L’Afrique à l’aune des partenariats

Get monthly
e-newsletter

L’Afrique à l’aune des partenariats

De l’argent public et privés pour financer les méga projets de développement
Africa Renewal
Afrique Renouveau: 
Henri Konan Bédié Bridge in Abidjan, Côte d’Ivoire. Photo: Bouygues Construction
Photo: Bouygues Construction
Le pont Henri Konan Bédié à Abidjan, Côte d’Ivoire. Photo: Bouygues Construction

En Afrique, le secteur privé joue un rôle crucial dans le développement économique du continent - bien plus qu'il y a dix ans.

Confrontés à d'importants déficits budgétaires, les gouvernements africains se tournent vers les partenariats public-privé (PPP) pour combler les manques financiers. Les investissements étrangers couplés à des co-financements collaboratifs avec des institutions de financement du développement  peuvent apporter les capitaux nécessaires pour financer des industries, construire des infrastructures, fournir des équipements sociaux et créer des emplois.

Réduire les retards de développement des infrastructures en Afrique subsaharienne pourrait avoir d'importants effets sur la croissance. On estime que le PIB par habitant dans la région augmenterait de 1,7% par an si celle-ci rattrapait la moyenne des pays en développement dans ce domaine, selon un rapport de la Banque mondiale datant d’avril 2017.

Améliorer les infrastructures pour rivaliser avec  les pays les plus développés au monde permettrait d'accroître le PIB par habitant de 2,6% par an.  De meilleures capacités de production d'électricité auraient l'effet le plus bénéfique.  Ces dix dernières années, le continent a travaillé en partenariat sur des projets d'infrastructure, dont les plus fréquents ont été la construction de routes, de ponts et de barrages . D'autres ont concerné la production d'électricité, d'énergie renouvelable, la santé et les télécommunications.  

La Côte d'Ivoire, l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Maroc, le Nigéria, le Rwanda, l'Afrique du Sud, la Tanzanie, l'Ouganda ainsi que d'autres ont bénéficié des PPP. On peut notamment citer le pont Henri Konan Bédié en Côte d'Ivoire, le projet éolien du Lac Turkana au Kenya, la route Dakar-Diamniadio au Sénégal, des centrales électriques et hydrauliques au Ghana, au Nigéria et au Rwanda, ainsi que le projet de port Tanger-Med au Maroc.  

Bien que de grands projets financés par des partenariats public-privé continuent de changer le visage du continent, les experts exhortent les gouvernements africains à faire preuve de prudence  et à tirer les leçons des échecs des précédents PPP avant d'en signer de nouveaux. 

Mukhisa Kituyi, le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, l'organisme responsable  du commerce, de l'investissement et du développement, recommande aux gouvernements d'éviter de contracter de mauvaises dettes en ayant recours à des experts suffisamment qualifiés pour négocier des partenariats avantageux. 

John Mbaku, affilié à  la Brookings Institution et professeur d'économie à l'Université de Weber State aux États-Unis, estime lui aussi que les gouvernements africains doivent faire en sorte que les PPP, dont les effets négatifs peuvent inclure un surcroît d'endettement et une destruction de l'environnement, se fassent au bénéfice despays.

Le Bretton Woods Project, un institut de surveillance des politiques de la Banque mondiale et du FMI basé en Grande-Bretagne, souligne la nécessité, pour les pays africains, d'évaluer les coûts et bénéfices véritables des PPP sur toute leur durée. Les gouvernements doivent  rendre publique l'évaluation des risques sur les grands projets d'infrastructure, y compris leurs impacts sur l'environnement et les populations. Pour que  ce genre de partenariats public-privé fonctionne, davantage de discussions entre experts sont nécessaires, de même qu'une plus large participation de la société civile et un suivi plus assidu des projets par tous les intéressés.