Affronter le changement climatique au Soudan du Sud

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Affronter le changement climatique au Soudan du Sud

UNDP
Auteur: 
par Jean-Luc Stalon, Directeur Pays Adjoint du PNUD au Soudan du Sud et Biplove Choudhary, Chef d'équipe, développement humain et croissance inclusive, PNUD au Soudan du Sud
Pour leur subsistance, plus de 11 millions de la population au Soudan du Sud (95%) dépendent presqu’entièrement des secteurs sensibles au climat, dont l'agriculture, les ressources forestières et la pêche. Photo: Albert Gonzalez Farran, UNDP
Photo: Albert Gonzalez Farran, UNDP
Pour leur subsistance, plus de 11 millions de la population au Soudan du Sud (95%) dépendent presqu’entièrement des secteurs sensibles au climat, dont l'agriculture, les ressources forestières et la pêche. Photo: Albert Gonzalez Farran, UNDP

29 juin 2017La crise au Soudan du Sud a fait reculer le pays sur plusieurs fronts, notamment en freinant la production agricole et en perturbant les capacités d'adaptation des communautés. Bien qu'il n'ait aucun rôle dans le réchauffement climatique, le pays est à la fois l’un des plus vulnérable et le moins préparé à faire face aux sombres menaces qui pèsent sur lui.

C‘est pourquoi les risques liés au changement climatique devraient être à ce moment-précis à l’agenda des décideurs et des partenaires internationaux.

Selon l'Indice de vulnérabilité au changement climatique 2017, le Soudan du Sud est classé parmi les cinq pays les moins performants au monde avec la République démocratique du Congo, la République centrafricaine, Haïti et le Libéria. Les projections indiquent qu'au Soudan du Sud, le réchauffement climatique se fera sentir 2,5 fois plus qu’en moyenne dans le monde.

Plus de 11 millions de personnes dépendent quasi exclusivement de secteurs sensibles au climat pour leur subsistance, notamment l'agriculture, les ressources forestières et la pêche. Les cours d’eau saisonniers commencent à se tarir, affectant les communautés de pêcheurs dans plusieurs régions du pays. Des périodes de plus grande sècheresse pourraient également être un facteur de déforestation accrue et de conflits entre les bergers et les communautés agricoles en ce qui concerne l'accès aux pâturages.

Alors que le monde s'efforce de faire face aux menaces posées par le changement climatique et de soutenir les communautés les plus touchées, le Soudan du Sud - bien qu’il soit signataire de l'Accord de Paris - court le risque d’être laissé pour compte. De plus en plus de signes indiquent que ne pas agir maintenant peut avoir des conséquences irréversibles à long terme. Un exemple éloquent est celui de la région du lac Tchad qui, sur à peine 50 ans, a vu sa surface se réduire de 25 000 kilomètres carrés à 2 500 kilomètres carrés, affectant près de 50 millions de personnes et se transformant en un « multiplicateur de menaces ».

Quel futur pour le Soudan du Sud?

Le pays a besoin d'une réponse internationale audacieuse et ambitieuse, et d’un accès à une source durable de financements destinés au changement climatique et aux technologies propres. Bien que le Fonds pour l'environnement mondial et le Fonds vert pour le climat constituent une bonne base, les besoins dépassent largement les ressources.

Les financements et le soutien de démarrage doivent avoir pour objectif de mettre en place des pratiques agricoles intelligentes face au climat, de fournir des solutions énergétiques propres qui activeront un processus national d'adaptation. Cela impliquerait de promouvoir la diversification des cultures, de sélectionner des semences et du bétail mieux adaptés, de fournir des services de vulgarisation agricole adaptés au climat et d’adopter une gestion durable de l'eau dans tout le pays afin de renforcer l'autosuffisance en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Le Soudan du Sud a l’opportunité historique de profiter de sa place de dernier arrivé pour tirer les leçons des expériences d'autres pays. Le pays a le potentiel pour produire de l’énergie solaire à grande échelle car il bénéficie en moyenne d’un ensoleillement de 10 heures par jour/an. Le secteur privé a un rôle essentiel à jouer et peut tirer parti des succès déjà obtenus en Afrique du Sud et au Kenya.

Le renforcement de la préparation nationale à l'adaptation au changement climatique, et les investissements dans l'agriculture résistante au climat constitueront une première étape concrète. Mais les défis rencontrés au Soudan du Sud exigent une nouvelle façon de travailler, plus équilibrée et coordonnée, pour sauver des vies, permettre le relèvement et renforcer la résilience.