Afrique : La révolution bleue en eaux troubles

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Afrique : La révolution bleue en eaux troubles

Pavithra Rao
Afrique Renouveau: 
Photo: Jonathan Ernst / World Bank
Photo: Jonathan Ernst / Banque mondiale/
Photo: Jonathan Ernst / Banque mondiale/

La pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INDNR) fait perdre chaque année des milliards de dollars à l’Afrique, indique un rapport de 2014 de l’Africa Progress Panel, un groupe de mobilisation qui œuvre pour le développement durable en Afrique, dirigé par Kofi Annan, ancien Secrétaire général de l’ONU. Intitulé « Agriculture, pêche et capitaux : comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique », le rapport révèle que la mauvaise gestion du secteur halieutique, ainsi que le désintérêt de

l’Afrique à son égard, entraîne des pertes financières colossales. Sur les 23 milliards de dollars générés chaque année par les entreprises de pêche états-uniennes, 1,3 milliard provient de l’Afrique de l’Ouest, affirme  le rapport.  

Les activités de pêche INDNR pourraient ternir l’espoir africain d’une révolution bleue, qui consiste à accroître la population de poissons dans les plans d’eau du continent, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), un organe onusien œuvrant pour la sécurité alimentaire. 

Plusieurs  flottes étrangères,  en particulier celles des pays de l’Union européenne, de la Russie,de la Chine, des Philippines, de la Corée du Sud et de Taïwan, pratiquent la pêche illégale en Afrique. « En Sierra Leone, on a signalé 252 cas de pêche illégale par 10 navires industriels sur une période de 18 mois allant jusqu’en juillet 2012. Au Libéria, plus de 40 navires ont fait l’objet d’une enquête pour pêche illégale depuis 2011 », signale le rapport. 

Ce dernier recommande à l’Afrique de surveiller les accords de pêche. Des accords mal conçus permettent aux entreprises étrangères de réaliser d’immenses bénéfices tandis que les pays africains ne sont pas en mesure de surveiller  la pêche à grande échelle. 

Les mandats internationaux tels que le Plan d’action international visant à prévenir, à contrecarrer et à éliminer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, élaboré par la FAO, et la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, pourraient aider à juguler les activités de pêche INDNR. En réduisant simplement la pêche INDNR dans les zones côtières, l’Afrique pourraitreprendre en main  jusqu’à la moitié de son aquaculture, ce qui pourrait améliorer la sécurité alimentaire, créer des emplois et développer l’économie. Cependant, les lacunes des mandats et le manque de moyens de contrôle peuvent entraver les efforts de réduction des activités de pêche INDNR, selon les experts.  

Le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique et la FAO collaborent afin de garantir le strict respect des nouveaux accords. Le rapport cite l’Islande comme un exemple de pays qui protège efficacement ses côtes et contrôle son aquaculture, mais également comme un modèle à suivre si les pays africains souhaitent renforcer leurs politiques et lancer une révolution bleue.