L’Afrique s’exprime sur la question du climat

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L’Afrique s’exprime sur la question du climat

Une position commune pour les négociations sur les changements climatiques
Afrique Renouveau: 
Peter Arnold Inc. / Ton Koene
Girls collecting firewood in EthiopiaCollecte de bois de feu en Éthiopie : les mutations climatiques engendrent des conditions météorologiques extrêmes qui obligent certains pays à faire face à une sécheresse accrue.
Photo: Peter Arnold Inc. / Ton Koene

Quand les représentants africains se rendront à Copenhague début décembre pour y assister à des négociations cruciales sur les changements climatiques, ils s’efforceront de parler d’une seule voix. “Pour la première fois dans l’histoire, déclare le Premier Ministre éthiopien Meles Zenawi, l’Afrique aura une seule équipe de négociation habilitée à négocier au nom de tous les États membres de l’Union africaine… les intérêts et la position de l’Afrique ne seront pas passés sous silence.”

De nombreux participants à la réunion des dirigeants africains qui s’est tenue fin août et qui a choisi M. Meles comme chef de cette délégation, ont fait valoir la nécessité d’agir d’urgence,  les changements climatiques ayant de plus en plus d’incidences sur la vie de millions de personnes.

Le moment d’engager le débat

“Le moment est venu pour l’Afrique de s’engager avec vigueur” dans les négociations sur les changements climatiques, a déclaré au cours de ce sommet Jean Ping, le Président de la Commission de l’Union africaine. Face à une productivité agricole menacée, à des ressources en eau en danger et au risque de voir la pauvreté augmenter, le prix de l’inaction est inacceptable, a affirmé M. Ping.

Selon des projections de la Banque mondiale publiées à la mi-septembre, la consommation annuelle par habitant pourrait chuter de 4 à 5 % en Afrique en raison des changements climatiques liés à la montée des températures de la planète et du bouleversement des économies locales. D’ici à 2030, environ 90 millions d’Africains de plus seront exposés au paludisme, les conditions devenant encore plus favorables à la multiplication des moustiques vecteurs de la maladie. D’ici à 2080, de 9 à 20 % des terres arables en Afrique pourraient devenir plus difficiles à cultiver.

Les gouvernements africains sont depuis longtemps conscients de ces tendances et bon nombre d’entre eux ont figuré parmi les premiers signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques de 1992 et du Protocole de Kyoto de 1997 qui fixait des limites aux émissions de gaz à effet de serre. Mais comme le notait une analyse présentée en août au sommet de l’Union africaine, les efforts de négociation précédents de l’Afrique ont été marqués par une “coordination lamentable” et une absence de “direction politique visible à l’échelle du continent.”

Prenant la parole le 22 septembre lors du sommet sur les changements climatiques organisé par l’ONU, le président rwandais Paul Kagame a noté que si les pays africains “restaient plus ou moins en marge” du débat mondial c’était notamment parce qu’ils estimaient que “les changements climatiques sont un problème industriel qui doit être résolu par les pays occidentaux.”

‘Une seule voix’

Selon Ibrahim Assane Mayaki, le Secrétaire exécutif du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), les pays africains adoptent de plus en plus des positions communes, que ce soit dans les pourparlers internationaux concernant la crise économique mondiale ou sur les questions de changement climatique. “A Copenhague, l’Afrique parlera d’une seule voix a-t-il indiqué à Afrique Renouveau. Nous aurons un coordinateur unique pour tout le groupe africain et une stratégie de négociation unique.”

Certaines préoccupations exprimées par l’Afrique ont trait à  “l’adaptation” — les moyens d’aider les pays dont les zones côtières sont menacées, ceux victimes d’un changement du régime des pluies ou de modifications des grandes tendances de leur climat. L’Union africaine estime que pour soutenir adéquatement de tels efforts, les pays en développement auront globalement besoin de 67 milliards de dollars par an à l’horizon 2020.

Concernant “l’atténuation” — la réduction des gaz à effet de serre — l’Afrique espère que les pays industriels et les pays en voie d’industrialisation, qui produisent la plus grande partie de ces gaz, accepteront d’en réduire considérablement les émissions. Les pays africains pour leur part s’engagent à adopter des procédés de production plus propres, mais il leur faut pour cela de nouvelles technologies. De plus, a déclaré le Premier Ministre Meles à un forum conjoint entre l’Afrique et les donateurs organisé début septembre en Éthiopie, “nous voulons préserver nos forêts,” et replanter les surfaces forestières dégradées (car les arbres absorbent le principal gaz à effet de serre, le dioxyde de carbone.)

Bien que ce forum ait constitué un lieu de rencontre idéal pour solliciter une augmentation de l’aide fournie par les bailleurs de fonds, le principal négociateur africain sur les questions de changement climatique a mis l’accent sur l’action internationale plutôt que sur le problème du financement. “Nous n’avons pas intérêt à réclamer des compensations pour les changements climatiques et les dommages qu’ils entraînent, a expliqué M. Meles, nous avons tout intérêt à éviter qu’ils ne se produisent.”