ISO: CHE *************************************************************************** The electronic version of this document has been prepared at the Fourth World Conference on Women by the United Nations Development Programme (UNDP) in collaboration with the United Nations Fourth World Conference on Women Secretariat. *************************************************************************** AS WRITTEN C O N F E D E R A T I O N S U I S S E DECLARATION DE MADAME LA CONSEILLERE FEDERALE RUTH DREIFUSS CHEFFE DE LA DELEGATION SUISSE A LA 4e CONFERENCE MONDIALE SUR LES FEMMES PEKIN, 4 AU 15 SEPTEMBRE 1995 7 SEPTEMBRE 1995 Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, La 4e Conférence mondiale sur les femmes s'ouvre dans un climat marqué par de nombreuses inquiétudes. En effet, lien n'est jamais acquis s’agissant des droits des femmes et de leur place dans la société. La violence sous toutes ses formes représente une des violations des droits humains les plus insoutenables et constitue un des obstacles les plus importants à la réalisation de l’égalité entre femmes et hommes et au développement d'une société juste. Tous les actes de violence ne se situent pas au même niveau. Il y a tout d'abord la violence entre les Etats ou au sein d'un Etat, lorsque ceux- ci sont impliqués dans des conflits armés, dont les guerres civiles. La Suisse, en tant que dépositaire des Conventions de Genève et de leurs protocoles additionnels, est particulièrement soucieuse que la Conférence exprime dans ce domaine l'engagement des Etats de respecter et de faire respecter le droit international humanitaire, et qu'ils réaffirment ainsi le besoin de protection des populations civiles. Nous le savons, les femmes souffrent de violations particulières et particulièrement graves de leurs droits en cas de conflits armés, qui peuvent être vus comme l'incarnation la plus achevée et la »plus redoutables du déséquilibre des relations entre femmes et hommes. Il y a ensuite l'exercice quotidien de la violence imposée ou tolérée par l'Etat. Il faut citer là les violations graves des droits de la personne que représentent en particulier les mutilations sexuelles, la sélection prénatale du sexe, l'avortement forcé et la stérilisation forcée. Le processus commencé lors de la conférence sur les droits de l'homme à Vienne en 1993, qui veut que les droits des femmes soient reconnus comme droits humains, doit se poursuivre et s'intensifier. Au niveau des rapports entre les particuliers, il existe une forme de violence moins visible, car elle a lieu souvent dans l’intimité de la communauté familiale, et qui frappe en particulier les femmes et les enfants. Je pense au viol conjugual et aux mauvais traitements et abus sexuels dont sont victimes les enfants. L'Etat ne peut tolérer que derrière ce huis clos, les droits fondamentaux de la personne humaine ne soient pas respectés. J’aimerais aussi parler d'une dernière forme de violence, que l'on peut appeler la violence économique et qui plonge une partie plus ou moins importante de la population dans une situation dramatique. C'est le cas dans beaucoup des pays du Sud. C'est le cas aussi d'une façon croissante, dans les pays du Nord, y compris dans des pays très riches en termes de PNB. Presque partout on constate une augmentation importante du fossé entre riches et pauvres. Les femmes sont particulièrement exposées a la pauvreté, notamment parce qu’elles assument aussi la responsabilité principale pour les enfants les personnes âgées ou malades. Nous devons tenir compte de celle situation en particulier dans la politique sociale dans la formation l’emploi et. dans toutes nos activités en faveur du développement. La Conférence de Pékin est placée sous la triple aspiration de l'égalité du développement et de la paix. Elle met l'accent sur la participation des femmes à tous les échelons dans tous les domaines de la société, ainsi que sur la nécessite de transformer le rapport entre femmes et hommes. Ces la seule manière d'apporter des solutions concrètes aux problèmes fondamentaux (lue nous connaissons. Les quatre récentes conférences de l'ONU (Rio 1992 sur l'environnement, Vienne 1993 sur les droits de l’homme, Le Caire l994 sur la population et le développement Copenhague 1995 avec le Sommet social) ont illustré, chacune dans son domaine la nécessité d'une large participation des femmes, ainsi que la nécessite de mesures permettant de passer des discours aux réalisations. La décennie écoulée depuis la Conférence de Nairobi nous montre que des progrès ont certes eu lieu - dans plusieurs domaines pays ou régions. Mais la stagnation voire même des retours en arrière souvent tragiques sont aussi possibles. Le respect des droits fondamentaux n’est pas encore garanti aux femmes dans une même mesure qu'aux hommes. De plus, les femmes n’ont de loin pas les mêmes chances d'accéder aux services de santé (y compris en matière de reproduction) à l’éducation à l’emploi aux responsabilités en matière politique et économique. Les résistances demeurent nombreuses et c’est de notre devoir de nous engager fermement pour non seulement maintenir les acquis mais aussi faire avancer la cause des femmes. La Conférence de Nairobi a par exemple contribué au développement de toute une série de propositions concrètes pour la réalisation de l'égalité en Suisse. En particulier une loi sur l'égalité va prochainement entrer en vigueur. Elle améliorera nettement la situation des femmes salariées dans le secteur privé comme public. Elle prévoit l’interdiction de toute discrimination dans l'emploi des mesures de protection contre le licenciement et reconnaît aux organisations syndicales et de femmes le droit d'introduire des actions juridiques. Par ailleurs, dans le domaine des assurances sociales, le travail non rémunéré accompli pour les enfants et les autres personnes à charge est désormais reconnu. Il est créateur de droits en matière de prévoyance vieillesse notamment. Au vu des progrès réalises sur la voie de la réalisation de l’égalité entre femmes et hommes le gouvernement suisse vient de proposer au Parlement de ratifier dès que possible la Convention de l'ONU sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. La Suisse a attendu pour cela que son ordre juridique interne lui permette de le faire sans devoir apporter des réserves substantielles. La conférence de Pékin va donner de nouvelles impulsions à la Suisse pour mettre en oeuvre sans tarder d'autres mesures de concrétisation de l’égalité entre femmes et hommes, telles que l’instauration d'une assurance-maternite, l'introduction d'un nouveau droit du divorce non discriminatoire, ainsi que l’amélioration des données statistiques. Ces Conférences représentent ainsi une occasion de favoriser le débat dans chaque pays et de stimuler des améliorations. Bien que beaucoup d’autres acteurs soient aussi impliqués, dont les ONG, la responsabilité d'agir revient en priorité aux Etats. Ils doivent l'assumer, car ils sont les seuls capables de mettre en place les mécanismes de protection sociale et de redistribution des richesses - y compris les postes de pouvoir-, nécessaires afin d'atteindre l'égalité. Les Etats ne sont toutefois pas les seuls à être actifs. Partout, parfois même dans les pires difficultés, les femmes s'engagent, à titre individuel ou collectif, pour surmonter les problèmes posés, pour créer malgré tout, les conditions d'une vie acceptable pour elles-mêmes, leurs familles, et les générations futures, pour atteindre à l’égalité, à la dignité, à la justice. La présence de si nombreuses ONU au Forum qui se tient à Huairou, atteste avec force de la vitalité, de l’énergie, du courage et de la motivation de tant de femmes qui sont engagées pour la cause de l’égalité, du développement et de la paix. Il nous incombe à nous, représentants des Etats, d'apprécier et de respecter ce rôle des ONGS, qui souvent nous signalent les problèmes à résoudre et qui nous interpellent afin que nous prenions les mesures nécessaires. Car au moment de traduire les objectifs d'égalité, de développement et de paix dans les faits, les Etats, les organisations non gouvernementales, le secteur privé, les médias, etc., auront leur rôle à jouer. Pour pouvoir assumer ce rôle au plan national, il est indispensable que les ONG qui souhaitent participer d'abord à la 4ème Conférence mondiale sur les femmes bénéficient d’un traitement non discriminatoire conformément aux principes de l'ONU. Dans ce contexte d’inquiétude et aussi de remise en question de la capacité des institutions, nationales comme internationales, d'assurer leur rôle et de garantir les droits proclames dans de nombreux documents internationaux et dans la plupart des Constitutions nationales, nous devons aboutir à un résultat qui apporte aux femmes - et aux hommes prêts à s'engager aussi un message porteur de solidarité, d'espoir, et de justice sociale. Puisque réunion international après réunion international, les Etats reconnaissent que rien ne se fera sans la participation égale des femmes, nous avons maintenant une chance de montrer que nous prenons nos propres engagements au sérieux. L’égalité, 1e développement et la paix sont à ce prix.