Ouganda : Internet enrichit l’éducation

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Ouganda : Internet enrichit l’éducation

Les écoles électroniques du NEPAD connectent les élèves au reste du monde
Afrique Renouveau: 
iAfrica Photos / Rodger Bosch
Rural schools NEPAD project Même dans les écoles rurales, le projet du NEPAD connecte les élèves à l’Internet et élargit leur horizon éducatif.
Photo: iAfrica Photos/ Rodger Bosch

Trouver une place dans la salle de classe n’avait pas été facile. Des dizaines d’élèves se pressaient autour des ordinateurs pour avoir des nouvelles de leurs équipes de football favorites qui disputaient la Coupe du monde. Rien d’extraordinaire à cela : environ 30 millions de personnes à travers le monde regardaient ces matchs.

Ce qui est différent, c’est que Bugulumbya est un village de la campagne ougandaise, qui est restée jusqu’à très récemment relativement peu touchée par les progrès technologiques. Mais l’école a fait parler d’elle en juillet 2005 quand elle est devenue le tout premier établissement scolaire à recevoir des ordinateurs dans le cadre de l’initiative des cyberécoles du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).

“Nous découvrons le monde depuis notre salle de classe”, s’émerveille Munhana Paul Rogers, un élève de 17 ans. Pendant les récréations et après l’école, les élèves s’informent avidement des dernières nouvelles et des derniers résultats sportifs.

“Depuis que Bugulumbya a reçu des ordinateurs, nous constatons une énorme différence dans la manière dont nous apprenons. Quand vous avez l’Internet, c’est comme si vous aviez cinq autres enseignants dans la classe. Ça nous aide à trouver les informations dont nous avons besoin sur n’importe quel sujet. Les rencontres internationales de football, comment se protéger contre le VIH/sida — tout y est”, déclare Paul à Afrique Renouveau.

Les gouvernements africains ont conscience du rôle essentiel que les technologies de l’information et de la communication (TIC) jouent en accélérant la croissance économique et le développement social. L’Internet, le téléphone, l’ordinateur, la radio et la télévision peuvent favoriser l’intégration régionale préconisée par le NEPAD.

Des compétences utiles

L’initiative des cyberécoles a pour but de donner à tous les élèves un minimum de compétences et de moyens pour utiliser les TIC afin d’améliorer leurs conditions de vie, d’obtenir des emplois mieux rémunérés et de contribuer au développement du continent.

“Nous avons ici, dans les campagnes ougandaises, comme dans de nombreuses régions d’Afrique, un grand nombre d’élèves intelligents qui n’auront peut être pas la chance d’aller dans une bonne université, simplement parce qu’ils sont pauvres”, commente John Busima, le directeur de l’école de Bugulumbya. “Mais si nous leur donnons des compétences pratiques, ils créeront leurs propres moyens de subsistance et contribueront aussi au développement de leur pays.”

Teacher showing secondary students how to use computers Un enseignant montre à des élèves du secondaire comment utiliser un ordinateur.
Photo: Panos Pictures / Chris Sattberger

Bugulumbya, comme beaucoup d’écoles rurales africaines, n’avait pas l’électricité, note M. Busima. Les administrateurs du NEPAD, le Gouvernement de l’Ouganda et un consortium de sociétés d’informatique mené par Hewlett-Packard (HP) ont fourni à l’école les ordinateurs, le mobilier, l’électricité et tout l’équipement nécessaire pour mettre sur pied une école électronique. Tout le village s’est mobilisé pour refaire les plâtres et repeindre les locaux. L’école a été rénovée en quelques semaines.

“Notre école a changé, dit le directeur. Nous sommes à trois heures de route de Kampala, la capitale et nous n’avions aucun espoir d’être reliés au réseau [d’électricité]. Mais maintenant nous avons un groupe électrogène pour alimenter les ordinateurs, une connexion Internet haut débit, la télévision et l’Internet. Nous nous sentons à égalité avec le reste de l’Ouganda, et même le reste du monde."

Surfer sur le Web peut sembler un luxe pour un continent qui peine à lutter contre la pauvreté et la maladie et à répondre à des besoins élémentaires, mais les experts présents à une conférence parrainée récemment par le NEPAD à Nairobi (Kenya) ont déclaré que si l’Afrique ne réussissait pas à combler le fossé technologique qui la sépare des pays développés dans le domaine des TIC, son développement serait gravement entravé. Malgré les progrès accomplis, seuls 2,5 % des 800 millions d’habitants de l’Afrique ont accès à l’Internet, contre 17,8 % pour le reste du monde, ont remarqué ces experts.

Bugulumbya a été la première de 120 écoles à être équipée d’ordinateurs et d’un service Internet dans le cadre de la première phase du projet d’écoles électroniques. Selon la commission “e-africaine” qui coordonne toutes les activités du NEPAD dans le domaine des technologies de la communication, cette première phase constitue une étape expérimentale d’un an. Chaque pays choisira six écoles pour mettre à l’essai le programme. D’après la commission, quelque 150 000 enseignants et élèves africains bénéficieront de ces nouveaux ordinateurs et de l’accès à l’Internet, et dans certains cas de téléphones, télécopieurs, radios et télévisions.

‘Le minimum’

“Cette initiative est nécessaire parce que partout ailleurs dans le monde, c’est ce que font les autres gouvernements”, déclare Henry Chasia, vice-président de la commission. “En Afrique, nous ne pouvons pas nous permettre de faire moins car ce serait compromettre notre avenir.” Il ajoute que la phase expérimentale aidera les gouvernements à déterminer le type de matériel et de formation nécessaires.

L’école électronique de Bugulumbya est déjà en service. M. Busima explique que le plus difficile est de réparer les ordinateurs quand ils tombent en panne. Quelques enseignants et élèves ont reçu une formation à la réparation, mais, note le directeur, l’école a besoin d’un technicien à plein temps.

L’école attend aussi de recevoir tous les ordinateurs promis en juillet 2005. “Nous n’avons reçu jusqu’ici que 12 des 48 ordinateurs promis, explique-t-il. Nous avons 300 élèves et les choses iront beaucoup mieux si nous recevons le reste."

Les pays qui participent à la première phase ont été choisis parmi ceux qui ont volontairement adhéré au Mécanisme d’évaluation intra-africaine du NEPAD, qui permet aux pays africains participants de suivre et d’évaluer mutuellement leur gestion politique et économique. Initialement, 13 sociétés privées fourniront l’équipement nécessaire et la formation pour les enseignants et les élèves, les gouvernements prendront ensuite le relais pour l’administration du programme.

Les promoteurs du NEPAD espèrent qu’en mobilisant l’argent nécessaire, jusqu’à 600 000 établissements — et à terme toutes les écoles primaires et secondaires africaines — deviendront des écoles électroniques.

L’accès aux technologies de l’information et de la communication peut profiter à tous, aux entreprises comme aux communautés locales, déclare à Afrique Renouveau Olivier Suinat, Directeur de HP Afrique. “Il y a là un énorme potentiel pour transformer l’Afrique. C’est la raison pour laquelle HP est fier d’être à la tête d’un consortium qui travaille pour l’initiative des écoles électroniques du NEPAD."

Bugulumbya, ajoute-t-il, est un excellent exemple de ce que le NEPAD et ses partenaires peuvent faire pour encourager l’éducation et stimuler les élèves. Grâce à l’Internet, les écoles rurales ne sont plus condamnées à rester isolées du reste du monde.

Le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique

Le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) a été adopté comme cadre principal de développement du continent lors du Sommet des chefs d’Etat africains de juillet 2001. Selon le NEPAD, la réalisation des objectifs de développement à long terme dépend de la détermination des peuples africains “à s’extirper eux-mêmes, ainsi que leur continent, du malaise du sous-développement et de l’exclusion de la mondialisation”. Il prône l’établissement d’un nouveau rapport entre l’Afrique et la communauté internationale, selon lequel les partenaires non-africains chercheront à compléter les efforts de l’Afrique. L’ONU, les pays industrialisés du G8 et divers pays bailleurs de fonds se sont engagés à œuvrer dans ce sens.

Pour que l’Afrique se développe, le NEPAD explique que trois séries de conditions doivent être remplies :

  • paix, sécurité, démocratie et bonne gouvernance politique
  • amélioration de la gouvernance politique et économique
  • coopération et intégration régionales

Le NEPAD identifie également plusieurs secteurs prioritaires qui demandent une attention et des interventions particulières:

  • les infrastructures, notamment les routes, voies ferrées et réseaux électriques qui connectent des pays voisins
  • les technologies de l’information et de la communication
  • le développement humain, particulièrement santé, éducation et formation professionnelle
  • l’agriculture
  • La promotion de la diversification de la production et des exportations

Une grande partie des ressources nécessaires devra venir, dans un premier temps, de l’extérieur du continent, ceci en dépit du fait que les gouvernements africains redoublent d’efforts pour mobiliser leurs propres ressources. “L’Afrique, affirme le NEPAD, reconnaît qu’elle détient la clé de son propre développement.”

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