Le NEPAD mobilise des fonds pour l’infrastructure

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Le NEPAD mobilise des fonds pour l’infrastructure

— Ibrahim Mayaki
Franck Kuwonu
Afrique Renouveau: 
Ibrahim Mayaki, NEPAD CEO. Photo: UN/Bo Li
Photo: UN/Bo Li
Ibrahim Mayaki, Secrétaire éxécutif du NEPAD. Photo: UN/Bo Li

Ibrahim Mayaki est le Secrétaire exécutif du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), une agence de développement de l’Union africaine. Franck Kuwonu, d’Afrique Renouveau, l’a rencontré au siège des Nations Unies à New York, où il participait à des réunions de haut niveau, pour parler de l’avancement des projets proposés en matière d’infrastructure régionale sur le continent

Afrique Renouveau : En 2014, le NEPAD envisageait de financer 16 projets d’infrastructure régionale en Afrique qui, disiez-vous, étaient prêts à démarrer. Où en est ont-ils aujourd’hui ?

M. Mayaki : Nous avons sélectionné les 16 projets d’infrastructure à l’aide de critères particulièrement rigoureux, puis collaboré avec le secteur privé en Afrique et des représentants du Forum économique mondial, entre autres. L’axe routier Alger-Lagos (environ 4 500 km) en fait partie. Actuellement, il ne reste que 19 km avant son aboutissement en 2016. Il s’agit pour nous d’une grande réussite.

Pourtant, on a parlé de tronçons goudronnés disparaissant sous des tas de sable, bloquant la route pendant des jours ?

Il me semble que ce problème a été résolu à ce jour.

L’électrification était l’un des trois secteurs prioritaires. Il y avait deux projets hydroélectriques : Ruzizi III en Afrique de l’Est et le barrage de Sambangalou en Afrique de l’Ouest. Le financement est-il assuré, les travaux entamés ?

La question du financement n’est pas encore réglée pour le barrage de Sambangalou, mais nous travaillons sur un plan qui, nous l’espérons, permettra de collecter les fonds d’ici à 2016. Quant à Ruzizi, le barrage est presque terminé.

En Afrique de l’Ouest, le corridor Abidjan-Lagos était un autre des projets. En septembre dernier, la Côte d’Ivoire en terminait une petite portion : 42 km des 1 022 km prévus. Les progrès semblent lents ?

Il est vrai que le projet avance lentement. Nous devons accroître notre capacité à gérer les projets transfrontaliers. L’expérience des pays africains repose essentiellement sur la gestion de projets nationaux, et non transfrontaliers. Nous nous retrouvons donc sur une courbe d’apprentissage. L’axe Alger-Lagos s’est révélé être une riche expérience. Nous pouvons nous heurter à une certaine résistance et à d’autres difficultés, mais le projet aboutira grâce à la volonté politique forte de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et du président ivoirien Alassane Ouattara, qui y apporte son poids.

Le NEPAD ne participant pas directement à la réalisation des projets, comment obtenez-vous des gouvernements nationaux qu’ils respectent leurs engagements?

Pour la route Lagos-Abidjan, par exemple, nous avons étroitement collaboré avec la CEDEAO. Nous avons reçu un financement de l’Allemagne pour une grande partie des services-conseils fournis jusqu’alors. Nous entretenons des relations de travail étroites avec chacun des gouvernements concernés par cette autoroute. Nous faisons donc notre travail.

Le point positif est que le projet a été décidé par la CEDEAO. C’est elle qui l’a décidé, et elle devra le mettre en œuvre avant de présenter un rapport.

Les bailleurs de fonds financent-ils les projets d’infrastructure régionale par l’entremise du NEPAD ?

Non. Le financement ne passe pas par le NEPAD. Nous agissons en tant que facilitateur et pouvons uniquement aider les pays à mobiliser des ressources.

La plupart des projets d’infrastructure nationale étant financés par la Chine devons-nous nous attendre à un effondrement des projets d’infrastructure en Afrique avec le ralentissement de l’économie chinoise et la chute des cours des matières premières ?

Eh bien, le NEPAD travaille actuellement sur des projets régionaux, les répercussions à notre niveau sont donc moindres puisque la Chine n’intervient pas dans les projets régionaux, mais elle travaille avec certains gouvernements sur des projets nationaux. Naturellement, le ralentissement de l’économie chinoise affectera les pays qui exportent des matières premières vers la Chine ou les pays qui dépendent des investissements chinois. À nouveau, souvenez-vous que nombre d’investissements chinois actuels proviennent de sociétés chinoises privées qui visent un profit. Elles ne changeront pas d’attitude parce que leur économie ralentit.