette augmentation. Selon les projections, la population urbaine devrait atteindre 47 % de l'ensemble de la population mondiale d'ici a` l'an 2000. On estime a` 125 millions le nombre des migrants, re'fugie's et personnes de'place'es, dont la moitie' vivent dans des pays en de'veloppement. Ces mouvements massifs de population ont de profondes re'percussions sur la structure et le bien-e^tre des familles et ont des conse'quences plus graves pour les femmes que pour les hommes, une de ces conse'quences e'tant, dans bien des cas, l'exploitation sexuelle des femmes. 37. Selon les estimations de l'Organisation mondiale de la sante' (OMS), on comptait, au de'but de 1995, 4,5 millions de cas de syndrome d'immunode'ficience acquise (sida). On estime que 19,5 millions d'hommes, de femmes et d'enfants ont e'te' infecte's par le virus de l'immunode'ficience humaine (VIH) depuis qu'il a e'te' identifie' et, selon les projections, 20 millions de plus le seront d'ici la fin de la de'cennie. Il est probable que, parmi les nouveaux cas, il y aura deux fois plus de femmes que d'hommes. S'il n'y avait pas beaucoup de femmes se'ropositives au de'but de la pande'mie du sida, il y en a maintenant 8 millions environ. Les jeunes femmes et les adolescentes sont particulie`rement vulne'rables. On estime que d'ici a` l'an 2000, plus de 13 millions de femmes seront se'ropositives et 4 millions seront mortes des conse'quences du sida. De plus, on estime a` 250 millions environ par an le nombre de nouveaux cas de maladies ve'ne'riennes. La transmission des maladies ve'ne'riennes et du VIH/sida s'acce'le`re a` un rythme alarmant chez les femmes et les fillettes, surtout dans les pays en de'veloppement. 38. Depuis 1975, on a re'uni une somme conside'rable de connaissances et d'informations sur la situation des femmes et leurs conditions de vie. Dans la plupart des pays, les femmes se heurtent, tout au long de leur existence, dans leur vie quotidienne et dans leurs aspirations a` long terme, a` des attitudes discriminatoires, des structures e'conomiques et sociales iniques et un manque de ressources qui les empe^chent de participer pleinement a` la vie publique dans des conditions d'e'galite'. Dans nombre de pays, la pratique de la se'lection pre'natale en fonction du sexe, les taux de mortalite' plus e'leve's et les taux de scolarisation moins e'leve's chez les fillettes que chez les garc'ons semblent indiquer que la pre'fe'rence donne'e aux fils dans la famille empe^che les fillettes d'avoir pleinement acce`s a` l'alimentation, a` l'enseignement et aux soins de sante', et porte me^me atteinte a` leur droit a` la vie. La discrimination a` l'e'gard des femmes commence de`s leur plus jeune a^ge et c'est donc de`s la naissance qu'il faut y faire face. 39. La fillette d'aujourd'hui est la femme de demain. Ses talents, ses ide'es et son e'nergie sont essentiels pour la re'alisation des objectifs que sont l'e'galite', le de'veloppement et la paix. Pour qu'elle re'alise pleinement son potentiel, il faut qu'elle se de'veloppe dans un milieu favorable qui lui permette de satisfaire ses besoins spirituels, intellectuels et mate'riels en matie`re de survie, de protection et de de'veloppement, et lui garantisse les me^mes droits que les garc'ons. Si l'on veut que les femmes participent sur un pied d'e'galite' avec les hommes a` tous les aspects de la vie et du de'veloppement, il est grand temps de reconnai^tre la dignite' humaine et la valeur de la fillette et de lui assurer la jouissance inte'grale de ses droits et liberte's fondamentales, y compris les droits garantis par la Convention relative aux droits de l'enfant 11/, que tous les E'tats sont instamment prie's de ratifier. Mais on constate partout dans le monde que les fillettes sont en butte a` la discrimination et a` la violence de`s leur plus jeune a^ge et continuent de l'e^tre tout au long de leur vie. Elles sont souvent moins bien nourries que les garc'ons, on veille moins a` leur sante' physique et mentale et a` leur instruction, elles jouissent dans une moindre mesure des droits, des possibilite's et des avantages de l'enfance et de l'adolescence. Elles souffrent souvent de diverses formes d'exploitation sexuelle et e'conomique þ pe'dophilie, prostitution force'e et parfois vente de leurs organes et leurs tissus, violences et pratiques nuisibles comme l'infanticide et la se'lection pre'natale selon le sexe, l'inceste, la mutilation ge'nitale et le mariage pre'coce, y compris le mariage d'enfants. 40. La moitie' de la population mondiale est a^ge'e de moins de 25 ans et la plupart des jeunes dans le monde þ plus de 85 % þ vivent dans les pays en de'veloppement. Les de'cideurs doivent prendre conscience des incidences de ces donne'es de'mographiques. Il faut prendre des mesures spe'ciales pour que les jeunes femmes acquie`rent les compe'tences ne'cessaires pour participer activement et efficacement a` la direction des affaires sociales, culturelles, politiques et e'conomiques a` tous les niveaux. Il faut absolument que la communaute' internationale prouve sa nouvelle volonte' de pre'parer l'avenir þ sa volonte' d'inciter une nouvelle ge'ne'ration de femmes et d'hommes a` travailler ensemble a` l'instauration d'une socie'te' plus e'quitable. Cette nouvelle ge'ne'ration de cadres devra accepter et promouvoir l'existence d'un monde ou` chaque enfant soit a` l'abri de l'injustice, de l'oppression et de l'ine'galite', un monde ou` il puisse s'e'panouir librement. Le principe de l'e'galite' des hommes et des femmes doit donc faire partie inte'grante du processus de socialisation. Chapitre III DOMAINES CRITIQUES 41. La promotion de la femme et l'e'galite' entre hommes et femmes sont un aspect des droits de l'homme; c'est une condition de la justice sociale; c'est un objectif qui ne doit pas e^tre conside're' comme inte'ressant exclusivement les femmes. C'est le seul moyen de ba^tir une socie'te' viable, juste et de'veloppe'e. Le renforcement du pouvoir d'action des femmes et l'e'galite' entre les sexes sont des pre'alables essentiels a` la se'curite' politique, sociale, e'conomique, culturelle et e'cologique de tous les peuples. 42. La plupart des objectifs e'nonce's dans les Strate'gies prospectives d'action de Nairobi pour la promotion de la femme ne sont pas atteints. Malgre' tout ce qu'ont fait des gouvernements, des organisations non gouvernementales, des femmes et des hommes partout dans le monde, il reste beaucoup d'obstacles au renforcement du pouvoir d'action des femmes. Des profondes crises politiques, e'conomiques et e'cologiques persistent dans de nombreuses re'gions du monde, notamment du fait des guerres d'agression, des conflits arme's, des re'gimes coloniaux et d'autres formes de domination ou d'occupation e'trange`re, des guerres civiles et du terrorisme dont les effets s'ajoutent a` ceux des discriminations de fait ou syste'matiques, de l'absence de protection et de la violation des droits et liberte's fondamentaux de toutes les femmes et de leurs droits civils, culturels, e'conomiques et sociaux, y compris le droit au de'veloppement, et des pre'juge's profonde'ment ancre's a` l'e'gard des femmes et des filles; et ce ne sont la` qu'une partie des proble`mes rencontre's depuis la Confe'rence mondiale de 1985 charge'e d'examiner et d'e'valuer les re'sultats de la De'cennie des Nations Unies pour la femme : e'galite', de'veloppement et paix. 43. L'e'tude des progre`s re'alise's depuis la Confe'rence de Nairobi fait apparai^tre des proble`mes particulie`rement pre'occupants dans certaines domaines qui sont de ce fait des domaines prioritaires ou` l'action s'impose d'urgence. Tous les acteurs devraient axer leur action et leurs ressources sur les objectifs strate'giques dans ces domaines critiques, qui sont ne'cessairement lie's entre eux, interde'pendants et prioritaires. Ils devront cre'er et utiliser des me'canismes de vigilance qui rendront compte de ce qui aura e'te' fait dans chacun de ces domaines critiques. 44. A` cette fin, les gouvernements, la communaute' internationale et la socie'te' civile, y compris les organisations non gouvernementales du secteur prive', sont appele's a` prendre des mesures strate'giques dans les domaines critiques ci-apre`s : þ La persistance de la pauvrete', qui pe`se de plus en plus sur les femmes; þ L'acce`s ine'gal a` l'e'ducation et a` la formation et les disparite's et insuffisances dans ce domaine; þ L'acce`s ine'gal aux soins de sante' et aux services sanitaires et les disparite's et insuffisances dans ce domaine; þ La violence a` l'e'gard des femmes; þ Les effets des conflits arme's et autres sur les femmes, notamment celles qui vivent sous occupation e'trange`re; þ L'ine'galite' face aux structures et politiques e'conomiques, a` toutes les formes d'activite' de production et a` l'acce`s aux ressources; þ Le partage ine'gal du pouvoir et des responsabilite's de de'cision a` tous les niveaux; þ L'insuffisance des me'canismes de promotion de la femme a` tous les niveaux; þ Le non-respect des droits fondamentaux des femmes et les carences de la promotion et de la protection de ces droits; þ Les images ste're'otype'es des femmes et l'ine'galite' de l'acce`s et de la participation a` tous les syste`mes de communication, en particulier les me'dias; þ Les disparite's entre les hommes et les femmes dans le domaine de la gestion des ressources naturelles et de la pre'servation de l'environnement; þ La persistance de la discrimination a` l'e'gard des petites filles et des violations de leurs droits fondamentaux. Chapitre IV OBJECTIFS STRATE'GIQUES ET MESURES A` PRENDRE 45. Dans chacun des domaines critiques on pose des diagnostics et on propose aux divers acteurs des objectifs strate'giques et des mesures concre`tes pour les atteindre. Les objectifs strate'giques sont de'finis a` partir des proble`mes critiques, et les mesures propose'es ignorent le cloisonnement entre e'galite', de'veloppement et paix et refle`tent l'interde'pendance de ces trois objectifs des Strate'gies prospectives d'action de Nairobi pour la promotion de la femme. Ces objectifs et ces mesures sont interde'pendants, ont une priorite' e'leve'e et se renforcent mutuellement. Le Programme d'action a pour objectif d'ame'liorer la condition de toutes les femmes, sans exception, car toutes rencontrent en ge'ne'ral des obstacles similaires, mais une attention particulie`re est accorde'e aux groupes les plus de'favorise's. 46. Le Programme d'action reconnai^t que la re'alisation de la pleine e'galite' et la promotion de la femme sont freine'es par des facteurs tels que race, a^ge, langue, appartenance ethnique, culture, religion, ou pre'sence d'un handicap, appartenance a` une peuplade autochtone ou autres raisons. Nombre de femmes se heurtent a` des obstacles spe'cifiques lie's a` leur situation de famille þ en particulier les me`res ce'libataires þ et a` leur situation socio-e'conomique þ notamment aux conditions de vie dans des re'gions rurales ou recule'es, et dans des poches de pauvrete'. Les re'fugie'es et autres femmes de'place'es, y compris celles qui sont de'place'es a` l'inte'rieur de leur propre pays, ainsi que les immigrantes et les migrantes, y compris les travailleuses migrantes, rencontrent des obstacles supple'mentaires. Nombre de femmes sont particulie`rement touche'es par des catastrophes e'cologiques, des maladies graves et infectieuses, et diverses formes spe'cifiques de violence. A. La persistance de la pauvrete', qui pe`se de plus en plus sur les femmes 47. Plus d'un milliard de personnes vivent aujourd'hui dans une pauvrete' inacceptable, principalement dans les pays en de'veloppement, et les femmes en composent l'immense majorite'. La pauvrete' a des causes diverses, entre autres des causes structurelles. C'est un proble`me complexe et multiforme, dont il faut chercher l'origine a` la fois dans le contexte national et sur le plan international. La mondialisation de l'e'conomie et l'interde'pendance croissante entre les nations cre'ent a` la fois de nouveaux de'fis et de nouvelles possibilite's de croissance e'conomique et de de'veloppement soutenus, ainsi que des risques et des incertitudes sur l'avenir de l'e'conomie mondiale. A` l'incertitude de la conjoncture e'conomique mondiale s'ajoutent les effets des restructurations e'conomiques ainsi que, dans un certain nombre de pays, d'un endettement persistant et inge'rable et des programmes d'ajustement structurel. En outre, des conflits de tous types, les de'placements de populations et la de'gradation de l'environnement ont re'duit la capacite' des gouvernements de re'pondre aux besoins fondamentaux des populations. Les transformations de l'e'conomie mondiale modifient radicalement les donne'es du de'veloppement social dans tous les pays. Un phe'nome`ne notable a` cet e'gard est la paupe'risation des femmes, que l'on observe a` des degre's divers selon les re'gions, et qui est du^ en grande partie au partage ine'gal du pouvoir e'conomique entre les deux sexes. Les migrations et les changements des structures familiales qu'elles ont entrai^ne's ont encore alourdi le fardeau qui pe`se sur les femmes, notamment celles qui ont plusieurs personnes a` leur charge. Face a` ces tendances, il faut repenser et reformuler les politiques macro- e'conomiques. Ces politiques touchent presque exclusivement le secteur structure' de l'e'conomie. En outre, elles ont tendance a` entraver les initiatives des femmes et elles sont conc'ues sans tenir compte du fait que les diverses mesures ont un impact diffe'rent sur les femmes et sur les hommes. L'analyse des sexospe'cificite's de toutes sortes de politiques et programmes est essentielle au succe`s de la lutte contre la pauvrete'. Pour e'liminer la pauvrete' et parvenir a` un de'veloppement durable, il faut que les hommes et les femmes participent pleinement et sur un pied d'e'galite' a` la formulation des politiques et des strate'gies macro-e'conomiques et sociales. L'e'limination de la pauvrete' ne peut se faire sur la seule base de programmes de de'paupe'risation mais exige une participation de'mocratique et doit passer par une modification des structures e'conomiques afin de garantir a` toutes les femmes l'e'galite' des chances et l'acce`s aux ressources et aux services publics. Les manifestations de la pauvrete' sont diverses : revenus et moyens de production insuffisants; faim et malnutrition; mauvaise sante'; difficulte' d'acce`s a` l'e'ducation et autres services de base; taux croissants de morbidite' et de mortalite' dus aux maladies; absence de logement et mauvaises conditions de logement; inse'curite', discrimination sociale et marginalisation. Elle se caracte'rise e'galement par l'exclusion de la prise de de'cisions et de la vie civile, sociale et culturelle. Tous les pays sont touche's þ de nombreux pays en de'veloppement par le paupe'risme massif et les pays de'veloppe's par l'existence de poches de pauvrete' au milieu de la prospe'rite'. La pauvrete' peut e^tre cause'e par une re'cession e'conomique entrai^nant une perte d'emplois ou par une catastrophe ou un conflit. Il ne faut pas oublier la pauvrete' des travailleurs mal paye's a` bas revenu et l'indigence totale de ceux qui ne sont pas prote'ge's par les re'seaux d'entraide familiale, par des services sociaux ou par des filets de se'curite'. 48. Au cours des 10 dernie`res anne'es, le nombre de femmes vivant dans la pauvrete' a augmente' plus rapidement que celui des hommes, en particulier dans les pays en de'veloppement. La fe'minisation de la pauvrete' est e'galement devenue un proble`me important dans les pays en transition du fait des conse'quences a` court terme des transformations politiques, e'conomiques et sociales. Aux facteurs e'conomiques s'ajoutent la rigidite' des ro^les de'volus par la socie'te' aux hommes et aux femmes et l'insuffisance de l'acce`s des femmes au pouvoir, a` l'e'ducation, a` la formation et aux ressources productives ainsi que de nouveaux facteurs qui peuvent fragiliser la se'curite' des familles. Le fait que l'on n'ait pas syste'matiquement adopte' une de'marche soucieuse de l'e'quite' entre les sexes dans les analyses et les plans e'conomiques et que l'on n'ait pas reme'die' aux causes structurelles de la pauvrete' a e'galement contribue' a` l'appauvrissement des femmes. 49. Les femmes participent a` la vie e'conomique et a` la lutte contre la pauvrete' par leurs activite's domestiques, communautaires et professionnelles re'mune're'es et non re'mune're'es. Leur autonomie e'conomique est une condition essentielle a` l'e'limination de la pauvrete'. 50. La pauvrete' touche toute la famille mais, du fait de la re'partition des ta^ches et des responsabilite's entre les sexes, les femmes, qui doivent ge'rer la consommation et la production des me'nages quand les pe'nuries s'aggravent, en sont les principales victimes, surtout dans les familles rurales. 51. La pauvrete' des femmes est directement lie'e au manque de perspectives et d'autonomie e'conomiques, au fait qu'elles n'ont acce`s ni aux ressources e'conomiques þ cre'dit, proprie'te' foncie`re, succession, etc. þ ni a` l'e'ducation et aux services d'appui, et au fait qu'elles participent tre`s peu aux prises de de'cisions. La pauvrete' peut e'galement rendre les femmes vulne'rables a` l'exploitation sexuelle. 52. Dans de trop nombreux pays, les services de protection sociale ne tiennent pas suffisamment compte de la situation spe'cifique des femmes pauvres et la tendance est a` la re'duction de ces services. Le risque de sombrer dans la pauvrete' est plus grand pour les femmes que pour les hommes, en particulier apre`s un certain a^ge, quand la protection sociale est lie'e a` un emploi re'mune're' continu. Il arrive en effet que les femmes ne remplissent pas les conditions requises a` cause des interruptions de travail dues a` la re'partition de'se'quilibre'e du travail re'mune're' et non re'mune're'. En outre, apre`s un certain a^ge, les femmes se heurtent a` des obstacles beaucoup plus grands lorsqu'elles veulent rentrer dans la vie active. 53. Dans de nombreux pays de'veloppe's, ou` le niveau d'instruction ge'ne'rale et la formation professionnelle des hommes et des femmes sont similaires et ou` il existe des syste`mes de protection contre la discrimination, les transformations e'conomiques qui ont eu lieu dans certains secteurs au cours de la dernie`re de'cennie ont soit conside'rablement augmente' le cho^mage des femmes, soit rendu leur emploi beaucoup plus pre'caire. La proportion de femmes pauvres a donc augmente'. Dans les pays ou` le taux de scolarisation des filles est e'leve', ce sont celles qui quittent l'e'cole le plus to^t, souvent sans aucune qualification, qui sont les plus vulne'rables sur le marche' du travail. 54. Dans les pays en transition et les autres pays en pleine mutation politique, e'conomique et sociale, ces mutations ont souvent re'duit les revenus des femmes ou les ont me^me prive'es de tout revenu. 55. Dans les pays en de'veloppement, en particulier, il conviendrait d'accroi^tre la capacite' de production des femmes en leur donnant acce`s au capital, aux ressources, au cre'dit, a` la terre, a` la technologie, a` l'information, a` l'assistance technique et a` la formation afin qu'elles puissent gagner plus d'argent et ame'liorer la nutrition, l'e'ducation, les soins de sante' et leur propre condition au sein de la famille. Il est essentiel de libe'rer le potentiel productif des femmes si l'on veut briser le cercle vicieux de la pauvrete' et faire be'ne'ficier pleinement les femmes du de'veloppement et des fruits de leur travail. 56. Un de'veloppement durable et une croissance e'conomique a` la fois soutenue et durable ne seront possibles que si l'on ame'liore la situation e'conomique, sociale, politique, juridique et culturelle des femmes. Le de'veloppement durable doit s'appuyer sur un de'veloppement social e'quitable qui donne aux pauvres, et plus particulie`rement aux femmes pauvres, les moyens d'exploiter rationnellement les ressources naturelles. 57. Pour que les politiques et les mesures spe'cifiques visant a` promouvoir et renforcer l'e'galite' entre les sexes et a` ame'liorer la condition de la femme puissent aboutir, il faut que les politiques ge'ne'rales concernant tous les secteurs de la socie'te' soient conc'ues dans une perspective e'galitaire et que des mesures concre`tes be'ne'ficiant d'un soutien institutionnel et financier suffisant soient applique'es a` tous les niveaux. Objectif strate'gique A.1. Revoir, adopter et appliquer des politiques macro-e'conomiques et des strate'gies de de'veloppement re'pondant aux besoins et aux efforts des femmes vivant dans la pauvrete' Mesures a` prendre 58. Les gouvernements devraient : a) Revoir et re'orienter, avec la pleine participation des femmes, sur un pied d'e'galite' avec les hommes, les politiques macro-e'conomiques et sociales en vue d'atteindre les objectifs du Programme d'action; b) Analyser dans une perspective e'galitaire, les politiques et les programmes, y compris ceux qui ont trait a` la stabilite' macro-e'conomique, a` l'ajustement structurel, a` la dette exte'rieure, a` la fiscalite', a` l'investissement, a` l'emploi, aux marche's et a` tous les secteurs de l'e'conomie, afin d'e'valuer leur impact sur la pauvrete', sur l'ine'galite', en particulier entre les sexes, ainsi que sur le bien-e^tre et les conditions de vie des familles, et les adapter, au besoin, pour parvenir a` une re'partition plus e'quitable des moyens de production, des richesses, des chances, des revenus et des services; c) Appliquer des politiques macro-e'conomiques et sectorielles judicieuses et stables, a` la conception et au suivi desquelles les femmes participent pleinement et sur un pied d'e'galite', en vue de favoriser une croissance e'conomique large et soutenue, s'attaquer aux causes structurelles du paupe'risme et e'liminer ce fle'au, et re'duire les disparite's fonde'es sur le sexe dans le contexte du de'veloppement durable au service de l'individu; d) Restructurer et cibler les de'penses publiques pour promouvoir l'e'galite' des perspectives e'conomiques ainsi qu'un acce`s e'gal aux moyens de production, et re'pondre aux besoins de services sociaux de base, d'e'ducation et de sante' des femmes, en particulier des femmes pauvres; e) De'velopper l'agriculture et la pe^che, chaque fois qu'il le faudra, afin d'assurer un degre' approprie' de se'curite' et d'autosuffisance alimentaires, tant au niveau des me'nages qu'au niveau national, en y consacrant les ressources financie`res, techniques et humaines ne'cessaires; f) E'laborer des politiques et des programmes propres a` favoriser une re'partition e'quitable des produits alimentaires dans les familles; g) Inte'grer dans la politique sociale la cre'ation de filets de se'curite' ade'quats et le renforcement des services nationaux et communautaires afin de permettre aux femmes de survivre dans des environnements e'conomiques adverses et de pre'server leurs moyens d'existence et leurs revenus en temps de crise; h) E'laborer des politiques e'conomiques ayant un effet positif sur l'emploi et le revenu des travailleuses, tant dans le secteur structure' que dans le secteur informel et adopter des mesures spe'cifiques de lutte contre le cho^mage fe'minin, en particulier le cho^mage de longue dure'e; i) Formuler et appliquer, chaque foi que ne'cessaire, des politiques dans les domaines e'conomique, social, agricole et les domaines connexes visant spe'cifiquement a` aider les me'nages ayant a` leur te^te une femme; j) E'laborer et appliquer des programmes de lutte contre la pauvrete', y compris des plans favorisant l'emploi, afin d'ame'liorer l'acce`s des femmes pauvres a` la nourriture, en recourant notamment a` des me'canismes ade'quats d'e'tablissement des prix et de distribution; k) Faire en sorte que toutes les migrantes, y compris les travailleuses migrantes, jouissent pleinement de leurs droits fondamentaux et les prote'ger contre la violence et l'exploitation. Prendre des mesures pour de'marginaliser les migrantes en situation re'gulie`re, y compris les travailleuses migrantes, et faciliter l'emploi productif de ces dernie`res en reconnaissant davantage leurs compe'tences, ainsi que leurs e'tudes et leurs titres e'trangers, et appuyer leur pleine inte'gration dans la population active; l) Adopter des mesures destine'es a` favoriser l'insertion ou la re'insertion des femmes pauvres et marginalise'es dans des emplois productifs et dans le secteur structure', assurer aux femmes de'place'es a` l'inte'rieur de leur pays l'e'galite' des chances sur le plan e'conomique et reconnai^tre les qualifications et les compe'tences des immigrantes et des re'fugie'es; m) Faire en sorte que les femmes puissent se loger a` des prix abordables et avoir acce`s a` la terre, notamment en supprimant toutes les pratiques restrictives, en particulier celles qui visent les femmes, et en insistant sur les besoins des femmes pauvres et des femmes chefs de famille; n) E'laborer et appliquer des politiques et des programmes qui favorisent l'acce`s des productrices des secteurs agricole et halieutique, y compris celles qui produisent pour l'autoconsommation, surtout dans les zones rurales, aux services financiers, techniques, de vulgarisation et de commercialisation; leur donner l'acce`s a` la terre et le droit d'en disposer librement, ainsi que l'acce`s aux techniques et aux infrastructures ne'cessaires pour qu'elles puissent gagner leur vie et pour ame'liorer la se'curite' alimentaire des me'nages, en particulier dans les zones rurales et, s'il y a lieu, favoriser la cre'ation de coope'ratives de producteurs obe'issant aux lois du marche'; o) Mettre en place des syste`mes de se'curite' sociale partout ou` ils n'y en a pas et re'ame'nager ceux qui existent afin d'assurer la parite' entre les sexes, a` tous les a^ges de la vie; p) Assurer l'acce`s a` des services juridiques gratuits ou peu cou^teux spe'cialement conc'us a` l'intention des femmes pauvres, y compris des services de vulgarisation juridique; q) S'attacher tout particulie`rement a` promouvoir et de'velopper des politiques largement participatives et respectueuses des diversite's culturelles qui donnent aux femmes des populations autochtones la possibilite' de participer librement aux processus de de'veloppement et d'e'chapper ainsi a` la pauvrete'. 59. Les institutions multilate'rales de financement et de de'veloppement, notamment la Banque mondiale, le Fonds mone'taire international et les banques re'gionales de de'veloppement, ainsi que les organismes de coope'ration bilate'rale devraient : a) Conforme'ment aux engagements pris lors du Sommet mondial pour le de'veloppement social, s'efforcer de mobiliser des ressources financie`res nouvelles et additionnelles qui soient a` la fois suffisantes et pre'visibles, selon une formule qui rende ces ressources aussi accessibles que possible et tire parti de tous les me'canismes et sources de financement disponibles en vue de contribuer a` e'liminer la pauvrete' et de concentrer les efforts sur les femmes pauvres; b) Renforcer les capacite's d'analyse afin d'adopter plus syste'matiquement une perspective e'galitaire et de l'inte'grer dans la conception et l'application des programmes de pre^t, y compris les programmes d'ajustement structurel et de relance e'conomique; c) Trouver des solutions efficaces, oriente'es vers le de'veloppement et durables au proble`me de la dette exte'rieure, pour faciliter le financement de programmes et projets axe's sur le de'veloppement, et notamment sur la promotion de la femme, en appliquant imme'diatement les conditions convenues par le Club de Paris en de'cembre 1994, qui comprennent des formules de re'duction et d'annulation de la dette, et mettre au point des techniques de conversion de la dette en faveur de programmes et projets de de'veloppement social, conforme'ment aux priorite's du Programme d'action; d) Inviter les institutions financie`res internationales a` examiner des moyens novateurs d'alle'ger la dette des pays a` faible revenu et dont la dette est majoritairement multilate'rale; e) Faire en sorte que les programmes d'ajustement structurel soient conc'us de fac'on a` peser le moins possible sur les groupes et communaute's vulne'rables et de'savantage's et a` les aider en empe^chant leur marginalisation e'conomique et sociale et en prenant des mesures pour qu'ils aient acce`s aux ressources e'conomiques et aux activite's e'conomiques et sociales et en aient la mai^trise; prendre des initiatives pour re'duire l'ine'galite' et les disparite's e'conomiques; f) E'tudier les re'percussions des programmes d'ajustement structurel sur le de'veloppement social, en e'valuant leur cou^t social pour chacun des deux sexes et par d'autres me'thodes approprie'es, afin d'e'laborer des politiques visant a` re'duire leurs effets ne'gatifs et a` accroi^tre leurs effets positifs en veillant a` ce que les femmes ne supportent pas une charge disproportionne'e du cou^t de la transition; comple'ter les pre^ts d'aide a` l'ajustement par des pre^ts accrus et cible's en faveur du de'veloppement social; g) Cre'er des conditions propices pour que les femmes puissent subvenir durablement a` leurs besoins. 60. Les organisations non gouvernementales nationales et internationales et les associations fe'minines devraient : a) Veiller a` ce que toutes les parties au processus de de'veloppement, y compris les institutions universitaires, les organisations non gouvernementales et les groupes locaux et fe'minins, se mobilisent pour ame'liorer l'efficacite' des programmes de de'paupe'risation cible's sur les groupes de femmes les plus pauvres et les plus de'favorise'es, comme les femmes rurales et les femmes autochtones, les femmes chefs de famille, les jeunes femmes et les femmes a^ge'es, les re'fugie'es, les migrantes et les handicape'es, e'tant entendu que le de'veloppement social rele`ve principalement de la responsabilite' des gouvernements; b) Participer a` des groupes de pression, e'tablir des me'canismes de suivi selon qu'il conviendra et lancer d'autres activite's propres a` assurer l'application des recommandations concernant l'e'limination de la pauvrete' qui figurent dans le Programme d'action et qui visent a` assurer le respect des principes de responsabilite' et la transparence tant dans le secteur public que dans le secteur prive'; c) Viser dans leurs programmes des femmes ayant des besoins divers; reconnai^tre que les organisations de jeunes sont des partenaires de plus en plus efficaces pour l'exe'cution des programmes de de'veloppement; d) En coope'ration avec les secteurs public et prive', participer a` la mise au point d'une strate'gie nationale d'ensemble pour ame'liorer les services de sante', d'enseignement et de protection sociale et les rendre accessibles aux femmes pauvres, a` toutes les e'tapes de leur vie; mobiliser des ressources pour assurer l'acce`s a` ces services dans un souci d'e'galite' entre les sexes et les e'tendre aux zones rurales et isole'es qui ne sont pas desservies par les institutions publiques; e) En coope'ration avec les gouvernements, les employeurs, les autres partenaires sociaux et toutes les parties inte'resse'es, contribuer a` l'e'laboration de politiques d'e'ducation, de formation et de perfectionnement visant a` permettre aux femmes d'acque'rir diverses compe'tences pour re'pondre aux besoins nouveaux; f) Se mobiliser pour prote'ger le droit des femmes au plein acce`s, dans des conditions d'e'galite', aux ressources e'conomiques, y compris le droit de succession et le droit a` la proprie'te' foncie`re et autre, au cre'dit, aux ressources naturelles et aux technologies approprie'es. Objectif strate'gique A.2. Re'viser les le'gislations et les pratiques administratives en vue d'assurer l'e'galite' des droits sur les ressources e'conomiques et un acce`s plus large des femmes a` ces ressources Mesures a` prendre 61. Les gouvernements devraient : a) Assurer l'acce`s a` des services juridiques gratuits ou peu cou^teux spe'cialement conc'us a` l'intention des femmes pauvres, y compris des services de vulgarisation juridique; b) Entreprendre des re'formes le'gislatives et administratives en vue d'assurer pleinement l'e'galite' d'acce`s aux ressources e'conomiques, notamment en ce qui concerne le droit a` la succession et a` la proprie'te' foncie`re ou autre, au cre'dit, aux ressources naturelles et aux techniques adapte'es; c) Envisager de ratifier la Convention No 169 de l'OIT dans le cadre de leur politique de promotion et de protection des droits des populations autochtones. Objectif strate'gique A.3. Ouvrir aux femmes l'acce`s a` l'e'pargne et aux me'canismes et institutions de cre'dit Mesures a` prendre 62. Les gouvernements devraient : a) Faciliter aux femmes de'savantage'es, notamment a` celles qui entreprennent des activite's e'conomiques, tant dans des re'gions rurales et isole'es que dans les zones urbaines, l'acce`s aux services financiers et a` cet effet : resserrer les liens entre les institutions bancaires et les organismes de cre'dit interme'diaires þ notamment par voie le'gislative; dispenser une formation aux femmes et renforcer les organismes d'interme'diaires pour leur permettre de mobiliser des capitaux et d'offrir davantage de cre'dits; b) Encourager l'e'tablissement de liens entre les institutions financie`res et les organisations non gouvernementales et appuyer les formules novatrices de cre'dit, notamment en associant les ope'rations de cre'dit aux autres prestations destine'es aux femmes et a` la formation, et en mettant du cre'dit a` la disposition des femmes rurales. 63. Les banques commerciales, les institutions financie`res spe'cialise'es et le secteur prive' devraient re'examiner leurs politiques, et notamment : a) Utiliser des techniques de cre'dit et d'e'pargne qui permettent d'atteindre effectivement les femmes pauvres, de re'duire le cou^t des transactions et rede'finir les crite`res d'e'valuation des risques; b) Ouvrir des guichets de cre'dit spe'ciaux pour les femmes, notamment pour les jeunes femmes qui ne peuvent pas donner de garanties au sens classique du terme; c) Simplifier les re`gles bancaires, par exemple en re'duisant le montant minimum des de'po^ts et en assouplissant les autres conditions d'ouverture des comptes; d) Faire en sorte, quand cela est possible, que les clientes participent a` la direction et au capital des e'tablissements de cre'dit et de services financiers. 64. Les organismes multilate'raux et bilate'raux d'aide au de'veloppement devraient : Fournir des capitaux et des ressources, aux e'tablissements financiers qui servent les femmes a` bas revenus, chefs de petites et micro-entreprises ou exerc'ant des activite's productives, tant dans le secteur structure' que dans le secteur non structure'. 65. Les gouvernements et les institutions financie`res multilate'rales devraient, s'il y a lieu : Fournir aux e'tablissements qui servent efficacement une vaste cliente`le d'hommes et de femmes a` bas revenu du capital, des refinancements et un appui institutionnel selon des modalite's qui les encouragent a` devenir autonomes. 66. Les organisations internationales devraient : Fournir davantage de financements pour des programmes et projets visant a` promouvoir des entreprises productives et viables qui procurent des revenus aux femmes de'savantage'es et aux femmes pauvres. Objectif strate'gique A.4. Mettre au point des me'thodes tenant compte des spe'cificite's de chaque sexe et chercher les moyens de combattre la fe'minisation de la pauvrete' Mesures a` prendre 67. Les gouvernements, les organisations intergouvernementales, les e'tablissements universitaires et de recherche et le secteur prive' devraient : a) Concevoir une the'orie et une me'thodologie pour inte'grer la proble'matique hommes-femmes dans tous les aspects de l'e'laboration des politiques e'conomiques, y compris dans les programmes et plans d'ajustement structurel; b) Appliquer ces me'thodes dans le cadre d'e'tudes analysant les effets sexospe'cifiques des programmes et des politiques, et notamment des programmes d'ajustement structurel, et diffuser les re'sultats de ces recherches. 68. Les organismes nationaux et internationaux de statistique devraient : a) Rassembler des donne'es ventile'es par sexe et par a^ge sur la pauvrete' et sur tous les aspects de l'activite' e'conomique, et e'laborer des indicateurs statistiques qualitatifs et quantitatifs pour faciliter l'e'valuation de la performance e'conomique dans la perspective de l'e'galite' entre les sexes; b) Concevoir des outils statistiques permettant d'e'valuer et de faire ressortir toute l'ampleur du travail des femmes et de leurs contributions a` l'e'conomie nationale, y compris dans les secteurs non mone'taire et domestique, et examiner la corre'lation entre le travail non re'mune're' des femmes et l'incidence de la pauvrete' et le risque de pauvrete' parmi les femmes. B. E'ducation et formation des femmes 69. L'e'ducation est un droit de l'homme et un moyen essentiel d'atteindre les objectifs d'e'galite', de de'veloppement et de paix. Filles et garc'ons ont tout a` gagner d'un enseignement non discriminatoire qui, en fin de compte, contribue a` instaurer des relations plus e'galitaires entre les femmes et les hommes. Les femmes ne pourront prendre une part plus active au changement que si l'e'galite' d'acce`s a` l'e'ducation et l'obtention de qualifications dans ce domaine leur sont assure'es. L'alphabe'tisation des femmes est un important moyen d'ame'liorer la sante', la nutrition et l'e'ducation de la famille et de permettre aux femmes de participer a` la prise de de'cisions inte'ressant la socie'te'. Il s'est ave're' extre^mement rentable, sur le plan tant social qu'e'conomique, d'investir dans l'e'ducation et la formation þ de type classique ou non þ des filles et des femmes : c'est donc la` l'un des meilleurs moyens de parvenir a` un de'veloppement durable et a` une croissance e'conomique a` la fois soutenue et viable. 70. Au niveau re'gional, filles et garc'ons ont de'sormais e'galement acce`s a` l'enseignement primaire, excepte' dans certaines parties de l'Afrique, en particulier dans l'Afrique subsaharienne, et en Asie centrale, ou` les moyens d'e'ducation sont encore insuffisants. Les filles sont de plus en plus pre'sentes dans l'enseignement secondaire et, dans certains pays, y sont admises a` e'galite' avec les garc'ons. Le nombre de filles et de femmes dans l'enseignement supe'rieur a augmente' conside'rablement. Dans de nombreux pays, les e'coles prive'es ont e'galement joue' un ro^le comple'mentaire important dans l'ame'lioration de l'acce`s a` l'enseignement a` tous les niveaux. Pourtant, plus de cinq ans apre`s l'adoption par la Confe'rence mondiale sur l'e'ducation pour tous (Jomtien, Thai"lande, 1990) de la De'claration mondiale sur l'e'ducation pour tous et du Cadre d'action pour re'pondre aux besoins e'ducatifs fondamentaux 12/, quelque 100 millions d'enfants, dont au moins 60 millions de filles, n'ont pas acce`s a` l'enseignement primaire, et plus des deux tiers des 960 millions d'analphabe`tes adultes que compte la population mondiale sont des femmes. Or, le taux d'analphabe'tisme e'leve' qui existe dans la plupart des pays en de'veloppement, notamment en Afrique subsaharienne et dans certains E'tats arabes, reste un obstacle majeur a` la promotion de la femme et au de'veloppement. 71. En matie`re d'e'ducation, les filles sont toujours en butte a` la discrimination dans bien des re'gions du monde, du fait des traditions, des mariages et des grossesses pre'coces, du caracte`re inapproprie' et sexiste des mate'riels didactiques et d'enseignement, du harce`lement sexuel, et de la pe'nurie d'e'tablissements scolaires convenablement e'quipe's et d'acce`s facile. Les filles sont tre`s to^t charge'es de pe'nibles corve'es me'nage`res. On attend des fillettes et des jeunes filles qu'elles s'acquittent de leurs obligations scolaires sans ne'gliger leurs ta^ches domestiques, ce qui se traduit souvent par des re'sultats scolaires me'diocres et des abandons pre'coces. Ceci a des conse'quences durables sur tous les aspects de la vie des femmes. 72. La cre'ation d'un environnement e'ducatif et social ou` les femmes et les hommes, les filles et les garc'ons seraient traite's sur un pied d'e'galite' et encourage's a` de'velopper tout leur potentiel, dans le respect de leur liberte' de pense'e, de conscience, de religion et de conviction, et ou` les ressources e'ducatives ne ve'hiculeraient pas des cliche's sexistes sur les hommes et les femmes serait un moyen efficace d'e'liminer les causes de la discrimination a` l'e'gard des femmes et les ine'galite's entre les sexes. 73. Loin de se limiter aux connaissances et savoir-faire acquis pendant la jeunesse, l'e'ducation des femmes devrait e^tre un processus continu tout au long de la vie, qui englobe l'enseignement et la formation de type classique ainsi que les formes non institutionnelles d'apprentissage telles que le volontariat, le travail non re'mune're' et les connaissances traditionnelles. 74. Les programmes scolaires et le mate'riel pe'dagogique demeurent dans une large mesure empreints de pre'juge's sexistes et sont rarement adapte's aux besoins spe'cifiques des filles et des femmes. Les ro^les fe'minins et masculins traditionnels s'en trouvent ainsi renforce's, ce qui prive les femmes de la possibilite' de participer pleinement et sur un pied d'e'galite' a` la vie de la socie'te'. Le fait que les e'ducateurs a` tous les niveaux ne sont ge'ne'ralement pas sensibles au proble`me accentue les disparite's existantes en encourageant les comportements discriminatoires et en sapant la confiance en soi des filles. L'absence d'e'ducation en matie`re de sante' sexuelle et ge'ne'sique a de graves conse'quences pour les femmes et les hommes. 75. L'enseignement des sciences, en particulier, est discriminatoire. Les manuels ne traitent pas des proble`mes qui se posent quotidiennement aux femmes et aux filles et ne rendent pas justice aux re'alisations des femmes dans le domaine scientifique. Bien souvent, les programmes scolaires destine's aux filles ne comportent ni l'enseignement des mathe'matiques et des sciences de base ni la formation technique qui pourraient leur permettre d'ame'liorer la qualite' de leur vie quotidienne et accroi^tre leurs possibilite's d'emploi. Une formation scientifique et technique solide pre'pare les femmes a` jouer un ro^le actif dans le de'veloppement technique et industriel de leur pays; il convient donc de revoir les programmes de formation technique et professionnelle dans ce sens. La technologie est en train de transformer rapidement le monde et modifie e'galement la fac'on de vivre dans les pays en de'veloppement. Il est essentiel que les femmes ne soient pas seulement les be'ne'ficiaires des progre`s technologiques mais qu'elles en deviennent aussi les protagonistes, depuis le stade de la conception jusqu'a` celui de l'application, du suivi et de l'e'valuation. 76. La possibilite' d'avoir acce`s a` tous les niveaux de l'enseignement, y compris l'enseignement supe'rieur, et a` toutes les disciplines, et d'aller jusqu'au bout des e'tudes entreprises est a` l'origine, au moins en partie, des progre`s que les filles continuent de faire dans leur activite' professionnelle. Ne'anmoins, elles se trouvent encore concentre'es dans un nombre limite' de disciplines. 77. Les me'dias sont l'un des outils d'e'ducation les plus efficaces. Les e'ducateurs et les institutions gouvernementales et non gouvernementales doivent en tirer parti pour favoriser la promotion de la femme et le de'veloppement. L'enseignement informatise' et les syste`mes d'information sont un e'le'ment de plus en plus important de l'apprentissage et de la diffusion des connaissances. La te'le'vision, en particulier, a une profonde influence sur les jeunes et, a` ce titre, est en mesure d'inculquer des valeurs, de fac'onner les comportements et de pre'senter les femmes et les jeunes filles de manie`re positive ou ne'gative. Il importe donc que les e'ducateurs enseignent le sens critique et l'esprit d'analyse. 78. Dans de nombreux pays, les ressources consacre'es a` l'e'ducation, notamment celle des fillettes et des femmes, sont insuffisantes et elles ont parfois encore e'te' re'duites, notamment dans le contexte des politiques et programmes d'ajustement. L'insuffisance de ces allocations a des re'percussions ne'gatives durables sur le de'veloppement humain, en particulier en ce qui concerne les femmes. 79. Pour traiter le proble`me de l'ine'galite' d'acce`s a` l'e'ducation et de l'insuffisance des possibilite's dans ce domaine, les gouvernements et autres intervenants devraient s'employer activement et ostensiblement a` inte'grer la proble'matique hommes-femmes dans l'ensemble de leurs politiques et programmes de manie`re a` effectuer, avant de prendre une de'cision, une analyse de ses re'percussions sur les femmes et sur les hommes. Objectif strate'gique B.1. Assurer un acce`s e'gal a`l'e'ducation Mesures a` prendre 80. Les gouvernements devraient : a) Progresser vers la re'alisation de l'objectif de l'e'galite' d'acce`s a` l'e'ducation en prenant des mesures visant a` supprimer dans l'enseignement a` tous les niveaux la discrimination fonde'e sur le sexe, la race, la langue, la religion, l'origine nationale, l'a^ge ou un handicap, ainsi que toute autre forme de discrimination, et, le cas e'che'ant, envisager de mettre en place des proce'dures de recours; b) Assurer, d'ici a` l'an 2000, l'acce`s de tous a` l'enseignement de base et permettre a` 80 % au moins des enfants d'a^ge scolaire d'achever leurs e'tudes primaires; assurer un acce`s e'gal aux filles et aux garc'ons a` l'enseignement primaire et secondaire d'ici a` 2005; assurer l'enseignement primaire universel dans tous les pays avant 2015; c) E'liminer les ine'galite's entre les sexes en ce qui concerne l'ensemble des e'tudes du troisie`me cycle, en donnant aux femmes les me^mes possibilite's en matie`re d'organisation des carrie`res, de formation, de bourses d'e'tudes et de perfectionnement, et en adoptant, le cas e'che'ant, des mesures en leur faveur; d) Mettre en place un syste`me e'ducatif attentif aux diffe'rences de traitement entre les sexes afin d'offrir a` chacun les me^mes possibilite's en matie`re d'e'tudes et de formation et d'assurer la participation e'gale des femmes a` la gestion de l'e'ducation ainsi qu'a` l'e'laboration des politiques et a` la prise de de'cisions; e) En collaboration avec les parents, les organisations non gouvernementales, notamment les organisations de jeunes, les collectivite's et le secteur prive', dispenser aux jeunes femmes une formation the'orique et technique, leur donner la possibilite' d'organiser leur carrie`re, de'velopper leur aptitude a` diriger et leur sens des relations sociales, et leur donner l'expe'rience du monde du travail afin de les pre'parer a` participer pleinement a` la vie de la socie'te'; f) Ame'liorer le taux de scolarisation et re'duire les taux d'abandon scolaire chez les filles en allouant les ressources budge'taires approprie'es, en s'assurant l'appui des parents et de la communaute' gra^ce a` des campagnes de sensibilisation, a` des horaires scolaires plus souples, a` des aides, des bourses et autres moyens de re'duire le cou^t de la scolarite' des filles pour leur famille et d'aider les parents a` choisir tel ou tel type d'enseignement pour leurs filles; et en veillant a` ce que les e'tablissements scolaires respectent les droits des femmes et des filles a` la liberte' de conscience et de religion en abolissant toute loi ou le'gislation discriminatoire fonde'e sur la religion, la race ou la culture; g) Favoriser l'institution d'un cadre e'ducatif qui supprime tous les obstacles a` la scolarisation des adolescentes enceintes et des jeunes me`res, en offrant, le cas e'che'ant, des services de garderie d'enfants et d'e'ducation des parents peu one'reux et d'acce`s facile, afin d'encourager les jeunes filles et les jeunes femmes qui ont des enfants ou des fre`res et soeurs a` charge a` poursuivre ou a` reprendre leurs e'tudes et a` les mener a` bonne fin; h) Ame'liorer la qualite' de l'e'ducation et l'e'galite' d'acce`s a` l'enseignement pour les femmes et les hommes, afin que les femmes de tous a^ges soient en mesure d'acque'rir et de de'velopper les connaissances, les compe'tences, les aptitudes, les talents et les valeurs morales ne'cessaires pour participer pleinement, dans des conditions d'e'galite', au de'veloppement social, e'conomique et politique; i) Offrir, dans les e'tablissements scolaires, des programmes d'orientation professionnelle non discriminatoires et non sexistes, propres a` encourager les filles a` choisir des matie`res classiques et techniques afin d'e'largir la gamme des professions qu'elles pourront exercer par la suite; j) Encourager les E'tats qui ne l'ont pas encore fait a` ratifier le Pacte international relatif aux droits e'conomiques, sociaux et culturels 13/. Objectif strate'gique B.2. E'liminer l'analphabe'tisme fe'minin Mesures a` prendre 81. Les gouvernements, les instances re'gionales, nationales et internationales et les donateurs bilate'raux et multilate'raux, ainsi que les organisations non gouvernementales devraient : a) Re'duire l'analphabe'tisme fe'minin a` la moitie' au moins de son taux de 1990, en mettant l'accent sur l'alphabe'tisation des femmes rurales, des migrantes, des re'fugie'es, des femmes de'place'es dans leur propre pays et des femmes handicape'es; b) D'ici a` l'an 2000, assurer l'acce`s universel a` l'enseignement et veiller a` ce que les filles disposent des me^mes possibilite's que les garc'ons d'achever leurs e'tudes primaires; c) E'liminer les disparite's entre les hommes et les femmes en matie`re d'instruction e'le'mentaire et d'alphabe'tisation fonctionnelle, comme le recommande la De'claration de Jomtien sur l'e'ducation pour tous; d) Re'duire les ine'galite's entre les pays de'veloppe's et les pays en de'veloppement; e) Encourager la participation des adultes et des parents en vue de promouvoir l'alphabe'tisation pour tous; f) Promouvoir, en me^me temps que l'alphabe'tisation, l'acquisition de compe'tences pratiques et de connaissances scientifiques et technologiques et chercher a` e'largir la de'finition de l'alphabe'tisation, compte tenu des objectifs et crite`res actuels. Objectif strate'gique B.3. Ame'liorer l'acce`s a` la formation professionnelle, a` l'enseignement scientifique et technique et a` l'e'ducation permanente Mesures a` prendre 82. Les gouvernements, en coope'ration avec les employeurs, les travailleurs et les syndicats, les organisations internationales et non gouvernementales, y compris les associations de femmes et de jeunes, et les e'tablissements d'enseignement devraient : a) Mettre au point et appliquer des politiques en matie`re d'e'ducation, de formation et de recyclage a` l'intention des femmes, en particulier des jeunes femmes et de celles qui rentrent sur le marche' du travail apre`s l'avoir quitte', pour leur permettre d'acque'rir les compe'tences requises dans un contexte socio-e'conomique en e'volution, afin d'ame'liorer leurs possibilite's d'emploi; b) Faire en sorte que le syste`me d'enseignement reconnaisse la valeur des formations de type non classique pour les filles et les femmes; c) Fournir des informations aux femmes et aux filles sur les programmes de formation professionnelle, scientifique et technique et sur les programmes d'e'ducation permanente et les avantages qu'ils pre'sentent; d) Mettre au point des programmes d'enseignement et de formation a` l'intention des femmes au cho^mage afin qu'elles puissent acque'rir de nouvelles connaissances et compe'tences qui leur permettront d'e'largir la gamme des possibilite's d'emploi, y compris d'emplois inde'pendants, et de de'velopper leur esprit d'entreprise; e) Diversifier les programmes de formation professionnelle et technique et ouvrir plus largement aux filles et aux femmes l'acce`s a` l'e'ducation et a` la formation professionnelle dans les domaines des sciences, des mathe'matiques, de l'inge'nierie, des sciences et techniques de l'environnement, de l'informatique et des techniques de pointe, ainsi qu'aux e'tudes de gestion et re'duire les taux d'abandon; f) Promouvoir le ro^le essentiel qui incombe aux femmes dans les programmes de recherche, de vulgarisation et d'e'ducation en matie`re d'alimentation et d'agriculture; g) Encourager l'adaptation des programmes scolaires et des mate'riels didactiques, favoriser la cre'ation d'un environnement propice aux activite's de formation et prendre les mesures qui s'imposent pour promouvoir la formation a` toute la gamme des carrie`res non traditionnelles offertes aux hommes et aux femmes, en mettant notamment au point, a` l'intention des professeurs de sciences et de mathe'matiques, des cours multidisciplinaires propres a` les sensibiliser a` l'importance que pre'sente pour les femmes l'initiation aux sciences et aux techniques; h) E'laborer des programmes scolaires et des mate'riels didactiques, et prendre les mesures qui s'imposent pour ouvrir plus largement aux femmes l'acce`s aux secteurs scientifiques et techniques, en particulier a` des domaines ou` elles ne sont pas repre'sente'es ou sont sous-repre'sente'es; i) E'laborer des politiques et des programmes visant a` encourager les femmes a` participer a` tous les programmes d'apprentissage; j) Offrir aux femmes qui travaillent dans les secteurs de l'agriculture, de la pe^che, de l'industrie et du commerce, des arts et de l'artisanat une meilleure formation technique ainsi qu'en matie`re de gestion, de vulgarisation agricole et de commercialisation, pour mieux leur permettre d'exercer des activite's re'mune'ratrices, de participer a` la prise de de'cisions dans le domaine e'conomique, en particulier par l'interme'diaire d'organisations fe'minines a` l'e'chelon local, et de contribuer a` la production, a` la commercialisation, aux affaires, a` la science et a` la technique; k) Assurer aux femmes adultes sans instruction ou peu instruites, aux femmes handicape'es et aux femmes migrantes, re'fugie'es ou de'place'es en situation re'gulie`re l'acce`s a` un enseignement et a` une formation de qualite', a` tous les niveaux approprie's, afin de leur permettre d'ame'liorer leurs possibilite's d'emploi. Objectif strate'gique B.4. Mettre au point des syste`mes d'enseignement et de formation non discriminatoires Mesures a` prendre 83. Les gouvernements, les ministe`res de l'e'ducation et autres institutions scolaires et universitaires devraient : a) Formuler des recommandations et mettre au point des programmes, des manuels scolaires et du mate'riel didactique exempts de ste're'otypes sexuels, a` tous les niveaux d'e'tudes, y compris a` celui de la formation pe'dagogique, en association avec toutes les parties inte'resse'es þ e'diteurs, enseignants, ministe`res de l'e'ducation et associations de parents d'e'le`ves; b) Mettre au point a` l'intention des professeurs et des e'ducateurs des programmes de formation et du mate'riel pe'dagogique propres a` les sensibiliser a` la place, au ro^le et a` la contribution des femmes et des hommes dans la famille telle qu'elle est de'finie au paragraphe 29 ci-dessus, et la socie'te'; dans ce contexte, promouvoir les notions d'e'galite', de coope'ration, de respect mutuel et de partage des responsabilite's entre les deux sexes de`s le jardin d'enfants et mettre au point en particulier des modules e'ducatifs pour apprendre aux garc'ons a` subvenir eux-me^mes a` leurs besoins domestiques et a` partager les responsabilite's familiales et la responsabilite' des personnes a` charge; c) Mettre au point a` l'intention des professeurs et des e'ducateurs des programmes de formation et du mate'riel pe'dagogique propres a` les sensibiliser a` leur propre ro^le en matie`re d'e'ducation en vue de leur enseigner des strate'gies efficaces pour dispenser un enseignement attentif aux besoins des femmes; d) Prendre les mesures requises pour que les enseignantes a` tous les niveaux be'ne'ficient des me^mes possibilite's et du me^me statut que leurs homologues masculins, e'tant donne' qu'il est important de disposer d'enseignantes a` tous les niveaux, et afin d'attirer et de garder les filles a` l'e'cole; e) Instituer et promouvoir une formation au re`glement pacifique des conflits; f) Prendre les mesures requises pour qu'une plus grande proportion de femmes acce`dent a` la prise des de'cisions en matie`re d'e'ducation, en particulier parmi les enseignantes a` tous les niveaux et dans les disciplines qui sont traditionnellement l'apanage des hommes telles que les disciplines scientifiques et techniques; g) Financer et effectuer des e'tudes et des recherches sur le ro^le des hommes et des femmes a` tous les niveaux de l'enseignement, en particulier au niveau des hautes e'tudes universitaires, et tenir compte des re'sultats de ces e'tudes pour l'e'laboration des programmes d'e'tudes, y compris les programmes d'e'tudes universitaires, des manuels scolaires et des mate'riels pe'dagogiques, ainsi que pour la formation des enseignants; h) Assurer a` toutes les femmes une formation aux fonctions de direction et leur offrir des possibilite's a` cet e'gard afin de les encourager a` assumer de telles fonctions au cours de leurs e'tudes et dans le cadre de la socie'te' civile; i) E'tablir des programmes d'e'ducation et d'information approprie's, en tenant du^ment compte du multilinguisme, notamment en coope'ration avec les me'dias, afin de faire prendre conscience au public, et en particulier aux parents, de la ne'cessite' de donner aux enfants une e'ducation non discriminatoire et a` re'partir e'quitablement les responsabilite's familiales entre les filles et les garc'ons; j) E'laborer des programmes d'e'ducation en matie`re de droits de l'homme qui inte`grent la proble'matique hommes-femmes a` tous les niveaux de l'enseignement, notamment en encourageant les e'tablissements d'enseignement supe'rieur a` inclure dans leurs programmes, en particulier dans leurs programmes d'e'tudes universitaires supe'rieures de droit et sciences sociales et politiques, l'e'tude des droits fondamentaux des femmes, tels qu'ils sont e'nonce's dans les conventions des Nations Unies; k) E'liminer, le cas e'che'ant, les obstacles d'ordre le'gislatif, re'glementaire et social a` l'e'ducation en matie`re d'hygie`ne sexuelle et de sante' ge'ne'sique dans les programmes d'enseignement de type classique concernant les questions relatives a` la sante' des femmes; l) Encourager, avec l'aide de leurs parents et la coope'ration du personnel enseignant et des e'tablissements scolaires, l'e'laboration de programmes d'enseignement a` l'intention des filles et des garc'ons et la mise en place de services inte'gre's, afin de leur faire prendre conscience de leurs responsabilite's et de les aider a` les assumer, compte tenu de l'importance de cet enseignement et de ces services pour l'e'panouissement de la personnalite' et le respect de soi, ainsi que de l'urgente ne'cessite' d'e'viter les grossesses non de'sire'es, la propagation des maladies sexuellement transmissibles, notamment le VIH/sida, et des phe'nome`nes comme la violence sexuelle; m) Fournir des e'quipements re'cre'atifs et sportifs accessibles et e'tablir des programmes non sexistes en faveur des filles et des femmes de tous a^ges dans le cadre des institutions scolaires et communautaires, ou renforcer ceux qui existent de'ja`, et encourager la promotion des femmes dans tous les domaines de l'activite' sportive et physique, y compris l'entrai^nement, la formation et l'administration, et en tant que participantes aux niveaux national, re'gional et international; n) Reconnai^tre et appuyer le droit des femmes et des fillettes autochtones a` l'e'ducation; et promouvoir une conception multiculturelle de l'e'ducation qui tienne compte des besoins, des aspirations et de la culture des femmes autochtones, notamment en mettant au point des plans d'enseignement, des programmes d'e'tudes et des mate'riels didactiques approprie's, si possible dans les langues des populations autochtones, et en faisant participer les femmes autochtones a` ces processus; o) Reconnai^tre et respecter les activite's artistiques, spirituelles et culturelles des femmes autochtones; p) Veiller au respect de l'e'galite' entre les sexes et de la diversite' culturelle, religieuse et autre dans les e'tablissements scolaires; q) Promouvoir des programmes d'enseignement, de formation et d'information a` l'intention des femmes rurales et des exploitantes agricoles en utilisant des technologies abordables et approprie'es, et en recourant aux services des me'dias þ programmes radiophoniques, cassettes et unite's mobiles, par exemple; r) Dispenser un enseignement de type non formel, notamment a` l'intention des femmes rurales, afin de les aider a` re'aliser leur potentiel dans les domaines de la sante', de la micro-entreprise, de l'agriculture et des droits reconnus par la loi; s) E'liminer tous les obstacles a` l'acce`s a` l'enseignement formel pour les adolescentes enceintes et les jeunes me`res, et favoriser la fourniture de services de garderie et d'autres services d'appui en cas de besoin. Objectif strate'gique B.5. Allouer des ressources ade'quates aux re'formes du syste`me e'ducationnel et suivre leur application Mesures a` prendre 84. Les gouvernements devraient : a) Allouer les ressources budge'taires ne'cessaires au secteur de l'enseignement et proce'der a` des transferts a` l'inte'rieur de ce secteur, afin d'augmenter les fonds destine's a` l'e'ducation de base, selon les besoins; b) Cre'er un me'canisme aux niveaux approprie's pour suivre l'application des re'formes et mesures adopte'es par les ministe`res compe'tents dans le domaine de l'e'ducation, et mettre en place des programmes d'assistance technique, si besoin est, afin de reme'dier aux proble`mes pose's par les activite's de suivi. 85. Les gouvernements et, le cas e'che'ant, les institutions prive'es et publiques, les fondations, les instituts de recherche et les organisations non gouvernementales devraient : a) En cas de besoin, mobiliser des fonds supple'mentaires aupre`s d'institutions publiques et prive'es, de fondations, d'instituts de recherche et d'organisations non gouvernementales pour permettre aux fillettes et aux femmes, ainsi qu'aux garc'ons et aux hommes, dans des conditions d'e'galite', de terminer leur scolarite', une attention particulie`re devant e^tre accorde'e aux populations mal desservies; b) Financer des programmes spe'ciaux, notamment dans les domaines des mathe'matiques, des sciences et de l'informatique, afin de promouvoir les chances de toutes les filles et de toutes les femmes. 86. Les organismes multilate'raux de de'veloppement, notamment la Banque mondiale et les banques re'gionales de de'veloppement, ainsi que les donateurs bilate'raux et les fondations devraient envisager : a) D'augmenter les ressources consacre'es a` l'e'ducation et a` la formation des filles et des femmes, en re'servant a` ce secteur un rang de priorite' e'leve' dans les programmes d'assistance au de'veloppement; b) De collaborer avec les gouvernements be'ne'ficiaires, afin de faire en sorte que les ressources alloue'es a` l'e'ducation des femmes dans les programmes d'ajustement structurel et de relance e'conomique, y compris les programmes de pre^t et de stabilisation, soient maintenues ou augmente'es. 87. Au niveau mondial, les organisations internationales et intergouvernementales, en particulier l'Organisation des Nations Unies pour l'e'ducation, la science et la culture (UNESCO), devraient : a) Contribuer a` l'e'valuation des progre`s accomplis, au moyen d'indicateurs e'ducationnels mis au point par des organismes nationaux, re'gionaux et internationaux, et inciter les gouvernements, lorsqu'ils appliquent des mesures, a` e'liminer les diffe'rences entre femmes et hommes et entre filles et garc'ons en ce qui concerne l'acce`s a` l'enseignement et a` la formation et les re'sultats obtenus dans tous les domaines, en particulier dans l'enseignement primaire et l'alphabe'tisation; b) Fournir une assistance technique aux pays en de'veloppement, sur leur demande, afin de renforcer leur capacite' de suivre les progre`s re'alise's en vue d'assurer l'e'galite' entre les hommes et les femmes dans les domaines de l'e'ducation, de la formation et de la recherche, et en ce qui concerne les re'sultats obtenus dans tous les domaines, notamment dans l'e'ducation de base et l'e'limination de l'analphabe'tisme; c) Organiser une campagne internationale visant a` promouvoir le droit des femmes et des filles a` l'e'ducation; d) Allouer un pourcentage substantiel de leurs ressources a` l'e'ducation de base des femmes et des filles. Objectif strate'gique B.6. Promouvoir un processus d'e'ducation et de formation permanentes a` l'intention des filles et des femmes Mesures a` prendre 88. Les gouvernements, les e'tablissements d'enseignement et les communaute's devraient : a) Proposer une vaste gamme de programmes d'enseignement et de formation permettant aux femmes et aux filles d'acque'rir, sur une base continue, les connaissances et compe'tences requises pour vivre au sein de leur communaute' et de leur pays, contribuer a` leur de'veloppement et en be'ne'ficier; b) Subventionner des services de garderie d'enfants et autres services, afin de permettre aux me`res de continuer leurs e'tudes; c) E'laborer des programmes souples en matie`re d'e'ducation, de formation et de recyclage pour permettre aux femmes d'acque'rir des connaissances sur une base continue et faciliter ainsi la transition entre leurs diffe'rentes activite's a` tous les stades de leur vie.