M. Annan préconise d'augmenter le nombre de femmes participant à des opérations de paix de l'ONU

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M. Annan préconise d'augmenter le nombre de femmes participant à des opérations de paix de l'ONU

Africa Renewal
Afrique Renouveau: 

Notant que "les effets particuliers des conflits sur les femmes et les fillettes appelle des mesures concrètes de la part de la communauté internationale", le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a rendu public un ensemble de recommandations destinées à renforcer la protection juridique des femmes en situation de conflit, ainsi que leur sécurité physique, et à accroître leur rôle dans les opérations de maintien et de consolidation de la paix de l'ONU. Ces propositions, qui ont été soumises au Conseil de sécurité le 16 octobre pourraient, si elles sont adoptées, profondément modifier les missions de maintien de la paix de l'ONU et déboucher sur une augmentation considérable du nombre de femmes occupant des postes de premier plan. Les recommandations visent à mettre en oeuvre la résolution phare adoptée par le Conseil en octobre 2000 (résolution 1325), qui reconnaît à la fois la vulnérabilité particulière des femmes en temps de guerre et leur capacité à contribuer au maintien et à la promotion de la paix (voir Afrique Relance, janvier 2001).

M. Annan s'est félicité du fait que le viol, la prostitution forcée et la traite des femmes et des fillettes sont maintenant considérés au regard du droit international comme des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. La présence de conseillers et d'unités chargés des questions de parité dans certaines opérations récentes de maintien de la paix, notamment en Sierra Leone, en Bosnie-Herzégovine et au Timor oriental, a-t-il indiqué, a renforcé l'efficacité de ces missions. Mais il a rappelé au Conseil que, bien que plus de 50 missions de maintien de la paix aient été autorisées depuis la création de l'ONU, "l'égalité des sexes ne figurait dans le mandat d'aucune d'entre elles".

Parmi les principales recommandations, il faut citer :

-- La condamnation très claire par le Conseil de sécurité de la violence à caractère sexuel et des autres crimes contre les femmes et les fillettes et l'obligation faite aux parties à des conflits de prévenir ces crimes.

-- L'interdiction de faire bénéficier les crimes contre les femmes de l'amnistie accordée dans le cadre d'accords de paix et l'obligation d'entamer une poursuite judiciaire contre ces crimes devant des tribunaux judiciaires spéciaux.

-- La participation des femmes aux processus de paix officiels tant nationaux qu'internationaux et l'adoption de mesures permettant de faire en sorte que les accords de paix négociés sous l'égide de l'ONU tiennent compte, en toute circonstance, des besoins et des priorités des femmes dans la période de l'après-conflit.

--La prise en compte des problèmes des femmes dans tous les mandats des missions de maintien de la paix, la dotation suffisante de ces missions en personnel et le financement adéquat des activités destinées à encourager la parité entre les sexes.

-- Le développement important de la formation du personnel chargé du maintien de la paix en ce qui concerne les questions de parité et les droits de la femme et le renforcement des procédures disciplinaires, afin de mettre fin à l'exploitation et aux sévices sexuels commis par des soldats de la paix.

-- La participation des associations nationales et locales de femmes à la planification et à l'acheminement de l'aide humanitaire et l'accès sans entrave des organisations internationales humanitaires et des organisations de droits de l'homme aux femmes et aux fillettes vulnérables.

-- La prise en considération des femmes et des enfants anciens combattants, tributaires des camps, et des familles dans les programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion et la mise au point de programmes destinés à lutter contre les violences familiales liées aux conflits.

-- La mise en évidence des obstacles juridiques et sociaux qui entravent l'éducation des femmes et leurs perspectives d'emploi, les mesures visant à lutter contre ces obstacles et faire en sorte que les femmes participent à toutes les étapes des programmes de reconstruction et de relèvement.

On peut faire mieux

M. Annan a admis sans peine qu'on pourrait faire bien mieux en matière de participation des femmes aux opérations de paix de l'ONU, en nommant notamment des femmes chefs de missions et en déployant des femmes soldats de la paix et membres de la police civile. Il a reconnu qu'à l'heure actuelle il n'y a qu'une femme qui exerce les fonctions de chef de mission ou de représentante spéciale et qu'elles ne sont que cinq à avoir occupé ce poste dans l'histoire. M. Annan s'est engagé à fixer des "objectifs concrets" en vue d'obtenir d'ici à 2015 un nombre égal de représentants et d'envoyés spéciaux des deux sexes et il a demandé instamment aux pays qui mettent des troupes et du personnel civil à la disposition des missions de maintien de la paix d'accélérer le recrutement des femmes.

Selon un rapport établi par deux expertes indépendantes, l'ancienne Ministre finlandaise de la défense, Elisabeth Rehn et l'ancienne Ministre libérienne des finances, Ellen Johnson Sirleaf, entre 1957 et 1989 les femmes ne représentaient que 0,1 % du personnel militaire de l'ONU déployé dans des opérations de maintien de la paix. En 2000, elles constituaient seulement 3 % du personnel militaire et 4 % du personnel de police. Le problème ne tient pas à une pénurie de femmes qualifiées, ont-elles affirmé, mais à un "système de favoritisme" qui défavorise les femmes et considère à tort le maintien de la paix comme une opération essentiellement militaire. "De nos jours il faut, pour être soldat de la paix, être capable d'aider une société déchirée par la guerre à passer par un processus d'édification de la nation, de développement économique et de reconstruction." Pour ce qui est de ces compétences, ont-elles conclu, les hommes et les femmes disposent des mêmes atouts.