Des conditions plus favorables à l'intégration ?

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Des conditions plus favorables à l'intégration ?

Africa Renewal
Afrique Renouveau: 
Afrique, intégration régionale

Dans les quinze premières années qui ont suivi l'indépendance de la plupart des pays d'Afrique au début des années 60, plus d'une centaine d'organisations régionales ont été fondées sur le continent, témoignant d'un fort désir de coopération et d'unité panafricaine. Mais l'échec d'un grand nombre d'institutions, incapables de déboucher sur des résultats concrets, a engendré un scepticisme généralisé. Les dirigeants africains seront-ils à l'avenir plus désireux de mettre en oeuvre leur promesse d'intégration régionale ? Le peuple africain en tirera-t-il plus d'avantages que par le passé ?

Les partisans de l'intégration régionale reconnaissent les lacunes du passé. Mais ils soulignent aussi que certains obstacles qui s'opposaient au progrès ont disparu, en partie du moins. Dans ce nouveau contexte, estiment-ils, les perspectives d'intégration devraient être légèrement meilleures. Les changements sont multiples.

Guerre et conflits : pendant les premières décennies après l'indépendance, nombre de pays africains ont été pris au piège des rivalités de la guerre froide et se sont attachés à libérer les territoires sous l'emprise de régimes coloniaux ou de minorités blanches (surtout en Afrique australe). Ces grands conflits politiques ont rendu la coopération économique extrêmement difficile. La guerre froide est finie, et avec la fin de l'apartheid en 1994, la majorité des pays de l'Afrique australe sont en paix. Toutefois, les guerres locales continuent à éclater ça et là sur le continent, freinant encore les tentatives d'unité régionale.

Régime politique : jusqu'en 1990, la plupart des pays africains étaient dirigés par des régimes militaires ou des partis uniques. N'ayant aucune obligation de rendre des comptes à la population, les dirigeants avaient beau jeu de faire de grandes promesses dans des conférences régionales, sans rien entreprendre ensuite pour les mettre en oeuvre. De nos jours, à quelques exceptions près, les gouvernements africains sont élus. Si la démocratie reste fragile, les organisations de la société civile sont bien plus à même d'exiger de leurs dirigeants qu'ils tiennent leurs promesses.

Performances économiques : la plupart des pays africains ont été frappés par de graves crises économiques pendant la plus grande partie des années 70 et 80. De nombreux gouvernements, cherchant avant tout à survivre, n'ont pu consacrer que de maigres ressources aux infrastructures régionales et aux projets favorisant l'intégration. Toutefois, après 1995, un nombre croissant de pays africains a bénéficié de la relance économique, qui leur a permis de lancer de nouvelles initiatives. Pourtant, cette relance est inégale et les performances économiques peuvent fluctuer inopinément d'une année à l'autre, ce qui ne facilite pas la coordination des politiques avec les pays voisins.

Politiques en place : en proie à des crises, les gouvernements africains n'ont pas pu mettre en oeuvre le plan d'action de Lagos de 1980 qui mettait l'accent sur les initiatives régionales. Ils ont en revanche été contraints d'adopter les programmes d'ajustement structurel promus par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et les grands pays donateurs. Fortement axés sur la libéralisation et les mécanismes du marché, ces programmes sont presque exclusivement de portée nationale. Les gouvernements africains ont donc dû négocier individuellement avec les institutions financières extérieures, et la libéralisation a été mise en oeuvre en dehors de toute considération régionale. Les bailleurs de fonds, pendant ce temps, hésitaient beaucoup à financer des projets de coopération régionale. Bien que l'ajustement structurel reste le fondement des programmes économiques africains, les institutions financières internationales semblent désormais plus ouvertes aux initiatives régionales qu'elles ne l'étaient par le passé.