Dividende ou bombe à retardement

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Dividende ou bombe à retardement

Africa Renewal
Afrique Renouveau: 
Des participants au Forum de la Jeunesse des Nations Unies, qui s’est tenu à New York en janvier de cette année. Photo: Afrique Renouveau/Ihuoma Atanga
Photo: Afrique Renouveau/Ihuoma Atanga
Des participants au Forum de la Jeunesse des Nations Unies, qui s’est tenu à New York en janvier de cette année. Photo: Afrique Renouveau/Ihuoma Atanga
En 2017, l’Union africaine a célébré « L’Année de Valorisation du dividende démographique de l’Afrique : investir dans la jeunesse »… L’occasion pour cette édition spéciale de s’intéresser aux nombreux défis et opportunités des jeunes Africains, dans des domaines aussi variés que la formation professionnelle, les technologies, l’entrepreneuriat ou l’agrobusiness.

“On parle de dividende démographique pour l'Afrique. Or ce que nous constatons aujourd'hui n'est pas un dividende, mais une simple explosion démographique”, déclare Ahmad Alhendawi, l’ancien envoyé pour la jeunesse de l’Organisation des Nations Unies (ONU). “Un dividende est le produit de vos investissements. Si vous investissez intelligemment, vous obtenez des résultats. Mais cela ne se fait pas tout seul.” 

Les statistiques de l'ONU indiquent que l’Afrique est le continent où la part des moins de 18 ans est la plus importante. Cette population devrait doubler d’ici à 2050, ce qui pèsera  encore davantage sur des ressources déjà limitées. 

En fonction des mesures prises par les gouvernements, l'augmentation exponentielle de la jeunesse peut se transformer aussi bien en bombe à retardement qu'en dividende démographique, notion que les experts de l'ONU définissent comme l'accélération de la croissance économique résultant de la supériorité en nombre des personnes actives (entre 15 et 64 ans) sur les personnes ne travaillant pas (les moins de 14 ans et les plus de 65 ans).   

Le scénario adverse est l'explosion démographique caractérisée par un taux de chômage élevé et d'importants mouvements de contestation menant à l’instabilité politique. Ces jeunes désœuvrés partent à la recherche d'une vie meilleure en Europe au péril de leur vie et représentent une mine pour les rebelles et les groupes extrémistes en quête de nouvelles recrues.  

Cette bombe à retardement peut être désamorcée si les gouvernements investissent judicieusement. Mais comment y parvenir? Des experts de tous horizons ont émis des suggestions. 

Les gouvernements devraient investir dans des projets qui génèrent des emplois ou favorisent la création d'entreprises, rendre l’agriculture plus attrayante, promouvoir la technologie, améliorer les compétences des étudiants et faire en sorte que les programmes soient adaptés aux besoins du marché. Ils devraient également adopter et mettre en œuvre des lois qui mettent fin aux pratiques qui encouragent le mariage des enfants et empêchent la scolarisation des jeunes filles, promouvoir l’égalité des genres, soutenir les femmes, sévir sur les grossesses chez les adolescentes et lutter contre les maladies transmissibles. 

Les dirigeants déclarent souvent qu’ils sont prêts à écouter les jeunes et à les consulter lorsqu’ils conçoivent des politiques qui les concernent. En réalité, ces décisions sont souvent prises avec peu voire aucune participation des jeunes. Les dirigeants obtiennent alors des politiques supposées améliorer la vie des jeunes mais qui sont en fait très éloignées de leurs préoccupations. 

La jeunesse souhaite qu'on la prenne au sérieux.  Lors du Forum mondial des jeunes 2017, la mention par Frederick Shava, l’actuel président du Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC), des “évaluations précises et honnêtes”  réalisées par les jeunes eux-mêmes, constitue à ce titre un signal encourageant. Il a ainsi promis de renforcer leurs voix et leur participation dans “la construction de l’avenir dont nous rêvons” en Afrique.