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Panos/Jacob Silberberg

Des messages texte bons pour la santé
L'ONU lance l’initiative « Santé mobile » pour lutter contre les maladies

Par Jocelyne Sambira
Le Gouvernement nigérian avertit des dangers du VIH/sida par messages texte.Le Gouvernement nigérian avertit des dangers du VIH/sida par messages texte.
Photo: Panos/Jacob Silberberg

Imaginez que vous recevez un message texte (encore appelé texto ou SMS) vous donnant des instructions sur la prise de vos médicaments contre le diabète. Ou encore un message vocal vous rappelant la date de votre prochaine mammographie. 

L’accès accru aux technologies de la communication a donné naissance au concept de « Santé mobile », ou mHealth, qui met le téléphone portable au service de la santé. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Union internationale des télécommunications (UIT) testent actuellement des solutions sur mobile afin d’aider les personnes atteintes de maladies non transmissibles (MNT), comme le diabète, les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires et le cancer, à mieux gérer leur situation. 

Selon l'OMS, environ 36 millions de personnes meurent chaque année de maladies non transmissibles aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement. Ces maladies absorbent aussi une grande partie des besoins et dépenses en matière de soins de santé. L’Organisation prévoit qu’au cours des dix années à venir, les décès dus aux MNT augmenteront de 24 % en Afrique. 

Le Secrétaire général de l’UIT, Hamadoun Touré, estime que ces maladies peuvent être maîtrisées grâce à l’initiative Santé sur mobile. « Les innovations technologiques modifient le contexte de la prévention et du traitement des maladies. L'omniprésence des technologies mobiles, y compris dans de nombreux pays figurant parmi les moins avancés, offre une chance exceptionnelle de généraliser l'emploi des applications électroniques dans le domaine de la santé » (notamment grâce à l'ordinateur, à lnternet, au téléphone portable et à d’autres technologies électroniques). C’est ce qu’il a déclaré à Dubaï à l’édition 2012 de l’ITU Telecom World, une réunion annuelle d’experts, de décideurs politiques et de dirigeants consacrée à l'avenir des télécommunications dans le monde.

L'initiative s'appuie sur des projets en cours, tels que l'utilisation par l'OMS de dispositifs mobiles permettant de recueillir des données sur l'usage du tabac dans 17 pays, représentant la moitié de la population mondiale. Les téléphones portables permettent également d’aider les prestataires à offrir des soins de meilleure qualité et à déconseiller les pratiques néfastes. Selon une récente étude réalisée au Kenya, les agents de santé ont reçu des messages les coachant sur le meilleur protocole de traitement du paludisme. 

L'UIT affirme que d’ici à la fin 2011, il y aura 6 milliards d'abonnements au téléphone mobile dans le monde, les pays en développement arrivant en première place en termes de croissance. Dans ces conditions, la Santé mobile pourrait être l'une des meilleures façons d'atteindre un très grand nombre de patients et de prestataires de soins. 

Toutefois, Harsha Thirumurthy, un économiste qui analyse le lien entre la santé et les résultats économiques dans les régions à faible revenu, avertit que plusieurs aspects des interventions de Santé mobile restent à étudier. Dans le Bulletin de l'Organisation mondiale de la Santé, il a fortement recommandé, avec Richard T. Lester, de comparer les interventions sous forme de message texte aux autres interventions, par exemple des programmes alimentaires ou des visites à domicile effectuées par des agents communautaires. Les questions de coût sont également soulevées – on ignore qui paiera la note. Si elle n’est pas réglée par les prestataires de soins, les patients sont-ils prêts à payer pour ce service ?
En outre, il reste à voir si la santé mobile peut conduire à un changement de comportement et amener les gens à mieux respecter les régimes de traitement de maladies comme le paludisme et la tuberculose. 

Une grande avancée technologique en Afrique

Selon un nouveau rapport publié par l'Union internationale des télécommunications (UIT), trois pays africains ont fait beaucoup de progrès en matière d'intégration des technologies de l'information et de la communication (TIC). Dans son rapport annuel intitulé Mesurer la société de l’information 2012, l’UIT note que le Rwanda, le Kenya et le Ghana ont redoublé d'efforts pour combler la « fracture numérique ». 

En attendant, le coût global des services de TIC a baissé de 30 %. Alors que les services Internet à large bande fixe affichent la plus forte baisse des prix moyens (75 %), le haut débit mobile continue de connaître la plus forte croissance. Au cours de l’année écoulée, le haut débit mobile a progressé de 40 % dans le monde et de 78 % dans les pays en développement, indique le rapport. 

Brahima Sanou, Directeur du Bureau de développement des télécommunications de l'UIT, souligne qu’en dépit de la hausse des abonnements aux hauts débits mobiles, les coûts restent trop élevés dans les pays à faible revenu. « Pour que le miracle du téléphone cellulaire mobile puisse se reproduire avec le haut débit mobile et que davantage d’habitants des pays en développement puissent se connecter à Internet, il est impératif, indique-t-il, d’étendre les réseaux 3G et de faire encore baisser les prix. » 

Selon le classement établi par la Commission de l’ONU « Le large bande au service du développement numérique », le Rwanda se maintient en première place en Afrique de l'Est. En 2012, il se classait septième parmi tous les pays africains offrant des abonnements actifs au large bande mobile. La politique du Rwanda consiste à accroître la connectivité mobile dans les zones rurales et à la rendre accessible à la population. D’après un programme géré par le gouvernement, la Passerelle de développement du Rwanda, le pays est « déterminé à tirer le meilleur parti de la révolution numérique » afin d’assurer la croissance de son économie.

Des applications mobiles pour le changement social

Par Arao Ameny
De nouvelles applications pour téléphone mobile aident les citoyens à signaler des problèmes aux élus,  dénoncer la corruption et exiger des réformes.De nouvelles applications pour téléphone mobile aident les citoyens à signaler des problèmes aux élus, dénoncer la corruption et exiger des réformes.
Photo: Africa Media Online / Sandy Bailey

Voulez-vous signaler un problème à un élu de votre collectivité ? Il y a une application mobile, ou « appli » pour cela. Voulez-vous attirer l'attention sur un nid de poule qu’il faut boucher ? Il existe aussi une application qui permet de le faire. Avec l'explosion de la téléphonie mobile en Afrique, les Africains se passionnent eux aussi pour les applications (des petits logiciels qui peuvent fonctionner sur des appareils électroniques comme les téléphones portables, les ordinateurs ou les lecteurs MP3.) 

Au Kenya, l’application Huduma, qui a pour slogan « remettre en état ma communauté »,  permet aux citoyens de dénoncer la médiocrité ou l’absence des services publics. Grâce à cet outil, ils peuvent envoyer un message écrit à partir de leurs téléphones pour attirer l’attention des élus et des militants communautaires sur des problèmes tels que les conduites d'eau brisées ou signaler l’absence d’un médecin de l'hôpital public. La popularité d’Huduma s’est tellement accrue que les membres organisent des rencontres grâce au réseau social Facebook pour discuter des questions urgentes. La plate-forme centrée sur le citoyen, créée par la société Sodnet-Infonet (Social Development Network Innovations) basée au Kenya, a été récemment étendue à l’Ouganda, au Mozambique et au Nigéria. 

Une autre application qui transforme la qualité et l’investissement des relations des Africains ordinaires avec leur système éducatif s’appelle Not in My Country (Pas dans mon pays). Cette plate-forme basée en Ouganda, gérée par les usagers, ayant pour support les données fournies par les utilisateurs de site individuels, est un espace web indétectable et anonyme qui permet de dénoncer la corruption sur les campus universitaires. Parce qu’il peut être risqué de dénoncer la corruption, les fondateurs de Not in My Country restent anonymes mais demeurent actifs sur des sites de médias sociaux tels que Facebook et Twitter afin d’encourager le public à signaler les incidents – et ainsi,  améliorer la qualité de l'enseignement supérieur en Ouganda.