ROYAUME DUMAROC

Déclaration de

Monsieur Mohamed BENAISSA,
Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération.

3è` Conférence Mondiale contre le Racisme, la Discrimination Raciale, la Xénophobie et l'Intolérance qui y est associée

Durban, septembre 2001


Madame la Présidente,
Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Madame le Haut Commissaire aux Droits de l'Homme, et Secrétaire Générale de la Conférence Mondiale,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,


Permettez-moi au préalable, Madame la Présidente de vous présenter mes chaleureuses félicitations pour votre élection à la présidence de cette Conférence ainsi que pour les membres du bureau et de vous exprimer tout le plaisir que je ressens d'être présent à cette troisième Conférence Mondiale conte le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée et vous réitérer la disponibilité de la. délégation marocaine pour contribuer au succès des travaux de notre conférence.

Mes vifs remerciements vont au peuple et au gouvernement sudafricains pour l'accueil chaleureux dont ma délégation et moi-même ont fait l'objet depuis notre arrivée à Durban.

Je suis également heureux de présenter mes chaleureuses félicitations à Monsieur Kofi ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies et à Madame Mary Robinson, Haut Commissaire aux Droits de l'Homme et Secrétaire général de la Conférence, pour les efforts considérables et la mobilisation dont ils ont fait preuve tout au long du processus préparatoire de notre Conférence qui, je l'espère, jettera lies premiers jalons d'une nouvelle vision mondiale des problèmes liés au racisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie et à l'intolérance qui y est associée.
C'est avec une grande joie que je vous exprime, Madame le Secrétaire général de la Conférence , et à travers vous, à tous les participants, notre appréciation de la qualité de l'action que vous menez et qui, en réalité, s'inscrit dans la perspective de l'avenir :de l'humanité dans son ensemble.

Madame la Présidente,

La tenue de cette conférence sur le sol de l'Afrique du Sud, pays frère, évoque pour nous tous le souvenir douloureux du combat que le vaillant peuple sud-africain a mené avec un courage exceptionnel contre l'apartheid qui a constitué la manifestation la plus abjecte du racisme et de la discrimination raciale au cours du XXème siècle.

Le fanatisme, la haine, les préjugés, voici les horribles symptômes d'un fléau dont l'humanité a toujours souffert partout dans le monde. Le racisme constitue une violation flagrante des droits de l'Homme et une grave atteinte à la dignité humaine. Il peut, il doit être mis en échec.
La lutte contre le racisme, la xénophobie et l'intolérance a été au cœur de la mission des Nations Unies depuis sa fondation à l'ombre des horreurs de la seconde guerre mondiale. Les auteurs de la Charte des Nations Unies, animés par la volonté de ne plus voir le monde être témoin de persécutions et d'oppressions contre les êtres humains, ont énoncé que chacun, sans distinction de couleur, de sexe, de langue ou de religion, peut se prévaloir des droits de l'homme et des libertés fondamentales.

Crue reste-t-il de cette vision plus de cinquante années plus tard ?

Des progrès indéniables ont été accomplis pour faire du rêve de l'égalité, caressé par les auteurs de la Charte et la Déclaration universelle des droits de l'homme, une réalité palpable. Leur vision a été confortée par l'adoption d'un ensemble d'instruments internationaux sur les droits de l'homme qui visent à mettre en échec toutes les formes de pratiques discriminatoires.

Il convient de souligner également que la science a enterré de façon catégorique la justification biologique ou physiologique pour traiter les individus de façon inégale.

Pourtant, nos objectifs n'ont été réalisés qu'à moitié. Tandis que la technologie continue de rapprocher les populations du monde et les
barrières politiques s'effondrent, la discrimination raciale, la xénophobie et d'autres formes d'intolérance continuent de ravager nos sociétés. Au cours des dernières années, le monde a été témoin du retour au recours dans certaines région, de la purification ethnique, en Bosnie Herzégovine, au Kosovo, au Rwanda.... Nous constatons que entres autres,les minorités et les populations autochtones continuent de faire l'objet de discrimination raciale et de subir la xénophobie et de l'intolérance.

Madame la Présidente,

Il est certain que les problèmes liés au racisme et à là discrimination raciale ne datent pas d'aujourd'hui. La mémoire collective de l'Afrique a été marquée par les horreurs die l'esclavagisme, l'apartheid et l'oppression coloniale. Les retombées de ce passé pèsent, sans aucun doute, lourdement -sur le présent et lie futur des relations entre les Etats africains et d'autres nations. Le continent africain ne peut oublier 1a traite des esclaves, ni le colonialisme ou l'apartheid.

Ainsi, l'une des situations à caractère international qui a accompagné la naissance de l'ONU a été la question de Palestine. Malgré les efforts déployés depuis, les nombreuses résolutions de l'Assemblée générale du Conseil de Sécurité et autre organes, los initiatives louables ayant permis de réunir la Conférence de Madrid, qui a ouvert des espoirs prometteurs pour enfin instaurer une paix juste et durable pour les pays et les peuples du Moyen Orient, Israel, par sa persistance dans sa politique d'agression et de persécution par sa machine militaire qui ne fait aucune distinction entre les enfants, les femmes à l'encontre du peuple palestinien, a replongé la situation en Palestine dans la violence et de la contre violence faisant des centaines de victimes parmi la population civile de part et d'autres dont la majorité sont des enfants palestiniens.

A cet égard, les politiques du fait accompli ne pourraient que nuire dangereusement au processus de paix déjà trop fragilisé et pour la survie duquel le Maroc n'a cessé d'oeuvrer depuis dies décennies.

Notre Conférence mondiale ne pourrait rester indifférente devant la dégradation de la situation des Droits de l'Homme et humanitaire dans les territoires palestiniens occupés par Israël.

De ce qui précède, il ressort que la communauté internationale doit se pencher sur les problèmes ou plutôt sur les causes du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l'intolérance qui y est associée dans un esprit constructif de coopération et prôner la primauté de la dignité humaine, la tolérance, la démocratie et le pluralisme. La conférence ne saurait ignorer le passé, mais elle doit être tournée vers l'avenir en prenant des mesures à même d'aboutir à des résultats concrets pour les générations présentes et futures. Certes il faut reconnaître les faits historiques, mais il faut aussi examiner avec soin les diverses manifestations contemporaines du racisme. Nous sommes interpellés par le présent afin de rechercher les mécanismes économiques sous-tendus, prévoir la création d'institutions nationales indépendantes en vue d'une action positive en faveur des couches sociales les plus défavorisées et mettre l'accent sur le rôle de l'éducation pour changer les mentalités. Plusieurs régions du monde souffrent des conflits ethniques, du génocide, de la marginalisation du fait de l'appartenance raciale et les difficultés d'ordre socio-économique et des atteintes des droits de l'homme.

La Conférence devrait à cet égard ne pas occulter la nécessité de réussir à adopter des recommandations précises surla nécessité qui s'impose de répondre aux interpellations de tous les pays qui ont souffert historiquement de l'esclavagisme racisme et de l'oppression.

Le Maroc tient pour sa part à. souligner l'importance cruciale qu'il y a à combler les fossés économiques et sociaux séparant les divers groupes de Nations

Certes les efforts de la communauté internationale ont abouti à des 'résultats positifs dans plusieurs régions du monde, notamment l'abolition de l'apartheid et d'autres formes traditionnelles du racisme, mais il n'en reste pas moins que les principaux objectifs n'ont pas été atteints et que des millions d'êtres humains continuent, à ce jour, d'être victimes de diverses formes de racisme et de discrimination raciale, en particulier parmi les groupes vulnérables.

Le rapporteur spécial de la commission des droits de l'homme n' a pas manqué de relever la résurgence récente des manifestations violentes du racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d'intolérance après avoir marqué une tendance à la baisse depuis 1997. Ces phénomènes persistent également sous des formes subtiles dans la vie quotidienne dans plusieurs pays.

Madame la Présidente,

L'ethnocentrisme et l'exploitation politicienne du concept ethnique se développent d'une manière inquiétante dans différentes régions du monde où se poursuivent des guerres inter-ethniques et des génocides contre des populations civiles.

De nos jours, nous assistons à l'amplification du phénomène de la traite des migrants qui n'est pas nouveau, mais de plus en plus nombreux sont les migrants qui se tournent vers des trafiquants pour faciliter leur immigration en pays étranger. Cette croissance du phénomène en ampleur et en complexité a suscité une prise de conscience accrue de la nécessité de remédier à ses effets néfastes.

Si la communauté internationale est appelée à prendre des mesures appropriées pour faire face aux réseaux de trafic des personnes, il n'en demeure pas moins urgent pour que les pays d'accueil accordent plus d'intérêt à la promotion et la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille.

Bien qu'il existe un ensemble de principes et de normes établies par l'Organisation Internationale du Travail et par les Nations Unies, il faut déployer des efforts supplémentaires pour assurer leur application afin d'améliorer davantage la situation de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille et de leur garantir le respect de leurs droits fondamentaux et de leur dignité. Le respect des droits de ces personnes dans les pays hôtes, notamm lutte contre le racisme et la xénophobie, appelle à la mise en v de l'apport des migrants au développement économique des d'accueil.

Il y a lieu de rappeler ici la Déclaration et le Programme d'a de Vienne adoptés par la conférence mondiale sur les droit l'homme en 1993, qui a « instamment prié tous les Etats » de gar la protection des droits fondamentaux de tous les travail migrants et des membres de leur famille.
Nous saisissons cette occasion pour réitérer notre appel exp maintes fois devant la Commission des Droits de l'Homm l'Assemblée Générale des Nations Unies à tous les Etats qui ne pas encore fait, pour ratifier ou adhérer à la Conve internationale sur la protection des droits de tous les travaill migrants et des membres de leur famille qui n'est pas entré vigueur à cause du manque de la volonté politique des Etats, que cet instrument a été adopté il y a dix ans par l'Assem générale des Nations Unies imé et ont tion urs en lors lée

Madame la Présidente,

Ayant souscrit à la Déclaration Universelle des Droits l'Homme et étant partie à plusieurs instruments internatio relatifs aux droits de l'homme et s'acquittent de ses obligat conventionnelles en matière de présentation des rapports périodi aux Comités respectifs des Droits de l'Homme des Nations Unies Maroc défend les principes de la non-discrimination, de l'égalit tous devant la loi et le droit à une protection égale contre t discrimination. Il va sans dire que ces principes constituen fondement de la reconnaissance et de la préservation de la di humaine et de la justice.
Attaché aux principes et aux buts de la Charte des Nat Unies, le Maroc condamne fermement le racisme, la discrimina raciale et la xénophobie et s'associe à la lutte contre ce fléau doit être traité dans l'optique des droits de l'Homme.
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La Constitution marocaine consacre le principe de l'égalité devant la loi et garantit à tous les citoyens dans les mêmes conditions, l'exercice et la jouissance des droits et libertés publiques ainsi que la participation à la vie politique, sociale, culturelle et économique de leur pays sans distinction d'aucune sorte. Elle garantit également les droits des étrangers. La législation nationale prévoit les voies de recours administratif, juridictionnel et auprè du Conseil Consultatif des Droits de l'Homme. Les ONG marocains de défense des droits de l'Homme jouent un rôle fondamental dans ce domaine.

L'ère du règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI est marque par la consolidation de l'Etat de droit et la promotion et la protection des droits de l'Homme tels qu'ils sont universellement reconnus. La culture de la paix, de la tolérance et de citoyenneté responsable constituent la matrice essentielle de la marche vers la démocratie t le développement pour faire face aux défis de la mondialisation.
La communauté internationale est appelée à renforce la coopération pour rendre la mondialisation plus humaine et éradiquer les causes et les réflexes du racisme et de xénophobie.

Madame la Présidente,

Les peuples du monde entier attendent beaucoup de nos trav ux. J'ose espérer que cette conférence qui se tient dans le berceau e la lutte contre le racisme et l'apartheid apportera une contribution fructueuse reflétant une vision qui réconfortera le slogan choisi pour notre rencontre, à savoir « Unis pour lutter contre le racisme : égalité, justice et dignité ».

Je vous remercie pour votre attention.