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Afrique Renouveau: 
Ibrahim Gambari Photo : ©Afrique Relance / Ernest Harsch
Ibrahim Gambari Photo : ©Afrique Relance / Ernest Harsch

Nigéria : L'ONU joue un rôle de médiateur dans la controverse qui entoure la vaccination contre la polio

L'ONU s'efforce d'aider à mettre fin à la controverse qui oppose les autorités religieuses et les pouvoirs publics du nord du Nigéria à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et qui a enrayé une très importante campagne de vaccination contre la polio. Les divergences de vues concernant la sécurité des vaccins fournis par l'ONU remettent en cause les efforts ­ et les trois milliards de dollars ­ consentis par la communauté internationale depuis 15 ans pour éliminer complètement cette maladie. Ces derniers mois, la maladie s'est propagée dans huit pays voisins ainsi que dans des régions du sud et de l'ouest du Nigéria, que l'on pensait auparavant débarrassées de ce fléau. En mars, le Secrétaire général, Kofi Annan, a envoyé au Nigéria son Conseiller spécial pour l'Afrique, M. Ibrahim Gambari, pour huit jours d'entretiens avec de hauts responsables politiques, religieux et sanitaires en vue de sortir de l'impasse.


Ibrahim Gambari

 

Photo : ©Afrique Relance / Ernest Harsch


 

Une mission d'information composée de hauts responsables politiques, religieux et de chefs ancestraux dépêchée dans les usines de fabrication de vaccins d'Afrique du Sud, d'Inde et d'Indonésie a déclaré l'innocuité des vaccins. Ces conclusions ont satisfait toutes les parties à l'exception du gouverneur de l'Etat de Kano, Ibrahim Shekarau, qui a fait part à nouveau de ses craintes relatives à des impuretés du vaccin. Toutefois, lors d'une conférence de presse le 17 mars au siège de l'ONU à New York, M. Gambari a affiché un optimisme prudent, déclarant que le rapport "jetait les bases d'une reprise des vaccinations à travers le pays".

M. Gambari, ancien Ministre des affaires étrangères du Nigéria et Ambassadeur auprès de l'ONU, a annoncé que les vaccinations pourraient reprendre dans quelques semaines. "Le Nigéria est confronté à plusieurs problèmes de développement ainsi qu'au problème de la polio, a-t-il indiqué. Il est temps d'en finir avec cette maladie." Le Gouverneur Shekarau a fait savoir que l'Etat serait disposé à acheter et distribuer des vaccins d'un fournisseur islamique. Selon les observateurs, la campagne de vaccination pourrait reprendre dans le pays à cette condition.

La controverse a débuté en juillet dernier, lorsque le chef du Conseil suprême de la charia de l'Etat de Kano, qui veille à l'application de la loi islamique, a affirmé que les vaccins contre la polio fournis par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) contenaient des produits chimiques stérilisants et le virus VIH à l'origine du sida. Les chefs religieux de cette région à large majorité islamique ont accusé les autorités américaines d'avoir délibérément contaminé les vaccins pour réduire la taille de la population musulmane dans le cadre de leur lutte contre le terrorisme.

La controverse menace ce que l'OMS a qualifié de "meilleure et peut-être dernière chance" d'éliminer complètement la polio. Le nord du Nigéria est le seul point de la planète encore menacé par la polio qui ne participe pas à la campagne mondiale d'éradication.

 

 

En voie d'extinction 
Nombre de cas de polio
dans le monde en 2003

Nigéria

300

Inde

215

Pakistan

96

Niger*

25

Afghanistan

 8

Egypte

1

* comprend les 
nouveaux cas du Nigéria

Source: ONU Afrique Relance, d'après des données de l'Organisation mondiale de la santé

 

 


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Le Royaume-Uni inaugure une commission pour l'Afrique

Le Premier Ministre britannique, Tony Blair, s'est engagé à placer l'Afrique au premier rang des priorités du Royaume-Uni l'an prochain, lorsque celui-ci présidera le Groupe des Huit pays industrialisés et l'Union européenne. Inaugurant une nouvelle Commission pour l'Afrique en février, il a déclaré que, malgré la difficulté de la tâche, le continent et les donateurs devaient chercher à atteindre les objectifs internationaux de réduction de la pauvreté : les objectifs du Millénaire pour le développement.

D'ici l'an prochain, la commission, que M. Blair préside, devra déterminer quelles tendances mondiales influencent le développement de l'Afrique et proposer des politiques permettant de venir à bout des problèmes du continent. Elle procèdera à une "évaluation globale" de la situation en Afrique, étudiera ce qui a été efficace par le passé et ce qui ne l'a pas été. Elle comptera une douzaine de personnalités internationales, parmi lesquelles le Ministre des finances du Royaume-Uni, Gordon Brown, le Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, K.Y. Amoako, le Ministre des finances de l'Afrique du Sud, Trevor Manuel, et le musicien et militant Bob Geldof.

L'Afrique est le seul continent qui s'est appauvri au cours des 25 dernières années, dont la participation au commerce mondial a diminué de moitié en une génération et qui a reçu moins de 1 % des investissements étrangers directs, a déclaré M. Blair.

"Toute initiative offrant des solutions réelles sera appréciée", a dit le Directeur général de Save the Children, Mike Aaronson. "Mais il ne faudra pas se contenter d'un rapport de plus sur l'Afrique énonçant de nouveaux objectifs, plans ou stratégies sans effet. Cette initiative sera jugée en fonction des mesures concrètes qu'elle engendrera."

 

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Cotes de crédit: Entrée en scène du financement privé

Le Ghana est le premier pays à bénéficier d'une initiative du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) visant à aider les gouvernements des pays en développement à obtenir une notation financière commerciale. Ce pays d'Afrique de l'Ouest s'est vu attribuer en septembre une note de crédit souverain de B+ par la puissante agence new yorkaise de notation Standard and Poor's. Cette note, qui évalue la capacité des gouvernements à s'acquitter de leurs obligations commerciales financières en temps voulu et en totalité, est exigée des pays essayant de mobiliser des capitaux pour le secteur public sur les marchés financiers commerciaux.

Ce programme est une initiative commune des Nations Unies et de Standard and Poor's. Par ce biais, a déclaré fin février à des chefs d'entreprise américains l'Administrateur associé du PNUD, Zéphirin Diabré, "nous comptons soutenir les pays dans leurs efforts de mobilisation de ressources provenant de marchés financiers privés". L'accès à des capitaux commerciaux, a-t-il poursuivi, "permettrait aux pays d'Afrique de lutter de différentes façons contre la pauvreté". Deux autres pays, le Bénin et le Cameroun, ont également reçu une note positive dans le cadre de ce programme. Six autres pays d'Afrique ont déjà des notes de crédit souverain.

Les fonctionnaires du PNUD font observer que ces pays, pour la plupart, ne feront pas tout de suite appel aux marchés financiers privés, compte tenu des niveaux actuels de leur dette et du coût des emprunts commerciaux. Les cotes de solvabilité pourraient leur permettre de s'introduire sur les marchés à une date ultérieure mais, dans l'immédiat, les cotes de crédit positives sont l'un des facteurs dont les investisseurs étrangers potentiels tiennent compte lorsqu'ils choisissent un pays où investir.