Réapprendre à vivre ensemble avec le soutien du Fonds pour la consolidation de la paix

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Réapprendre à vivre ensemble avec le soutien du Fonds pour la consolidation de la paix

Des commerces rouvrent à Gao Le propriétaire arabe d’une quincaillerie (au centre) pose pour une photo avec ses employés des groupes ethniques Songhai et Bella devant son magasin à Gao. Le propriétaire a dû fermer son commerce et s’enfuir pendant l’occupa
Photo ONU/Marco Dormino
Des commerces rouvrent à Gao Le propriétaire arabe d’une quincaillerie (au centre) pose pour une photo avec ses employés des groupes ethniques Songhai et Bella devant son magasin à Gao. Le propriétaire a dû fermer son commerce et s’enfuir pendant l’occupation djihadiste. Photo ONU/Marco Dormino

10 août 2016 – « Dans le discours sur la paix et la réconciliation, nous oublions parfois qu’il s’agit de la façon dont les communautés locales réapprennent à vivre ensemble », souligne le Sous-Secrétaire général des Nations Unies pour l’appui à la consolidation de la paix, Oscar Fernandez-Taranco, au sujet du Fonds de l’ONU pour la consolidation de la paix, qui soutient des millions de personnes dans 27 pays.

En mars de cette année, M. Fernandez-Taranco s’est rendu au Mali. Le gouvernement malien, avec le soutien de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), cherche à rétablir la stabilité et à reconstruire la cohésion sociale après une série de revers depuis le début de 2012, y compris un coup d’Etat militaire, et la reprise des combats entre les forces gouvernementales et les rebelles touaregs. Plusieurs Casques bleus de l’ONU ont également été tués ces derniers mois.

Le Mali - qui était autrefois un centre de commerce et d’apprentissage, célèbre pour des villes comme Tombouctou, et loué pour sa tolérance et son ouverture - est devenu très conflictuel au cours des derniers conflits. L’un des objectifs des Nations Unies au Mali est de rétablir la confiance entre les différentes communautés ethniques, régionales, économiques et religieuses.

En plus de créer un espace permettant aux différents groupes de se retrouver, l’ONU les aide à s’adapter sur le plan économique - en particulier les personnes qui avaient été déplacées par les combats.

« Voir les ravages de la guerre… »

Balkissa Issoufi a perdu toutes ses ressources pendant le conflit mais doit toujours subvenir à ses besoins et à ceux de sept personnes à charge.

Elle a connu une période très difficile avant d’obtenir un soutien financier de l’ONU qui lui permet de vendre des condiments sur un petit marché de quartier pendant la journée et dans un magasin dans la soirée.

« Cette aide me permet de subvenir aux dépenses de la famille et j’épargne », a déclaré Mme Issoufi dans un entretien avec un employé de la MINUSMA.

Mme Issoufi fait partie d’un groupe de jeunes, de femmes et de personnes déplacées que M. Fernandez-Taranco a rencontré pendant sa visite au Mali pour discuter des programmes financés par le Fonds de l’ONU pour la consolidation de la paix, un mécanisme de financement qui soutient les pays sortant d’un conflit.

« J’étais très ému de voir les ravages de la guerre et combien il est important d’aider un pays à retisser les liens entre ces différentes communautés qui ont été séparées par un conflit, en permettant aux communautés locales de faire valoir leurs priorités », a déclaré M. Fernandez-Taranco au Centre d’actualités de l’ONU.

Depuis 2013, le Fonds pour la consolidation de la paix a alloué 12 millions de dollars à des activités de réponse rapide dans les régions de Gao, à Tombouctou, permettant de fournir des services de base et de créer des emplois.

Par exemple, l’argent octroyé par le Fonds a permis de créer trois sites de cantonnement pour environ 3.500 combattants. En outre, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) ont reçu un soutien pour former des jeunes et des femmes - comme Mme Issoufi - afin qu’ils puissent subvenir à leurs besoins sur les marchés locaux.

Cet argent a aussi financé des publicités radio ayant permis à près de 500 victimes de violences sexuelles de trouver un accès à des refuges, à un traitement et à un endroit pour parler entres elles, en dépassant les clivages ethniques. Près de 4.000 enfants - dont la moitié sont des filles - sont retournés à l’école après quatre années sans éducation et ont participé avec leurs parents à des programmes favorisant la paix et l’unité.

Voir l’impact du Fonds et sa capacité à unir les différentes entités des Nations Unies fait partie de la « spécificité du travail de consolidation de la paix qui est très difficile à expliquer », a déclaré M. Fernandez-Taranco.

« Il s’agit pour l’ONU d’offrir une réponse cohérente et d’intégrer les questions politiques, les questions de développement, les questions relatives aux droits de l’homme et de faire le lien avec la réponse humanitaire et de maintien de la paix de court terme auprès des communautés locales », a-t-il ajouté.

Hamada Adama Touré était à Gao lorsque la crise a éclaté, mais avait été déplacé par les organisations internationales de la capitale, Bamako, et a même été un réfugié en Libye et en Tunisie.

« Une fois que la crise a éclaté, les choses sont devenues très difficiles pour moi », a-t-il dit à la MINUSMA. « J’ai commencé à commercer avec les moyens à portée de main, mais cela n’a pas bien fonctionné ».

M. Touré a reçu 350.000 francs CFA, soit environ 600 dollars, grâce à un programme soutenu par le Fonds pour la consolidation de la paix. Cela lui a permis d’acheter des produits pour son magasin - qu’il réapprovisionne maintenant à travers un flux quotidien de revenus compris entre 25.000 et 40.000 francs CFA.

Cela lui permet de nourrir les 10 personnes de sa famille, y compris les quatre orphelins confiés à ses soins.

Trouver 300 millions de dollars pour la consolidation de la paix

Le Fonds pour la consolidation de la paix a été établi par le Secrétaire général de l’ONU en 2006 pour des activités, des actions, des programmes et des organisations qui soutiennent une paix durable. Le Fonds est sous la responsabilité du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, qui, entre autres responsabilités, approuve les projets et programmes et surveille leur mise en œuvre. Le Bureau du Fonds fiduciaire multi partenaire du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) gère le Fonds. Un conseil consultatif indépendant fournit des conseils et assure la surveillance.

M. Fernandez-Taranco, qui dirige le Bureau d’appui, décrit le Fonds comme un mécanisme de financement commun acceptant les risques et auquel « les bailleurs de fonds ont contribué généreusement au cours des dernières années ».

Étant donné le nombre de projets lancés par le Fonds et le nombre de conflits en cours dans le monde entier, l’argent dont dispose le Fonds ne correspond pas aux besoins. Le Fonds a actuellement des demandes représentant plus de 130 millions de dollars mais n’a que 60 millions de dollars à sa disposition.

En septembre, en marge du débat de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies, les principaux bailleurs de fonds et États bénéficiaires se retrouveront pour une conférence de bailleurs de fonds, sous la direction du Royaume-Uni, de la Suède et du Kenya.

« Nous espérons collecter 300 millions de dollars », a déclaré M. Fernandez-Taranco, permettant au Fonds d’octroyer 100 millions de dollars chaque année.

La communauté internationale et tous les récents examens du travail effectué par la consolidation de la paix de l’ONU jugent que souplesse et caractère prévisible sont nécessaires, a-t-il ajouté. Cela veut dire que l’argent peut être alloué très rapidement à des activités comme le dialogue politique, la prévention de la violence dans le processus électoral, et le soutien aux projets de femmes et de jeunes soutenant les efforts de réconciliation.

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