Soudan du Sud : les pourparlers de paix s'enlisent par manque de volonté politique, selon l'ONU

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Soudan du Sud : les pourparlers de paix s'enlisent par manque de volonté politique, selon l'ONU

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Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, informe le Conseil de sécurité de l’Organisation sur la situation au Soudan du Sud. Photo : ONU/Mark Garten
Photo : ONU/Mark Garten
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, informe le Conseil de sécurité de l’Organisation sur la situation au Soudan du Sud. Photo : ONU/Mark Garten

24 février 2015 – Alors que la situation humanitaire au Soudan du Sud se détériore sur fond de climat sécuritaire instable, la persistance de tensions entre factions rivales risque de plonger le pays dans un nouveau cycle de violence, ont mis en garde mardi des haut représentants des Nations Unies.

« L'environnement sécuritaire volatile est une illustration directe du manque répété de volonté politique des parties », a déclaré le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, à l'occasion d'une réunion du Conseil de sécurité de l'Organisation sur la situation au Soudan du Sud. « Le gouvernement et l'opposition ne semblent ni prendre les négociations politiques au sérieux, ni être disposés à faire les compromis nécessaires ».

En effet, selon M. Ladsous, la situation sécuritaire dans le pays n'a cessé de se détériorer au cours de l'année écoulée, depuis que la lutte de pouvoir entre le Président du pays, Salva Kiir, et son ancien Vice-président, Riek Machar, a conduit à des affrontements entre leurs factions respectives en décembre 2013. Les hostilités ont ensuite dégénéré en conflit à part entière, responsable de la fuite de près de 100.000 civils à travers le pays ayant trouvé refuge dans des bases gérées par la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).

Un récent accord de paix entre les factions rivales avait laissé entrevoir la possibilité d'une fin définitive au conflit.

S'exprimant devant le Conseil des 15 membres, M. Ladsous a cependant dressé un bilan mitigé de la situation sur le terrain, décrivant les pourparlers de paix entre les deux parties comme souffrant « d'un grave manque de leadership, ce dernier restant obnubilé par sa quête de pouvoir plutôt que par la condition de son peuple ».

« La probabilité pour que chaque bord assouplisse sa position reste mince », a poursuivi le Secrétaire général adjoint. « A la lumière de l'environnement sécuritaire fragile, le cycle actuel des négociations de paix n'est pas susceptible de faire d'énormes progrès ».

M. Ladsous a expliqué que dans la mesure où les pourparlers de paix d'Addis-Abeba sur la question du partage du pouvoir étaient actuellement dans l'impasse, les perspectives concernant les aspects sécuritaires, les réformes constitutionnelles et la situation humanitaire dans le pays n'étaient pas des plus réjouissantes.

Selon l'ONU, les bases de l'Organisation à travers le Soudan du Sud abritent actuellement plus de 110.000 personnes déplacées internes, sans compter 1,5 million de personnes supplémentaires déplacées dans le pays et 500.000 autres ayant trouvé refuge à l'extérieur du pays. Les phénomènes de déplacement, a ajouté M. Ladsous, sont amplifiés par les combats en cours.

« J'exhorte le Conseil à envisager d'émettre une déclaration présidentielle forte appelant les parties à cesser immédiatement toutes les opérations militaires et à réaliser les compromis nécessaires pour parvenir à un accord de paix global au cours de cette ronde de négociations, ou à en subir les conséquences », a appelé le Secrétaire général adjoint.

S'exprimant également devant le Conseil, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux droits de l'homme, Ivan Šimonović, a quant à lui dénoncé les violations des droits de l'homme dont il a été le témoin lors de sa récente visite dans le pays.

M. Šimonović a de plus peint un tableau relativement sombre de la situation au Soudan du Sud, mentionnant notamment des familles entières qui ont été exécutées sur la base de leur appartenance ethnique, des centaines de personnes abattues dans un hôpital, des enfants soldats menaçant des civils et des femmes violées.

« De nombreux responsables gouvernementaux m'ont dit que le peuple du Soudan du Sud s'est battu pendant des décennies pour sa dignité, son indépendance et les droits humains. Ce que j'ai pu constater durant ma mission n'a certainement rien à voir avec ce pour quoi il s'est battu », a observé M. Šimonović, ajoutant qu'après des décennies de meurtres et de violations des droits de l'homme, le pays avait désormais besoin d'un changement culturel fondé sur le respect de la vie humaine.

« Il suffit de deux dirigeants pour mettre fin à une guerre au Soudan du Sud, mais il faut beaucoup de monde pour maintenir une paix durable », a-t-il ajouté, soulignant que le processus de paix, comme tout futur accord politique, dépendait de l'inclusion de toutes les parties prenantes nationales et de la capacité des autorités à briser le cycle de l'impunité.

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