Objectifs du millénaire : accélération urgente

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Objectifs du millénaire : accélération urgente

En dépit des avancées en Afrique, il faut accélérer le rythme, plaide le Secrétaire général de l'ONU
Afrique Renouveau: 
Panos / Giacomo Pirozzi
Girl receiving medicationBien que la santé de l'enfant se soit améliorée dans certains pays, la région enregistre encore la moitié des décès d'enfants de moins de cinq ans dans le monde.
Photo: Panos / Giacomo Pirozzi

Certains pourraient considérer le dernier rapport de l'ONU sur les progrès accomplis vers les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) comme un déprimant catalogue d'ambitions non réalisées. D'autres peuvent y trouver des raisons de croire en la possibilité de les atteindre. En réalité, affirme le rapport du Secrétaire général Ban Ki-moon paru sous le titre "Tenir les engagements pris", l'on note à la fois des succès et des retards. M. Ban appelle par conséquent les dirigeants du monde (attendus à la prochaine Assemblée générale de l'ONU qui sera consacrée aux OMD en septembre) à tenir leurs promesses et à soutenir les progrès économiques et sociaux en faveur des populations les plus vulnérables de la planète.

Les OMD sont un ensemble de huit objectifs, concrets et mesurables, adoptés en 2000 par les chefs d'État et de gouvernement du monde entier et qui doivent être atteints d'ici à 2015.

Le rapport note que l'Afrique est sur la bonne voie dans de nombreux domaines dont l'accès à l'éducation primaire pour un plus grand nombre d'enfants et la lutte contre le sida.

Récemment, l'Afrique subsaharienne a connu la hausse la plus importante au monde du taux de croissance des inscriptions à l'école primaire, passant de 58% à 74 % entre 2000 et 2007. Plusieurs pays dont le Kenya, la République démocratique du Congo, le Burundi, le Ghana, l'Éthiopie, le Malawi et le Mozambique ont supprimé les frais de scolarité et permis à des millions d'élèves d'accéder à l'enseignement primaire (voir Afrique Renouveau de janvier 2010).

Des années de sensibilisation ont contribué à la baisse (de l'ordre de 25 % depuis le milieu des années 1990) du nombre annuel de nouvelles infections au VIH en Afrique subsaharienne. La proportion de femmes séropositives qui reçoivent un traitement destiné à prévenir la transmission du Sida de la mère à l'enfant a été multipliée par cinq entre 2004 et 2008 pour atteindre 45 %.

Des progrès ont également été enregistrés dans le domaine de la santé de l'enfant : depuis 2005, le nombre de décès d'enfants de moins de cinq ans a baissé de plus de 30 % au Rwanda. Toutefois, l'Afrique subsaharienne dans son ensemble enregistre toujours la moitié des décès dans le monde pour cette tranche d'âge. Le rapport ajoute qu'entre 1999 et 2004, la région a réalisé une des réductions les plus importantes du nombre de décès dus à la rougeole dans le monde.

Entre 2001 et 2007 le Nigéria a doublé sa production alimentaire. Au Ghana le nombre de gens qui souffrent de malnutrition a diminué de 74 % entre 1991 et 2004. En 2008 le Rwanda a élu une majorité de femmes (56 %) à la chambre basse de son parlement.

Néanmoins, cinq ans avant la date butoir pour la réalisation des OMD, le rapport note que la plupart des pays africains ont fait peu de progrès sur d'autres cibles tout aussi importantes. Globalement, la pauvreté et la faim sont en hausse, le chômage et les inégalités entre les sexes demeurent des défis importants et trop de femmes meurent encore en donnant la vie. De 1990 à 2005 l'extrême pauvreté a progressé en Afrique, touchant 36 millions de personnes supplémentaires.

Bien qu'elles représentent une proportion de plus en plus importante de la main-d'ouvre, les femmes reçoivent souvent des salaires inférieurs à ceux des hommes. Leur accès aux services de santé en matière de procréation demeure limité. Avec 123 naissances pour 1000, le taux de natalité des adolescentes d'Afrique subsaharienne est le plus élevé du monde.

Considérant les succès enregistrés et ces retards relevés, le Secrétaire général cite trois grands obstacles à la réalisation des objectifs : le non respect des engagements, l'insuffisance des ressources et de volonté politique ainsi que le non respect du principe de responsabilité.

Les engagements pris en ce qui concerne l'aide publique au développement (APD) sont "encore loin d'avoir été honorés ", écrit le Secrétaire général. En juillet 2005 au Sommet de Gleneagles en Écosse, le G8, groupe des huit pays les plus industrialisés, avait promis de contribuer aux efforts de développement de l'Afrique en y consacrant annuellement 63 milliards de dollars d'ici à 2010 ; mais pour atteindre cet objectif, note le rapport, l'aide au continent devrait augmenter de 20 milliards de dollars cette année, un montant qui sera probablement loin d'être atteint.

Echouer à atteindre ces objectifs convenus au niveau international "serait un échec inadmissible, aussi bien moral que matériel, affirme M. Ban. Si nous échouons, les menaces qui pèsent sur la planète - instabilité, violence, épidémies, dégradation de l'environnement, croissance démographique galopante - s'en trouveront toutes aggravées."

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