Les femmes à l’assaut de l’entreprenariat

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Les femmes à l’assaut de l’entreprenariat

Afrique Renouveau: 
Fashion designer Ejiro A. Tafiri, 28, and her team in their workshop in Lagos, Nigeria. Photo: Panos/A. E.
Photo: Panos/A. E.
La styliste Ejiro A. Tafiri, 28 ans, et son équipe dans leur atelier de Lagos au Nigeria. Photo: Panos/A. E.

L'égalité des sexes, la parité en politique et l'autonomie financière, relèvent du parcours du combattant pour les femmes en Afrique.

Si de nombreux obstacles se dressent sur leur chemin, on distingue une lueur d'espoir: les filles scolarisées sont de plus en plus nombreuses et les femmes revendiquent davantage l'accès à des postes à responsabilité.

Même si les évolutions sont lentes et qu'il faut s'assurer que les filles ne se marient pas de manière précoce et qu'elles puissent faire études supérieures, les femmes bénéficient désormais d'une éducation et sont plus que jama is déterminées à s'assumer financièrement, à propulser leurs pairs vers l'autonomie financière et par conséquent, à contribuer à l'économie.

Afin d'échapper au chômage et de devenir définitivement indépendantes, elles sont de plus en plus nombreuses à opter pour l'entrepreneuriat.

Selon le World Population Prospects de 2015, un rapport du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, l’Afrique compte actuellement plus de 161 millions de femmes qui ont entre 18 et 34 ans. Du fait de la pénurie d'emplois, un faible pourcentage d'entres elles s'est tourné vers la création d'entreprises. Avec le soutien adéquat, elles pourraient être beaucoup plus nombreuses à s'engager sur cette voie.

L'inégalité entre les sexes empêche les pays d'atteindre leur plein potentiel de développement. La création d'entreprises prospères par les femmes est essentielle afin que le continent ait une chance de mettre en oeuvre l'Agenda 2063 de l'Union africaine.

Agée de 28 ans seulement, Ngozi Opara, fondatrice et directrice générale de NZO Beauty, a fondé un important site de commerce en ligne spécialisé dans les extensions de cheveux et possède un salon de coiffure à Washington DC, aux États-Unis.

Une formation en finance et des opportunités de financement sont d'après elle des leviers de réussite pour les femmes qui souhaitent monter leurs entreprises. Son ambition était d’offrir des produits uniques et innovants sur un marché local très important.

«J’ai une formation en finance et comptabilité qui m'a permis d'être orientée vers la résolution de problèmes, l'expertise chiffrée et de sortir des sentiers battus », dit-elle. « En affaires, ce sont des qualités et capacités qui vous aident à grandir et à rendre votre entreprise viable. »

Alors qu'elle pensait disposer de compétences solides en entrepreneuriat, naviguer dans le monde des affaires entre l'Afrique et l'Asie s'est avéré plus difficile que prévu.

« Etre une jeune femme d'affaires africaine implique d'être confrontée à de nombreux défis. Le secteur d'activité dans lequel  j'opère est dominé par des hommes alors que les femmes noires sont les premières consommatrices. Je représente une menace pour eux. », déclare Mme Opara.

Les militants soutiennent que sans cadre juridique visant à protéger les femmes des structures patriarcales qui les excluent du développement économique, elles seront toujours défavorisées, que ce soit dans le monde des affaires ou du travail. Dans certaines communautés les femmes ne peuvent pas devenir propriétaire terrienne et encore moins l'utiliser comme garantie pour obtenir un prêt bancaire.

En Afrique subsaharienne, les disparités salariales entre les hommes et les femmes réduisent le PIB par habitant de près de 9%. L'écart se resserre avec l'augmentation constante de la présence des femmes sur  le marché du travail. Entre 1990 et 2013, la participation des femmes est passée de 59% à 64%, selon le rapport Progress of The World’s Women 2015-2016. Bien que cela ne représente qu’une légère augmentation, les jeunes femmes africaines commencent à saisir les opportunités offertes par l'entrepreneuriat et à se lancer dans les affaires.

Les organisations cherchent à combler ces écarts et ont commencé à mettre en place des plateformes visant à éduquer, former et soutenir les jeunes femmes africaines pour la création et la gestion d'entreprises fructueuses. 

Parmi ces organisations on peut citer She Leads Africa, une start-up panafricaine dirigée par des femmes et basée au Nigeria. Fondée par deux jeunes femmes d'Afrique de l'Ouest, Yasmin Belo-Osagie (Nigériane) et Afua Osei (Ghanéenne), elle aide les femmes à construire leur carrière et offre des opportunités de formation et de coaching. She Leads Africa organise des sessions intensives de formation dénommées ‘SheHives’, et des concours visant à aider les femmes à lever des fonds pour leurs entreprises dans des grandes villes d'Afrique telles que Lagos, Johannesburg et Accra, ainsi qu’à New York et Londres. Elles offrent également un accès gratuit aux informations diffusées par les médias et à des webinaires où les femmes du monde entier peuvent recevoir une formation gratuite et obtenir des réponses à leurs préoccupations commerciales.

Bien que jeune, l'organisation a déjà formé et encadré plus de 200 000 femmes dans plus de 30 pays africains.

Les opportunités pour réussir leur carrière sont essentielles à leur émancipation et à leur contribution à l'économie africaine.

Afin de renforcer les politiques nécessaires à l'émancipation des jeunes femmes, les gouvernements comme l'ensemble de la société doivent fournir davantage d'efforts en matière de promotion de l'égalité des sexes dans tous les domaines. Les évolutions sont encore jugées trop lentes. Selon ONU Femmes, l'agence qui promeut l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, si les progrès demeurent constants, il faudra environ 50 ans pour parvenir à la parité au sein des Parlements et 80 ans pour atteindre l'égalité en termes de participation à la vie économique.

Pour les femmes, contribuer pleinement à l'économie ne signifie pas seulement agir en tant que citoyennes responsables.  Cela implique la capacité à prendre son destin en main, à créer de la richesse et à se développer.