ISO: BEL *************************************************************************** The electronic version of this document has been prepared at the Fourth World Conference on Women by the United Nations Development Programme (UNDP) in collaboration with the United Nations Fourth World Conference on Women Secretariat. *************************************************************************** AS WRITTEN QUATRIEME CONFERENCE MONDIALE DES NATIONS UNIES SUR LES FEMMES Pékin, 5 septembre 1995 Madame MIET SMET Ministre de l'Emploi et du Travail, et de la Politique d'Egalité des Chances de la Belgique Madame la Présidente, Madame la Secrétaire Générale, Excellences, Chers déléguées et représentants des organisations internationales et non gouvernementales, La délégation belge se réjouit des efforts réalisés par les Nations Unies pour la mise en oeuvre de cette Quatrième Conférence sur la Femme et remercie particulièrement la Secrétaire Générale Madame Gertrude Mongella et la République Populaire de Chine comme pays hôte pour leurs efforts significatifs. Nous, femmes de tous les pays du monde, souhaitions collectivement que cette Quatrième Conférence mondiale ait lieu. En effet, il existe plusieurs raisons d'exiger un engagement soutenu de l'opinion mondiale en faveur des femmes. Tout d'abord parce que l'inégalité entre hommes et femmes reste immense, malgré les nombreux efforts des associations de femmes et des responsables politiques. Le récent Rapport des Nations Unies sur le Développement Humain fournit une excellente synthèse de ces inégalités dans tous les domaines. Ensuite parce que le progrès des femmes est une condition essentielle pour la réduction de la misère dans le monde et le développement des pays les plus pauvres. En effet, les familles et l es communautés des pays l es plus pauvres ne peuvent progresser qu'au rythme du progrès de l'alphabétisation des femmes, de leur éducation et de leur participation à la prise de décision. La maîtrise de leur fertilité et leur accès à la santé y compris aux services de planification familiale sont aussi fondamentaux. Enfin parce que le mouvement des femmes pourra bénéficier de cette impulsion. Des décennies de combat pour l’égalité et pour leur reconnaissance ont créé entre les femmes de toutes les générations et de tous les pays un lien qui doit être intensifié. Les politiciens, les dirigeants socio-économiques, les responsables religieux et philosophiques ainsi que les faiseurs d'opinion qui ne tiennent pas compte des droits des femmes et ne les intègrent pas dans leurs programmes, ne peuvent justifier leur comportement d'un point de vue éthique, d'autant plus que les femmes représentent la moitié de la population. Cette Quatrième Conférence Mondiale "s’appuie" sur les acquis des Conférences sur les femmes de Mexico, Copenhague et Nairobi, auxquelles j'ai participé, et qui ont influencé le contenu et les conclusions des Conférences Mondiales sur l'Environnement à Rio, sur les Droits de l'Homme à Vienne, sur la Population et le Développement au Caire, et enfin sur le Développement social à Copenhague. La problématique femme a été intégrée dans tous les domaines, ce qui constitue une nouvelle approche. Le Programme d'Action est innovateur à d'autres égards parce qu'il permet le débat et la reconnaissance des thèmes comme le renforcement du pouvoir des femmes, le fait que les droits des femmes sont des Droits de l'Homme, et le rejet absolu de la violence contre les femmes. La Conférence Mondiale sur les Droits de l'Homme de Vienne a renforcé le principe selon lequel les droits des femmes sont inaliénables, et font intégralement et indivisiblement partie des Droits de l’Homme. La participation complète et égale des femmes dans la vie politique, publique, économique, sociale et culturelle, aux niveaux local, national et international, et l’éradication de toutes les formes de discrimination basées sur le sexe, doivent être, selon la Déclaration de Vienne, un objectif prioritaire. Pourtant chaque jour, il est gravement porté atteinte aux droits des femmes. Ainsi, les femmes sont moins bien rémunérées pour leur travail, et parfois même véritablement exploitées; elles sont victimes de violences dont le viol et la traite des femmes sont les formes extrêmes. La privation de liberté et l'interdiction de défendre leurs droits sont une réalité dans beaucoup de pays. Leur participation à la prise de décision, dans tous les domaines de la société, reste limitée également dans les pays démocratiques. Les responsables politiques, les dirigeants des syndicats et des organisations sociales et économiques, les responsables des médias et les dirigeants religieux comptent peu de femmes dans leurs rangs. Leur accès à ces positions de pouvoir leur est entravé par des mécanismes d'ordre divers, parfois très insidieux. N'est-il pas affligeant de constater que peu de femmes sont actuellement présentes aux réunions de Chefs d'Etat et de gouvernements ? N'est-il pas affligeant de voir, que lorsque les dirigeants religieux se réunissent, il y ait rarement une femme parmi eux ? N'est-il pas affligeant de voir que les femmes puissent rarement jouer un rôle au premier plan dans la résolution des conflits? N'est-il pas affligeant que le monde soit dirigé aussi pour les femmes, mais sans les femmes ? Récemment encore la Conférence des parlementaires de Tokyo a réclamé la parité. La violence dont les femmes sont victimes émeut sans aucun doute beaucoup l'opinion mondiale. Les informations sur le viol de femmes en situation de guerre, la lapidation de femmes, les mutilations sexuelles, l'inceste et la traite des femmes suscitent une forte réaction de rejet. Le combat reste toutefois très insuffisant. On ne peut oublier que chaque violence physique subie par une femme est un déni de la dignité humaine pour toutes les autres femmes. Les actions développées par les organisations non gouvernementales sur ce plan méritent dès lors tout notre soutien. Le rôle des médias constitue, dans le Programme d'Action, un sujet nouveau. I1 est certes délicat puisqu’il implique le nécessaire respect de la liberté de la presse mais il est également très prometteur. Pendant la Conférence, il n'est pas douteux que les problèmes des femmes seront à la une des journaux. Mais après ? Et pourtant, il faut que les médias accordent une attention permanente aux femmes - non seulement à leurs problèmes mais également à la valorisation de leurs contributions réelles dans la société. I1 faut absolument renforcer l'accès des femmes à l'expression et à la prise de décision dans les médias. A côté de ces nouveaux thèmes, le Programme d'Action doit confirmer clairement les conclusions des conférences précédentes en ce qui concerne le droit des femmes à maîtriser leur fertilité et leurs droits en matière de sexualité. Le Programme d'Action doit également prévoir l'engagement des pays développés à tenir compte dans leur programme de coopération du rôle fondamental joué par les femmes pour le développement durable de leur pays. Pour la délégation belge, les problèmes spécifiques de femmes qui vivent dans des conditions d’extrême pauvreté, des femmes rurales pauvres et des femmes réfugiées doivent faire l'objet d'une attention toute particulière. Dans mon pays, la Conférence mondiale a été préparée pendant plus d'une année. Ce processus a permis d'établir un état des lieux concernant la situation des femmes en Belgique. On constate que le manque de données statistiques ne permet pas une analyse pertinente des relations entre hommes et femmes, notamment en matière de fiscalité, d'emploi, de sécurité sociale, d'accès au crédit, d'investissement, de violence et de criminalité. Les statistiques basées sur le sexe sont cependant importantes pour connaître la situation exacte des femmes et pour élaborer sur cette base les options politiques les plus adéquates. J'ai l'intention de faire élaborer une méthodologie permettant d’intégrer la dimension hommes-femmes dans toutes les données statistiques. La représentation politique des femmes reste limitée en Belgique, même tenant compte du progrès enregistré lors des récentes élections parlementaires par rapport aux chiffres repris dans le Rapport des Nations Unies sur le Développement. Personne ne peut prétendre qu'un parlement représente réellement les femmes quand il ne compte que 15 % de femmes parmi ses membres. Il en va de même pour la prise de décision en matière sociale, économique et financière. Malgré le fait que les femmes constituent une grande partie du marché du travail, elles n’accèdent qu'au compte-goutte aux fonctions dirigeantes. A l'initiative du Gouvernement belge, une loi est entrée en vigueur depuis 1994, prévoyant que les listes électorales ne peuvent comporter plus de deux- tiers de candidats du même sexe. Je prendrai bientôt une seconde initiative afin de renforcer également la présence féminine dans d'autres organes sociaux de consultation et de décision. Dans mon pays également, l 'écart de salaire entre les hommes et les femmes est encore de 25 %. Ceci est notamment dû au fait que les emplois principalement occupés par les femmes sont dépréciés. J'ai fait établir une liste de critères permettant une classification des fonctions neutre sur le plan du sexe. Je lance ici un appel aux partenaires sociaux afin qu’ils utilisent cette liste lors des négociations salariales. Pour la délégation belge, la conciliation entre le travail et la famille est de la responsabilité des deux partenaires. Une campagne sera bientôt lancée en Belgique afin de faire évoluer les mentalités concernant le partage des tâches et des responsabilités entre homme et femme au sein de la famille. En outre, des stimulants sont nécessaires afin d’inciter aussi les pères à faire, usage de mesures telles que le travail à temps partiel, l'interruption de carrière, le congé parental, les horaires flexibles. A ce sujet, j'espère vivement que les partenaires sociaux européens pourront conclure le plus rapidement possible un accord sur le congé parental. En Belgique ces dernières années, une attention croissante a été accordée aux problèmes de la violence envers les femmes. Des enquêtes ont été réalisées afin de mettre en évidence toutes les formes de violence. Un effort réel d’information, de sensibilisation et de formation a été réalisé pour les milieux concernés. La loi sur le viol a été modifiée et une législation spécifique sur le harcèlement sexuel sur le lieu de travail a été adoptée. Cette politique sera poursuivie dans les années qui viennent. Afin d’inciter les médias à véhiculer une image non-stéréotypée et novatrice des femmes, j'ai élaboré un code de conduite. Il sera diffusé sous forme de vidéo et de disquette. Madame la Présidente, La réalisation de l’égalité entre homme et femme n'est pas un objectif technocrate mais un engagement politique global. Une révolution en pensée sur l'égalité n’a de sens que si on peut la traduire dans la réalité. C'est pour cela que je voudrais faire un appel urgent à la communauté internationale ainsi qu'aux responsables de gouvernements et au mouvement féminin afin que le Programme d'Action ne reste pas qu’un texte avec de grands principes. Il doit entraîner des actions concrètes qui amélioreront la vie de tous les jours pour toutes les femmes durant les prochaines années. La Belgique quant à elle s’assurera que le suivi de la Conférence mondiale se traduise dans les faits. Pour la fin de l'année, nous allons développer un programme d'action qui tiendra compte des apports de Beijing afin que les hommes et les femmes belges puissent démarrer le 21ème siècle sur un pied d'égalité. Pour conclure n’oublions jamais que les femmes doivent compter surtout sur elles-mêmes; sur leur intellect, leur force, leur persévérance, leur chaleur, leur humour, sans oublier leur indispensable solidarité pour obtenir la place qui, leur convient dans la société. Beijing est pour nous une occasion extraordinaire de renouer et de créer des liens d'amitié et de compréhension. Je vous remercie.