Les jeunes ont besoin d’opportunités pour montrer leurs talents

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Les jeunes ont besoin d’opportunités pour montrer leurs talents

—Tonye Cole, chef d'entreprise africain accompli
Kingsley Ighobor
Afrique Renouveau: 
—Tonye Cole, one of Africa’s top business leaders
Tonye Cole, chef d'entreprise africain accompli
Tonye Cole est co-fondateur de Sahara Group, un conglomérat international spécialisé dans le pétrole et l'énergie. Il est également membre du Groupe consultatif du secteur privé du Fonds mondial pour les Objectifs de développement durable qui regroupe les principaux chefs des grandes entreprises du monde entier. Sahara Group est très impliqué dans le développement des jeunes au Nigeria. Dans cet entretien accordé à Kingsley Ighobor d'Afrique Renouveau à New York, M. Cole souligne l'urgence d'offrir aux jeunes des opportunités à la hauteur de leurs talents.

Afrique Renouveau: Votre entreprise est connue pour son soutien aux jeunes de votre pays, le Nigeria. Comment procédez-vous?

M. Cole: Tout d'abord, permettez-moi de souligner ce que nous croyons que les jeunes possèdent: des idées. Il doit néanmoins y avoir une adéquation entre leurs idées et l'accès aux innovations. Les jeunes ont besoin d'une plateforme leur permettant d'exprimer leurs talents sur le marché international.

Qu'entendez-vous par «plateforme»?

J'entends par là la mise en oeuvre de politiques qui offrent aux jeunes l'opportunité de montrer de quoi ils sont capables et un environnement favorable qui les mette en confiance et souligne l'étendue du marché qui s'ouvre à eux. Une sorte de pipeline qui les mène à ce marché. D'abord le gouvernement doit mettre en place des politiques adaptées à la mise en oeuvre d'une idée, puis diffuser cette idée localement et enfin, la faire rayonner sur le marché. Après ça, les bénéfices retournent au jeune qui a créé l'entreprise, quelque part en Afrique. 

Nous avons besoin de politiques qui offrent aux jeunes l’occasion de montrer leurs talents et un environnement qui leur soit favorable et leur dise en permanence que c’est possible, qu’ils peuvent le faire. 

Les jeunes n’ont pas besoin d’aller en Occident pour démontrer leurs talents. Nous avons la chance de les avoir sur le continent ! En revanche, nous devons leur fournir les outils pour qu'ils puissent exporter et se procurer des devises afin de pouvoir réinvestir dans leurs pays. C'est notre défi. Nous créons donc une plateforme entrepreneuriale qui les connecte au reste du monde.

Donc, votre tâche consiste à plaider pour des politiques qui promeuvent vos entrepreneurs et les soutiennent dans la recherche de débouchés à l'étranger, c'est bien ça?

C'est tout à fait ça.

Quels types de compétences ciblez-vous?

Notre plateforme est destinée aux jeunes tournés vers les TIC. On recense environ 12 millions de jeunes dans cette catégorie au Nigeria et notre ambition est qu'ils accèdent au reste du monde. Une fois établis sur cette plateforme, nous les connectons au marché international et à partir de là, tout devient possible.

Cela signifie que vous recherchez des jeunes qui ont des compétences en informatique?

Pas seulement en informatique. Vous pouvez leur enseigner d'autres compétences. Nous nous sommes rendus compte à travers la plateforme que ces jeunes sont extrêmement polyvalents. Beaucoup d'entre eux ont des téléphones avec lesquels ils gagneront de l'argent, d'autres feront autre chose. Commençons d'abord par créer un environnement favorable qui permette à leurs idées de germer.

Comment se passe la collaboration avec les décideurs politiques?

Sur ce point, Dieu nous a bénis. Je fais des affaires au Nigeria depuis 24 ans et j'ai eu l'occasion de rencontrer beaucoup de gens. Si notre génération n'a pas la capacité d'influencer, de communiquer ou d'aider les gouvernements à adopter des politiques, alors ce serait un échec qui nuirait à la génération qui nous suit. Notre responsabilité est de constituer un pont entre le gouvernement et les jeunes, et de les mettre en relation.

Et que souhaitent-ils?

Nous comprenons le langage des jeunes. Ils souhaitent une plateforme qui leur permette d'accéder au reste du monde. Nous avons accès à la fois à l'international et au gouvernement. Nous les soutenons donc.

Pensez-vous que le manque d’opportunités pour les jeunes dans le gouvernement ou le secteur privé constitue la raison pour laquelle ces derniers rejoignent des groupes terroristes tels que Boko Haram?

Un proverbe dit que l’oisiveté est mère de tous les vices. Vos jeunes doivent se sentir engagés. Si vous disposez d'un nombre important de jeunes désoeuvrés, vous courrez à la catastrophe. Il est donc impératif que nous leur offrions des moyens de révéler librement leurs talents, que ce soit à travers la musique, les films, l'agriculture, les TIC : quels que soient leurs intérêts, donnez-leur les moyens de les cultiver et de s'exprimer.