Il est temps que les jeunes s'engagent

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Il est temps que les jeunes s'engagent

Le plus jeune maire de Zambie leur lance un appel
Afrique Renouveau: 
The Mayor of Kitwe, Mr Christopher Kang'ombe, who is also the president of the Local Government Association of Zambia, paying a courtesy call on Policy Monitoring & Research Centre Executive Director Bernadette Deka and her research team in February 2017.
Photo: Christopher Kang’ombe
Le maire de Kitwe, Christopher Kang’ombe, président de l’Association du Gouvernement local de Zambie, rencontre Bernadette Deka, Directrice exécutive du Centre de surveillance et de recherche politique et son équipe, en février 2017. Photo: Christopher Kang’ombe

Pour de nombreux jeunes en Afrique, un diplôme permet de décrocher un emploi convenable et d'avoir une vie confortable. A l’université néanmoins, les études ne sont pas la priorité de tous les étudiants libérés de l'influence de leurs parents ou tuteurs : manque d'assiduité, distractions, les tentations sont grandes. Peu d'étudiants s'engagent dans les mouvements politiques, et souhaitent avoir le moins de responsabilités possibles. 

Soucieux d'améliorer le bien-être des étudiants souvent confrontés à des conditions de vie difficiles sur le campus et d'accélérer l'attribution des bourses, Christopher Kang'ombe a néanmoins choisi de s'engager politiquement à l’université de Copperbelt à Kitwe, la deuxième plus grande ville de Zambie. 

Il réalisa son rêve à 21 ans en étant élu président du syndicat des étudiants en 2006. La même année, ce futur ingénieur mécanique se présenta aux élections nationales et fut élu conseiller municipal à Riverside Ward, dans la circonscription de Kwacha, là où se situe Kitwe. Il devint alors le premier étudiant à occuper cette fonction en Zambie.    

Son ascension politique ne manqua pas de susciter de vives oppositions. Beaucoup dénonçaient son manque d'expérience et de maturité : un étudiant devait étudier et non pas faire de la politique.   

“Lorsque je distribuais des tracts électoraux, certaines personnes me disaient qu’elles ne voteraient pas pour moi et que je ferais mieux d'étudier pour obtenir mon diplôme au lieu d'essayer de me placer en politique", raconte M. Kang’ombe.  

Ce qui ne l’a pas empêché de remporter l’élection puis d’être réélu cinq ans plus tard, en 2011. Pendant sa campagne, il promit de créer de nouvelles opportunités économiques, d’améliorer les infrastructures, en particulier les routes et les éclairages municipaux. 

En septembre dernier, M. Kan’ombe a été élu maire au sein d'un remaniement gouvernemental locale. Sa capacité à aller à la rencontre de la population locale et son succès aux élections, lui valut la réputation d'être un jeune politicien astucieux, et son parti le nomma président de l’Association des municipalités de Zambie.     

Avant cette élection, il avait contribué à convaincre le gouvernement de construire un pont dans sa circonscription afin de relier celle-ci à des exploitations agricoles des environs.  

M. Kang’ombe, qui a aujourd’hui 32 ans, est toujours président de l’Association des municipalités, qui englobe toutes les villes et villages du pays. Une fonction qu’il exerce avec efficacité grâce à sa capacité à comprendre les problèmes de ses concitoyens et à proposer des solutions. Lorsque sa ville fut envahie par des vendeurs à la sauvette qui exposaient leurs marchandises, il parvint à les convaincre de se déplacer dans des zones réservées, afin d’éviter leurs incessantes arrestations par la police. En tant que leader syndical étudiant, il encouragea l’université à proposer un plus large éventail de cours, en particulier le département d'économie. 

 “ Mes succès sont au service des jeunes, et mes échecs ne peut que les encourager à croire en leurs capacités et leurs réussites à venir ”, déclare-t-il, ajoutant : “C’est le moment de s'engager pour les jeunes, notamment en politique, afin que le public accorde de nouveau sa confiances aux dirigeants.   

M. Kang'ombe maîtrise désormais l'art de naviguer dans un contexte politique tendu. En Zambie, comme dans de nombreux pays africains, les attaques personnelles et les calomnies sont monnaie courante en politique. Le livre de M. Kang’ombe, intitulé “Students Reclaim a Place in Society” (Les étudiants revendiquent leur place dans la société) publié en 2013, lance un puissant appel à la jeunesse pour qu'elle assume ses responsabilités au sein de la société. La préface du livre a été écrite par l’ancien président zambien, feu Michael Sata, qui regrettait que les jeunes n’aient pas un rôle plus important. 

Sur la manière dont il assume ses fonctions, M. Kang’ombe explique : “Je m’assure d’être disponible pour les habitants. Mon emploi du temps est organisé afin que je puisse, chaque après-midi de la semaine, rencontrer les personnes qui le souhaitent pour discuter de leurs problèmes”. Grâce à ce nouveau style de leadership, il a gagné le soutien de deux partis.  

Le rôle principal des municipalités est de fournir aux populations défavorisées des services de base, indique M. Kang’ombe. Il estime qu'une distribution plus équitable de la propriété foncière est une priorité. “Il est important d’attribuer des terres aux citoyens à un prix abordable et mon équipe va travailler en ce sens.” Les citoyens critiquent régulièrement le système actuel corrompu qui privilégie les gens riches et puisssants lors de la vente. 

Si les jeunes occupent des postes politiques, leurs problèmes deviendront également prioritaires. M. Kang’ombe veut notamment créer et permettre la réhabilitation des zones de loisirs. Il travaille aussi au rassemblement des jeunes au sein de petites coopératives pour leur permettre d’accéder plus facilement à des financements lorsqu'ils montent un projet.  

En tant que président de l’Association des municipalités zambiennes, le jeune maire aura l’opportunité de discuter avec ses homologues venus d’autres pays dans le cadre des Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA). Cette association se réunit régulièrement afin d'élaborer des solutions face aux problèmes de développement en Afrique, tels que les effets du changement climatique ou l’efficacité des administrations locales. 

Marié et père de deux enfants, M. Kang’ombe attribue sa réussite à ses années de formation à l'université. ,Plus qu'un diplôme, les enseignements suivis lui ont apporté un avantage au quotidien. Il a également acquis la certitude que le service public peut permettre d’améliorer la vie des gens. 

Ainsi adresse-t-il aux jeunes ce message : “Le moment est venu pour nous, les jeunes, d’accomplir ce que nous souhaitons et mon parcours est bien la preuve que tout est possible" .    

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