BURKINA FASO

DECLARATION DE MADAME MONIQUE ILBOUDO

SECRETAIRE D'ETAT A LA PROMOTION DES DROITS DE L'HOMME DU BURKINA FASO


A LA CONFERENCE MONDIALE CONTRE LE RACISME, LA DISCRIMINATION RACIALE,

LA XENOPHOBIE ET L'INTOLERANCE QUI Y EST ASSOCIEE.


MONSIEUR LE SECRETAIRE GENERAL DES NATIONS UNIES,

MADAME LA PRESIDENTE DE LA CONFERENCE,

MESSIEURS LES CHEFS D'ETAT ET DE GOUVERNEMENT,

MADAME LA HAUT COMMISSAIRE AUX DROITS DE L'HOMME,

HONORABLES DELEGUES, MESDAMES, MESSIEURS,

 

Ma délégation et moi-même présentons nos sincères condoléances au peuple sud africain et au Président Mbeki pour la perte de ce grand fils d'Afrique, combattant de la liberté et de l' égalité.

Quant à vous Madame la Présidente, nous vous félicitons pour votre élection à la présidence de cette conférence. Vous faites la fierté des femmes.

La délégation du Burkina Faso se réjouit de la tenue de cette importante conférence. C'est l'occasion pour nous de féliciter Madame Robinson pour son courage et sa détermination pour l'aboutissement de cette rencontre.

Le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée sont des théories qui tendent à nier l'humanité de l'autre, sa dignité, sa liberté, ses droits en raison de la couleur de sa peau, de son origine, sa religion ou toutes autres différences. A ces maux, il convient d'ajouter le sexisme qui a fondé et qui fonde encore bien souvent les injustices et les discriminations à l'égard des femmes. Ces distinctions, exclusions ou restrictions ont pour effet la négation de l'égalité, des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans les dornaines politique, économique, social, culturel et civil ou tout autre domaine de la vie publique.

Cette conférence invite d'abord à nous regarder nous-mêmes, courageusement et chacun en ce qui le concerne, afin d'établir une sorte de bilan sur la réalité négative comme positive de la situation du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l'intolérance qui y est associée dans nos pays respectifs.

Mon pays,,le Burkina Faso est un pays enclavé et vit des conditions matérielles et climatiques difficiles. C'est pourquoi il connaît depuis toujours le phénomène de l'émigration. A cet égard, et au regard de ce qui se passe au plan international, les questions particulières des migrants et de la xénophobie interpellent et suscitent une profonde inquiétude chez les Burkinabé.

Le Burkina s'est engagé dans l'œuvre de construction d'un Etat de droit qui implique la soumission de l'ensemble des institutions à la loi, la séparation des pouvoirs, le libre exercice des droits humains et des libertés fondamentales, ainsi que l'égalité devant la loi des citoyens, femmes comme hommes.

Il dispose ainsi d'un arsenal juridique de protection des droits de l'homme, notamment le droit au traitement égalitaire. On retiendra à cet égard que le Burkina a signé et ratifié la plupart des instruments juridiques internationaux et régionaux de protection des droits de l'homme en général et, en particulier, ceux relatifs aux femmes et aux enfants.

Au plan interne, la protection des droits de l'homme est garantie par la loi fondamentale du Burkina Faso qui pose le principe de l'égalité de tous les citoyens avec comme corollaire le principe de la non-discrimination entre les citoyens.
L'article 1er dispose que : « Tous les citoyens naissent libres et égaux en droit. Tous ont une égale vocation à jouir de tous les droits et de toutes les libertés garanties par la présente constitution. Les discriminations de toutes sortes, notamment celles fondées sur la race, l'ethnie, la région, la couleur, le sexe, la langue, la religion, la caste, les opinions politiques, la fortune et la naissance, sont prohibées. »

Au regard donc des garanties juridiques, il n'y a nul doute que le Burkina Faso condamne et combat le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée. Il s'est aussi et surtout engagé politiquement dans cette ligne de conduite.

Le Peuple burkinabé s'est engagé dans l'édification d'un Etat de droit démocratique et laïc « garantissant l'exercice des droits collectifs et individuels, la liberté, la dignité, la sûreté, le bien-être, le développement, l'égalité et la justice comme valeurs fondamentales d'une société pluraliste de progrès et débarrassée de tout préjugé.» Les partis politiques se créent librement. Toutefois, ne sont pas autorises les partis ou formations politiques tribalistes, régionalistes, confessionnels ou racistes (article 13 clé la constitution.) De même, le Code électoral interdit les propos racistes ou régionalistes pendant la campagne électorale.

Enfin, le Burkina étant un Etat laïc, il n'y a pas une religion d'État. La Constitution affirme la liberté de croyance et de religion. De ce fait, chaque confession religieuse est soumise aux même règles légales d'existence.

Il reste alors à se demander, si plus concrètement au plan de la situation socioculturelle, les garanties juridiques alliées à la volonté politique d'enterrer le plus profondément possible les relents, les éruptions ou réactions possibles de racisme, de discrimination, de xénophobie et d'intolérance rencontrent des comportements sociaux et culturels favorables.

Le Burkina faso compte une soixantaine d'ethnies. En dépit de cette diversité d'ethnies et de cultures, règne un esprit de tolérance au sein des populations qui cohabitent paisiblement. C'est l'occasion de souligner certaines pratiques coutumières que nous appelons « La parenté à plaisanterie » qui peut exister entre deux familles liées par une alliance, entre deux ethnies ou deux régions et qui favàrisent la bonne cohabitation.

Toutefois, mon pays ne prétend pas être à l'abri de comportements racistes, xénophobes ou intolérants que la loi ou le pouvoir judiciaire « gardien des libertés individuelles et collectives » seront appelés à sanctionner.

Au regard de sa situation actuelle qui vient de vous être présentée, le Burkina Faso salue l'organisation et la tenue de la Conférence Mondiale contre le Racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée.

Il note avec satisfaction la prise de conscience mondiale des retombées négatives du phénomène sur le développement des, Etats et sur les efforts d'intégration sous régionale, régionale et internationale. C'est pourquoi, pour voir reculer à j amais les fléaux que nous dénonçons ici, il s'engage à prendre toutes les mesures appropriées pour donner effet aux dispositions des conventions internationales qu'il a régulièrement signées et ratifiées en matière de protection et promotion des droits humains. Et, par conviction et solidarité, le Burkina Faso adhère à la déclaration africaine adoptée à la réunion régionale préparatoire. Très fraternellement, il souhaite que la tribune de la conférence offre l'occasion aux Etats de condamner une fois de plus le racisme, la xénophobie, le sexisme et toutes les formes d'intolérances qui y sont associées..

Pour conclure, le Burkina faso recommande:

• Le respect par toutes les Nations des instruments internationaux des droits de l'homme notamment la convention sur l'élimination de toutes les formes de discriminations raciales (CERD), la convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à ' l'égard des femmes (CEDAW) et la convention relative aux droits de l'enfant (CDE) ;

• L'indemnisation de toutes les victimes (le la xénophobie, de l'esclavage et de la colonisation;

• L'introduction dans le système scolaire de modules sur la tolérance, le respect et l'acceptation de la différence de :l'autre afin d'inculquer une bonne conduite aux jeunes générations; • L'interpellation des Etats qui encouragent ou maintiennent un climat xénophobe

• La solidarité entre tous les pays du monde pour venir à bout de la xénophobie et de toutes les autres formes de discriminations.

Je vous remercne